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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Israel et l'Apartheid Sud Africain : Réponse à la série d'articles du Guardian

Par

Angela Godfrey-Goldstein est Chargé de Recommandation d'Action pour le Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons, une organisation pacifiste israélienne. En Afrique du Sud vers la fin des années 1970, elle était un des premiers acteurs Blancs à agir à Soweto, Alexandra et d'autres banlieues noires, avec les acteurs Noirs. Elle a également travaillé en tant qu'activiste environnementale dans le Sud du Sinai, Egypte.

La semaine dernière, The Guardian (Royaume-Uni) a publié un reportage en deux parties réalisé par son journaliste Chris McGreal comparant la politique israélienne envers ses propres citoyens palestiniens et ceux vivant sous son occupation en Cisjordanie (y compris à Jérusalem-Est) et dans la bande de Gaza à celle de l'ère d'Apartheid en Afrique du Sud.
Ce qui suit est une lettre adressée à l'éditeur du Guardian par une pacifiste qui a pris part à la lutte pour les droits de l'homme dans les deux pays et qui constate que les questions posées par le Guardian sont nécessaires pour assurer un futur véritablement sûr.


Cher Monsieur,

Citoyenne israélienne depuis 1981, travaillant à plein temps en tant qu'activiste de la paix, j'étais résidente permanente en Afrique du Sud pendant les années 1960 et je me rends toujours régulièrement en Afrique du Sud.

Je vous remercie d'avoir publié l'important et courageux exposé de Chris McGreal sur la politique israélienne d'"Apartheid" qui mine les perspectives d'une paix véritable, crée la peur dans toutes les communautés, et empêche la tolérance et la vie normale.

Les nouvelles (de la semaine dernière) des projets unilatéraux d'annexion d'Ehud Olmert -- tous les blocs de colonies, y compris la Vallée du Jourdain, la couche aquifère de montagne et Jérusalem-Est - étayent l'exactitude de l'analyse de McGreal.

Les "cantons" sont lancés dans un monde qui en grande partie ne s'en doute pas (y compris une communauté Juive largement en désaveu) et Israël devient ainsi un Etat Policier, régissant à distance une Palestine à qui l'on refuse la souveraineté, la viabilité, l'eau, la liberté des frontières, l'espace aérien ou des subtilités telles que le droit international ou les droits de l'homme.

L'occupation, Oh ! si sophistiquée car elle est presque aussi transparente que les Palestiniens le sont pour les Israéliens, continuera hors de la vue des Israéliens mais fortement au coeur de la Palestine.

Pas moins mineur, les colons continueront en tant que Maitres de la terre, dont le but stratégique (le Général Sharon a étudié à Sandhurst dans les années 50) est de refuser à la Palestine toute viabilité.

La sécurité est le mantra. Quand apprendrons-nous que la sécurité ne vient pas du canon d’un fusil mais qu'elle vient de la connaissante de notre humanité commune ?

La sécurité est peut-être l’excuse pour le Mur (le rapport de B’Tselem "Sous Prétexte de Sécurité" prouve que son véritable objectif réel est l’expansion des colonies, bien que notre ministre de la Justice l’ait récemment confirmé en tant que frontière), mais la campagne d’attentats suicide du Hamas a explicitement été suscitée par le massacre de Baruch Goldstein à Hébron, de 29 fidèles Musulmans qui priaient dans la Mosquée de la Grotte des Patriarches pendant le Ramadan.

Yeshayahu Leibowitz avait prévenu il y a vingt ans, que si Israël ne cessait pas son occupation, nous engendrerions des Judéo-Nazis.
Les prophètes sont rarement appréciés ; sa prophétie nous la voyons tous les jours se réaliser, comme dans le scénario dépeint par le professeur Arnon Soffer.

Même la montée du Hamas était prévisible : quand il essayait de réconforter des centaines de personnes dont les maisons sont démolies tous les ans par Israël, nous ne pouvions pas rendre la justice devant les tribunaux, nous ne pouvions pas offrir un représentant parlementaire amical à contacter, nous ne pouvions pas offrir de compensation financière, nous ne pouvions pas offrir de droit démocratique, nous ne pouvions pas offrir une occupation éclairée, nous ne pouvions pas offrir un droit aux terres, ni avocats, ni même du bon sens.

On ne sait que désigner le ciel et répéter le refrain du persécuté : "Dieu regarde, il rendra justice." C'est ainsi que nait le fondamentalisme, quand il n'y a absolument aucun autre espoir

Travaillant en tant que guite touristique critique, je montre aux gens les faits sur le terrain, ainsi ils jugent par eux-mêmes. Pour quelqu'un qui tamponne des lettres de licenciement depuis son fauteuil à Hawaï, le New-Jersey, le Wisconsin ou Ilfort, les faits sur le terrain sont hors de propos.

Pour des touristes juifs qui vont seulement à la plage, au Mur des Lamentations ou dans la galerie Malha, les faits sur le terrain sont sans importance.

Mais pour ceux qui ont les tripes pour aller voir par eux-mêmes, la réalité est déprimante, très effrayante, criminellement immorale.

Si Israël était né, tragiquement, dans le péché originel du militarisme et du colonialisme des années 30, son actuelle direction pourrait être sa mort.

Pour ceux qui se soucient d'Israël et du futur de tous les Israéliens, la moralité doit faire partie du scénario. Il est triste de penser que le Judaïsme souligne ces éthiques, alors que la corruption est encore la norme. Il y a plus de 40 colonies dans la Vieille ville.

Le monde chrétien ne s’inquiète-t-il pas encore ? Les rumeurs croissantes de désinvestissement ciblé ne sortent pas de rien, ou...

Ce n’est pas une coïncidence si le professeur Jeff Halper vient d'être nominé par les Quakers pour le prix Nobel de la Paix, avec un Palestinien, Ghassan Andoni, un autre militant de la non violence et de la paix. C'est seulement en démilitarisant, en apprenant à vivre ensemble, en évitant le racime d'exclusivité, en épousant la VRAIE démocratie (pourquoi la démocratie juive serait-elle préférable à la démocratie, ou la moralité juive serait-elle meilleure que la moralité ?), qu'il y a un futur pour une grande nation.

Benjamin Pogrund, un ami que je respecte, se réconforte en sachant que les soins hospitaliers en Israël – contrarement aux hêpitaux d’Afrique du Sud – ne sont pas racistes.

Allez le dire aux habitants d’Abu Dis, 60 000 personnes qui n'ont plus du tout d’hêpital parce que le Mur les a coupées de Jérusalem et a littéralement divisé les familles.

Allez le dire aux nombreuses femmes qui ont perdu leurs bébés aux checkpoints.

Allez le dire aux volontaires des "Médecins pour les Droits des l'Homme", qui refusent d’être des ennemis et vont dans les Territoires occupés chaque samedi, pour confirmer leur serment d’Hippocrate.

Allez le dire à mon défunt père, qui était docteur blanc dans les hêpitaux noirs à Durban et à East-London en Afrique du Sud pendant l'époque de l’apartheid ("Ca n’était pas arrivé et ça ne pourrait pas arriver", oh oui, c’est arrivé !).


L’éducation, Benjamin ? Le cas des tribus bédouines autochtones dans le Négev révèle qu'Israël est une ethnocratie, non une démocratie, à tous les niveaux.

Les Bédouins sont harcelés plus que toute autre minorité ethnique, accusés de voler leur propre terre, forcés à construire de façon criminelle des cabanes parce que l'Etat d’Israël refuse des permis ou des zones de logements (sauf dans des réserves qu'ils évitent car ils craignent d’y perdre leur style de vie traditionnelle et leurs droits sur la terre).

La plupart des Bédouins n’ont pas le droit de vote en dépit de leur citoyenneté parce leurs droits sur la terre ne sont pas reconnus, alors ils vivent sans aucune adresse officielle.

La moitié des Bédouins originaires du Négev sont des réfugiés à Gaza, en Jordanie, en Cisjordanie ou ailleurs, forcés à quitter leur terre dans les années 50 par "l'Opération Broom" (Vous ne me croyez pas ? regardez le film "Les enfants d’Arna" où le vétéran Palmach exprimait sa honte de les avoir dégagés de leurs terres).

De nombreux Bédouins ont été expulsés du système éducatif, trouvant refuge dans des universités en Europe ou en Amérique.

Quelqu’un d’un peu chanceux parvient à obtenir un diplome universitaire en Israël; néanmoins, un rapport du Département d’Etat américain concernant Israël révèle : "Les enfants Arabes représentent environ le quart de la population des écoles publiques, mais historiquement, les subventions du gouvernement leur étaient allouées proportionnellement de façon moindre qu’aux enfants Juifs".

Les dépenses actuelles ne réparent pas les injustices historiques des investissements du gouvernement dans les infrastructures éducatives.

De nombreuses écoles dans les communautés Arabes sont délabrées et surchargées, manquent de conseillers et de services d’éducation spécialisée, ont de pauvres bibliothèques et n’ont aucun équipements sportifs.

Human Rights Watch rapporte que "le Contrêleur d'Etat israélien a documenté cette lacune dans plusieurs rapports annuels dans les années 90."

En février 2001, le gouvernement israélien rapportait qu’en 1991, l'investissement total dans l’éducation par élève dans les municipalités Arabes représentait environ le tiers de l'investissement par élève dans les municipalités Juives."

Dans la ville du Negev de Beer Sheva, les enfants Bédouins représentent 70 % des admissions du pavillon pour enfants de l'hopital (les Israéliens Arabes représentent 20 % de la population) en raison de leurs conditions de vie forcées.

Dans de telles conditions de pauvreté et de harcèlement, on voit clairement des parallèles entre Alexandra et Sandton; des communautés juives voisines revendiquent le plus haut niveau de vie en Israël.

Ce n’est pas du racisme ? Alors, trouvez une meilleure terminologie, tout en faisant des contorsions ! Le fait est que ça ne marche pas. !

Les 18 ans de bourbier au Liban pourraient bien être un paradis par rapport à ce qui nous est maintenant annoncé comme notre futur.

La vérité, c'est que nous, les Israéliens, nous sommes fatigués de la guerre, nous sommes fatigués du cycle sans fin de la violence, dont nous sommes pour beaucoup responsables (le militarisme a une nature à s'intensifier) et nous avons besoin désespérément d’une stratégie de sortie de l’occupation, de préférence concue par le monde extérieur (après 38 ans, nous savons que nous ne pouvons pas).

Parce à l'intérieur nous avons, avec les traumatismes et les stress des siècles, pour beaucoup d'entre nous, un sentiment de culpabilité au sujet de la folle expansion coloniale cancéreuse et du vol des terres, et des assassinats extrajudiciaires et des crimes de guerre et des réfugiés et des mensonges qui disent qu’il n’y a pas de partenaires pour la paix et des canaux de paix délibérément fermés.

Nous sommes cyniques mais assez sages pour connaître les gens qui font fortune avec la production des armes mais nous sommes fatigués des funérailles et des jeunes hommes qui reviennent traumatisés.

Nous désespérons de revenir à des temps plus innocents et de commencer à nous sentir bien.
Revenir discuter avec nos cousins, dans un esprit de "gagnant-gagnant" et non dans cette malédiction militaire de "gagnant-perdant".
Pour désamorcer la tension atroce.
Et pour apprendre à partager, en sachant au fond de nous que Dieu fait toute vie et que le véritable respect envers Lui signifie d'apprendre à respecter la sacralité de chaque chose.
Autrement,... Pourquoi avoir un Etat religieux sans valeurs spirituelles ?



Lire la série d'articles de Chris McGreal sur la comparaison entre l'Apatheid israélien et sud-africain parus dans The Guardian

Première partie : Des Mondes séparés

Deuxième partie : Frères d'Armes : Le Pacte secret d'Israël avec Prétoria

Source : Electronic Intifada

Traduction : MG pour ISM

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