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Grande Bretagne - 2 janvier 2004
Par Tovah Lazaroff
Interview paru dans le Jérusalem Post le 2 janvier 2004
L’IDF n’a eu besoin que de 24 heures pour démarrer une enquête concernant le tir sur un activiste israélien protestant contre la barrière de sécurité le mois dernier, tandis que sa famille a attendu de nombreux mois afin que l’armée considère qu’une enquête était nécessaire, a dit Jocelyn.
Tom Hurndall, quelques minutes avant de partir à une manifestation lors de laquelle il recevra une balle dans la tête - Photo : ISM
Le jour de l’an, Jocelyn Hurndall a tenu la main de son fils Tom alors qu’il était dans un état végétatif dans un hopital de Londres et lui a dit que le soldat des Forces de Défense Israéliennes qui lui a tiré dessus s’était finalement confessé.
Elle n’attendait aucune réponse de Tom, 22 ans, un étudiant anglais en photographie, qui est dans le coma depuis qu’il a reçu une balle dans la tête le 11 Avril, dans le camp de réfugiés de Rafah, dans la Bande de Gaza.
Des témoins ont dit qu’il poussait des enfants hors de la ligne de feu de l’IDF lorsqu’une balle l’a touché en plein front.
"Je l’ai béni, et j’ai tenu sa main, et je lui ai dit que nous étions très fiers de lui et je lui est dit évidemment que le soldat qui lui avait tiré dessus a maintenant été arrêté," a t-elle dit.
Hurndall est venu en Israël en Avril comme volontaire pour un groupe d’activite pro-Palestinien, le Mouvement de Solidarité Internationale (ISM), après avoir été bouclier humain en Irak.
Dans les deux pays l’Irak et Israël, il travaillait aussi sur un projet de photographie dans le cadre de son diplome de l’Université Métropolitaine de Manchester. Le jour de sa mort, il lui a envoyé un email à propos de ses professeurs en lui racontant comme il était excité à propos des photos qu’il avait récolté et qu’il reviendrait en Angleterre sous peu.
Les photographies qu’il a prises : Durant les derniers jours de sa vie montrent des enfants jouant dans des ruines de cartouches de balles et de maisons bombardées à Rafah.
On ne s’attend pas à ce que Hurndall, dont le cerveau est cliniquement mort, vive beaucoup plus longtemps.
Depuis Avril, la famille Hurndall a cherché des informations sur la mort de leur fils et ont travaillé à contester les premiers rapports de l’IDF disant que leur fils était armé.
Tandis qu’elle était en Israël, où Tom était soigné à l’hopital de Beersheba dans les semaines suivants le tir, la famille a conduit sa propre enquête. Elle a organisé des entretiens, récolté des photos et un rapport balistique et légal.
"Il y avait un large panel de personnes de tous horizons qui étaient présentes, des journalistes internationaux et des membres d’ISM. Il n’y a pas un seul rapport des témoins qui a dit qu’il y avait eu des tirs de la résistance, en totale contradiction avec le premier rapport du soldat," a dit Jocelyn.
Après tant de résistance et de désinformation de la part de l’IDF, Jocelyn a été surprise, le matin du 31 décembre, de recevoir un coup de fil du Bureau des Affaires Etrangères Anglais alors qu’elle était assise à la maison en train de travailler sur son ordinateur, l’informant de l’arrestation du soldat et de sa confession.
Le soldat a dit qu’il avait tiré dans la direction d’un civil non armé dans une mesure d’intimidation.
"Ceci est arrive comme une surprise. Elle a mis un temps très long à venir," a dit Jocelyn.
"Nous sommes, je suppose, au moins satisfait qu’un bout de vérité ait commencé à sortir au grand jour. C’est un pas important, mais c’est un premier pas. Il y a encore un long chemin à effectuer, il y a encore beaucoup de vérités qui ont besoin de sortir au grand jour," a dit Jocelyn. "Nous savions depuis le depart que c’était un assassinat hors la loi," a dit Jocelyn.
Mais, a t-elle dit, cela fait quelque chose d’entendre l’aveu du soldat après avoir déclaré l’inverse pendant tous ces mois, ce qui l’a mise en colère. "C’est le premier jour depuis qu’on a tiré sur Tom que j’ai commencé à ressentir de la colère. J’ai toujours gardé un contrôle strict sur moi même," a dit Jocelyn. Elle ne peut s’empêcher de remarquer la façon dont les soldats israéliens traitent les étrangers et les Palestiniens par rapport aux Israéliens.
L’IDF n’a eu besoin que de 24 heures pour démarrer une enquête concernant le tir sur un activiste israélien protestant contre la barrière de sécurité le mois dernier, tandis que sa famille a attendu de nombreux mois afin que l’armée considère qu’une enquête était nécessaire, a dit Jocelyn. « Pire encore », a t-elle dit, « la façon dont sont tués d’innocents Palestiniens et les droits humains bafoués n’est pas pris au sérieux ».
"Les Palestiniens ne sont pas les enfants d’un Dieu moins important," a t-elle dit.
En tant que citoyenne britannique, elle a eu la possibilité de faire entendre sa voix et d’être entendue, dit elle.
"Si nous n’avions pas fait beaucoup de bruit, absolument rien n’aurait été fait par l’IDF et nous aurions du nous contenter de la fabrication de toute pièce du rapport de terrain de l’IDF," a dit Jocelyn.
Elle dit qu’elle espèrait qu’il y aurait un ‘niveau’ d’ouverture dans la suite de l’enquête sur la mort de son fils. "Nous voudrions voir le rapport final. Ca n’a pas été un rapport public jusqu’à présent," a dit Jocelyn.
Elle se soucie aussi de la punition réservée au soldat. D’un côté, elle veut être qu’elle sera appropriée selon le fait qu’il est attendu que son fils décède de ses blessures. Mais de l’autre, elle se soucie du fait que le soldat devienne un bouc émissaire de ce qu’elle décrit être une «culture d’impunité» dans l’IDF.
"J’espère que le message qui sera donné à chaque commandant et soldat Israélien sera qu’ils ne peuvent pas tirer en toute impunité et qu’ils doivent répondre de leurs actes," a dit Jocelyn.
Elle n’est pas satisfaite de la déclaration du soldat que son tir était un tir d’intimidation, étant donné la sophistication des lunettes télescopiques utilisées par l’IDF. "Ceci est tout simplement non crédible qu’un tir au milieu du front soit pris pour autre chose qu’un tir ayant l’intention de tuer ou mutiler," a dit Jocelyn.
« Nous croyons très fermement que Ce soldat est juste un exemple d'un nombre accablant de cas qui prouvent que les soldats de l’IDF estiment qu'ils peuvent tirer en toute impunité, cela n'est pas acceptable et ce dans n'importe quel Etat. » a dit Jocelyn
C'a été une saison de vacances difficile pour sa famille, qui comprend trois autres enfants; Sophie ; 24 ans, Billy, 18 ans et Freddie 13 ans.
“Nous venons juste de fêter Noel et le Nouvel An sans son bons sens, ses rires et son intelligence », a dit Jocelyn, ajoutant qu'elle sait qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir.
Je me rappelle tant de familles de Palestiniens et d'Israéliens qui ont dû , eux aussi, passer la nouvelle année sans un certain membre de leur famille. » a dit Jocelyn
Elle a également fait remarquer que son fils n'était pas le seul citoyen britannique victime des tirs de l’IDF.
Le caméraman James Miller, 34 ans, a été tué par des tirs de l’IDF pendant que les soldats répondaient à des tirs palestiniens en mai 2003.
En novembre 2002, un membre de l’équipe de l’ONU, Iain Hook, a été tué par des tirs de l’IDF, alors qu'ils visaient les tireurs palestiniens postés à l'intérieur du batiment de l'UNWRA à Jénine.
D'autres membres de l’ISM ont été également victimes de l’IDF au cours de la dernière année.
En mars 2003, l'étudiante américaine Rachel Corrie, 23 ans, a été tuée en essayant d'arrêter un bulldozer de l’IDF à Rafah. Sa mort a été déclarée "accidentelle."
Le 5 avril, le pacifiste américain, Brian Avery, 24 ans, a reçu une balle dans le visage à Jénine par des soldats de l’IDF. Il récupère de ses blessures.
Source : www.jpost.com/
Traduction : BM/MG
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