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Cisjordanie - 23 février 2004
Par Huwaida Arraf
Huwaida Arraf est l’un des co-fondateurs de l’ISM (International Solidarity Movement). Née a Détroit, elle a grandit à Roseville et vit actuellement en Cisjordanie.
Alors que les Palestiniens, les Israéliens et les Étrangers tracent la voie sur le terrain pour s'opposer et vaincre l’occupation, les politiciens et les juges internationaux suivront-ils ?
Ou les laisseront-ils tomber ?
Laisseront-ils construire les murs et les barrières autour des communautés et permettront-ils que des personnes soient dépouillées de leurs moyens d’existence et de leur liberté de mouvement en raison de leur religion et de leur appartenance ethnique ?
La Cour Internationale de Justice à la Haye rassemble aujourd'hui les auditions sur la légalité de la barrière controversée qu’Israël construit en Cisjordanie . L'Assemblée générale de l'ONU a demandé la Cour "un avis consultatif." Voici un point de vue sur le débat.
Aujourd'hui, alors qu’ils discutent du Mur à la Haye, ici en Israël et dans les Territoires Palestiniens Occupés, nous nous demandons : Est-ce que le monde va regarder ce qui se passe encore ?
Laisseront-ils construire les murs et les barrières autour des communautés et permettront-ils que des personnes soient dépouillées de leurs moyens d’existence et de leur liberté de mouvement en raison de leur religion et de leur appartenance ethnique ?
A Beit Surik, un village palestinien au Nord-Ouest de Jérusalem, la destruction des oliveraies, des serres et des maisons n'a pas encore commencé, mais les 4.000 habitants ont besoin de notre aide. Presque 90 % de la terre de Beit Surik et de ses 8 puits seront isolés de l'autre côté du mur.
Les villageois seront emprisonnés par ces structures et seront refusés d’accès pour aller au travail, à l'école et dans les hopitaux. Ils devront solliciter des laisser-passers pour entrer et sortir de leur village.
Soutiendrons-nous leurs efforts pour résister à l'inévitable ?
Si seulement l'Histoire retenait que Beit Surik avait défié cette saisie de terres ?
Soutiendrons-nous leurs efforts pour rester sur la terre de leurs ancêtres en dépit des efforts pour les forcer à partir ?
A moins de 30 kms de Beit Surik, des volontaires de l’International Solidarity Movement ont soutenu, ces deux derniers mois, la résistance non-violente au Mur dans le village de Budrus.
En novembre dernier, les habitants de Budrus ont été informés que leur terre serait rasée et isolée par le Mur. Depuis lors, ils ont organisé des manifestations non-violentes et ont demandé un soutien international.
Les bulldozers israéliens ont déraciné environ 100 des oliviers à Budrus avant de s’arrêter, probablement en réponse à l’attention accrue apportée par la participation des pacifistes aux manifestations du village.
Les Forces de l’Occupation Israélienne ont répondu avec la violence :
Plus de 60 villageois ont été blessés par les balles en métal recouvertes de caoutchouc.
Les troupes ont envahi Budrus et ont tiré à balles réelles..
Neuf pacifistes non-violents ont été emprisonnés, y compris des enfants en bas âge. Les femmes et les enfants ont également frappés et ont reçu du gaz lacrimogène à chaque manifestation. Les responsables de la résistance non-violente à Budrus ont été enlevés dans leurs maisons au milieu de la nuit par des soldats.
Pourtant les villageois n'ont pas été découragés et refusent de laisser tomber alors que leur terre est détruite et que leur village devient une immense prison à ciel ouvert.
Il y a un an et demi, l'ISM avait participé à une action similaire avec les villageois de Jayyous. Cependant, en dépit des pétitions, des protestations, des sit-ins, et le fait que les manifestants aient été frappés et arrêtés, des milliers d'arbres fruitiers et d’oliviers de Jayyous ont été détruits. 75% des champs de Jayyous ont été pris à leurs propriétaires.
Plus de 200 serres sont maintenant abandonnées parce que les soldats israéliens interdisent aux fermiers de Jayyous de traverser pour y accéder. Tous les puits du village sont de l'autre côté de cette barrière de "Sécurité".
Aujourd'hui, Jayyous est presque complètement entouré par une barrière de fil de fer barbelé de 3 mètres de haut, équipée de détecteurs de mouvement et des caméras de sécurité. Les habitants de Jayyous doivent demander des permis spéciaux pour entrer et sortir du village.
Les populations de Budrus et de Beit Surik ont-elles raison de croire que leur résistance non-violente peut les sauver d'un futur comparable à un ghetto ?
Les vétérans de la lutte palestinienne pour la liberté ont peu d'espoir. A ce jour, la communauté internationale n'agit pas pour arrêter les violations israéliennes au Droit international et aux Droits de l'Homme palestiniens.
Au lieu de cela, l’écrasante majorité de la communauté internationale s’est focalisée sur la résistance armée palestinienne, et a peu de reconnaissance pour l’importante résistance non-violente.
Au cours des années, la statégie non-violente palestinienne a inclus le boycott des produits israéliens et des services, de la désobéissance civile et du rejet de l'administration militaire israélienne, de la mise en place d’écoles de quartier (quand les écoles palestiniennes sont fermées par l’armée israélienne), des manifestations, des grèves et du refus de payer les impôts.
L'ISM a été créé pour soutenir la résistance non-armée à l’occupation israélienne en fournissant aux Palestiniens des moyens - une présence internationale et une voix – grâce à laquelle ils peuvent continuer de résister de façon non-violente à la Force militaire écrasante.
Alors que les Palestiniens, les Israéliens et les Étrangers tracent la voie sur le terrain pour s'opposer et vaincre l’occupation accablante, les politiciens et les juges internationaux suivront-ils ? Ou les laisseront-ils tomber ?
Source : www.freep.com
Traduction : MG
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Huwaida Arraf
23 février 2004