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Jérusalem - 20 janvier 2011
Par Fadwa Nassar
Le pouvoir d’occupation sioniste vient d’annoncer la décision de compléter au cours de cette année le mur de séparation et de colonisation, qui entoure al-Qods, dont 200 kms ont été achevés ces récentes années. Il n’en reste en fait que 20 kms à construire pour achever l’étouffement d’une des plus anciennes villes dans le monde, qui symbolise, comme son premier nom l’indique, la paix (Ur Salem). Par ce geste symbolique (car la destruction de la ville a effectivement commencé depuis son occupation par les colons sionistes et son étouffement il y a plusieurs années), l’entité sioniste annonce au monde sa volonté de détruire l’avenir de la ville sainte après avoir tenté de détruire son passé et son présent.
Le processus de l’étouffement d’al-Qods fait partie du plan colonial et raciste consistant à faire de la ville sainte millénaire une ville juive, à la manière sioniste, c’est-à-dire une ville de haine, de colonisation et de nettoyage ethnico-religieux, exclusive et arrogante, dont le véritable et authentique passé devrait laisser la place à un pseudo passé inventé et mensonger forgé par une idéologie coloniale et raciste, et où le présent n’est que violence armée et policière coloniale, arrestations, destructions, profanations de lieux saints, expulsion de la population et mesures oppressives de tout genre que seul un esprit malade et immoral peut inventer.
Le mur sioniste entourant la ville millénaire et historique d’al-Qods, dont la construction a commencé il y a quelques années, sous le criminel Sharon, a déjà produit ses effets destructeurs sur la société palestinienne : séparation entre les familles elles-mêmes, entre les familles et leurs lieux de travail ou leurs écoles, entre les malades et leurs centres de soins, sans parler des longues files d’attente aux « postes de passage » entre al-Qods et la Cisjordanie , pour supporter les soldats ennemis, leur arrogance et violence raciste et où sont arrêtés les Palestiniens venant de Cisjordanie , voulant soit se rendre à leur travail, soit rendre visite à leurs familles, soit se faire soigner, soit tout simplement se rendre à la mosquée al-Aqsa ou d’autres mosquées ou églises de la ville ou bien visiter leur ville et capitale occupée, etc.
Les vingt kilomètres prévus pour cette année 2011 sépareront al-Qods de Qalandia et du camp de Shu’fat. Selon Hatem Abdel Qader, il s’agit d’une double séparation : « le mur sépare al-Qods de la Cisjordanie , d’abord, mais il sépare également al-Qods de certains de ses quartiers, villages et bourgs », comme cela s’est passé avec Abou Dis, Sawahera et el-Ram. Le mur construit avait déjà éloigné de la ville 125.000 maqdisis, il en éloignera 100.000 supplémentaires. L’administration coloniale (Yagir Seguev, responsable de la partie est de la ville, dans la municipalité sioniste) a reconnu que le mur avait des fonctions politiques et démographiques, et non seulement sécuritaires comme certains le prétendaient. Les responsables israéliens affirment même que ces zones situées hors du mur seront administrées par le futur Etat palestinien, en tant que « Jérusalem-Est ».
Colonie sioniste Har-Homa, Jérusalem Est
Il s’agit d’un hideux nettoyage ethnico-religieux, consistant à vider la ville de sa population palestinienne : Les Palestiniens représentent actuellement 35% de la population dans la ville entière (est et ouest) d’al-Qods, mais le plan, établi déjà en 1973, vise à réduire ce taux à 22%. 300.000 Palestiniens vivent dans la partie est d’al-Qods, colonisée à présent par 200.000 Israéliens. En expulsant de plus en plus de Palestiniens, par le biais du mur et du retrait de la carte de résidence, les sionistes espèrent devenir une majorité démographique dans la ville.
En 1948 déjà, l’occupant avait procédé au nettoyage ethnico-religieux de la partie occidentale de la ville, en commettant des massacres et en expulsant sa population palestinienne, dont une grande partie de religion chrétienne. Des quartiers entiers avaient été vidés, aussitôt occupés par des colons juifs nouvellement débarqués en Palestine occupée.
En 1967, une autre phase du nettoyage ethnico-religieux a eu lieu, autour et à l’intérieur même de la vieille ville, avec la destruction du quartier Sharaf, tout près de la mosquée al-Aqsa, actuellement conçue pour être la place du « mur des lamentations », soit le mur al-Bouraq.
Outre la destruction, le retrait des cartes de résidence, les sionistes ont également mis en place le système des lourdes amendes et des taxes exorbitantes pour ruiner les Maqdisis et les entraîner à quitter leur ville, « pacifiquement ». Ils ont également anéanti, tout au long de leur occupation, le système scolaire, interdisant la réfection des écoles déjà en place et refusant d’augmenter le nombre des écoles pouvant assurer une scolarité normale pour les Palestiniens.
Cependant, la nouvelle vague de terreur que les sionistes ont lancée contre les Maqdisis vise à présent leurs maisons mêmes : elles sont soit détruites, en prétendant qu’elles ont été construites de manière « illégale », c’est-à-dire sans autorisation de l’administration coloniale qui d’ailleurs, n’accorde pas de permis de construire aux Palestiniens, soit livrées aux colons, prétendant qu’il s’agit de maisons jadis habitées ou bien achetées par des juifs.
Depuis quelques années, deux quartiers d’al-Qods sont particulièrement visés : Selwan et Sheikh Jarrah. Or, ces deux quartiers font partie d’un plan de construction d’une ville religieuse juive, qui s’étendrait de Sheikh Jarrah à Selwan, en passant par la vieille ville et la mosquée al-Aqsa. N’ayant pas réussi à prouver, par la science archéologique, leurs allégations à propos d’un passé juif de la ville, même par les travaux de professeurs sionistes des universités israéliennes ou internationales, ils ont alors décidé de construire cette ville, en détruisant le passé arabo-musulman de tous les quartiers d’al-Qods et surtout en expulsant sa population, devenue témoin gênant d’un massacre civilisationnel. La destruction récente de la maison historique du mufti d’al-Qods, Abdel Qader Husseyni, pour construire des logements coloniaux, ne fait que témoigner de la haine sioniste pour tout ce qui rappelle le passé arabo-musulman de la ville.
Ces destructions et agressions incessantes contre les maqdisis sont parallèles aux multiples et croissantes profanations des lieux saints, et notamment la mosquée al-Aqsa. Le dernier rapport annuel de l’Institution Internationale al-Qods avait souligné le rythme de plus en plus accru des interventions des colons à l’intérieur de la mosquée qui ne se contentent plus de visites, mais commencent à y célébrer leurs rites religieux, protégés par la police sioniste. Le plan sioniste consiste, au moins, à partager la mosquée al-Aqsa, d’en couper une partie pour la remettre aux juifs, comme ce fut le cas pour la mosquée Ibrahimi dans la ville d’al-Khalil.
S’opposant à leur expulsion, les Palestiniens d’al-Qods, soutenus par leurs frères en Palestine occupée de 48, résistent à ces plans criminels. Depuis quelques années, ils ont réussi à se mobiliser et à mettre des freins à la judaïsation. A Sheikh Jarrah, et surtout à Selwan, au cours de 2010, les jeunes sont parvenus à stopper l’avancée sioniste. Ni les agressions de la police et des colons, ni les arrestations, ni les intimidations ou menaces, ne sont parvenues à réduire leur mobilisation. Le refus des députés d’al-Qods de se faire expulser en installant une tente au siège de la Croix-Rouge internationale, afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale, sur leur lutte et détermination et surtout pour rassembler la population maqdisie autour de la résistance à l’occupation, est également parvenue à freiner l’avancée sioniste.
Outre la complicité occidentale, et notamment américaine, à ce processus criminel, c’est le silence et l’attitude passive des Etats arabo-musulmans, qui frôlent à certains égards la complicité, qui sont responsables de la destruction progressive d’une ville millénaire, restée pendant des siècles un des principaux joyaux de la civilisation humaine.
Source : French Moqawama
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