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Israël - 6 octobre 2004
Par Mazin Qumsiyeh
Article paru le 22 juillet 2004
En Israël, le système éducatif dans la plupart des cas est séparé en système «Arabe» (mêlant Chrétiens et Musulmans) et «système Juif».
Ces deux systèmes sont administrés séparément. De plus, l‘enseignement juif est divisé en établissements d’Etat séculiers et établissements d’Etat religieux (Orthodoxe, Tali, haredi, ou Ultra Orthodoxe).
Chaque système est distinct et reçoit des fonds séparément.
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Les réactions de l’homme à son environnement, les systèmes de valeur et la perception des autres humains, sont structurées par son environnement, qui inclut ses systèmes d’éducation. La plupart des hommes de science sont d’accord sur le fait que les prédispositions génétiques ont peu d’impact.
Un enfant élevé dans des systèmes particuliers de culture de valeurs est prêt à admettre ces systèmes de valeur même si on ne lui a pas appris ouvertement à se conduire comme ça. Ainsi l’environnement dans lequel les enfants sont élevés est particulièrement important pour le futur du monde qu’ils dessineront quand ils seront grands.
J’ai déjà regretté ce qu’aurait pu être le futur du Proche Orient si les premiers immigrants sionistes s’étaient intéressés à s’intégrer et à encourager une société humaine et humaniste pour promouvoir la société féodale et paternaliste palestinienne en même temps que la société séparatiste sioniste des Européens Ashkénazes et modeler une société combinée évitant les maladies des deux sociétés dans une société pluraliste pour toute sa population..
J’ai affirmé dans mon livre « Partager la terre de Canaan » qu’il n’y a pas d’autre solution pour apporter dans le futur une paix durable. Mais étant donné la réalité telle qu’elle est, nous devrions regarder ce qui est arrivé et pourquoi, pour évoquer la manière dont nous pourrions créer un nouvel environnement de tolérance et de coexistence.
Les Palestiniens étaient presque tous des « fellahins » (fermiers) vivant de leur terre dans des familles étendues avec des valeurs culturelles et religieuses et un patrimoine qui ont évolué au cours de centaines d’années sur la terre de Cananan. C’était un mélange de valeurs, dont les unes seraient aujourd’hui jugées négatives et les autres grandement appréciées.
Elles comportent :
• De forts liens familiaux qui étaient dans la plupart des cas plus forts que les affiliations idéologiques. `
• L’amour de la terre (généralement les gens vivaient depuis des générations dans la même région)
• La domination masculine de la société (sans distinction de religion)
• Des convictions religieuses profondes (les trois religions palestiniennes dominantes étaient l’Islam, le Christianisme et le Judaïsme)
• Une grande valeur accordée à la fertilité (nombre d’enfants)
• La résistance à « l’autre » qu’il soit de religion différente, de tribu différente et d’ethnies différentes )
• La supériorité du groupe sur les besoins et les souhaits individuels (la culture arabe encourage l’individualisme tant qu’elle n’est pas dirigée contre la religion, la tribu ou le « groupe »)
Evidemment l’histoire démontre que les sociétés mutent et évoluent ; Ce changement s’est accéléré au vingtième siècle partout dans le monde.
Les changement sont stimulés par la fertilisation des cultures, la facilité des communications, et la révolution technologique.
Les 54 dernières années ont certainement apporté des changements dramatiques au peuple palestinien et aussi à ses nouveaux habitants (les juifs immigrants)
Les sociétés juives déracinées ont été rassemblées en Palestine pour construire une société qui plus tard deviendra une société occidentale prospère mais sous influences juives seulement…
La société palestinienne a affronté un ensemble de changements et de difficultés autrement plus complexes.
En plus de devoir faire face aux révolutions de la modernisation avec tout ce que ça comporte de négatif et de positif pour la société, les Palestiniens ont dû se colleter avec l’arrachement de leur terre et y réagir, s’exiler, t subir l’oppression et la diffamation à travers des campagnes médiatiques bien organisées.
Comment ces sociétés se sont-elles adaptées et ont-elles répondu au pari qu’elles affrontaient, la question mérite qu’on s’y arrête mais c’est au-delà du champ de ce livre.
J’espère que nous comprendrons quand même et traiterons brièvement la mauvaise compréhension sur la façon dont ces sociétés ont éduqué leurs enfants et pourquoi.
On a beaucoup raconté de choses sur les écoles et l’éducation dans les Territoires de l’Autorité Palestinienne naissante.
L’essentiel de ce qui a été écrit sur le sujet a été largement financé (des millions de dollars et une grande équipe) par les organisations sionistes en manque d’idées pour dissimuler la vérité sur les attaques de leurs colons contre les autochtones
Aussi ont-ils simplement essayer de « marquer des points » en déshumanisant les Palestiniens autochtones et ce faisant, ils espèrent démontrer que la raison de la violence (qui tue tellement plus d’autochtones que de colons civils) n’est pas l’oppression, la dépossession ou l’occupation mais simplement qu’on enseigne au peuple à haïr les Israéliens (ou même les Juifs). Mais les faits peuvent facilement se démontrer si on examine en profondeur les systèmes d’éducation.
C’est le sujet de cet essai et de la documentation qui l’accompagne.
Un rapport plus détaillé par le Dr Fouad Mougrhrabi est consultable pour une analyse plus approfondie.
Le contexte
Entre 1994 et 1999, les écoles pour les Palestiniens dans les territoires occupés sont passées graduellement sous contrôle palestinien (après avoir été sous contrôle jordanien et israélien pendant des décennies).
Pourtant, les programmes de ces écoles sont toujours en cours de tests et de réajustement. Cependant, ils ont été diffamés par des groupes sionistes créés pour nourrir l’idée que les Palestiniens (et même « les arabes et les musulmans) sont violents et enseignent à leurs enfants la violence.
Le système palestinien d’éducation est surtout un système neuf et on a dit beaucoup de choses là-dessus.
Mais examinons d’abord le système éducatif israélien bien mieux établis ( qui a eu 54 ans pour évoluer).
En Israël, le système éducatif dans la plupart des cas est séparé en système «Arabe» (mêlant Chrétiens et Musulmans) et «système Juif».
Ces deux systèmes sont administrés séparément. De plus, l‘enseignement juif est divisé en établissements d’Etat séculiers et établissements d’Etat religieux (Orthodoxe, Tali, haredi, ou Ultra Orthodoxe).
Chaque système est distinct et reçoit des fonds séparément.
La ségrégation dans les différents systèmes éducatifs qui se traduit par la séparation et l’inégalité est une violation de l’Article 18 (1) et (4) de la Convention internationale sur les droits civils et Politiques dont Israël est signataire.
La commission des Droits de l’Homme des Nations Unies a souligné que la convention interdit la discrimination religieuse.
La discrimination s’étend à l’éducation supérieure avec des allocations spéciales du gouvernement attribuées par le Ministère des Affaires Religieuses aux écoles religieuses juives appelées Yeshiva.
Les élèves de ces écoles reçoivent une bourse et aucune limitation quant à la durée de leurs études.
Les nombres de boursiers soutenus par ces programmes sont passés de 50.000 en 1980 à 180.000 en 1997.
Aucun programme gouvernemental de ce type n’est accessible ni aux Musulmans ni aux Chrétiens en Israël.
Pendant des années, ce soutien s’est limité aux communautés orthodoxes et ne s’étendaient pas aux établissements supérieurs Réformistes ou Conservateurs.
Même quand la cour suprême a ordonné que des fonds soient attribués à établissements non juifs orthodoxes, le Ministère des Affaires religieuses a ignoré ces décisions.
Dans un article du Ha’aretz intitulé «Recrutement au jardin d’enfants» Orna Coussin parle d’une conférence consacrée au militarisme qui prévaut dans les écoles israéliennes.
Il n’y a rien d’extraordinaire aux récentes décisions prises par la Limor Livnat – ministre de l’éducation – elles vont dans le sens du vent qui souffle depuis des années au ministère de l’Education.
Livnat a écarté un livre d’histoire suspect de faire l’éloge les points de vue post sionistes.
Elle a investi dans un prétendu nouveau sujet – l’héritage israélien – et ainsi met en oeuvre le Shenar Report qui recommandait plus d’études juives dans les écoles.
Elle a ordonné à toutes les écoles de faire flotter le drapeau national.
D’un autre côté, il n’augmente pas le budget des études civiques pas plus qu’elle ne met en œuvre le rapport Kremnitzer qui parlait d’un urgent besoin d’élargir ce programme. Elle coupe des heures d’enseignement du programme d’Etat et canalise des millions de shekels pour les écoles des colonies.
Toutes ces décisions ne sont que le prolongement naturel d’une tendance qui dure depuis longtemps - le système éducatif à l’intention des élèves israéliens comporte plus de valeurs guerrières que d’idéal démocratique. Même les prédécesseurs de Livnat, les ministres du Meretz – n’avaient pas changé grand chose à cet état de fait.
… Autre face de la même pièce, l’Université Hébraique et le Kibbutz Seminar ont tenu une conférence sur « Militarisme et Education – Perspective Critique ».
Des chercheurs et des militants de cette conférence – qui s’est ouverte hier et se terminera demain – disent que non seulement il y a déficit d’éducation des valeurs civiques et démocratiques, mais que les écoles n’enseignent en fait que le militarisme.
L’escalade du conflit avec les Palestiniens et la manière dont elle est acceptée, presque toujours sans objection ni résistance de la part des citoyens, est pour une large part, un produit de l’éducation.
L’éducation au militarisme est à l’œuvre de différences manières, dit Hagit Gur-Ziv du Centre pour une Pédagogie Critique du Kibbutz Seminar.
… Tout n’est pas fait consciemment, disent les différents intervenants à la conférence. Mais ils disent que le système éducatif israélien a multiplié les messages de l’armée et n’a presque jamais offert d’idéal pacifique ou civique pour contre balancer
… « le système éducatif » dit-elle, «est rempli de phénomènes que nous pourrions facilement interpréter comme les signes d’un régime anti- démocratique si nous entendions dire qu’ils se pratiquent dans d’autres pays».
Le phénomène le plus important dans ce contexte est la prévalence d’officiers de l’IDF de haut rang dans les postes administratifs et d’enseignement au sein des écoles.
Le Ministère de l’Education subventionne le programme «Tzevel» qui utilise Beit Berl pour la formation des officiers de l’IDF à la retraite et les anciens membres du service de sécurité du Shin Bet qui souhaitent travailler comme éducateurs. Au cours des quatorze dernières années plus de 300 de ces officiers (ayant des diplômes universitaires) ont été employés dans diverses écoles du pays.
.. en d’autres mots, l’incorporation de personnels militaires dans les écoles est reliée à la tendancegénérale de la société israélienne et à l’insuffisance du système éducatif à enseigner la démocratie.
Dans l’édition hébreu du Ha’aretz du 28 juin 2002, Aviv Lavie parlait de la montée de l’endoctrinement militaire dans les jardins d’enfant.
« Madame A. a vu un professeur qui faisait parader les enfants habillés avec ce qui ressemblait à des uniformes de l’IDF et les faisait aller d’avant en arrière en lançant « gauche, droite, gauche » et « Attention » ou « repos !» . La parade militaire s’accompagnait d’enfants chantant à tu tête : « Soldats d’Israël, marche et veille, jour et nuit » .
Le jardin d’enfant où la fille d’A était inscrite n’est pas le seul à avoir choisi de marquer la fin de l’année de cette façon.
Dans un autre jardin d’enfant, dans une petite ville près de Tel-Aviv, la remise de diplôme comprenait un tournoi avec des épées jouets. Là aussi les enfants ont récité des textes sur combattre au service de l’Etat d’Israël. A. dit qu’elle n’a pas envoyé ses filles au jardin d’enfants pour qu’elles deviennent des soldats dès l’âge de cinq ans.
Le contenu des cérémonies de remise de diplôme est conjointement déterminé par les professeurs et l’association des parents)
(Up on the Jungle Gym, Charge » par Avi Lavie Ha’aretz 28/06/02
Source : www.imemc.org/
Traduction : CS pour ISM-France
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Mazin Qumsiyeh
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