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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

L’arrestation de Nariman

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Elle avait regardé de sa fenêtre du premier étage pour voir ce qui se passait et avait vu qu'il y avait des soldats qui tentaient de fracturer la porte de la maison voisine.
La voyant regarder de la fenêtre, les soldats ont alors commencé à essayer de fracturer la porte de sa propre maison.
Sa fille Nariman est descendue pour l’ouvrir. Alors qu’elle descendait l’escalier, les soldats ont envahi la maison, ont empoigné Nariman et l’ont détenue à l’extérieur de la maison.
Environ 80 personnes ont été arrêtées dans la région de Jénine le mois dernier.

L’arrestation de Nariman


Photo non contractuelle : Abed Qusini

Je suis dans la maison de la famille de Nariman Mohammed Sadiq Hasses, une femme âgée de 21 ans dans la vieille ville de Jénine.

Dans la salle des invités, les femmes de sa famille et ses amies sont là. Elles sont assises en cercle, enveloppées dans des couvertures. Certaines avaient pleuré. L'atmosphère est contenue dans des sourires escomptés et dissimulée aux trois petits enfants qui vont et viennent.

Hier à 3 h 30 du matin, cette maison a été envahie par les soldats israéliens qui sont venus arrêter Nariman. Les personnes dans la pièce sont toujours le choc de cette intrusion et de l'absence imprévue d'une fille, d'une soeur et d'une amie.

La mère de Nariman explique ce qui est arrivé. Son angoisse se décèle dans sa voix avant même que ses mots ne soient traduits.

La famille a été réveillée juste avant 3 h 30 hier matin par le bruit d’un fort vacarme à la porte de leurs voisins.

Elle avait regardé de sa fenêtre du premier étage pour voir ce qui se passait et avait vu qu'il y avait des soldats qui tentaient de fracturer la porte de la maison voisine.

La voyant regarder de la fenêtre, les soldats ont alors commencé à essayer de fracturer la porte de sa propre maison, elle a répondu en criant "attentez une minute, je vais l’ouvrir". Les soldats ont continué à cogner sur la porte.

Sa fille Nariman est descendue pour l’ouvrir. Alors qu’elle descendait l’escalier, les soldats ont envahi la maison, ont empoigné Nariman et l’ont détenue à l’extérieur de la maison.

Sa mère décrit comment les enfants de son fils criaient et pleuraient, terrorisésalors que les soldats fouillaient la maison en criant : "Restez calmes, Restez calmes " en pointant leurs armes sur elle et sur sa famille.

La famille, 4 enfants, 4 femmes et 1 homme ont été enjoints de sortir et obligés de rester sous la pluie pendant que les soldats étaient dans la maison. Contrairement aux incursions précédentes dans les maisons à Jénine, il n'y avait aucun dommage à la maison et aucun bien n'a été pris. Les soldats ont alors annoncé qu'ils arrêtaient Nariman.

Sa mère raconte qu'elle a prié les soldats de donner une explication quant au pourquoi de l'arrestation de sa fille, ils ont refusé de le dire. Elle a prié sa fille de donner une explication mais Nariman a insisté sur le fait qu'elle n'en avait aucune idée.
Ensuite, elle a essayé de persuader les soldats de laisser partir sa fille, ils ont refusé.

Le frère de Nariman, Aiman, a demandé à accompagner sa soeur et finalement ils se sont radoucis, en concédant qu'il pourrait accompagner sa soeur. La famille a également été autorisée à donner à Nariman quelques vêtements et chaussures supplémentaires après être restée dehors sous la pluie pendant plus d'une heure. Après cela, l’effectif d'environ 40 soldats est parti dans leurs jeeps blindées.

Les femmes dans la pièce hochaient la tête pour l'encourager et la soutenir pendant qu'elle parlait. Nous avons été rejoints par son fils, Aiman qui a accompagné Nariman pendant les heures premières de son arrestation. Il continue l'histoire.

Ils ont d’abord été emmenés à la base militaire voisine de Dotan avant d’aller à la base-prison de Salem à l’extrémité nord de la Cisjordanie .

Là, elle a été enchaînée et une cagoule lui a été mise sur la tête. Aiman semble en colère et peut-être honteux pendant qu'il décrit son incapacité à arrêter l’humiliation faite à sa soeur. Il a essayé d'intervenir mais a été retenu par des soldats. Nariman a alors été emmenée. Les soldats ont informé Aiman qu'elle était transférée vers le centre d'interrogation de Jalamah près d’Haïfa. Notre traducteur s’arrête en disant : "C’est un mauvais endroit".

Depuis lors, la famille n’a plus de nouvelles. Tout ce qu'ils savent, c’est qu'elle a été emmenée pour interrogatoire par les services de renseignements israéliens, le Shabak.

Ils n'ont aucune idée du temps que la procédure prendra.
Ils n'ont aucune idée du traitement qu’elle recevra.
Ils n'ont aucune idée de quoi elle est accusée.
Ils n'ont aucune idée de quand ils pourront communiquer avec elle.
Ils n'ont aucune idée de quand ils la reverront.
Par dessus tout, ils n'ont aucune idée de pourquoi elle a été embarquée.

Sa mère déclare que sa fille n'était pas active politiquement cependant elle était active socialement en travaillant avec les associations de Travail Social et l’Union de Psychologie et en tant que volontaire après du Ministère Palestinien des Affaires Sociales. Nariman ne craignait pas d’être arrêtée, "Aurait-elle ouvert la porte si elle avait craint d'être emmenée ?" demande sa mère.

Juste avant de partir, la mère de Nariman a dit qu'elle se blâmait pour l’ arrestation de sa fille : "Si seulement je n'avais pas regardé par la fenêtre, il ne seraient peut-être pas passé par cette maison."

Un journaliste local m’a dit plus tard qu’environ 80 personnes ont été arrêtées dans la région de Jénine le mois dernier.
Parmi elles : des hommes et des femmes ordinaires, des journalistes de télévision, des activistes de la communauté, des politiciens tout comme des membres des groupes de la résistance armée palestinienne. A chaque arrestation, une maison est violée par des soldats et une famille est laissée choquée et incertaine quant au sort de leur proche.

Les prisonniers ne devraient pas s'attendre à une procédure ou à une audition équitable. Ils peuvent être interrogés dans un système où "la pression physique modérée" est légale, la torture banale et où les défendeurs n'ont aucun droit à voir les preuves présentées contre eux devant le tribunal militaire qui les juge.

Chacun affronte la possibilité de périodes prolongées d'emprisonnement dans le cadre de la politique israélienne de la détention administrative (emprisonnement sans charge).

Personne dans la famille de Nariman ne sait ce qui se passera. Ils sont au courant des rapports israéliens concernant le traitement des prisonniers.

Ils peuvent seulement espérer que Nariman échappera au pire dont ses ravisseurs sont capables.

Ils peuvent seulement espérer qu'elle sera bientôt à la maison.

Pour plus d’in formations, contactez Andrew à Jénine : +972-(0)67-943-926


Extrait du rapport 2003 d’ Amnesty International sur Israël et les Territoires Occupés concernant la situation des prisonniers

Arrestations massives, détention, torture et mauvais traitements infligés à des Palestiniens

Des milliers de Palestiniens, dont plusieurs centaines de mineurs, ont été arrêtés par les FDI dans les Territoires occupés. La plupart ont été relâchés sans avoir été inculpés et, dans bien des cas, sans avoir été interrogés.

Les personnes arrêtées étaient régulièrement maltraitées au moment de leur interpellation et pendant les interrogatoires ; de nombreuses informations ont également fait état d'actes de torture infligés pendant la détention.

Des détenus ont signalé avoir été soumis à diverses formes de torture et de mauvais traitements, notamment avoir été menottés et ligotés pendant de longues périodes dans des positions inconfortables.

Parmi les méthodes décrites figuraient également les passages à tabac, la privation de sommeil et les menaces à l’égard des détenus et de leurs proches. Une personne au moins est morte en détention après avoir été battue.

Plus de 1 900 personnes interpellées ont été maintenues en détention administrative, dans certains cas pendant un an. Elles ne faisaient l'objet d'aucune inculpation et étaient détenues sur la base d'« éléments de preuve secrets ». Ni elles ni leurs avocats n'avaient accès à ces éléments, qui ne pouvaient être contestés devant les tribunaux.

Environ 1 000 autres personnes interpellées ont été poursuivies pour leur participation présumée à des attaques contre des Israéliens. Plus de 3 800 ont été traduites devant des tribunaux militaires, qui appliquent une procédure non conforme aux normes d'équité internationalement reconnues.

La plupart des prisonniers palestiniens n'étaient pas autorisés à recevoir la visite de leurs proches, même dans les cas où, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ceux-ci remplissaient les conditions de sécurité requises.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

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