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Palestine - 1 juin 2012
Par William Temple
Deux compagnies pétrolières israéliennes viennent de signer deux contrats de fourniture en pétrole et en gaz couvrant les besoins de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, étendant ainsi le monopole et le contrôle d'Israël sur l'Autorité palestinienne et les vies des Palestiniens.
La Compagnie Paz Oil Ltd a prolongé de deux ans le contrat de fourniture en gaz à l'Autorité palestinienne. Il représente environ 1,8 milliards de NIS (380 millions d'euros) par an, ou 11,6% des ventes totales de Paz, et couvre 50% des besoins en gaz de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.
Le PDG Yona Fogel a déclaré : "C'est pour nous un client important. Je considère le renouvellement du contrat comme une réussite qui marque sept ans de relations entre les deux côtés." Il a ajouté : "Nous n'avons jamais été le seul fournisseur et dans le cadre de notre nouveau contrat, nous avons réduit les conditions de crédit du client."
L'autre partie du contrat a été remportée par Oil Refineries Limited (Bazan), qui a annoncé qu'il fournira directement le fuel à l'Autorité palestinienne pendant deux ans, à partir d'octobre 2012.
Oil Refineries Ltd. (ORL), situé dans la baie d'Haifa, est la raffinerie la plus importante d'Israël. Paz Oil appartient à plusieurs investisseurs bien que par le passé, elle ait été contrôlé par l'Etat israélien.
Cette dépendance à Israël pour l'approvisionnement en fuel a des implications stratégiques énormes sur la liberté d'action de l'Autorité palestinienne et sur les conditions de vie des Palestiniens.
Et pourtant, comme le remarquait Charlotte Silver dans un article paru sur Electronic Intifada le 11 mai, l'Autorité palestinienne reste silencieuse quant au contrôle exclusif d'Israël sur la distribution du fuel aux Territoires occupés et à la population palestinienne, en dépit du fait que la Cisjordanie et la Bande de Gaza pourraient importer du fuel et du pétrole à des prix plus bas de leurs voisins et supposés alliés riches en pétrole, ou puiser dans les réserves de gaz au large de la côte de Gaza.
Selon Charles Shamas, un des fondateurs du Groupe Mattin, un organisme de recherche sis à Ramallah, le monopole d'Israël sur la fourniture de fuel à la Cisjordanie fait partie d'une stratégie délibérée de maintien de la dépendance structurelle des Palestiniens et de leurs décideurs politiques à Israël.
"Ces monopoles sont une forme de pouvoir. C'est un moyen facile d'exercer une pression politique sur l'Autorité palestinienne et les Palestiniens ordinaires et de renforcer leur alignement sur les intérêts d'Israël," dit Shamas.
La Cisjordanie ressent les effets de la hausse mondiale du prix du pétrole, et par voie de conséquence, sur pratiquement tout. La hausse du prix de l'essence est un des signes des effets de la hausse des prix du pétrole sur les Palestiniens, le prix des denrées de base - maïs, huile végétale et pain - en est une autre.
Entretemps, comme rapporté hier par IMEMC, la Bande de Gaza est entrée dans une phase aiguë depuis que l'entrée en contrebande du gas-oil égyptien s'est considérablement réduite et que le gouvernement Hamas à Gaza a été obligé de reprendre les livraisons couteuses en provenance d'Israël.
Israël a des droits exclusifs sur la fourniture du carburant à la population palestinienne, et le gas-oil couteux (et dans le cas de Gaza, très limité) est une conséquence du contrôle exclusif d'Israël sur les livraisons, un contrôle que n'a toujours pas dénoncé l'Autorité palestinienne de Ramallah.
Gaza, soumise à des coupures d'électricité arbitraires et à une pénurie constante d'énergie parce qu'Israël limite les livraisons de fuel qui entrent dans la bande côtière à des niveaux très inférieurs aux besoins de ses 1,6 million d'habitants, fait l'expérience de la puissance stratégique d'Israël,
C'est dans ce contexte que Shamas replace l'échec du développement des champs gaziers au large de Gaza, découverts il y a 13 ans, et qu'il considère comme une occasion perdue.
"La question du gisement gazier a été accueillie au début avec l'espoir qu'il donnerait à la Cisjordanie et à la Bande de Gaza une plus grande indépendance," explique Shamas.
Découverts dans les années 1990 par British Gas Group, les gisements de Gaza sont estimés à 39 milliards de m3. Bien que cette quantité semble faible comparée aux réserves énergétiques des voisins du Golfe, elle suffirait à couvrir les besoins palestiniens domestiques pendant 15 ans.
Depuis que British Gas a conduit les études initiales et a conclu que les gisements étaient financièrement viables, un accord a été signé entre British Gas, le Palestine Investment Fund et une entreprise appelée Consolidated Contractors Company, pour développer et commercialiser les champs. Pourtant, 13 ans après l'annonce des projets d'exploitation des gisements, pas un seul gallon n'a été extrait.
"Le développement des champs gaziers de Gaza briserait un monopole important de l'offre israélienne, et ils ne veulent pas que les Palestiniens développent leur autosuffisance énergétique," dit Shamas.
Victor Kattan, auteur et directeur de programme du groupe de recherche Al-Shakaba, a révélé récemment qu'en dépit des rumeurs qui ont circulé en 2011 selon lesquelles Israël était toujours en négociation avec l'Autorité palestinienne sur les conditions de ses forages au large de Gaza, tous les pourparlers ont été complètement stoppés en 2007.
Lors de sa propre enquête, Kattan a découvert que les projets se sont heurtés à un obstacle insurmontable : Israël n'autoriserait l'accès des Palestiniens à leurs propres gisements gaziers que s'ils promettaient de le vendre à Israël à un prix nettement inférieur aux prix mondiaux.
En 2012, Israël devrait bénéficier d'une source de fuel en provenance du champ gazier Tamar - à environ 80km au large des côtes de Haifa -, cette décision intransigeante semble donc n'être guidée que par le désir politique de maintenir le contrôle plutôt que par un réel besoin de se procurer du gaz bon marché.
"A une époque, Israël a effectivement dit aux hommes d'affaire palestiniens, 'Nous voulons que vous fassiez des affaires, mais pas sans nous.' Monopoliser la possibilité de faire des affaires est un autre moyen de contrôle qui ne coûte rien à Israël," dit Shamas.
Source : IMEMC
Traduction : MR pour ISM
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