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Palestine - 8 octobre 2011
Par Fadi Abu Saada
Ce vendredi 7 marque le dixième jour de grève de la faim pour des milliers de Palestiniens dans les prisons de l'occupation israélienne. Ces prisonniers préfèrent avoir l'estomac vide que de subir quotidiennement le déshonneur et l'humiliation aux mains de l'administration pénitentiaire israélienne.
Doaa al-Jayyousi, de Tulkarem, purge trois condamnations à perpétuité en prison. Sa peine est la plus longue des 38 prisonnières dans les prisons de l'occupation. Lorsque la mère de Doaa, Umm Jamil, est allée lui rendre visite à la prison Damon avant la grève de la faim, elle s'est évanouie en voyant sa fille enchainée. Umm Jamil a été transportée à l'hôpital dans un état critique.
Grande banderole avec les portraits de Palestiniens détenus dans les geôles sionistes lors d'une manifestation demandant leur libération à Rafah, 6 octobre 2011 (Photo: AFP - Said Khatib)
Umm Jamil explique qu'aucune mère ne peut supporter de voir sa fille enchaînée. "C'est une insulte et une humiliation intolérable. Les autorités israéliennes nous traitent comme des esclaves, sans aucune dignité," dit-elle. Umm Jamil appelle à mettre fin aux mauvais traitements sans précédent des prisonnières.
Al-Akhbar a réussi à faire passer un téléphone portable dans une prison israélienne, offrant aux prisonniers une occasion de parler de leurs conditions. Après 10 jours de grève, les prisonniers sont épuisés par la faim et la soif. Ils redoutent des mesures punitives si l'administration pénitentiaire israélienne découvre le portable.
Les membres du Front démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP) dans la prison du désert du Naqab ont parlé à al-Akhbar de la grève de la faim et de la détérioration des conditions carcérales. Ils ont réaffirmé que la grève va continuer. C'est pour cette raison qu'ils ont refusé leurs repas jeudi, en signe de solidarité avec les grèves qui ont lieu dans toutes les prisons de l'occupation israélienne.
En réponse à la grève de la faim, l'administration pénitentiaire israélienne a commencé à punir les prisonniers. Comme moyen de pression, elle a supprimé le sel que prenaient les prisonniers en grève, ce qui peut entraîner des vomissements et des crampes. Elles ont également interdit les appareils électriques pour tenter de les isoler du monde extérieur.
L'administration pénitentiaire a également eu recours à la mise en isolement de 53 prisonniers en grève dans une section spéciale de la prison Shatta. Dans la section criminelle de cette même prison, Mansour Shreim et Ibrahim Habisha, qui sont en grève, ont été eux aussi mis en isolement. De plus, l'autorité pénitentiaire a interdit les visites des avocats aux prisonniers en grève. En outre, l'administration a mené des raids d'inspections dans les cellules et les sections où les prisonniers en grève sont détenus, comme cela est arrivé dans les prisons d'Ashkelon et Naftha, où les gardiens ont tiré des grenades lacrymogènes sur les prisonniers. Les blessés ont été transportés dans les cliniques pénitentiaires.
Le quotidien israélien Maariv a rapporté que le Service pénitentiaire israélien (IPS) met en œuvre, contre les prisonniers palestiniens, un plan de restriction qui comprend l'interdiction de s'inscrire dans les universités ou aux examens de fin d'études générales, ainsi qu'une réduction de la liste des aliments servis aux prisonniers. Selon Maariv, ces derniers mois, l'IPS a aussi mené des raids d'inspection nocturnes sur les prisonniers et leurs affaires.
Le ministre des Affaires des prisonniers de l'Autorité palestinienne, Issa Karaki, a dit à al-Akhbar qu'une des principales raisons de la grève, qui a commencé le 27 septembre, est la politique de l'administration pénitentiaire d'enchainer les prisonniers pendant les visites familiales. De plus, pendant ces visites, les membres de la famille sont séparés de leur prisonnier par une barrière en plastique. Il a dit que ces visites sont devenues un moyen de punir les prisonniers ainsi que leurs familles, qui sont aussi soumises à des humiliations pendant l'inspection.
Une grande campagne de solidarité avec les prisonniers a été lancée. Selon Karaki, les dirigeants palestiniens tentent de mettre fin à ce qu'ils décrivent comme une agression et des punitions excessives contre les prisonniers en grève qui protestent contre leurs conditions de détention inhumaines.
La communauté palestinienne a pris la cause à bras le corps. Les Palestiniens ont organisé des manifestations dans plusieurs villes et des sit-in devant les prisons pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers. La dernière de ces manifestations a eu lieu mercredi dernier devant la prison d'Ofer, près de Ramallah. Les forces israéliennes ont utilisé diverses armes pour disperser les manifestants et il y a plusieurs blessés. Des campagnes de solidarité, sur les réseaux sociaux, font circuler les informations sur la cause des prisonniers à un public plus large.
Les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont déjà fait des grèves de la faim. La première d'entre elles a eu lieu en 1969, et la prison Ramla, et a duré 11 jours. La plus célèbre, en 1976 à Ashkelon, a duré 45 jours.
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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