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Palestine occupée - 1 janvier 2012
Par Khaled Amayreh
2011 n'a pas été une année particulièrement mauvaise pour la Palestine. Des centaines de prisonniers politiques et de la résistance palestinienne ont pu retrouver la lumière du jour après avoir été libérés des geôles et des camps de détention israéliens. Il est sûr que beaucoup de ces héros auraient passé le restant de leurs vies dans les prisons sionistes sans l'"accord Shalit" et la capitulation d'Israël aux conditions du Hamas pour la libération du soldat sioniste capturé. Grâce à l'accord, des centaines de familles palestiniennes, qui avaient perdu tout espoir de revoir leurs bien-aimés vivants, ont pu retrouver leurs enfants, frères, maris et filles.
Arrivée à Rafah des prisonniers palestiniens libérés, le 18 octobre 2011 (photo Eyad Baba/AP)
Israël avait eu recours à tous les moyens imaginables de ses services de renseignement pour localiser le soldat, en vain, et Shalit a été détenu sous le nez d'Israël quelque part dans la Bande de Gaza pendant plus de 60 mois. Ce seul fait devrait nous faire porter un regard d'admiration et de gratitude sur les soldats inconnus et héroïques qui ont gardé ce précieux secret pendant tant de mois et d'années.
2011 nous a apporté le printemps arabe, qui a envoyé aux poubelles de l'histoire plusieurs régimes tyranniques pro-américains. Certains d'entre eux, comme celui de l'ex-président Moubarak en Egypte, étaient un sérieux handicap pour la lutte palestinienne.
En 2008-2009 par exemple, le régime égyptien a conspiré, comploté et collaboré avec l'entité sioniste pour assassiner et torturer la Bande de Gaza, permettant à Israël de mener son attaque néo-nazie sur le territoire côtier pratiquement sans protection, tuant, réduisant en cendres et mutilant des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants palestiniens.
De plus, le régime a cherché à consolider le siège israélien criminel de Gaza en construisant un autre mur de béton, pour que les Gazaouis ne puissent faire entrer la moindre boite de lait depuis le côté égyptien des frontières pour leurs enfants affamés.
En conséquence, le dégagement de ce régime est considéré comme une grande victoire tant pour les peuples égyptien que palestinien, pour les Egyptiens parce que le régime corrompu de Moubarak avait supprimé les droits de l'homme et les libertés civiles pour complaire aux intérêts israéliens et américains, et pour les Palestiniens parce que l'entité sioniste le considérait comme un atout stratégique puisqu'il lui permettait de brutaliser les Palestiniens en échange de l'aide et de la protection des Etats-Unis.
Les élections qui ont eu lieu en Tunisie et en Egypte furent aussi de bon augure pour la cause palestinienne. Le triomphe des partis islamiques et affiliés, en particulier les Frères musulmans, est peut-être une des meilleures nouvelles que la cause et le peuple palestinien aient reçu depuis des décennies.
Nous n'attendons pas, bien sûr, de miracles du printemps arabe. Cependant, il ne fait aucun doute que les changements stratégiques qui ont lieu dans le monde arabe ont brouillé et déstabilisé les calculs stratégiques d'Israël dans la région.
Israël, qui devient un Etat fasciste pur et dur, avait probablement prévu de s'embarquer dans des mesures impensables contre les Palestiniens, comprenant éventuellement des massacres génocidaires, l'émigration forcée et le nettoyage ethnique. Grâce aux printemps arabes, en particulier la révolution égyptienne, Israël y regardera certainement à deux fois avant de poursuivre sa politique de lebensraum contre ses voisins.
La fin de 2011 a également rapproché le peuple palestinien de la réconciliation et de l'unité nationale. Le Hamas a accepté de rejoindre l'OLP et toutes les parties sont convenues de former un gouvernement d'unité nationale, de libérer les prisonniers politiques et de tenir des élections pour l'Autorité palestinienne ainsi que pour le Conseil national palestinien.
Ce qui est particulièrement important, c'est que le moral du peuple palestinien s'est considérablement amélioré en 2011 malgré les incessantes agressions et les provocations sionistes.
Néanmoins, il reste beaucoup à faire en 2012. La réconciliation nationale doit se matérialiser sur le terrain et les Palestiniens ordinaires doivent en ressentir les effets tangibles.
Toutefois, il est peu probable qu'une véritable unité nationale s'instaure entre le Fatah et le Hamas si l'Autorité palestinienne et le régime de Ramallah ne mettent pas fin à l'ignoble coopération et coordination avec l'armée sioniste d'occupation. La coordination sécuritaire a été un triste chapitre de l'histoire palestinienne récente et elle doit cesser le plus vite possible.
De plus, avec le vol incessant de la terre palestinienne par le régime sioniste, l'AP doit avoir le courage de déclarer la fin du processus de paix mensonger.
Pourtant, démanteler l'infrastructure de l'AP sera plus facile à dire qu'à faire. Mais il est évident que son existence milite contre et entrave l'existence d'un Etat palestinien viable et territorialement contigu ; les dirigeants palestiniens ne doivent pas hésiter à dissoudre l'AP. Après tout, l'établissement d'un Etat palestinien indépendant n'est-il pas la raison d'être de l'AP elle-même, comme Sa'eb Erekat l'a dit à plusieurs reprises.
De toutes façons, les dirigeants palestiniens doivent cesser de jouer avec le sort et le destin de la population et de la cause palestiniennes. Nous nous sommes livrés trop et trop longtemps à des jeux politiques futiles, et l'heure de vérité doit sonner. Ce qui signifie également de reconnaître que la création d'un Etat palestinien viable en Cisjordanie , avec Jérusalem pour capitale, n'est plus une option réaliste étant donné l'expansion phénoménale des colonies juives.
Les dirigeants palestiniens, dont le Fatah et le Hamas, doivent se ressaisir en 2012 et s'assurer que ce ne soit pas une nouvelle année d'attente vaine.
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Politique intérieure
Khaled Amayreh
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