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Israël - 20 février 2010
Par Mohamed Larbi Bouguerra
Mohamed Larbi BOUGUERRA a fait une carrière d’enseignant-chercheur des deux côtés de la Méditerranée. Après une thèse de doctorat d’Etat en sciences physiques soutenue à la Sorbonne en 1967, il a été assistant à la Faculté de Médecine de Paris et chargé de recherche à l’INSERM. La carrière de Larbi Bouguerra a été consacrée d’abord à la chimie de l’environnement, puis à son économie et à la didactique de la chimie. Parallèlement, il a mené une réflexion sur les retombées de la science dans les pays du Sud. Il a été ces dernières années, avant sa reraite, professeur associé (Département Gestion de l’Environnement) à l’Université Internationale francophone Senghor à Alexandrie (Egypte).
Le personnel politique israélien et les sionistes en général font face aujourd’hui à quelques questions fort embarrassantes, d’authentiques casse-tête : comment faire oublier au monde l’offensive « Plomb durci », les crimes et les atrocités perpétrés à Gaza il y a tout juste un an sous les applaudissements des spectateurs israéliens massés sur les hauteurs autour de ce territoire martyr arrosé de ce phosphore blanc qu’interdisent les lois de la guerre ?
Comment exister sur le plan international avec un ministre des Affaires Etrangères aussi patibulaire et auquel tant de gens refusent de serrer la main ou de le recevoir ? Comment briser l’isolement ? Comment passer à la trappe l’inattaquable rapport de ce juge intègre qu’est M. Goldstone ?
Exploitation des crimes nazis :
Il y a bien sûr l’exploitation devenue traditionnelle des crimes odieux commis par les Nazis à l’endroit des Juifs au profit des visées politiciennes d’Israël, comme l’a clairement montré Avraham Burg, ancien président de la Knesset dans son livre « Vaincre Hitler. Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste » (Fayard, 2007).
Il y a l’exploitation de la culpabilité du gouvernement allemand comme l’a montré la récente réunion de Netanyahou et des membres de son cabinet avec Angela Merkel et toute son équipe de réactionnaires.
Il y a l’exploitation de la commémoration des victimes du nazisme le 26 janvier par Shimon Perez accompagné du président allemand Horst Köhler, dûment affublé d’une kippa….(voir « International Herald Tribune » du 28 janvier 2010)
Mais rien ne vient à bout de l’opprobre universel que vouent les gens à l’Etat sioniste qui occupe des territoires par la force, emmure les habitants de Gaza et fait fi de toutes les décisions de l’ONU, cette organisation qui a pourtant signé son acte de naissance.
Pour les sionistes, un séisme bien venu !!
Or, voilà que la Nature dévaste ce pauvre pays qu’est Haïti et offre l’occasion aux sionistes d’essayer de faire oublier le terrible drame – fait volontairement par la main d’Israël celui-là - que vivent les habitants de Gaza où la centrale électrique cessera de fonctionner le 29 janvier, où les médicaments essentiels manquent, où l’eau contaminée est la seule boisson qui reste pour la grande majorité de la population, où les enfants souffrent de malnutrition et de rachitisme, où les eaux usées coulent dans les rues en ruisseaux fétides mortels, où le ciment pour la reconstruction ne peut entrer car tel est le bon plaisir des « vaillantes » forces de défense d’Israël…
Bien avant d’autres pays, de fortes cohortes de médecins et de spécialistes divers se sont ruées sur Haïti avec un hôpital de campagne…saluées et encensées par certaines télévisions comme France 24 que dirige la compagne de M. Kouchner. Des escouades de journalistes israéliens accompagnaient, du reste, le personnel de santé pour mettre en exergue, avant toute chose, les performances de leur pays et souligner sa place dans le monde car là est le but ultime de l’aide et des secours aux victimes du séisme !
Les gens censés, en Israël même, ont condamné cette « blitzgrieg », cette offensive éclair et ont fait valoir que Gaza n’est qu’à une heure de voiture de Tel Aviv alors que Port-au-Prince est à des milliers de kilomètres… Dans le journal « Haaretz » du 12 janvier 2010 déjà, Gideon Lévy se posait des questions sur la santé mentale d’Israël dont seuls des psychiatres pourraient expliquer « la longue série d’actions qui n’ont aucune explication rationnelle. »
Mais les sionistes rétorquent que voler au secours de Haïti permet de faire taire ceux qui accusent Israël d’inhumanité. Un ancien porte-parole du gouvernement israélien, Uri Dromi, affirme dans le « New York Times » (22 janvier 2010) que « les Israéliens ne savent plus où ils en sont. Il y a un tel fossé entre ce que nous pouvons faire dans de nombreux domaines et l’échec dans lequel nous sommes enfermés vis-à-vis des Palestiniens. Il y a cette nostalgie de l’époque où nous étions les enfants chéris du monde et l’aide apportée à Haïti nous permet de nous rappeler ce temps révolu et de dire : « vous voyez, nous ne sommes pas aussi mauvais que vous le pensez » ».
Dans le « Jerusalem Post », un commentateur est sans illusion et pense que les valeurs nationales qui commandent ces secours à Haïti ne sauraient cacher la partie sombre de l’identité israélienne que révèle la guerre lancée contre Gaza et le journal « Haaretz » de conclure : « Les secours apportés aux victimes de la terrible tragédie haïtienne, si éloignée de notre pays, ne servent qu’à mettre plus en évidence notre indifférence vis-à-vis des souffrances actuelles du peuple de Gaza. »
Dans une tribune du journal « Le Monde » du 29 janvier 2010, Simone Veil et le secrétaire d’Etat français aux anciens combattants appellent à ne pas oublier les morts d’Auschwitz – juifs en majorité mais aussi tziganes, slaves et résistants au régime hitlérien.
Il faut en même temps ne pas oublier les emmurés vivants de Gaza – un million et demi de personnes- et il est odieux d’exploiter la catastrophe qui s’est abattue sur ce pauvre pays des Caraïbes pour essayer d’effacer des mémoires les crimes des généraux israéliens, les enfants palestiniens ensevelis sous les décombres de leurs écoles, les malades et les médecins morts sous les gravats de leurs hôpitaux impitoyablement bombardés par la soldatesque sioniste.
Se souvenir des morts est bien.
Porter secours aux vivants de Gaza qui meurent à petit feu sous les yeux de la terre entière et par la volonté d’Israël et de ses complices est une urgente obligation pour tous ceux qui sont épris de justice et qui ont le sens de l’humain.
Note ISM :
Voir l'article d'Ali Abunimah "La nouvelle stratégie d’Israël : “saboter” et “attaquer” le mouvement mondial pour la justice", sur le Rapport Reut :
"(...) D’autres éléments comprennent « le maintien de milliers de relations personnelles avec les élites et les personnes influentes dans les domaines politique, culturel, médiatique et sécuritaire » à travers le monde, et « attacher les communautés juives et israéliennes en diaspora » encore plus étroitement à sa cause. Il souligne même qu’Israël devrait utiliser « l’aide internationale » pour renforcer son image (son incursion de pure forme à Haïti dévastée par le tremblement de terre fut un exemple de cette tactique).
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