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France / Israël - 29 novembre 2012
Par Mohamed Belaali
"En 2012, ici, à Toulouse, un meurtrier, alimenté par la haine, a massacré trois petits enfants juifs," disait Netanyahu, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de Mohamed Merah, à l’école Ozar Hatorah, le 1er novembre 2012 (1). "Nous vivons un moment exceptionnel parce qu'ici s'est produite une tragédie, elle-même, exceptionnelle," lui répond François hollande (2). Étrange cérémonie ! Le même Netanyahu, qui exploite le drame de Toulouse pour gagner les législatives anticipées de janvier 2013, massacre quasiment tous les jours femmes, enfants et vieillards palestiniens. Il est à la tête d'un État qui, depuis sa création en 1947, s'est spécialisé dans les expulsions, les meurtres et les massacres des Palestiniens comme le montre, une fois encore, la nouvelle offensive sur Gaza qui a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi la population civile. Depuis la Nakba (catastrophe), la vie au quotidien de ce peuple est faite de drames, de malheurs et de résistance. Si l'assassinat de "trois petits enfants juifs" à Toulouse est qualifié par François Hollande de tragédie exceptionnelle, comment peut-on alors nommer la réalité palestinienne ?
F. Hollande et B. Netanyahu à l'issue de la cérémonie de Toulouse, le 1er novembre 2012 (© Guillaume Hordajuelo/EPA/MAXPPP)
Le cynisme des deux hommes n'a pas de bornes. Leur calcul politique se fait sur les cadavres des victimes innocentes à Toulouse comme à Gaza. L'un veut gagner les élections législatives anticipées du 22 janvier 2013 et entraîner la France dans un un conflit avec l'Iran, l'autre veut plaire à un lobby sioniste extrêmement puissant et influent.
Dans son recueillement à l’école Ozar Hatorah de Toulouse, Netanyahu pensait probablement davantage au 22 janvier 2013 qu'aux "trois petits enfants juifs". La cérémonie de commémoration est ainsi transformée en meeting politique. Une fois qu'il a harangué la foule, il s'est mis à chanter "Am Israël Haï" (Le peuple d’Israël est vivant !). Les victimes n'étaient qu'un prétexte. Le mépris des vies humaines est une constante chez les dirigeants israéliens. Toute l'histoire de l’État sioniste n'est qu'une longue, très longue suite de massacres des populations civiles palestiniennes qui constituent pour Israël un obstacle vivant à la réalisation du rêve sioniste du Grand Israël. Contre l'oubli et pour comprendre le nouveau massacre perpétré par l'entité sioniste à Gaza, il est peut-être utile de rappeler les tueries les plus connues et reconnues sans verser, par pudeur, dans une comptabilité macabre des chiffres des victimes.
A l'aube du 9 avril 1948, les forces combinées de l'Irgoun et de Lehi-Stern, dirigées par deux futurs premiers ministres Begin et Shamir, ont massacré, selon les sources, entre 250 et 347 villageois palestiniens de Deir-Yassine. Arie Yitzahi, historien pourtant officiel, écrira plus tard en 1972, "si nous regroupons les faits, nous réalisons que dans une très large mesure, la bataille [de Deir-Yassine] obéissait au schéma habituel d'occupation des villages arabes en 1948. (…) Au cours de ces opérations, de nombreux vieillards, femmes et enfants étaient abattus dès qu'il y avait une résistance." (3)
Sabra et Chatila sont déjà entrés dans l'histoire et reflètent comme un miroir le visage hideux du sionisme et de tout ce qu'il représente. "La solitude des morts, dans le camp de Chatila, était encore plus sensible parce qu'ils avaient des gestes et des poses dont ils ne s'étaient pas occupés. Morts n'importe comment. Morts laissés à l'abandon. Cependant, dans le camp, autour de nous, toutes les affections, les tendresses, les amours flottaient, à la recherche des Palestiniens qui n'y répondraient plus," écrivait Jean Genet dans Quatre heures à Chatila.
"Rempart" (Jénine), "Plomb durci", "Pilier de défense" ne sont que des noms qu'Israël donne à des massacres commis à intervalles réguliers. Mais plus important encore que les tueries elles-mêmes, ce sont les répercussions du soutien indéfectible des bourgeoisies occidentales à l’État hébreu. Cette complicité sans faille est un puissant encouragement qui a permis aux dirigeants israéliens de commettre leurs forfaits sans scrupules et sans impunité aucune. De nouveaux carnages viendront s'ajouter aux anciens.
Maison détruite dans le quartier Al-Zeitoun, Gaza-ville, 23 novembre 2012 (photo Anne Paq, Chroniques de Palestine)
Dès le début de la nouvelle offensive israélienne sur Gaza, Barack Obama s'est empressé, comme d'habitude, d'apporter le soutien total des États-Unis à Israël. Alors que Gaza était sous les bombes, François Hollande, lui, a préféré apporter directement son soutien en téléphonant à son ami, l'extrémiste Netanyahu : "Je lui ai dit que nous étions conscients de l'exigence pour Israël de sa propre sécurité mais qu'il y avait aussi à éviter justement de tomber dans des provocations qui pourraient dégénérer. Nous continuerons d'utiliser toute notre influence pour éviter une escalade". Si la position de Barack Obama est directe, brutale et somme toute franche, celle de François Hollande est hypocrite, lâche et cynique. Elle ne dénonce nullement le massacre de la population civile palestinienne. La tuerie devient un acte de légitime défense. Seule compte la sécurité de l'agresseur. Hollande, qui est prêt à livrer la guerre en Syrie pour "sauver des vies humaines", se tait lâchement sur les assassinats et les mutilations des hommes, des femmes et des enfants de Gaza !
La social-démocratie, et en particulier le Parti Socialiste français, n'a jamais eu le courage de regarder en face le problème israélo-palestinien. La négation de l'existence et des souffrances du peuple palestinien rend les dirigeants de ce parti incapables d'apporter une réelle contribution à l'édification de la paix entre les deux peuples dans cette région tourmentée.
De Léon Blum à François Hollande en passant par François Mitterrand, l'alignement des dirigeants "socialistes" sur le sionisme est total. Selon F. Hollande, "C’est sans doute au PS que l’on trouve le plus grand nombre d’amis d’Israël et du peuple juif" (5). Manuel Valls va encore plus loin en déclarant, lors des primaires socialistes, "Je suis lié de manière éternelle à Israël" (6). Mais c'est Pierre Moscovici qui résume relativement bien les convictions de nombreux dirigeants du parti : "Si j’ai adhéré au Parti socialiste, en tant que juif, français et socialiste, c’est aussi en pensant à Léon Blum. Il faut réfléchir et essayer de savoir pourquoi il se serait battu aujourd’hui. Or, cet homme s’est battu pour la République, pour la gauche et le socialisme, ainsi que, sur la fin de sa vie, pour le sionisme, porteur à son sens d’une paix pour le Proche-Orient" (7). En guise de la paix, ce sont les expulsions, les assassinats ciblés, les tueries, les checkpoints, le mur, les destructions massives d'hôpitaux, d'écoles, de mosquées, d'infrastructures civiles etc. qui rythment la vie quotidienne des Palestiniens. Voilà de quoi est porteur le sionisme ! Car sa nature et son projet sont radicalement incompatibles avec la paix. Réaliser le "Grand Israël" suppose la négation totale du peuple palestinien.
Hollande n'a jamais brillé par son courage. S'il a fait le fanfaron à l'Onu le 25 septembre 2012 en déclarant "que l’urgence aujourd’hui est l’intervention militaire en Syrie et au Sahel !" (4), alors que le chômage et ses conséquences ravagent la France, il a rapidement courbé l'échine devant les dirigeants israéliens extrémistes qui n'ont aucun respect ni pour la vie humaine ni pour les lois et les conventions internationales. Les résolutions des Nations-Unies sont systématiquement violées par l’État hébreu. Israël est la négation même du Droit international. En France, François Hollande et son parti multiplient les cadeaux aux patrons et paupérisent les travailleurs et les classes populaires. Un pouvoir qui méprise tant sa propre population ne peut respecter la résistance et le combat des peuples qui souffrent des injustices. Il ne peut être que du côté des puissants et des oppresseurs, à l'intérieur comme à l'extérieur.
(1) http://jssnews.com/2012/11/02/disc-neta-toul/
(2) http://www.elysee.fr/president/les-actualites/discours/2012/intervention-de-m-le-president-de-la-republique.14191.html
(3) Il s'agit d'un article publié le 14 avril 1972 dans le Yediot Aharonot. Voir L. Soliman, Pour une histoire profane de la Palestine, La Découverte, page 126.
(4) http://www.belaali.com/
(5) http://www.crif.org/fr/lecrifenaction/fran%C3%A7ois-hollande-re%C3%A7oit-le-crif
(6) http://jforum.fr/forum/france/article/francois-hollande-et-israel
(7) Ibid.
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Mohamed Belaali
29 novembre 2012