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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

La moitié d’une excuse ne suffit pas

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Barack Obama a démontré avec son discours qu’il a donné à la grande salle de l’université du Caire qu’il comprenait très bien les Arabes et les musulmans et savait comment leur adresser la parole. C’est pour cela que son discours fut rempli des sagesses, des versets coraniques et des formules sentimentales. Il a abordé tous les sujets (sept axes principaux) sans qu’il apporte quoi que ce soit de nouveau qu’on ne sait pas, ou que même un simple monsieur tout le monde ne sait pas.

Il a parlé de la démocratie, mais sans dire comment il comptait la promouvoir, il a mis l’accent sur la nécessité d’arrêter la colonisation israélienne dans les territoires occupées, mais sans présenter la moindre mesure concrète pour le faire, et il a réaffirmé qu’il tenait à la création d’un état palestinien à côté d’un état israélien, mais sans nous expliquer comment on allait atteindre cet objectif.

Obama, avec son intelligence habituelle et sa rhétorique éloquente, a voulu satisfaire tout le monde : les Irakiens en affirmant son engagement au retrait de toutes les forces de leur pays afin qu’ils soient maîtres chez eux, les Afghans en déclarant qu’il ne voulait pas rester chez eux ou créer des bases militaires permanentes, les démocrates en leur promettant de les aider, les dictateurs en évitant de parler des changement ou des sanctions contre leurs régimes, les juifs en pleurant sur leur souffrance et leur holocauste et les Palestiniens en se montrant compatissant devant leur tragédie. Aussi, il n’a pas oublié les jeunes en leur promettant des bourses d’études aux Etats-Unis et des projets de développement leur garantissant du travail, et enfin il a glissé un mot pour parler de la femme dans le monde musulman et pour lui demander l’égalité dans tous les aspects de la vie.

Ces paroles touchent les sentiments des gens simples qui sympathisent déjà avec le brun Président EU, mais après les avoir triées et vérifiées, on peut leur appliquer le proverbe arabe : « On entend le meule broyer mais on ne voit pas de farine ». (Ou comme le proverbe français « Beaucoup de bruit pour rien », ndt).

La colonne vertébrale du discours du Président EU qu’on avait longuement attendu, s’incarne dans sa tentative de convaincre les Arabes et les musulmans de la nécessité de se joindre à son gouvernement, dans sa guerre contre le « terrorisme » ou contre les mouvements islamiques extrémistes, qui les menacent, comme il dit, avant de menacer les Etats-Unis. Mais il n’a absolument rien dit, explicitement ou implicitement, à propos du terrorisme d’état pratiqué continuellement par Israël contre les Arabes et les musulmans en Palestine et au Liban, et peut-être bientôt en Iran.

Le Président Obama qui a tenu à nous rappeler que les Etats-Unis en tant que grande puissance sont nés grâce à la résistance contre un empire de colonisation (la Grande Bretagne), a condamné le principe de la résistance et a insisté sur son inefficacité en demandant au peuple palestinien d’abandonner toute forme de violence (résistance), car cela ne le mènera nulle part.

Cette volonté de rendre « superficielle » l’arme de la résistance, et l’insistance sur sa « futilité », est une attitude étrange, voire surprenante d’un président EU d’origine africaine, qui se dit fier d’appartenir à une grande famille musulmane qui vit sur la côte est de l’Afrique (au Kenya). Sans la résistance armée, son pays actuel n’aurait pas trouvé la liberté, et il en va de même pour le pays de son père et ses grands parents (le Kenya), pour tout le continent africain et la majorité du continent asiatique.

La critique contre les missiles de la résistance islamique dans la bande de Gaza, qui tombent sur les têtes des innocents endormis dans les colonies au sud d’Israël, aurait pu être compréhensible si elle avait suivi une critique des bombes à phosphore et des missiles de tout type, de toute taille et de tout poids qui ont été tirées par les chars, les avions et les navires israéliens contre un million et demi de Palestiniens sans défense entassés derrière les barres du blocus.

Le Président Obama a déclaré dans une conférence de presse quelques jours avant sa prise de poste, qu’il ferait ce que faisaient les israéliens (le bombardement de la bande) si ses enfants avaient reçu des missiles alors qu’ils étaient dans leurs lits. Nous aurions aimé l’entendre corriger ses déclarations en mettant ses enfants à la place des enfants de Gaza, dont les missiles et les bombes israéliennes en ont fauché pas moins de quatre cents pendant la dernière agression contre la bande de Gaza.

Répéter dans le même discours la nécessité d’oublier l’histoire, et demander aux musulmans qu’ils ne soient pas les prisonniers du passé, est une bonne chose, mais nous ne parlons pas ici des événements qui se sont produits il y a sept milles ans, ni même il y a cent ans, il s’agit de quelques années seulement. Il y a presque un mois, c’était le sixième anniversaire de l’occupation de l’Irak et du martyre de deux millions de ses enfants, dont la moitié à cause d’un embargo injuste, et l’autre moitié dans une guerre illégitime et immorale. Et dans quelques mois on va « fêter » le huitième anniversaire de l’invasion de l’Afghanistan, de son occupation et de sa conversion en un état déchu.

Il se peut que le Président Obama veuille nous montrer l’exemple de sa capacité, à lui et à ses homologues EU des origines africaines, d’oublier les politiques de ségrégation et les lois d’esclavage qu’ils avaient subis jusqu’à il y a quarante ou cinquante ans. C’est certainement une capacité qui mérite le respect, mais la comparaison n’est pas à sa place quand il s’agit de tout un peuple à qui on a volé la terre, qu’on a chassé vers les pays voisins et qu’on a poursuivi par le meurtre, le bombardement et l’encerclement jusque dans ses refuges, que ce soit dans les camps de refugiés à la bande ou en Cisjordanie (Djénine et Gaza), ou bien dans les pays voisins (Sud Liban et Syrie).

Le Président Obama veut ouvrir une nouvelle page avec le monde musulman et tendre une jeune branche d’olivier aux musulmans, ce qui est faisable et souhaitable, à condition qu’il soit accompagné d’une excuse franche des crimes des Etats-Unis à l’endroit des musulmans et de leurs guerres qui continuent toujours contre eux, en plus d’un dédommagement intégral pour tout ce qu’ils ont subi comme préjudices matérielles et humaines.

Les précédents gouvernements EU ont déclenché une guerre illégitime et immorale contre l’Irak, et le Président Obama a reconnu avec courage, ce qui est tout à son honneur, que c’était une guerre par choix et non par contrainte comme celle en Afghanistan, en présentant une demi-excuse. Par conséquent, ce qu’il lui reste à faire, c’est ce que les Allemands ont fait pour les juifs et les Irakiens pour le Koweït, à savoir une excuse totale et un dédommagement public sans détour.

La question qui se pose est de savoir quel prix les Arabes doivent payer au Président EU en échange de sa demande à Israël de geler la colonisation, car Obama a clairement déclaré que « l’initiative arabe n’est pas la fin des responsabilités des Arabes et qu’ils doivent faire plus ». Alors, est ce qu’Obama veut une normalisation complète en échange de cette parole sur la colonisation, et une modification de l’initiative pour en faire tomber le droit de retour ?

Encore une fois, nous demandons à Obama, après l’avoir écouté et applaudi pour ses belles phrases par lesquelles il voulait améliorer l’image de son pays dans le monde musulman, qu’il transforme ce qu’il dit en actes, et le plus rapidement possible, comme on demande aux chefs arabes séduits par ce discours de ne pas avancer des concessions gratuites.

Il n’y a pas de doute que les intentions d’Obama sont bonnes, et que son souhait de réconciliation est sérieuse, mais les intentions ne suffisent pas, et la sympathie qu’il a suscitée, que ce soit à cause de sa couleur, de l’histoire de son succès, ou de son fort discours au Caire, pourrait s’évaporer beaucoup plus rapidement de ce qu’il imagine s’il ne parvient pas à le traduire rapidement en des étapes pratiques .



Source : Al-Quds al-Arabi

Traduction : IA

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