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Palestine - 18 mai 2015
Par Houria Tahrir
« Ils aimeraient bien que tu transiges avec eux afin qu’ils transigent avec toi. » Coran, sourate AlQualam verset 8
Si nous observons la situation politique en Palestine occupée en ayant une conscience historique des conflits coloniaux du XXème siècle et de leur déroulement, nous ne pouvons que constater l’essoufflement du projet sioniste et de son entité coloniale. Après plus de soixante-cinq ans, cet artefact qui est né de la spoliation de 1948 arrive en bout de course.
Car dès avant sa naissance, dans le sang, une résistance palestinienne farouche n’a jamais capitulé, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui l’entité coloniale n’a jamais été aussi peu en sécurité, des conflits sociaux et raciaux explosent en son sein, et sur le plan international, avec l’émergence de nouvelles puissances régionales ennemies comme l’Iran ou plus relativement la Turquie et une solidarité sans failles des peuples arabo-musulmans et même au-delà, sa position devient de plus en plus critique. La dernière guerre contre Gaza montre que les massacres de masse des Palestiniens sont le signe d’une fébrilité et d’une incapacité à gérer sur le long terme, et « intelligemment », les assauts tant militaires qu’idéologiques de la résistance palestinienne.
Nous venons de commémorer le soixante-dixième anniversaire des massacres perpétrés par la France à Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie, le 8 mai 1945 et les jours qui ont suivis. Ces massacres ont engendré une génération pour qui la lutte pour la libération de la Nation arabe et islamique algérienne ou la mort était le seul choix. De même, les massacres à Gaza ne seront pas oubliés et ils ne mèneront qu’à la fin de l’entité sioniste. Et cette fin sera très belle à voir, inshaAllah.
Ce constat, l’entité coloniale l’a fait depuis longtemps. Elle essaye donc de chercher des voies, des solutions pour survivre et se perpétuer.
L’une de ces voies consiste à entreprendre des négociations politiques interminables, bien évidemment avec des interlocuteurs « respectables » que sont les responsables de l’Autorité de Ramallah dirigée par Mahmoud Abbas. L’objectif est double : gagner toujours plus de temps et faire accepter le statu quo d’un côté, et de l’autre, couper l’herbe sous le pied de la résistance en faisant croire qu’un État palestinien peut voir le jour. La Palestine est le seul pays au monde où la partition est présentée comme le moyen non pas de renforcer le projet sioniste de colonisation de peuplement, mais, étonnamment, comme une voie vers la « libération ».
L’autre voie qu’elle creuse, par le biais de ses sionistes les plus « progressistes » est celle de l’État binational.
L’idée binationale telle qu’entendue par les sionistes (et leurs collaborateurs arabes et palestiniens, nous y reviendrons) est celle où le territoire compris entre la mer Méditerranée et le Jourdain constituerait « de nouveau un État », comme à l’époque de la colonisation britannique avant 1948. « Israéliens » et Palestiniens, Juifs et Arabes, y vivront ensemble comme des citoyens égaux. Ils voteront pour le même Parlement et le même gouvernement, serviront dans la même armée, la même police, paieront les mêmes impôts.
Elle est née dans les années 1920 au sein d’un groupe d’intellectuels sionistes de gauche, dont les figures de proue étaient le philosophe Martin Buber et Haïm Kalvarisky, membre du Brit Shalom puis de l’Ihoud (« Union »). Pour eux, le sionisme ne pouvait pas se réaliser sur le dos d’une « injustice ». Sous la colonisation anglaise (1922-1948), les adeptes de l’option binationale restèrent minoritaires au sein du mouvement sioniste, mais ils étaient influents.
Pourquoi cette idée est-elle née dans la « gauche sioniste » ? Parce qu’au-delà de cet « humanisme » hypocrite qui consiste à voir dans l’État binational une version soft de la colonisation, les tendances de gauche, dans la ligne marxiste notamment, cherchent en fait à légitimer leur option sioniste en situant leur « combat » dans le cadre d’une lutte de classes. Elles insistent sur la force de l’élément juif prolétarien et de l’idéologie socialiste dans le mouvement sioniste et suggèrent « qu’Israël » pourrait, dans certaines conditions, contribuer au mouvement anti-impérialiste mondial. La création de l’entité sioniste était donc « tout de même » une nécessité pour eux, il ne fallait tout simplement pas que leurs idéaux progressistes soient trop frontalement « entachés » par l’entreprise de spoliation qu’ils légitimaient et qu’ils légitiment toujours.
(...)
Suite de l'article d'Houria Tahrir sur le site du Mouvement Islamique de Libération.
Source : MIL
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