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Suisse - 14 février 2004
Par Silvia Cattori
A Gaza et dans le district de Naplouse de façon évidente, mais aussi de manière générale dans l’ensemble du territoire palestinien, les rafles, les exécutions sommaires, les arrestations, les assassinats d’enfants, les occupations de maisons privées, les démolitions d’immeuble, se sont amplifiées. Plus rien ne s’oppose à la barbarie de l’armée israélienne, que l’Europe a, en quelque sorte, innocentée.
A Jénine, rencontre avec l'Occupant
Nous ne cesserons jamais de le rappeler. Les Palestiniens - inhumainement enfermés dans leurs villes et villages prisons - méritent un meilleur soutien. Nous ne pouvons plus nous contenter de vœux pieux. Nous devons envisager des formes d’action plus efficaces pour dénoncer le laxisme des partis politiques et des gouvernements au regard de la gravité des violations commises par l’Etat israélien. Un Etat qui se vante d’être l’unique démocratie du Moyen Orient mais qui continue à semer le désordre, la terreur et la mort dans toute la région.
Quand on voit, jour après jour, les Palestiniens se faire humilier et brutaliser sur leur propre terre, l’inhumanité du monde qui les laisse sans protection, n’est pas acceptable. On se demande comment nos gouvernements peuvent laisser un peuple si démuni, si seul, à la merci d’une des armées les plus aguerries, brutales et racistes qui soient.
Nous sommes dans une situation d’inégalité. Les Palestiniens sont les grandes victimes de la politique d’expansion d’Israël. Mais aussi, il faut l’avouer, les victimes de l’incompréhension des hommes et des femmes qui, chez nous, dans les partis et les mouvements de solidarité, prennent, plus souvent qu’on ne le pense, des positions qui font la part belle à leur oppresseur. Raison pour laquelle les Palestiniens, écrasés par la force brutale de Tsahal, se sentent de plus en plus floués par l’incapacité des démocraties occidentales à faire respecter, par Israël, la légalité internationale.
La situation des victimes palestiniennes est devenue plus cruelle encore, depuis que le Parlement européen a voté, le 23 octobre 2003, une résolution intitulée "Paix et dignité au Proche-Orient".
Une résolution révoltante. Parmi toutes les inepties qui figurent dans ce texte, il y a un paragraphe qui va jusqu’à assimiler les actes de résistance des Palestiniens contre l’occupation israélienne, à des actes «terroristes».
Ce texte est scandaleux au regard du droit international. La désinvolture avec laquelle l’immense majorité des représentants des nations européennes ont donné leur voix à une résolution qui condamne la résistance palestinienne - au lieu de condamner la violence militaire israélienne - est tout a fait inquiétante. D’autant que, hormis les représentants de l’extrême-droite, tous les partis l’ont votée, de la droite jusqu’à l’extrême gauche.
Où l’Europe relègue-t-elle les droits et la dignité des peuples ?
Les Palestiniens ont le droit de se défendre, y compris par les armes, contre leur agresseur, au même titre que les européens se sont défendu contre l’occupant allemand. Or il ne s’est trouvé personne à gauche pour combattre les énormités qui, dans ce texte, font porter aux victimes la responsabilité de la violence.
Peut-on demander aux Palestiniens de se laisser tuer jusqu’au dernier sans réagir ?
Depuis quand un peuple, privé de tous droits, privé d’Etat, privé de liberté, doit-il rester inerte face à une puissance militaire qui l’écrase ?
Par sa résolution injuste, qui condamne la résistance et appelle à sa répression, l’Europe a mis le peuple palestinien - déjà terriblement exposé aux violences de l’armée israélienne - encore plus en danger. Israël peut continuer de massacrer le peuple palestinien à sa guise, avec la bénédiction du Parlement européen. C’est absurde !
Cela s’est immédiatement traduit sur le terrain par une intensification des opérations militaires israéliennes.
Quand nous sommes entrés dans le district de Naplouse, à mi-novembre 2003, le durcissement de l’attitude des soldats, nous a immédiatement frappés.
Il n’était plus question pour nous, les internationaux, d’aller parlementer avec les militaires israéliens pour tenter de tempérer leur brutalité. Ils se montraient impitoyables, y compris avec les ambulanciers qui transportaient des blessés, et les malades qui ne tenaient plus sur leurs jambes.
Nous comprenions, dans le va et vient intense des véhicules militaires, que des milliers d’hommes, préparaient des opérations de grandes ampleur. De nos passeports, ils s’en moquaient. Si nous ne reculions pas au premier signal, ils nous faisaient comprendre que nous risquions le pire.
Nous ne pouvions plus désormais passer par les check points pour entrer à Naplouse ou à Gaza.
Nous devions, tout comme les Palestiniens, nous aventurer sur des chemins périlleux, à pieds, par monts et par vaux, au risque de nous faire intercepter, voir tuer, par des patrouilles israéliennes.
Vous connaissez la suite. Les opérations militaires se sont succédées à un rythme de plus en plus meurtrier, à Tulkarem, Jenin, Naplouse, Gaza, avec les enfants du camp de réfugiés de Balata et de Rafah, constamment en point de mire. Ce furent des semaines aussi destructrices et terrifiantes que celles subies en avril 2002. Qui en a parlé ?
Nous avions déjà vu des actes révoltants par le passé. Mais, cette fois, la férocité des soldats qui arrivaient par milliers dans les lieux de vie les plus paisibles sans aucune justification autre que de jeter les gens dans le désespoir, glaçait le sang. Comme si ces troupes avaient été dressées à franchir de nouveaux seuils dans l’horreur.
A Gaza et dans le district de Naplouse de façon évidente, mais aussi de manière générale dans l’ensemble du territoire palestinien, les rafles, les exécutions sommaires, les arrestations, les assassinats d’enfants, les occupations de maisons privées, les démolitions d’immeuble, se sont amplifiées. Plus rien ne s’oppose à la barbarie de l’armée israélienne, que l’Europe a, en quelque sorte, innocentée.
L’Europe s’est couchée. Une fois de plus, avec son arrogance, Israël est parvenu à imposer ses vues. Il voulait la condamnation du Hamas. Les élus européens l’ont votée. Il voulait que l’on brade les droits fondamentaux du peuple palestinien. C’est chose faite.
C’est peu dire que l’Europe a montré ses limites et son incompréhension de la cause palestinienne. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle dit en clair aux Palestiniens qui résistent contre l’oppression, qu’ils sont coupables. Alors qu’ils sont dans leur bon droit. Ce qui revient à donner le feu vert à Israël pour qu’il les liquide.
Ainsi, après les Etats-Unis, l’Europe a cédé, elle aussi, de façon lamentable, aux pressions de ces agents pro-israéliens qui, dans le monde occidental, monopolisent de façon calculée les médias, animent des campagnes racistes et malhonnêtes. Des campagnes destinées à noircir le peuple palestinien et ses soutiens arabes.
En quoi le fanatisme juif est-il plus respectable que n’importe quel autre fanatisme ?
Inscrire le Hamas sur la liste noire des organisations terroristes, le priver des fonds extérieurs récoltés dans les mosquées, et qui permettaient de soulager les familles les plus ruinées par la violence israélienne, revient à condamner plus de la moitié de la population palestinienne à la faim et à la misère. Une population qui, dans des districts comme celui de Naplouse, Gaza, Jenin, Tulkarem, considère les militants du Hamas et du Jihad comme des hommes d’honneur, des patriotes.
Israël viole toutes les lois en Palestine. Et par ses prises de positions, l’Europe encourage Israël à continuer de les violer. A continuer sa politique de liquidations des cadres politiques et militaires de la résistance palestinienne. Voilà à quoi servent les élus du Parlement européen !
Le peuple Palestinien a déjà suffisamment souffert des manquements de l’Europe et de ses positions ambiguës. Il faut savoir tirer les leçons du passé. Tout cela doit être tiré au clair. Dénoncé. Nos élus ne peuvent pas appuyer des positions qui vont à l’encontre de l’opinion, ni ignorer que la grande majorité des européens considèrent qu’Israël comme une menace pour la paix du monde.
Que la quasi-totalité du parlement européen ait voté une résolution aux conséquences aussi lourdes et aussi dangereuses pour le devenir d’un peuple sévèrement opprimé, est gravissime. Nous ne pouvons laisser passer une pareille résolution !
Nous devons intervenir plus activement dans le débat pour imposer une attitude plus juste et humaine. Nous devons exercer une pression continue sur nos gouvernements respectifs, afin qu’ils cessent d’apporter leur appui à de prétendus processus de paix qui sont des tromperies manifestes, comme la Feuille de route et les Accord de Genève. Chacun sait en effet, qu’Israël s’est déjà servi des accords d’Oslo pour décapiter la résistance et doubler le nombre de colons territoire palestinien.
Peut-être pourrions-nous exercer plus d’influence que nous n’imaginons. Agissons. Tout citoyen préoccupé par les constantes violations des droits humains par l’Etat d’Israël en Palestine doit exiger des parlementaires qui ont voté cette résolution scandaleuse de revenir sur leurs positions.
Trop d’années ont été gaspillées en prétendus processus de paix qui ont laissé le peuple Palestinien plus que jamais démuni. Les Palestiniens qui luttent ont soif de justice, de compréhension et d’unité. Aidons-les du mieux que nous pouvons à en finir avec l’oppression.
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