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Palestine - 20 novembre 2009
Par Hussam Kanafani
Les responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP se sont réunis. Ils se sont penchés sur l'impasse qui bloque actuellement le dossier politique. Ils ont étudié la situation désespérée de Abou Mazen. Et ils ont trouvé une idée géniale : Se présenter devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour y déclarer l'Etat palestinien. Toutes nos félicitations pour la réflexion et pour la décision. Jusqu'ici, aucun responsable de l'Autorité n'avait trouvé une invention si propre à la perte de temps politique. Une perte de temps qu'on peut certes expliquer : ces responsables se sont trouvés tout d'un coup en panne de négociations, plus de réunions politiques pour réaliser "le but stratégique" fixé par Abou Mazen et les Arabes, plus d'initiatives pacifiques concoctées par l'administration états-unienne, principal gardien des négociations de paix, plus de réunions réconciliatoires avec "l'ennemi interne".
Ils se sont trouvés en situation de chômage politique auquel est venue s'ajouter la crise financière qui accable l'Autorité palestinienne, crise qui a nécessité l'intervention des brillantissimes maîtres à penser de l'OLP. Mais, contrairement à ce qui s'était passé en 1998 durant le premier gouvernement de Netanyahu, lorsque la voie d'Oslo était arrivée devant un mur, il ne s'agit pas aujourd'hui de déclarer unilatéralement l'Etat. L'idée est donc vidée de son propre contenu. Et toute cette agitation n'est qu'inutile perte de temps. L'autorité est censée savoir qu'une décision du Conseil de Sécurité, où il n'y a ni pays arabes, ni pays africains, ni pays non-alignés, n'a rien à voir avec une décision de l'Assemblée générale des Nations Unies. Au Conseil de Sécurité en effet, la décision est dans les mains des Etats membres permanents, qui seront de toute évidence contre l'initiative palestinienne.
Aux Palestiniens, notamment Saeb Erekat, qui ne seraient pas convaincus, nous conseillons de réécouter les déclarations des représentants des Affaires étrangères états-unien et français, de Karl Bilt, ministre suédois des Affaires étrangères et de Javier Solana (qui était pourtant à l'origine de cette bonne idée...).
En tout état de cause, Mahmoud Abbas et Saeb Erekat continuent d'affirmer fièrement que cette initiative de l'Autorité est la réponse adéquate à l'entêtement israélien, qu'elle bénéficie d'une couverture arabe, comme si les Arabes constituaient une incontournable super-puissance.
Si les responsables de l'OLP sont réellement convaincus que l'initiative qu'ils préparent a des chances d'obtenir un agrément international, il y a un problème. Mais le problème est encore plus grave si ces responsables savent pertinemment que leur action devant le Conseil de Sécurité ne peut rien donner, car cela signifierait que l'Autorité a trouvé un moyen pour perdre son temps et pour perdre le temps du peuple palestinien, dans le contexte de l'arrêt des négociations en attendant que quelque chose arrive, grâce aux efforts états-uniens, ou à ce qui pourrait résulter d'une nouvelle initiative française qui serait bientôt annoncée par Nicolas Sarkozy.
Mais le pire, c'est que cette initiative en direction du Conseil de Sécurité a été considérée comme une des options du discours de Mahmoud Abbas sur sa non-candidature, en qualité de carte maîtresse dans la main des Palestiniens. Il est clair, dans ce cas, que cette idée doit être éliminée d'office d'autant que sa destinée est tracée à l'avance. Et si Abbas pense sérieusement à répondre à l'arrêt des négociations, il devrait réellement considérer d'autres moyens de le faire.
Et pourquoi ne pas se passer du Conseil de Sécurité et proclamer unilatéralement l'Etat palestinien à la table des négociations, au lieu de perdre son temps dans les tergiversations des procédures internationales qui ne mènent à rien ? Ce serait certainement une meilleure idée. Et qui permettra à Netanyahu et à ses ministres de déclencher la fameuse "vengeance" israélienne qu'ils nous promettent depuis si longtemps.
Mais si Abbas est vraiment arrivé à un point de non retour dans son désespoir, il pourrait dissoudre l'Autorité et remettre les compteurs à zéro. Cette disposition serait grave pour l'Autorité et ses nombreux employés, notamment au niveau des salaires, mais elle serait idéale compte tenu de la situation actuelle dans les territoires palestiniens, et plus spécialement pour mettre en évidence la réalité de l'occupation qui a disparu sous les innombrables cycles de négociations menés entre les responsables de l'Autorité et leurs homologues israéliens.
Durant ces réunions, Mahmoud Abbas avait fini par oublier ce dont il se rappelle aujourd'hui : l'occupation et la colonisation. En décidant de dissoudre l'Autorité, Abbas pourra montrer à la communauté internationale que l'Autorité n'était ni un Etat ni un squelette d'Etat, et que son existence ne servait qu'à déguiser la réalité de l'occupation.
En ce qui concerne le retour à la résistance, nous dispenserons Abbas d'en faire la déclaration, car il n'en a jamais été convaincu, pas même au plus fort de la révolution palestinienne et de la lutte armée.
Quant aux déclarations de Mohammad Dahlan selon lesquelles il pourrait considérer l'idée de lancer la résistance contre la colonisation, ce ne sont que blablas destinés aux médias. Nous avons déjà essayé sa résistance au temps où il dirigeait la sécurité à Gaza et nous avons bien compris sa signification : la résistance à la résistance.
Source : Al Akhbar
Traduction : Nadine Acoury
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Hussam Kanafani
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