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Palestine - 14 mars 2006
Par Agustin Vellogo
Agustin Vellogo enseigne l’Education Comparative à la Spanish Distance Learning University de Madrid. Il a publié "Palestinian education : a national curriculum against al odds" (Journal International pour le Développement Educatif ) et Sanctions, War, Occupation and the De-Development of Education in Iraq (Revue Internationale d’Education).
Jour après jour, sans interruption depuis la victoire du Hamas aux élections palestiniennes qui ont eu lieu en janvier dernier, les éléments habituels anti-Arabes et pro-Sionistes - déguisés en journalistes et en analystes - annoncent un avenir sombre pour les Palestiniens sous la direction du Hamas.
En même temps, les mafiosis habituels, déguisés en responsables politiques en faveur du "processus de paix", menacent et font chanter les Palestiniens pour avoir choisi un projet politique qui ne convient pas aux agendas d’Israël, des USA et de l’Union Européenne pour le Moyen-Orient.
Certains disent que, maintenant, les "terroristes" ont le pouvoir, que les fondamentalistes Musulmans vont amplifier leur relations avec d’autres groupes et gouvernements extrémistes de la région.
Les puissances occidentales demandent au Hamas d’abandonner la violence, de reconnaître Israël et de déposer leurs armes, quand Israël occupe la terre palestinienne, vole et détruit les ressources palestiniennes, tue, mutile et emprisonne des milliers de Palestiniens et leur rend à tous la vie insupportable.
Le coeur du problème palestinien est commodément mis de côté. Encore une fois, la faute est imputée aux Palestiniens. Maintenant c’est le tour du Hamas (un "groupe terroriste"), il y a deux ans, c’était celui d’Arafat (lui-même accusé de "terroriste") ; il y cinq et quinze ans, c’était le second et premier Intifada (la "terreur" palestinienne) ; il y a vingt ans, c’était l’intransigeance Arabe envers Israël ("Des Nazis Palestiniens") ; et il y a soixante ans, c’était les Palestiniens qui n'acceptaient pas la partition de leur terre entre eux et les Juifs ("la soif de sang des Arabes").
Au début du 20ème siècle, la Palestine était un mandat Britannique. Le colonialisme était toujours largement répandu. La Reine a présenté au mouvement Sioniste l’occasion de s’installer sur cette terre bien que ce n'était pas la sienne (Déclaration de Balfour).
Les Sionistes ont profité de cette proposition et y ont établi finalement l’Etat d’Israël en 1948.
A cette époque, environ 750 000 Palestiniens qui vivaient là ont été transformés en réfugiés. Les Sionistes ont pris de force une terre qui était habitée par les Palestiniens.
Depuis lors, les choses n'ont fait que se détériorer pour les Palestiniens puisque Israël volait toujours plus de terre, empêchait les réfugiés de revenir dans leurs maisons et obstruait l’exercice de leurs droits.
Depuis 1948, Israël est en permanence en violation du droit international, en violant en particulier des résolutions des Nations-Unies et des Conventions de Genève, ce qui signifie que la communauté internationale est également responsable du destin des Palestiniens, aujourd’hui comme ce l'était au début du conflit.
Le problème palestinien est habituellement présenté comme une question politique complexe, avec des ramifications religieuses, historiques et culturelles.
En fait, ce qui a eu lieu en Palestine peut facilement s’expliquer sans technicité : le vol de terre avec l’expulsion de la population autochtone en 1947 et 1948 ; plus l’occupation de la terre en 1967 et une répression brutale qui n'a jamais cessé de sa population pour que les Palestiniens abandonnent leur terre pour mieux, ou sinon, qu'ils n'aient aucun espoir de la récupérer et de jouir de leurs droits humains et nationaux.
En dépit de cela, pour beaucoup de gens en Occident - évidemment pas pour les populations du Moyen-Orient et d'autres secteurs asservis - ce sont les Palestiniens qui sont responsables de la violence et de l’absence de paix dans la région et au-delà.
Ainsi, les victimes sont blâmées pour n'avoir pas accepté leur dépossession, le nettoyage ethnique et la répression impitoyable.
Peu de gens semblent prêter attention au fait que ni l’occupation de la terre, ni l’exploitation de ses ressources ne peuvent avoir lieu sans la violence de l’occupant.
L’histoire du colonialisme est l’histoire de la violence par les nations puissantes et agressives contre celles sans défense. Israël n’est ni le premier ni le seul pays qui profite de sa puissance écrasante : Rappelez-vous les tanks et les avions de combats contre des pierres et des roquettes artisanales. Ce déséquilibre inégal montre qui est celui qui terrorise l’autre.
Il n’y a pas d'équivalence morale entre la violence de l’oppresseur et celle des oppressés.
C’est une chose d'attaquer les autres et c’en est une autre de se défendre, spécialement quand les forces sont aussi disparates à tous les niveaux.
Les Palestiniens, comme cela arrive avec toute population sous occupation, ont le droit de résister qui est reconnu par le droit international et cela prime sur les "processus de paix", "les accords d’Oslo", la "Feuille de route", et sur toutes les autres ruses politiques nuisibles à la partie la plus faible.
Les Palestiniens n’ont plus de place sur leur propre terre parce qu’Israël la veut pour la colonisation exclusive des Juifs.
C’est pourquoi il est nécessaire de leur rendre la vie insupportable : assassinats, emprisonnements, des conditions de vie comme dans un camp de concentration, sans justice et espoir, une humiliation permanente... donc, ils vont finalement abandonner et partir pour de bon.
C'est un lent génocide ou plus précisément un Holocauste Palestinien, un mot juste et sous-utilisé aujourd’hui pour ce qui se passe en Palestine et au Moyen-Orient.
Cela peut passer inaperçu dans les médias occidentaux, sauf quand les victimes réagissent de désespoir, elles apparaissent en premières pages sous les titres 'Terrorisme'.
Récemment, le "facteur Islam" a été ajouté par les propagandistes Occidentaux; ainsi, cette religion est devenue partie du colis de la "guerre contre le terrorisme".
Assez bizarrement, les missiles Juifs et Chrétiens d'une tonne qui ont été lancés sur les quartiers surpeuplés de Gaza, ne sont pas les produits du fondamentalisme religieux.
Les victimes sont soit des dommages collatéraux ou soit des "terroristes recherchés", mais jamais la cible d’extrémistes cruels et sans pitié Juifs et Chrétiens contre un peuple Musulman innocent.
Il y avait une lutte palestinienne de libération bien avant l’Islam politique, avant le Panarabisme et avant le communisme.
Tout simplement : aucun peuple ne veut être privé de sa terre et devenir une population esclave ou réfugiée.
La résistance est parfaitement logique, moralement correcte et un droit reconnu au niveau international. Le reste n’est que de la propagande, utilisée par l’oppresseur, mais pas par les victimes.
Curieusement, certaines personnes de Gauche en Occident ne sont pas contentes de la victoire du Hamas.
Certains sont timides à montrer leur soutien, et encore moins joyeux des résultats électoraux.
Ni la Gauche, ni les Verts, ni les Sociaux Démocrates ou les Libéraux en Europe et en Amérique n'a pu empêcher les massacres à Jénine, à Rafah, à Hebron, à Jabalia... aucun d'eux n'a été capable d'emmener les responsables devant les tribunaux.
Est-ce que les Palestiniens doivent attendre encore 50 ans pour obtenir une protection des partis de Gauche Occidentaux ?
Le Fatah à la direction de l’Autorité Palestinienne peut manquer aux partis de Gauche mais la lutte pour la libération avec le Fatah menait à de plus en plus de Palestiniens tués, emprisonnés et vivant sous le seuil de pauvreté, tandis que de plus en plus de terre palestinienne passait sous contrôle israélien et ça, avec la bénédiction de la communauté internationale pour l'amour du "processus de paix" !
La Gauche demande le dialogue entre les parties, mais elle ne dit pas ce qu'Abu Mazen devrair dire exactement à Sharon. Elle demande simplement à Sharon de montrer de la retenue, et à Abu Mazen d’abandonner les droits des Palestiniens. C'est difficilement un dialogue, c’est plutôt l'imposition de la loi du plus fort sur le plus faible.
La Gauche devrait demander à Israël d'appliquer le droit international : mettre fin à l’occupation, rendre la terre, libérer les prisonniers, permettre le retour des réfugiés, s’excuser et payer des compensations pour les dommages causés depuis 1947.
Ensuite, la Gauche pourrait demander aux Israéliens et aux Palestiniens d'abandonner les armes, de se reconnaître mutuellement, et même de commencer des échanges de groupes de musique folklorique.
Saturés du vol de leur terre et des violations de leurs droits par Israël, ainsi que de la corruption de leurs propres responsables, les Palestiniens ont voté pour les virer du pouvoir, un choix franchement démocratique, pacifique et gauchiste.
Plutôt tard, après 40 ans d’occupation, un vrai Gauchiste dirait - mais il est difficile de voir le bout du tunnel (les mensonges du processus de paix) - il est très difficile de combattre deux ennemis en même temps : les Sionistes et en interne (les collaborateurs du gouvernement).
Heureusement, les choses ont changé en janvier dernier. Maintenant, il est temps de soutenir le Hamas. La majorité des Palestiniens a voté pour le Hamas. Le simulacre de processus de paix est terminé.
Pour le cauchemar de l'argent des donateurs, il est principalement destiné à payer le consentement des dirigeants et les salaires des forces de sécurité, en fait des emplois fictifs mais nocifs.
Une période d’espoir est arrivée pour les prisonniers, les veuves, les orphelins, les pauvres et les opprimés. C’est également une période d’incertitude, le combat pourrait devenir encore plus dur et plus meurtrier. Les menaces déjà lancées par Israël et quelques pays puissants laissent entrevoir le prix que les Palestiniens auront à payer pour réaliser leurs objectifs nationaux.
Source : http://www.imemc.org/
Traduction : MG pour ISM
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