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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine 48 -

La terre, pas le peuple

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Le problème d’Israël, depuis sa victoire de 1967, est qu’il veut la terre palestinienne mais pas le peuple qui vit dessus. Le 8 juin 1967, juste quelques heures après que les militaires israéliens se soient emparés du Mont du Temple à Jérusalem (Haram al-Sharif), le ministre de la Défense Moshe Dayan visita le site. Remarquant que les troupes avaient accroché un drapeau israélien sur le dôme de la Mosquée Al-Aqsa, Dayan demanda à un des soldats de l’enlever, ajoutant qu’exposer le symbole national israélien aux yeux de tous était un acte inutilement provocateur.

La terre, pas le peuple


Photo Jaafar Ashtiyeh (AFP) - lauréat du 13éme Prix Bayeux des Correspondants de guerre.

Ceux qui ont visité les territoires occupés ces années passées ont sans aucun doute remarqué les drapeaux israéliens flottant sur presque tous les immeubles qu’Israël occupe, ainsi que sur chaque colonie juive. La visite très médiatisée d’Ariel Sharon à l’esplanade d’Al-Aqsa en septembre 2000 - un acte qui a servi de déclencheur à la seconde intifada - pourrait être considérée comme l’étape finale d’un processus qui a finalement défait l’héritage stratégique de Dayan qui était d’essayer de normaliser l’occupation en cachant la présence israélienne. « Ne les dominez pas », disait Dayan autrefois, « laissez-les conduire leurs propres vies ».

Un autre changement significatif, ces 41 dernières années, concerne la relation du gouvernement israélien avec les arbres, symboles de la vie. Si en 1968 Israël a aidé les Palestiniens de Gaza à planter quelque 618 000 arbres et a fourni les fermiers en variétés améliorées de graines pour les légumes, pendant les trois premières années du second intifada, Israël a détruit plus de 10% des terres agricoles de Gaza et déraciné plus de 226 000 arbres.

L’apparition et la prolifération du drapeau d’un côté, et l’arrachage des arbres d’un autre côté, indique une transformation fondamentale des tentatives israéliennes de contrôler les Palestiniens sous occupation. Il semble qu’Israël ait décidé de changer de méthodes pour renforcer l’occupation, remplaçant une politique de la vie, qui visait à sécuriser l’existence et les moyens de subsistance des Palestiniens, par une politique de mort.

Ce changement se manifeste de différentes façons. Durant la première décade de l’occupation, par exemple, Israël a essayé de diminuer le chômage des Palestiniens pour gérer la population, mais après le nouveau millénaire, il crée intentionnellement du chômage dans les territoires occupés. Israël a pourvu à la vaccination du bétail et de la volaille durant les premières années après 1967, mais en 2008, il crée les conditions qui empêchent les gens de recevoir une vaccination.

De tels changements reflètent clairement la transformation radicale dans le répertoire de la violence déployée dans les territoires occupés. Tandis qu’on estime que 650 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza durant les deux premières décades suivant la guerre de 1967, durant les six années de la période allant de 2001 à 2007, Israël a, en moyenne, tué plus de 650 Palestiniens par année.

Le nombre d’Israéliens tués dans ce conflit a significativement augmenté aussi, et ce n’est pas une coïncidence. Alors que durant la période de 13 ans entre décembre 1987 et septembre 2000, 422 Israéliens ont été tués par les Palestiniens, durant la période de six ans depuis le début du second intifada jusqu’à la fin de 2006, 1019 Israéliens ont été tués.

Les commentateurs n’ont pas l’habitude de chercher à donner du sens à de tels changements, et, quand ils le font, ils soulignent presque toujours les choix politiques du gouvernement israélien ou les décisions prises par les différentes factions politiques palestiniennes. Une telle approche, bien que souvent utile, élude l’impact important du principe qui guide l’occupation.

Par principe qui guide l’occupation, je veux parler de la distinction qu’Israël a faite entre la terre qu’il occupe et le peuple qui habite cette terre. Levi Eshkol, Premier Ministre en 1967, a clairement articulé la distinction durant un meeting du parti travailliste qui avait lieu juste trois mois après la guerre. Discutant des conséquences de la victoire militaire d’Israël, il se tourna vers Golda Meir, qui était alors la secrétaire générale du parti, et dit : « Je comprends … vous convoitez la dot, mais pas la mariée ».

On ne peut pas bien comprendre l’occupation et la raison pour laquelle elle est devenue plus violente sans prendre en compte la séparation entre la dot (c’est-à-dire la terre qu’Israël a occupée en juin 1967) et la mariée (la population palestinienne). Ce principe est la force propulsive derrière le projet de colonisation massive, les routes de contournement, l’expropriation de l’eau palestinienne et l’érection d’une barrière de séparation profondément à l’intérieur du territoire palestinien. Et c’est précisément ces dernières actions israéliennes qui ont précipité l’intensification de la violence dans les territoires occupés et, la montée du Hamas.

Le principe guidant l’occupation a par conséquent produit les véritables conditions qui sont maintenant en train d’entraver un accord de paix basé sur la solution à deux états. Reconnaître toutes les ramifications de ce principe est crucial puisqu’il nous permet de voir derrière l’écran de fumée des proclamations politiques et des déclarations, et d’améliorer notre compréhension de la raison pour laquelle le conflit acrimonieux s’est développé de cette manière.

Aussi important soit-il, le principe met la lumière sur la façon dont le conflit peut être résolu, puisque la clé de la recherche d’une solution juste et pacifique implique de réunir le peuple palestinien et sa terre et de lui offrir la pleine souveraineté sur sa terre. Tant que ce principe sera ignoré, le sang continuera à être versé.

Source : The Guardian

Traduction : MM pour ISM

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