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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Israël, Liban : Défense contre la magie noire.

Par

> g.a.evildoer@gmail.com

Ce long article de Gabriel Ash, paru aux Etats-Unis dans "Dissident Voice"(www.dissidentvoice.org) le 24 juillet, est une réponse point par point à un auteur anonyme "ami d’Israël". Parce qu’il ne laisse aucun point dans l’ombre, cet article nous a semblé d’un intérêt spécial et nous l’avons traduit. Toutes les références et liens sont anglophones, faute de temps nous n’avons pas cherché les équivalents en français, s’ils existent. Gabriel Ash se définit comme "un militant et écrivain qui écrit parce que la plume est parfois plus forte que l’épée, et d’autres fois non".

A la suite de mon dernier article ("Terrorisme d’Israël" du 18 juillet), Dissident Voice a reçu une "lettre à l’éditeur" polie et bien écrite.
La lettre, sans se targuer d’aucune originalité, était un enchaînement exceptionnellement dense de "points à considérer" apologétiques. Comme tout lecteur à l’écart du milieu de terrain reçoit probablement des tas de lettres similaires, j’ai pensé que la communauté bénéficierait d’une ouverture de courrier publique.
Voici un commentaire ligne par ligne

A l’éditeur

Gabriel Ash ("Terrorisme d’Israël" du 18 juillet) n’a pas dit que la capture des deux soldats israéliens et la mort de huit autres a été effectué au cours d’un raid qui violait une frontière internationalement reconnue.

C’est exactement ce que j’ai dit, ajoutant que, “Israël ne doit pas jouir de la défense de principes qu’il ne respecte pas”.
Israël, depuis sa naissance, n’a jamais déclaré de frontières. Ses soi-disant frontières sont des "lignes d’armistice" qui reflètent le résultat du conflit militaire.
La seule raison pour laquelle la frontière d’Israël avec le Liban est où elle est, et pas sur la rivière Litani, c’est la résistance obstinée du Hezbollah, qui a forcé Israël à se retirer sur cette frontière.

Cependant, Israël a, à répétition, depuis 1948, envoyé ses soldats et agents agir derrière les frontières internationales, comme il n’a jamais accepté aucune limitation légale de ses forces.

La liste est trop longue à établir ici, mais on peut mentionner quelques titres saillants : la massacre de Qibya (1953), la guerre de Suez (1956), l’attaque sur Samua (1966), la guerre de 1967, l’opération Litani (1978), la guerre de 1982, et bien sûr, l’occupation permanente de la Cisjordanie et de Gaza depuis 1967.

Pour nous concentrer sur le Liban, nous savons qu’Israël a planifié l’occupation du sud Liban dès le début des années 50, mais les raids sur le Liban ont commencé en 1968, et n’ont pas cessé depuis. Israël a aidé à plonger le Liban dans la guerre civile, bombardé les villages du Liban à répétition depuis 1968, tuant des milliers de civils jusqu’au massacre de Qana en 1996, où 106 réfugiés Libanais ont péri dans une enceinte des Nations Unies.

Israël a maintenu une occupation oppressive et meurtrière du Liban, où 20 000 personnes ont péri, défiant le Conseil de Sécurité des Nations Unies pendant 18 ans.

Depuis qu’il a quitté le Liban, les avions de combat israéliens ont violé la souveraineté du Liban de multiples fois, et des unités militaires ont infiltré le Liban comme elles voulaient.

Par exemple, en février 2006, les enquêteurs de l’ONU ont confirmé que des soldats israéliens avaient abattu et tué un berger adolescent à l’intérieur du Liban [1].

Si on suit la logique de propagande israélienne, le Liban devrait avoir rasé Haïfa jusqu’au sol pour cela, en représailles. Les frontières veulent dire aussi peu pour Israël que la vie des civils derrière.

Alors, oui, en solidarité avec les 9000 prisonniers politiques qui languissent dans les prisons israéliennes, le Hezbollah a brisé la souveraineté israélienne.
C’est peut être téméraire ou à courte vue, mais nullement injustifié. La loi religieuse juive s’y applique parfaitement : "Celui qui dérobe à un voleur n’est passible de rien".


Selon toute définition, le Hezbollah a commis un acte d’agression, qui selon n’importe quel standard, est un acte de guerre. Aucun pays ne peut admettre une telle atteinte à sa souveraineté sans y répondre comme il convient.

Je n’attendais pas d’Israël qu’il tolère un acte "d’agression" du Hezbollah. Après tout, Israël ne tolère même pas des manifestations pacifiques contre ses crimes. Il bat, tire et tue les militants pacifistes et les protestataires non-violents [2].

Israël ne tolère même pas des gens pris alors qu’ils vivent avec leur famille alors qu’ils ne sont pas juifs. Peut-être que si Israël était un lieu moins intolérant, il n’aurait pas besoin de tolérer des agressions. Quant à la "réponse qui convient", voir ci-dessous.


Israël ne fait pas exception. L’aéroport de Beyrouth et l’autoroute Beyrouth-Damas ont été touchés pour que l’Iran et la Syrie ne puissent pas envoyer d’aide au Hezbollah, comme ils l’ont fait pendant longtemps en lui fournissant environ 12000 roquettes de différents types.

Combien de roquettes, obus et d’avions mortifères Israël possède t-il, en majorité cadeaux du contribuable américain ?

Pourquoi les Libanais ne devraient t-ils pas avoir les moyens militaires pour dissuader une attaque israélienne, en particulier du fait qu’Israël attaque le Liban avec la régularité d’un drogué qui se shoote à l’héroïne ?


Et comme toujours avec les groupes terroristes, le Hezbollah se cache toujours parmi les civils. Les roquettes sont cachées dans des maisons où vivent les familles de civils.

Primo, le Hezbollah est un parti politique libanais, un mouvement de résistance militaire et un fournisseur efficace et apprécié de services sociaux. Il y a des spéculations sur la participation possible du Hezbollah à des opérations terroristes.

Mais d’un autre cêté, être appelé "groupe terroriste" par les USA et Israël, les deux premiers fournisseurs de terrorisme mondial, c’est une médaille honorifique.

Un rappel : les Israéliens ont élu comme Premier Ministres Begin et Shamir, tous les deux chefs de groupes terroristes qui ont assassiné des civils Palestiniens, des diplomates étrangers et des Juifs religieux antisionistes.

Ils ont aussi élu Rabin, le nettoyeur ethnique de Lydda et de Ramle, et Sharon, le commandant du massacre de Qibya et l’ogre responsable du massacre de Sabra et Shatila. Les certificats de terrorisme servent de qualification aux hautes fonctions dans la société israélienne [3].

Secondo, le Hezbollah ne se “cache” pas “parmi les civils”. En tant qu’organisation intimement shiite, il a sa base dans les régions shiites, juste comme les militaires israéliens sont souvent basés dans les régions juives.
Le chef d’Etat Major israélien "se cache" dans un bunker au centre de Tel Aviv. Ceci fait-il de Tel Aviv une cible militaire légitime ? D’après la logique israélienne, la réponse est oui.
Les installations nucléaires d’Israël "se cachent" à Dimona. Les habitants de Dimona sont-ils des cibles militaires légitimes ?
Le mochav Meron, qui a été touché par le Hezbollah, surplombe une installation militaire.
Pourquoi les militaires israéliens se cachent t-ils parmi les civils ? Pour faire bonne mesure, les militaires israéliens se cachent aussi parmi les Palestiniens.
Quant aux roquettes cachées dans les demeures familiales, ça a la crédibilité d’un ragot de l’armée.


Quand une roquette Katioucha est tirée sur une ville israélienne, elle ne vise que les civils.

Premièrement, ce n’est certainement pas vrai. Le Hezbollah a aussi visé des installations militaires dans ou près des villes israéliennes [4].
Ensuite, le Hezbollah, rappelons-le, répondait au bombardement israélien et à la tuerie de civils en tirant sur des villes israéliennes. Est-ce moralement justifié ? Non.

Mais si on croit qu’Israël a le droit de bombarder des civils, il s’ensuit que le Hezbollah a le même droit, puisqu’il répond aux attaques israéliennes.
Le Ministre des Affaires Etrangères Livni justifie le meurtre israélien des civils libanais parce que "Les terroristes utilisent la population et vit parmi elle" [5].
Quiconque a visité Israël sait que les soldats israéliens sont présents en grand nombre dans presque toutes les villes. Ils vivent parmi la population, et d’après Livni, ceci fait des villes israéliennes des cibles légitimes pour les Katiouchas.
Je ne pense pas que Livni croie ça.

Les apologistes et les "amis" d’Israël sont incapables de faire l’opération mentale qui consiste à faire abstraction des termes "Israéliens", "Arabes", "Armée Israélienne", "Hezbollah".
Ils ne voient pas qu’une phrase telle que "X a (ou n’a pas) le droit de tuer Y sous la condition Z" serait vraie (ou fausse) que X=israélien et Y= arabe ou que ce soit l’inverse. C’est parce que, pour eux, "Arabes" et "Israéliens" ne sont pas des termes interchangeables.
Le mot qui décrit cette habitude mentale est : racisme.


Israël fait de son mieux pour épargner autant de civils que possible.

De tous les points de discussion de la "Hasbara" (propagande) israélienne, c’est le plus obscène.
Commençons par la guerre actuelle. Il y a déjà plus de 300 civils Libanais tués (le comptage est probablement obsolète quand vous lirez ceci), dont des familles entières, et un grand pourcentage d’enfants.
Il n’y a pas de preuve que même une poignée de combattants du Hezbollah figure parmi les tués. Israël a bombardé des quantités de villages et de quartiers fortement habités à Beyrouth et à Tyr.

Parmi les grandes cibles militaires bombardées, il y a eu une église grecque orthodoxe, une usine laitière et des convois de nourriture et de soutien médical.
Les leaders israéliens ne cherchent d’ailleurs pas à cacher qu’ils visent des civils sans relation avec le Hezbollah.
Par exemple, le chef d’Etat Major d’Israël expliquait le choix attentif des cibles par la formule "rien n’est en sécurité".
Effectivement, Israël a même bombardé des quartiers chrétiens.


“Epargner autant de civils que possible" est une incantation insensée. Qu’est-ce que ça implique en pratique ?

Considérons que des combattants et des civils sont dans le même secteur.
Israël considère la mort de combien de civils acceptable pour toucher un combattant ? 10, 100, 1000 ?
Y a-t-il un cas de cible épargnée à cause de la présence de civils ?

Puisqu’Israël bombarde des zones résidentielles populeuses (sans parler de Gaza, l’habitat le plus dense sur terre), la réponse est clairement non. "Que possible" veut dire "nous bombardons ce que nous voulons".
Il n’y a pas de différence entre des bombardement indiscriminés et "viser" des civils.


“Epargner autant de civils que possible" n’est même pas une expression valable de respect de la vie civile, mais en plus c’est un mensonge. Israël tue les civils par stratégie et pas seulement comme sous-produit d’opérations militaires.

La stratégie d’attaquer des civils n’est pas nouvelle.
Elle a été formulée en premier dans les années 50 par Moshe Dayan, comme politique de "représailles" contre les civils.
Dayan (contrairement aux frères moraux d’Israël aujourd’hui) admettait honnêtement que la politique de représailles israélienne n’était "ni morale, ni justifiée", mais disait que "la méthode de punition collective s’est avérée efficace jusqu’à présent" [6].
Après 50 ans on devrait douter de l’efficacité de la punition collective [6].

Mais c’est tout aussi injustifiable maintenant que ça l’était quand Dayan le premier a commencé à adopter la doctrine nazie du combat contre la résistance par représailles contre les civils.

Je ne fais pas cette comparaison à la légère entre Israël et l’Allemagne nazie ; mais quand Israël (encore et encore et encore) est en rupture complète avec les lois de la guerre et la convention de Genève, il est important de se souvenir et de rappeler qu’un grand nombre de ces lois sont nées en réponse directe aux pratiques d’occupation nazies.

Dayan est mort depuis longtemps, mais les données prouvent qu’Israël n’ jamais abandonné l’usage des punitions collectives contre les civils, qui consiste à la fois à viser directement les civils et à les mettre activement en danger, comme moyen de pression (définition, à nouveau, du terrorisme).

Des dizaines de livres, d’articles et de rapports ont été écrits sur le sujet, par des universitaires, des journalistes et des organisations de droits de l’homme. Malheureusement peu d’entre eux sont rapportés dans nos medias de masse.

La dernière synthèse vient du livre de Norman Finkelstein, Beyond Chutzpa, d’où j’extrais au hasard la citation suivante du rapport d’Amnesty International pour l’année 2002 : "La majorité des personnes tuées participaient à des manifestations où les pierres étaient les seules armes utilisées. Une grande proportion des blessés et des tués étaient des enfants. Des badauds, des gens chez eux et des personnels des ambulances ont aussi été tués" [7].


Et, plus près du Liban, voici ce que Human Rights Watch a dit de l’opération "Accountability" de 1993, un autre assaut israélien massif sur le Liban où 118 civils libanais furent tués.
"Il apparaît des déclarations publiques que les civils étaient considérés comme un élément stratégique crucial de l’opération.
Le Premier Ministre Yitzhak Rabin déclara: “Nous voulons que les villageois libanais s’enfuient et nous voulons frapper tous ceux qui sont associés aux activités du Hezbollah”.

Dans ces deux objectifs de l’opération Accountability, les civils Libanais étaient visés. Israël planifia de pousser les civils Libanais à Beyrouth au nord pour forcer le gouvernement libanais à fondre sur le Hezbollah et pour punir les villageois de permettre au Hezbollah d’opérer en leur sein. Pour les deux aspects, Israël violait gravement la loi humanitaire internationale qui interdit de viser les civils".
D’après HRW, la grande majorité des victimes furent des civils.


Il y a des dizaines de tels faits cités pour chaque année de l’histoire d’Israël. N’importe qui avec un minimum de dons pour la lecture peut rassembler assez de données pour choquer sa conscience, s’il en a une.

Revenant aux événements actuels, Olmert annonce qu’il ne cessera pas de marteler le Liban jusqu’à ce qu’Israël atteigne ses buts : l’élimination des roquettes du Hezbollah du sud Liban, le retour des soldats captifs, et une pression internationale sur le Liban pour réaliser la résolution du Conseil de Sécurité 1559.

Les deux dernières des conditions déclarées par Olmert pour un cessez-le-feu sont politiques et ne peut pas être atteintes par la destruction d’un quelconque nombre de cibles militaires.

Ainsi, d’après la propre formulation des raisons officielles du bombardement du Liban par le Premier Ministre, le meurtre de masse de civils a lieu dans le but de faire pression sur les leaders du Hezbollah, le gouvernement libanais, et la "communauté internationale".

D’après ses propres mots, Olmert est un terroriste international.


Israël a quitté Gaza, jusqu’au dernier centimètre, il y a plus de 10 mois. Depuis, plus de 800 roquettes Qassam ont été tirées sur des villes israéliennes. Rien qu’en juin, 89 roquettes ont été tirées sur Sderot.
Encore une fois, comme tout autre pays, Israël devait répondre. Il aurait dû agir dès l’arrivée de la première roquette. Mais mieux vaut tard que jamais.


Ces 800 "roquettes" sont de simples tubes d’acier qui ont causé moins d’une douzaine de victimes. C’est une douzaine de trop. Mais dans le même temps, Israël a tiré dix fois plus d’obus d’artillerie lourde réelle, sophistiquée, made in USA, sur Gaza, tuant au moins 80 personnes, y compris une famille entière qui faisait un barbecue sur la plage [8].
Comment les Palestiniens devraient t-ils répondre ?

Alors, pourquoi Gaza combat t-il encore ?

Contrairement aux affirmations, Israël n’a pas mis fin à son occupation de Gaza. Il a redéployé ses soldats dans le périmètre, sans jamais cesser son contrêle total sur la vie des habitants, leur infrastructure, leur espace aérien, leurs frontières et leur économie.

De plus, les dirigeants israéliens ont dit ouvertement que le but de leur redéploiement à Gaza est d’assurer la politique extensive de vol de terres et de colonisation en Cisjordanie .
David Bloom a écrit une analyse au peigne fin du vrai plan de "convergence" d’Israël, et de pourquoi il ne présage aucune fin à l’occupation.

Les leaders du Hamas se sont publiquement et plusieurs fois engagés à mettre fin à la résistance violente et à accepter Israël dans le cadre d’une division de la Palestine en deux Etats.

Le dirigeant élu, Ismaël Haniyeh, a donné les conditions :

“[La] reconnaissance de la dispute centrale sur la terre de la Palestine historique et les droits de tout son peuple … la récupération de toutes les terres occupées en 1967, l’arrêt des attaques israéliennes, des assassinats et de l’expansion militaire …
La souveraineté pour la Cisjordanie et Gaza, une capitale dans la Jérusalem Est arabe, et la solution correcte de la question des réfugiés palestiniens de 1948 sur la base de la légitimité internationale et des lois établies
".


Le Hamas ne demande rien au delà du consensus légal international exprimé par d’innombrables résolutions de l’ONU. Maintenant Israël bombarde et affame la population civile de Gaza parce qu’il ne veut pas la fin de l’occupation ni une solution de bonne foi du conflit.
Il veut continuer de dénier aux Palestiniens leurs droits internationaux reconnus, et est prêt a tuer n’importe quel nombre d’entre eux jusqu’à ce qu’ils se soumettent.



Ash, apparemment, n’aime pas Israël.

Ayant vécu une bonne part de ma vie en Israël, j’ose dire que c’est peu dire. Mais on ne débat pas ici de goûts personnels, n’est ce pas ? (je n’aime pas non plus les choux de Bruxelles, mais je ne les critique pas).
On discute de crimes contre l’humanité.
Ce qui ennuie les "amis" d’Israël, c’est que certains refusent de se courber devant le veau d’or de l’éternelle victimisation juive, et osent pointer du doigt la vraie brute du Moyen-Orient.


Bien sûr, c’est son droit, mais Israël continuera à se défendre, qu’Ash aime ou pas.

Israël continuera à commettre de nouveaux crimes en défense des anciens crimes. Je n’en attends pas moins.

Shakespeare a saisi la dynamique principale qui mène de l’illégitimité à une criminalité sans bornes dans ces lignes clairvoyantes de la tragédie de Macbeth :

"For mine own good,
All causes shall give way: I am in blood
Stepp'd in so far, that, should I wade no more,
Returning were as tedious as go o'er."

(traduction libre : Pour mon bien, j’écarterai toute raison : être de sang, engagé si loin, que si je cessais de traverser le gué, revenir serait aussi fastidieux qu’avancer)


Il est étonnant de voir un homme de gauche “progressiste” soutenir un des groupes islamo-fascistes fondamentaliste les plus réactionnaires existant.

Commençons par ce qui est évident. Israël ne peut pas plus justifier ses crimes en décrivant le Hezbollah comme "Islamo-fasciste" qu’en se plaignant de la mauvaise hygiène de Gengis Khan.
On parle de meurtre de civils ici, pas des théories politiques de Nassralah. Pour combattre des théories politiques, il faudrait utiliser des mots, pas des bombes.

Quand même, appeler le Hezbollah “islamo-fasciste”, c’est la défense classique du sable jeté dans les yeux. Le Hezbollah est un phénomène complexe, avec des aspects régressifs et d’autres progressistes (et n’oublions pas que le Hezbollah a été effectivement créé par Israël).
Je ne partage ni la vision islamique de la société, ni le culte du martyr du Hezbollah.

D’un autre cêté, le Hezbollah est aussi engagé dans le pluralisme politique et la démocratie, et est probablement le parti principal le moins corrompu du Liban, et celui qui fait le plus pour le bien public et l’égalité sociale et politique. Ces qualités font du Hezbollah une des forces politiques les plus progressistes dans un Moyen-Orient réactionnaire.
Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, défaire l’armée israélienne et la forcer hors du Liban a certainement été un moment de progrès – progrès pour la liberté et les droits de l’homme.


Sans aucun doute, les femmes juives israéliennes jouissent de plus de liberté que ce qu’accorde le fondamentalisme islamique; diable, elles servent même dans l’armée !

Mais décrire Israël comme une force "progressiste" dans la région méritant les sympathies progressistes, c’est de la m…
Le féminisme n’a pas progressé au sud Liban grâce à l’occupation israélienne "éclairée", comme il n’a pas progressé en Irak grâce aux "bottes sur le sol" américaines.
Les armées et les guerres ne sont pas des forces progressistes ; elles sont l’expression la plus extrême et la plus régressive de l’inégalité et de l’injustice humaines, et par conséquent c’est la cible la plus urgente de l’aile gauche et de la résistance "progressiste" [9].

Et Israël, la 3eme société la plus militarisée du monde après la Corée du Nord et l’Erythrée, et le second régime en inégalité et corruption du monde développé, n’est pas une "lumière des nations "progressiste [10].

Il y a, c’est certain, des éléments progressistes dans la société israélienne, mais l’Etat ne les représente absolument pas [11].

Nous devons soutenir les éléments progressistes en Israël, pas l’Etat d’Israël. Israël est une société militariste, chauvine et raciste, où la discrimination et l’abus des minorités, pas seulement les Palestiniens, est rampant, légal, et souvent soutenu par l’Etat [12].

Israël n’est pas un phare du progrès. Il n’est pas, comme le raciste Blanc Européen Herzl l’imaginait, "un rempart de la civilisation contre la barbarie".

C’est un exemple édifiant de la façon dont l’addiction à la guerre et la foi en la force dégrade une société et corrompt toute autre valeur qu’elle voulait avoir.

Lisez seulement les nouvelles du jour.



NOTES

[1] S’il vous plait, si vous trouvez des excuses d’Israël pour l’incident, envoyez moi un mail. Pareil si vous trouvez une quelconque référence à l’événement dans les médias. Je n’ai rien trouvé.
Deux semaines plus tard, les soldats israéliens blessaient un autre berger.
En décembre 2005, les vedettes israéliennes ont attaqué un bateau de pêche dans les eaux libanaises.
Un autre berger a été tué en avril 2003, un autre kidnappé et interrogé par les soldats israéliens en juillet 2004.
En janvier 2001, Israël a blessé un berger de 13 ans à 5 km à l’intérieur du Liban, apparemment dans une attaque héliportée.
De plus, Israël a enterré environ 130 000 mines au sud Liban, selon les estimations de l’ONU, et refuse de fournir les cartes des champs de mine aux autorités libanaises (en en une occasion Israël a donné à une unité ukrainienne de l’ONU des cartes fausses, voilà pour la valeur humaine).


[2] Un échantillon :
• www.antiwar.com/hacohen/?articleid=5796
• www.bilin-village.org/photos_repression_en.php
• www.aloufok.net/article.php3?id_article=1551
• www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=7463
• www.rachelcorrie.org/
• www.tomhurndall.co.uk/
• http://electronicintifada.net/bytopic/people/45.shtml
• http://electronicintifada.net/cgi-bin/artman/exec/view.cgi/7/2310
• www.haaretz.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=415851
• http://electronicintifada.net/v2/article3775.shtml
• http://zope.gush-shalom.org/home/en


[3] Pour encore plus sur le terrorisme israélien :
• Livia Rokach, Israël's Sacred Terrorism.
• Noam Chomsky, Fateful Triangle, qui couvre la plus grande part de l’histoire des intrusions israéliennes au Liban.
• Sur la responsabilité de Sharon à Sabra et Shatila.
• Plus sur Shamir et Begin.
• Sur Lydda et Ramla


[4] Voir http://informationclearinghouse.info/article14006.htm et
http://www.antiwar.com/orig/cook.php?articleid=9333


[5] Cité par Steven Erlanger


[6] Benny Morris, Les guerres frontalières d’Israël, p. 203 (Edition en Hébreu)


[7] Norman Finkelstein, Beyond Chutzpah, p. 101


[8] www.dissidentvoice.org;
Pour le massacre au barbecue de Gaza, http://www.nytimes.com/, voir NY Times 14 Juin 2006.


[9] Une société militariste peut-elle promouvoir les droits des femmes ? Seulement dans la tête des inconditionnels d’Israël. Voir par exemple Cynthia Enloe, Maneuvers : The International Politics of Militarizing Women's


[10] Sur l’inégalité économique en Israël voir ici.
Sur la corruption.
La militarisation peut être mesurée par différents indices. Je me réfère au nombre de soldats par rapport à la population. En dépenses militaires par habitant Israël est premier au monde.
Dernières données de 1999.


[11] Ici des références de quelques groupes progressistes israéliens. Soutenez-les, pas Israël !
http://www.newprofile.org/
http://www.blacklaundry.org/
www.blacklaundry.org/eng-index.html
http://www.taayush.org
http://www.challenge-mag.com/
http://www.squat.net/antiwall/
http://gush-shalom.org/


[12] Quelques sources sur les abus dans le système légal :
• Raja Shehada, Occupier's Law.
• Et voir ici pour une transcription d’une session de tribunal israélien, nouvelle adaptation du livre de Kafka “Le Procès”…
Voir aussi Adalah

Quelques exemples d’attitudes racistes ; "Le sondage a montré que plus des 2/3 des Juifs refuseraient de vivre dans le même immeuble qu’un Arabe. Près de la moitié ne laisseraient pas un Arabe entrer chez eux et 41% sont pour la ségrégation des lieux de loisir. 40% des Juifs israéliens croient que ‘l’Etat doit soutenir l’émigration des Arabes d’Israël’. 63% des Juifs israéliens considèrent que les citoyens Arabes sont ‘une menace sécuritaire et démographique pour l’Etat’.
Quelque 18% disent ressentir de la haine quand ils entendent quelqu’un parler arabe, et 34% sont d’accord avec la phrase "la culture arabe est inférieure à la culture israélienne".

Voir aussi Dan Rabinowitz, Overlooking Nazareth; "Racism in Israël"
et Gideon Levy, Haaretz, 26 mai 2003.


Gabriel Ash, le 24 juillet 2006

Source : http://dissidentvoice.org/

Traduction : JPB

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