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ISM France - Archives 2001-2021

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France -

Interpellation envoyée par le Collectif Pas En Notre Nom (CPENN) aux directions politiques des partis participant aux élections législatives 2012 et vidéos de la Conférence de Presse du 4 juin 2012

Par

Madame la candidate,
Monsieur le candidat,
Vous briguez la fonction de Représentant du Peuple français au sein de l’Assemblée Nationale.
Nous sommes un collectif d’associations et de syndicats constitué au moment où la résolution 1973 de l’ONU qui recommandait la création d’une zone d’exclusion aérienne pour la protection du peuple libyen d’éventuels bombardements a été interprétée de façon plus qu’abusive, illégale, sur le plan du droit international.
En aucun cas cette résolution n’autorisait à procéder au renversement du régime libyen et à l’assassinat sommaire du chef de l’État.

Interpellation envoyée par le Collectif Pas En Notre Nom (CPENN) aux directions politiques des partis participant aux élections législatives 2012 et vidéos de la Conférence de Presse du 4 juin 2012

Les citoyens français sont en doit de savoir les prémisses qui ont conduit la France à cette barbarie, les conditions acceptées par le gouvernement précédent contre la libération des infirmières bulgares, la contrepartie du programme nucléaire dont devait être équipée la Libye.
Les citoyens français refusent que le personnel politique qu’il mandate pour conduire leurs affaires obtienne des financements occultes pour ses campagnes électorales, ils demandent que sans attendre toute la lumière soit faite sur les révélations argumentées dans ce sens faites par la presse.

Etes-vous prêt à soutenir la création d’une commission d’enquête sur les conditions de l’engagement de la France dans l’agression contre la Libye ?
Les peuples d’Afrique du Nord s’étaient soulevés contre des régimes jusque là approuvés et appuyés par l’État français, cette immixtion enfoncée comme un coin entre la Tunisie et l’Égypte était-elle destinée à faire tourner à leur renaissance ?
Elle est symptomatique du dévoiement de la politique de défense de la France à plusieurs égards. Ses conséquences sur la déstabilisation du Sahel et de l’Afrique du Nord sont déjà à l’œuvre avec la dissémination de guerres civiles, de séparatismes et le cortège de millions de migrants.
Il est avéré puisque de hauts responsables de l’armée des USA l’ont reconnu que des bandes armées refluent de la Libye vers le Mali et la Syrie.
Approuveriez-vous l’aberration que la France continue de soutenir par voie diplomatique et par l’envoi d’agents les visées de destruction de l’État de Syrie, à l’instar de ce qui s’est produit en Irak, avec les prévisibles catastrophes humanitaires pour ce pays et ses voisins ?

Les députés français n’ont pas été consultés préalablement, ils ont tout au plus été invités à entériner a posteriori une décision prise par un exécutif qui a agi selon des allégations colportées par un homme d’affaires français parfois catalogué homme de lettres. La source de la rumeur a été une Ligue libyenne des droits de l’homme réduite à une personne qui tenait ses informations de ministres de Kadhafi devenus membres du CNT.

S’agissant de conflit qui ne menace pas de façon imminente la sécurité du pays,
estimez-vous comme le veut la tradition républicaine que la décision d’engager une guerre doit être soumise à débat et confiée au Corps Législatif ?
Lequel Corps doit examiner avec la plus grande vigilance le bien-fondé des arguments bellicistes ?
Confirmerez-vous par là que le seul souverain est bien le peuple qui décide par la voix de ses représentants concernant des questions de cette importance ?

Car quelle serait la consistance de notre démocratie si le Législateur incarné dans ses députés élus n’avait droit de regard sur une question aussi importante que celle qui engage notre armée à bombarder un autre peuple, détruire ses infrastructures et son organisation politique et l’exposer à des mesures de rétorsion ?

Êtes-vous prêt à contester et passer outre les traités signés qui emprisonnent la Nation dans un enchevêtrement d’alliances et de défense multilatérale quand ils ne répondent plus à ses intérêts et à ses principes ?


À ce titre, estimez-vous nécessaire un travail sur le bilan de l’intervention de la France en Afghanistan ? Croyez-vous à la niaiserie avancée par Bush fils que les Talibans sont une menace terroriste pour le monde ou à celle d’Obama que l’armada occidentale y est pour combattre un prétendu extrémisme musulman qui ne nous concerne pas ?
La France n’a aucun intérêt dans la région que voudraient se réserver quelques multinationales pour des conduites gazières. Elle n’a plus les moyens de son ancienne ambition impériale de civiliser ou de démocratiser les peuples de structures économiques et de cultures différentes.
Le moindre des désordres qu’y a créé notre présence figure dans le nombre de 4 millions de réfugiés afghans répartis entre l’Iran et le Pakistan. Quelle cohérence trouver là alors que le thème de prédilection d’une frange politique obscurantiste est justement la criminalisation des travailleurs migrants qui fuient les zones de guerre et la misère ?

En raison de la crise budgétaire qui oblige les USA à réduire le budget du Pentagone, ceux-ci solliciteront de plus en plus les moyens de l’armée française pour leurs aventures militaires, Envisagez-vous comme nous le souhaitons que la France se retire utilement de l’Organisation de l’Atlantique Nord ?


Madame la candidate, Monsieur le candidat, approuvez-vous la propension des puissances occidentales et parmi elles la France à répandre une démocratie selon leurs normes dans des pays tiers en les occupant, en y installant des conflits armés ou encore en décidant pour eux de l’issue d’une consultation électorale comme en Côte d’Ivoire ?
Êtes-vous pour cette forme d’ingérence dans les anciennes colonies tenues bridées par une dette odieuse, une dépendance économique et une présence militaire qui assure la police entre tendances politiques en faveur de l’ancienne métropole ?
Vous opposerez-vous résolument à cette honte résiduelle du système de la Françafrique ?
Soutiendrez-vous que les conclusions de la commission parlementaire française sur l’épuration ethnique génocidaire au Rwanda conduisent au jugement des hommes politiques français à l’origine de ce crime d’État ?

Actuellement, la France exerce des sanctions économiques et un embargo contre un certain nombre de pays. Outre Cuba, la sollicitude française embrasse les peuples de Biélorussie et de l’Iran.
Il s’agit d’actes de guerre authentiques injustifiés.


Les différentes missions de l’AIEA n’ont pu prouver l’existence de combustible réservé à la fabrication d’armement nucléaire en Iran. Les seize agences de renseignement étasuniennes ont établi en 2007 que l’Iran a abandonné tout projet de ce type d’armement.
Allez-vous conforter le raisonnement de quelques bellicistes pour lesquels l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence ? Et appuyer ainsi les allégations d’Israël qui cherche surtout à maintenir l’aide exorbitante financière et militaire occidentale, apport substantiel à son économie toute tournée vers la guerre et spécialisée dans la sécurité qu’il exporte ?
Serez-vous prêt à promouvoir une dénucléarisation du Moyen-Orient et à forcer Israël, détenteur de deux cents ogives nucléaires avouées par Ehudi Olmert pointées sur toutes les capitales de la région, à ouvrir ses installations nucléaires à l’AIEA ?

Madame la Candidate,
Monsieur le Candidat,
Les citoyens français sont en droit de rappeler à celles et ceux qui espèrent gagner leurs voix que la seule règle intangible en droit international est celle de la souveraineté des peuples et de leur droit à leur autodétermination.
Parce qu’Israël est partenaire commercial privilégie de l’Union européenne, passerez-vous sous silence au cours de votre mandat les six millions de réfugiés palestiniens qui réclament de retrouver les foyers qu’ils furent forcés de quitter en 1948, 1967 ou 1973 ? De même, feindrez-vous de ne pas voir que l’occupation ne cesse de progresser en Cisjordanie sous l’effet d’un travail de grignotage quotidien ?
Estimez-vous conforme au droit le blocus qui emprisonne 1,5 million de Palestiniens à Gaza depuis 2005 ?
Allez-vous prêter attention à la résistance non violente du peuple palestinien tue par les medias qui ne l’évoquait que lorsque elle répliquait à la violence par une violence asymétrique ?



Au sein de l’Union européenne, la nomination de technocrates en finance comme chefs de gouvernement par des instances supranationales non élues est une forme d’ingérence à la fois nouvelle et résolument antidémocratique. Ces experts sont ceux-là mêmes qui sont à l’origine des dérégulations de la finance internationale. Le capitalisme à son stade avancé a cru se passer du travail humain pour réaliser du profit, il s’est livré à l’abri des regards à la création débridée de produits justement dits toxiques car ils ont contaminé et fragilisé l’économie mondiale. Les limites de leur science se mesurent à la très mauvaise santé des institutions bancaires à la gestion desquelles ces experts ont collaboré. Les peuples européens ne se laisseront pas sacrifier pour sauver une finance qui de toutes les façons poursuit ses pratiques suicidaires de spéculation très inventive.

Serez-vous prêt à trancher ce nœud gordien d’une dette devenue insupportable car offerte depuis 1973 aux prêteurs privés, augmentée de toutes les amputations de revenus étatiques consenties en cadeau fiscal aux grandes entreprises et d’un poids amplifié par l’actuelle récession ?
Les banques centrales doivent retrouver leur rôle de prêteur de premier et non de dernier recours.
L’impôt ne doit pas épargner les plus riches qui savent utiliser toutes les ressources de l’évasion fiscale en toute légalité.
Ferez-vous partie des députés qui demanderont un audit de la dette souveraine la restitution du crédit comme bien public, instrument économique trop important pour le laisser entre les mains de ces banques privées agonisant sous leur incompétence majeure dévoilée ?
Sans un volontarisme politique, le peuple français sombrera lui aussi dans l’esclavagisme pour dette puisqu’il lui consacre déjà un peu plus de tout l’impôt collecté sur le revenu.
La proposition de Constitution pour l’Europe, refusée par les Français en 2005 et imposée de la manière la plus antidémocratique qui soit sous forme du Traité de Lisbonne conduit sous nos yeux au protectorat non déguisé par les bancocrates européens de la Grèce, de l’Espagne, bientôt du Portugal, de l’Italie et de la France.
Soutiendrez-vous que la religion de la concurrence prétendument non faussée et de la libre circulation des marchandises et des capitaux assure le bien-être des peuples qui n’en ont jamais voulu ?

Enfin, prévoyez-vous de remettre en cause la doctrine de Défense développée par l’exécutif précédent qui confondait sécurité intérieure et défense nationale tant du point de vue du concept que de l’organisation ?
Les restrictions budgétaires liées à notre dette dite souveraine ne peuvent justifier de faire s’équivaloir police et armée, sauf à considérer que la seule fonction régalienne encore exercée par l’appareil étatique est la coercitive et qu’elle se fait indistinctement contre le peuple français et ses éventuels ennemis fantasmés ou réels extérieurs ?
Approuverez-vous les coupes dans le budget de la Défense qui la privent de ses hommes au profit de moyens techniques de prévention illusoires en constante inflation ?
Elles aboliraient notre autonomie et subordonneraient encore davantage notre politique aux diverses alliances.


Vous souhaitant bonne chance, le Collectif Pas En Notre Nom se saisira de la prochaine occasion pour suivre votre exercice et exprimer son droit d’interpellation.

____________________

3ème Conférence de presse du 4 juin 2012

- Introduction par Karim MANSOURI, coordinateur du Collectif Pas En Notre Nom, qui explique la finalité de la conférence de presse : interpeller les candidats aux élections législatives 2012 sur la notion d'ingérence.




- Présentation par Badia BENJELLOUN et rappel des principes fondateurs de la création du collectif Pas En Notre Nom et lecture de l'interpellation aux candidats à l'élection législative 2012

- Aminata DRAMANE TRAORE, écrivain et ancienne ministre malienne, intervient à la demande du collectif Pas En Notre Nom sur la problématique du droit d'ingérence, et sur le Mali : "Le Mali, recolonisation programmée... ?"




- Mireille FANON MENDES-FRANCE, présidente de la Fondation "Frantz FANON", intervient à la demande du collectif Pas En Notre Nom sur le thème : "De la 'Mission Civilisatrice' coloniale à l'ingérence humanitaire".




- Colonel Alain CORVEZ, conseiller en Géopolitique, intervient à la demande du collectif Pas En Notre Nom sur le thème : "France-OTAN : de Strasbourg 2009 à Chicago 2012"




- Louis Fernando BASURTO, enseignant, syndicaliste péruvien : "Amérique Latine : une histoire récente d'ingérence et de résistances nationales"




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