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ISM France - Archives 2001-2021

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Moyen Orient -

L'erreur coloniale

Par

L'auteur est un ancien correspondant d'Al-Ahram à Washington DC. Il a été également le directeur de la Radio et de la Télévision des Nations-Unies à New York.

Depuis les attaques du 11 septembre, le terrorisme a été identifié à l'Islam.
A chaque fois qu'il y a un accident d'avion, un accident de train, une explosion de canalisation de gaz ou des tirs sur un campus universitaire, les enquêteurs se demandent d'abord si c'est un acte terroriste et en second si c'est le travail des fondamentalistes musulmans.

La définition englobe tout et elle ne fait aucune distinction entre les attaques contre des écoliers à Moscou, des hôtels à Amman, une attaque suicide contre une patrouille des forces de la coalition en Afghanistan, un explosion d'une bombe sur le bord d'une route contre les Forces d'Occupation américaine à Bagdad, ou un échange de tirs avec les troupes israéliennes en Palestine Occupée.

Cela va même jusqu'à l'extrème en bannissant un gouvernement majoritaire en Palestine occupée qui a été élu selon la meilleure tradition de la démocratie libérale occidentale.

Les différences ont été complètement brouillées depuis que l'ancien premier ministre israélien, Ariel Sharon, a expliqué au Président américain, George W Bush, que la résistance palestinienne contre l'occupation israélienne faisait partie intégrale de l'attaque globale contre la démocratie et qu'elle méritait d'être incluse dans la guerre globale de Bush contre le terrorisme. Des extrémistes islamiques ont été décrits comme étant derrière elle.

Les Etats-Unis et Israël ont lutté de façon catégorique contre une définition du terrorisme qui excluerait la résistance nationale contre une occupation militaire étrangère parce que cela était contraire aux desseins israéliens pour la terre palestinienne.

L'administration Bush a déformé les normes du droit international qui avaient été aménagées pour légitimer la résistance armée contre l'invasion militaire de l'Allemagne Nazie et l'occupation des territoires européens.

Quand, pour des motifs coloniaux secrets, toute une résistance nationale est qualifiée de terroriste, alors tous les actes terroristes assument le rôle d'une résistance nationale.
Les normes internationales ont été converties en normes nationales pratiques et même individuelles et le terrorisme et la lutte nationale de libération ont été assimilés aux yeux du public.

Ainsi la guerre globale aveugle contre le terrorisme, exempte de toutes les normes internationales collectives, est condamnée et peut seulement engendrer une guerre terroriste globale.
C'est la prophétie du Président russe Vladimir Putin qu'il a appelée "la malédiction du 21ème siècle."

Le fondamentalisme religieux et la violence qui y est liée ne sont pas plus une exclusivité islamique qu'une exclusivité juive ou chrétienne, comme la démontré la journaliste de CNN, Christiane Amanpour, dans sa dernière série d'enquêtes "Guerriers de Dieu".

Cependant, le contexte historique du terrorisme fondamentaliste moderne remonte aux guerres médiévales inter-chrétiennes européennes, aux guerres entre les Protestants et les Catholiques, aux Croisades contre les Musulmans du Levant qui ont duré 200 ans et à l'expansion colonialiste européenne, dont le colonialisme sioniste en Palestine est le dernier vestige.

Depuis l'effondrement de l'ancienne Union Soviétique, la lutte de libération nationale laïque qui était souvent soutenue par l'idéologie Marxiste Léniniste a été remplacée par l'idéologie plus puissante du Jihad contre les infidèles soviétiques en Afghanistan Musulman.

Cette stratégie a été développée conjointement par l'Arabie Saoudite et les Etas-Unis pour vaincre et expulser l'Union Soviétique d'Afghanistan.
Cela a marqué le début de la fin de l'empire soviétique. Cela a également marqué l'alliance de la religion et de la politique dans une force mortelle.

C'est cette force, sous des formes disparates, qui lutte maintenant contre les Etats-Unis en Irak, contre l'OTAN en Afghanistan, contre les Israéliens en Palestine Occupée, contre l'intervention occidentale étrangère au Liban, et contre les Russes ens Chechenie.

La manipulation de la religion pour servir des fins politiques a été maîtrisée par les rois, les empereurs et les archevêques européens, et utilisée comme justification à l'expansion coloniale.

Les Croisades, qui ont été incitées et nourries par le Pape Urban II lors du Conseil de Clermont en 1095, ont été le début d'une longue relation troublée qui a persisté pendant près de 1.000 ans entre l'Occident et l'Orient.

En mobilisant une armée de mercenaires payés pour lancer la première Croisade, le pape a accordé l'absolution de tous les péchés à ceux qui mouraient sur le champ de bataille pour la Terre Sainte, ou même à ceux qui s'y rendaient -- un concept médiéval du martyre.

La religion était l'appel de ralliement des monarchies féodales européennes pour une expansion coloniale. Aujourd'hui, c'est la force motrice des Musulmans dans leur lutte anti-coloniale pour éviter une hégémonie étrangère.

De tous les génies coloniaux, personne n'avait perfectionné l'utilisation de la religion pour réaliser de grands projets coloniaux comme le sionisme politique.

Toutes les puissances coloniales, à peu d'exceptions, ont reconnu à un certain moment dans l'histoire qu'ils faisaient partie d'un projet global de conquête militaire et d'exploitation des peuples étrangers et des territoires afin d'en venir à bout.

Elles n'ont jamais eu aucune illusion au sujet d'une affinité culturelle ou d'un partage des valeurs avec les peuples qu'elles ont colonisés ou les terres qu'elles ont occupées.

Le mouvement sioniste, dans la dernière partie du 19ème siècle et au 20ème siècle, a fusionné le Judaïsme avec le Sionisme politique pour créer un large projet colonial afin d'installer les Juifs sur la terre de la Palestine.

Puisque, au début du 20ème siècle, l'Afrique de l'Est occupée par les Britanniques était également envisagée comme l'une des options pour un foyer national juif, le projet était, en nature, plus colonial que religieux.

Mais la manipulation de la religion pour des buts coloniaux est à la base de la création d'un foyer national juif sur la terre biblique de la Palestine tout comme elle justifiait la conquête des Croisés, 900 ans plus tôt.
C'est pourquoi les juifs fondamentalistes israéliens citent souvent "la prophétie biblique" et la promesse de Dieu à son "Peuple élu" pour affirmer que c'est Dieu qui "nous a donné cette terre".

La plupart des responsables israéliens qui ont plus tard pris de l'importance en politique ont commencé comme membres d'organisations terroristes juives pendant le Mandat Britannique de la Palestine.

Ils ont assassiné et terrorisé les Anglais et les Palestiniens dans ce qu'ils appelaient une guerre de libération.
De nos jours, les colons juifs pondérés admettent que tout cela a à voir avec des perspectives économiques.

Autant il y a une ferveur religieuse fanatique dans les revendications des Juifs pour la Terre Sainte, et en particulier Jérusalem, autant le Sionisme était, essentiellement, un mouvement politique et socialiste laïc.

Les conférences internationales, les initiatives et les résolutions qui ont cherché à régler le conflit Israëlo-Arabe, tout les traités de paix signés avec Israël par l'Egypte et la Jordanie, avaient tous un caractère politique et non religieux

Les négociateurs israéliens aux conférences parlaient des soucis de sécurité tandis que leurs contre-parties arabes mettaient tout dans le contexte du comment le droit international traite les territoires occupés.

Quand l'ancien président américain, Franklin Delano Roosevelt, a eu sa réunion historique avec le Roi Abdul- Aziz Ibn Saud d'Arabie Saoudite à bord de l'USS Quincy sur le Grand Lac Amer du Canal de Suez en 1945, l'une de ses demandes était de renforcer un partenariat Américano-Saoudien pour que le roi utilise son influence afin de faciliter la colonisation des Juifs en Palestine.

La réponse du roi fût : ""Donnez aux Juifs et à leurs descendants les meilleurs terres et les maisons des Allemands qui les ont opprimés." Il a refusé de coopérer.

Le Jihad faisait partie de la doctrine du début de l'Islam mais les Musulmans ont été encouragés par le Quran à l'utiliser seulement pour repousser une agression ou une menace, jamais pour convertir des non-Musulmans ou pour coloniser d'autres pays.

La doctrine est passée par diverses phases et interprétations à travers les siècles et l'un d'eux, qui est appelé "le Grand Jihad", se concentre sur la façon de l'utiliser pour maitriser les bas instincts humains.

Les concepts fondamentalistes non-conformistes sont répandus chez de nombreux groupes musulmans aujourd'hui et ils comportent beaucoup d'actes de violence injustifiés et non-Islamiques.

Mais beaucoup conviendraient qu'ils trouvent leur origine en Afghanistan dans la manipulation des instincts religieux musulmans comme arme efficace pour des buts politiques : faire partir l'Union Soviétique du pays occupé illégalement dans l'intérêt des Etats-Unis.

Il est maintenant bien documenté qu'Al-Qaeda d'Oussama Ben Laden et ses disciples ont évolué en Afghanistan.

Tandis que différents groupes pseudo-religieux continuaient à se battre pour le contrôle du pays après le départ de l'armée soviétique, avec pour finir les Talibans qui ont pris le dessus, il est raisonnable de croire que l'invasion de l'Irak en 2003 a transformé le Jihad Islamique (le concept, et non l'organisation) en véritable mouvement anti-colonial, quand des régimes arabes inébranlables ne sont pas opposés ou n'ont pas arrêté l'invasion.
L'Islam jihadiste acharné est maintenant revenu hanter ses instigateurs.


De même, la lutte contre le colonialisme sioniste en Palestine est un long processus historique qui n'en finit pas.
Il a été insurmontable pendant des décennies parce que les protagonistes du sionisme politique avaient assimilé les leçons de quatre siècles d'une expérience coloniale européenne et les Arabes palestiniens étaient des retardataires dans le mouvement de libération nationale qui s'est développé dans les années 40 et les années 50 et a atteint son apogée en 1960.

Ce que le sionisme politique et l'Occident colonial ont encore à comprendre, c'est que la lutte nationaliste a acquis une vitesse irréductible quand on lui a injecté la ferveur religieuse fondamentaliste.
Si elle est combattue en tant que fondamentalisme religieux ou terrorisme, la fin n'est certainement pas encore en vue.

Source : http://weekly.ahram.org.eg

Traduction : MG pour ISM

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