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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Attente

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

A 3 heures du matin, quand chacun allait s’assoupir dans le vain espoir d’une nuit calme, les jeeps se sont arrêtées .
Une, deux, trois, plus de dix jeeps ont rempli la place.
Avant même que les soldats aient approché la porte en se cachant derrière leur bouclier humain, enlevé dans une maison proche, la famille avait empilé ce qui lui restait près de la porte et s'était mise en rang, en attendant qu’on frappe.

Attente


la maison d¹Abu Hamdan après sa destruction

Ses yeux sombres et perçants ne me quittent pas, tandis que qu’elle se blottit près du seul chauffage restant dans la maison, et révise pour son examen de religion oral de demain.

Un vague bavardage remplit la pièce : la tante enseigne à Majd Ben Al-fadi, au sud d’Agraba, les grands-parents étaient originaires d’un village un peu plus loin que Yaffa, avant la Nakba, le père, Abu Llel, travaillait en Israël comme charpentier, la fille n’a pas vraiment besoin de réviser parce qu’elle est la meilleure de sa classe à l’école du camp de l’UNWAA, suffisamment brillante pour retenir toutes les leçons.

La conversation s’arrête quand la soeur aînée se met à parler :
Je n’irai pas travailler demain (elle est infirmière à l’hôpital de Rafidia) à cause de la situation dont souffre notre famille.
Qu’allons-nous faire ?

Chaque fois que je regarde la pendule mon coeur se fait plus lourd.

Chaque minute qui passe me rend plus fragile.Je suis née dans cette maison il y a 22 ans. Nous avons construit les second et troisième étages nous-mêmes, en famille, parce que ça revenait trop cher de faire appel à d’autres bras.

J’ai grandi dans cette maison, comme mes trois frères et mes deux soeurs.

Nous savons ce qui va arriver, mais il n’y a rien à faire, excepté attendre.

Un visage de treize ans me perce du regard réclamant une réaction ou au moins une sorte d’action. Mais que pourrais-je faire ? Qu’est-ce que je peux faire ?
Nous attendons.

Des larmes silencieuses commencent à glisser, avant de rouler.
Après deux semaines de couvre-feu, de soldatesque patrouillant dans chaque ruelle et fouillant maison après maison, l’armée israélienne n’a pas réussi à localiser les trois ou quatre «recherchés» qu’ils voulaient débusquer.

Frustrés dans leur échec, les commandants de l’armée israélienne ont décidé de frapper les familles des hommes qu’ils recherchent.

Dans la nuit de dimanche (27 décembre) les soldats ont fait irruption dans la maison d¹Abu Hamdan, ont fait des taches sur certains murs et ont promis de revenir la nuit d’après.

Et merveille, dans la nuit de dimanche,le père, la mère, les frères et soeurs de l’homme recherché ont été trainés dans la rue à trois heures du matin et leur maison a explosé. La même nuit, les soldats sont entrés dans la maison d’Abu Llel pour nettoyer les taches qu’ils avaient laissées.

Le soir suivant, la famille a vidé tout le contenu de la demeure, excepté ce dont elle avait besoin pour la nuit. Même les rideaux des fenêtres et les cadres ont été emportés chez un voisin. Nous nous sommes assis avec eux dans une chambre vide, sans parler.

A 3 heures du matin, quand chacun allait s’assoupir dans le vain espoir d’une nuit calme, les jeeps se sont arrêtées .
Une, deux, trois, plus de dix jeeps ont rempli la place.
Avant même que les soldats aient approché la porte en se cachant derrière leur bouclier humain, enlevé dans une maison proche, la famille avait empilé ce qui lui restait près de la porte et s'était mise en rang, en attendant qu’on frappe.

Le père a été arrêté le premier, on lui a fait baisser son pantalon et on l’a fouillé, plaqué contre un mur, avant que les femmes ne soient autorisées à le suivre dans la rue. Trois Suédois qui s'étaient enchaînés à la maison menacée ont été libérés rapidement de façon désagréable et envoyés au checkpoint d’Uwwarra.

La famille a été conduite dans une maison plus loin, où elle a été détenue avec d’autres familles arrêtées dans des maisons voisines.

L’attente continuait et continuait, avec tous les petits incidents ou les bruissements qui provoquent des cris d’effrois vite éteints, jusqu’à ce qu’une explosion transforme les pleurs silencieux en explosions de désespoir.

Réfugiés forcés à quitter leur maison une fois de plus la famille Abu Llel campe maintenant dans une seule pièce chez un de leurs oncles.

Les yeux ne me quittent toujours pas.

Source : ISM

Traduction : CS

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