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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Juger Abbas

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En prenant du recul, on note que l'expert sur le conflit a donné une ultime et accablante évaluation de la visite à Washington de Mahmoud Abbas et sur la décision concernant l'élection.
"Mahmoud Abbas est un homme bien" a-t'il dit, "et il mérite d'être soutenu. Mais il doit se lever de sa chaise, traverser la pièce et arrêter la télévision. Et ensuite, il doit s'asseoir et lire ce que le président a déclaré au sujet d'un règlement final et des élections. Puis, il doit lire le communiqué commun. Il doit les lire encore. Jusqu'à ce qu'il trouve exactement ce qu'il n'a pas compris ?"

Il y a JUSTE DEUX semaines -- assis confortablement dans son bureau bien agencé de Washington -- un ancien haut conseiller de politique étrangère américaine (qui a demandé à ce que son nom ne soit pas diffusé), a donné ce jugement de la politique de l'administration Bush sur le conflit Israélo-Palestinien:

“Ce que la plupart des gens dans le monde ne savent pas” a-t'il dit, “c'est que dans notre système ce que dit le président dicte les préceptes de notre position internationale. Vous n'avez qu'à lire la constitution. Le président est responsable de la politique étrangère du pays. Ainsi quand George Bush fait un discours politique sur le conflit Israélo-Palestinien, tout le monde arrête de parler et écoute très attentivement. Puisque ce qu'il dit est politique.”


Ce jugement était bien moins ambigu que ce haut fonctionnaire l'avait prévu. "J'ai écouté ce que Bush a dit le 26 mai quand (le Président Mahmoud Abbas) Abu Mazen était avec lui à la Maison Blanche," explique-t'il. "Les implications sont énormes. Ce qu'il a dit est important."

Le fonctionnaire alors a incliné la tête d'un air grave : "Vous devriez le revoir et faire attention à ses remarques. Le président a changé sa vision sur le conflit. Il l'a fait en public. Abu Mazen se tenait exact là. Le problème est que personne n'a vraiment remarqué. Le silence était accablant. Mais il y a un véritable changement qui se déroule actuellement."


Ce haut fonctionnaire n'est pas le seul à avoir cet opinion. Henry Siegman, un des commentateurs les plus respectés sur le conflit, a également noté la variation dans un article qui est paru dans l'édition de l'International Herald Tribune le 21 juin.
Le discours de Bush du 26 mai à la Maison Blanche, écrit Siegman, a marqué "un rejet explicite" de la conception de Sharon de ce que Bush pourrait et ne pourrait pas soutenir en tant que règlement raisonnable du conflit.


Il y avait, en tout, deux principaux changements.

En avril de l'année dernière, Bush a assuré au premier ministre israélien Ariel Sharon qu'Israël pourrait maintenir "les nouveaux centres de population israélienne" établis en Cisjordanie . L'assurance concédait qu'Israël pourrait garder ses principales colonies en Cisjordanie . Mais le 26 mai, Bush a abrogé cet engagement, en disant que les négociations de statut final doivent commencer sur "les lignes d'Armistice de 1949". Tout changement à cette frontière, a dit Bush, ne peut venir sans un consentement palestinien.

Bush a alors ajouté qu'Israël ne devait prendre aucune mesure "qui porterait préjudice aux négociations de statut final " – y compris aux négociations sur Jérusalem.

C'était la première fois que Bush déclarait explicitement que le statut de Jérusalem devait être déterminé par des négociations. En tout, la variation dans la rhétorique de Bush le 26 mai était stupéfiante - il revenait sur les engagements qu'il avait faits à Ariel Sharon juste un an auparavant.

Ce qui ne veut pas dire que la paix est à portée de main. "Bush devrait s'en tenir de façon implacable à sa dernière déclaration de politique américaine" a remarqué Siegman.

Ce que Siegman n'a pas ajouté, mais qu'il a insinué, c'est que Bush "devrait être tenu de façon implacable à sa dernière déclaration de politique américaine" par les Palestiniens.

L'implication est que sans pression "implacable" du leadership palestinien, ainsi que des responsables arabes dans la région, Bush pourrait facilement donner un nouveau discours -- et revenir, encore une fois, sur ce qu'il a dit le 26 mai.

"La Maison Blanche attendait une réponse de la région, des Palestiniens, de la presse" a déclaré un expert du Moyen-Orient, "et il n'y a absolument rien eu. Il y avait un paragraphe dans le Washington Post, deux paragraphes dans le New York Times, et c'est tout. Et il n'y avait rien en provenance de la région. Personne n'a semblé remarquer. Il n'y avait aucun commentaire, aucune approbation, rien du tout. C'était comme si les gens n'avaient pas lu ce que Bush avait dit. C'était stupéfiant."

Le silence du Moyen-Orient, et en particulier de la nouvelle direction palestinienne, pourrait être compréhensible.

Après tout, ce ne serait pas la première fois que Bush faisaitt une déclaration significative sur le conflit Israélo-Palestinien et puis rentrait, content de lui, dans le bureau ovale.

Puis aussi, si les chefs arabes sont un peu lassés des prises de positions incessantes de Bush sur le conflit, c'est seulement parce que les étreintes continues entre le président et son ours, Ariel Sharon, cet "homme de paix", les a rendus ainsi.


Néanmoins, les fonctionnaires de la Maison Blanche admettent qu'ils ont été déçus par la visite sinon réussie d'Abu Mazen à Washington. Le nouveau président palestinien a promis de soutenir la démocratie et la transparence mais, comme l'a noté un journaliste qui a couvert les remarques de Bush : "Il n'a pas répondu créativement à ce que Bush disait. C'était démocratie, liberté, ect... C'était blah, blah, blah. Tout était très scripté. On peut se demander s'il a lu ce que le président a déclaré."


Peut-être même que, de manière significative, les ramifications de la déclaration de Bush du 26 mai sur le conflit dépassent de beaucoup ses remarques préparées.

Juste aprés que Bush ait lu son rapport et qu'Abu Mazen ait répondu, les journalistes de la Maison Blanche ont pressé Bush pour savoir si son soutien à la démocratie signifiait qu'il accepterait la participation du Hamas aux élections palestiniennes.

Bush était préparé à la question : "Notre position sur le Hamas est très claire, c'est une position bien connue et elle n'a pas changé au sujet du Hamas: Le Hamas est un groupe terroriste; il est sur la liste des terroristes pour une raison." a répondu Bush, puis, il a fait une légère pause avant d'ajouter.

"Pendant les élections, naturellement, nous voulons que tout le monde participe au vote. Il y a quelque chose de sain quand les gens font campagne, en disant, c'est pour cela que je suis pour."

Bush a alors renchérit qu'il avait exposé depuis de nombreuses semaines, et qu'il pense fermement : que la démocratie pourrait atténuer l'extrémisme, que dans tout vote "ceux qui font campagne pour la paix gagnent."

Néanmoins, un peu plus d'une semaine plus tard, Mahmoud Abbas annonçait que l'Autorité Palestinienne avait décidé de reporter les élections des parlementaires programmées en juillet. La décision eut peu de réaction de la part des officiels à Washington, sauf quand un certain nombre de journaux au Moyen-Orient, dont Al Jazeera, ont signalé que l'ajournement était survenu en raison d'une pression de l'Administration Bush.

La Maison Blanche fut en effervescence suite à ces déclarations, mais a esquivé les questions des journalistes qui demandaient si Bush avait, en privé, fait pression sur Mahmoud Abbas pour qu'il attende que le Fatah soit renforcé avant de le faire.

"Aucun commentaire," a dit laconiquement un officiel de la Maison Blanche à la suite de la décision.

Un fonctionnaire du Département d'Etat a, cependant, été nettement irrité par les déclarations des médias, et soupçonnait que la direction palestinienne ait admis à dessein l'histoire de la pression de la Maison Blanche pour se dérober à la responsabilité d'une décision qu'elle a prise seule.

La presse au Moyen-Orient était “absolument certaine” d'une pression de la Maison Blanche, lui a-t'on dit, et elle l'a annoncé tout à fait publiquement.
“Pas du tout” a-t"il insisté et il a ensuite ajouté, laconiquement : “Avez-vous lu la déclaration du President le 26 mai ? Avez-vous entendu ce qu'il a dit ?”

À la vérité, les officiels de l'Administratil Bush pensent que la décision de la direction palestinienne de retarder les élections de juillet a réellement renforcé le Hamas, et sont restés sceptiques sur le fait que le Fatah pourrait gagner des forces dans les mois à venir.

Un article du The Economist en date du 9 juin reflétait les opinions de nombreux officiels de l'administration: "Plus le Fatah s'embourbera, plus le Hamas deviendra un représentant légitime et démocratique pour de nombreux Palestiniens: chose que personne ne peut ignorer."

Finalement, le 20 juin, la Maison Blanche a répondu à l'ajournement de l'élection, quoiqu'indirectement, en signant soigneusement une déclaration commune publiée par des officiels américains et européens : "Nous soutenons la tenue d'élections législatives multi-partis libres, justes et transparentes en Cisjordanie , à Gaza et à Jérusalem-Est, sous le contrôle d'observateurs internationaux et avec une totale liberté de mouvement pour les candidats et les électeurs, en tant que nouvelle avancée essentielle vers la construction d'une Autorité Palestinienne reformée et responsable."


En prenant du recul, on note que l'expert sur le conflit a donné une ultime et accablante évaluation de la visite à Washington de Mahmoud Abbas et sur la décision concernant l'élection.

"Mahmoud Abbas est un homme bien" a-t'il dit, "et il mérite d'être soutenu. Mais il doit se lever de sa chaise, traverser la pièce et arrêter la télévision. Et ensuite, il doit s'asseoir et lire ce que le président a déclaré au sujet d'un règlement final et des élections. Puis, il doit lire le communiqué commun. Il doit les lire encore. Jusqu'à ce qu'il trouve exactement ce qu'il n'a pas compris ?"

Source : www.palestinereport.org/

Traduction : MG pour ISM

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