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Palestine - 31 décembre 2005
Par Rowan Al-Faqih
En 2004, le 20ème Festival International du Film d'Haïfa a établi une section pour le "Nouveau Cinéma Palestinien" en coopération avec le magazine Masharaf à Haïfa et plusieurs réalisateurs palestiniens ont été invités à présenter leurs films.
Un certain nombre d'entre nous à la Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d'Israel (PACBI) sont entrés en contact avec certains de ces réalisateurs pour leur demander de ne pas participer à ce festival.
Il y avait deux principales raisons à cela :
La première était que le festival du film était commandité par le gouvernement israélien et parrainé par Limor Livnat, ministre du gouvernement de Sharon et membre du parti du Likud, bien connue pour ses positions et actions racistes et sionistes.
La seconde était qu'un boycott du festival avait été commencé en 2002, deux ans plus têt, par "Gaslight," les producteurs d'un documentaire britannique "Sunday".1
Dans leur lettre de retrait au festival, Gaslight écrivaient :
"... des nombreuses leçons qui découlent de l'histoire du Bloody Sunday, la plus importante est la folie militaire politique et à long terme morale des gouvernements qui essayent d'imposer des solutions militaires aux problèmes des droits de l'homme et civils."
"Nous prenons cette mesure en soutien aux Palestiniens et en solidarité avec les artistes et les réalisateurs palestiniens. C'est également fait en solidarité avec ceux en Israël (Israéliens et Arabes) qui s'expriment et agissent (par exemple les refuseniks) contre les politiques meurtrières du gouvernement à l'égard des Palestiniens."
La position de PACBI était que d'une part, le boycott du festival renforcerait une position internationale avec la position palestinienne, et que d'autre part cela créerait un précédent qui pourrait, si tout allait bien, s'étendre à d'autres événements culturels en Israël.
Donc, un boycott culturel d'Israël deviendrait normal, comme ce fut le cas pour l'Apartheid d'Afrique du Sud. 2
Quelques réalisateurs ont retiré leurs films; plusieurs autres ont décidé de passer outre en participant au festival et ont avancé l'argument que c'était une chance de présenter aux Israéliens la version palestinienne de l'histoire. 3
Par conséquent, la question à laquelle nous devons répondre est : Pourquoi devons-nous vraiment raconter notre histoire aux Israéliens?
Parce que ce n'est pas suffisant que 80% des Israéliens adultes ont servi ou serviront à un checkpoint israélien?
Parce que ce n'est pas suffisant qu'un grand pourcentage d'entre eux ont tiré ou tireront sur un Palestinien, Ã un moment donné durant leur service militaire ou leur devoir de réserve annuel ?
Parce qu'il n'y en a pas assez qui ont volé dans des F16 ou des hélicoptères Apache, que pas plus de quelques milliers ont été dans des tanks ou des bulldozers qui ont détruit les maisons palestiniennes?
Parce qu'il n'y en a pas assez qui se sont assis dans des lieux de réunion ou dans des maisons palestiniennes occupées pour projeter des invasions, des attaques, des arrestations et des meurtres extrajudiciaires?
Parce qu'ils ne savent pas vraiment qu'ils nous mettent en cage quand ils conduisent près du mur que leur gouvernement construit ?
Qu'est-ce qu'ils ne comprennent pas après presque 40 ans d'occupation et qu'un film ou dix pourront leur faire comprendre?
Que nous sommes en fait des êtres humains, de sorte que si un soldat israélien ne peut pas avoir de la sympathie pour des enfantsqui portent leurs cartables dans la vraie vie, elle ou il, avec notre aide, pourra rebrancher sa ou son humanité tout en regardant cette scène sur un écran isolé?
Depuis quand c'est le travail de l'occupé d'éduquer l'occupant? Ou au colonisé de s'occuper de la conscience des colonisateurs ?
Est-ce notre sens de la supériorité ?
Ou notre confiance en notre capacité à former et convertir n'importe qui à notre "religion"?
Ou une croyance naïve que si seulement ils savaient, nous serions comme eux et ils verraient réellement à quel point ils nous ont faits du mal?
Cependant, l'argument pour le boycott culturel n'est pas basé sur le fait que le cinéma et l'art peuvent réellement contribuer à changer la façon de penser et les préjudices, mais sur le fait que les artistes et les réalisateurs palestiniens devraient prendre un rêle actif dans la participation à des événements et à des rendez-vous culturels organisés et sponsorisés par des institutions israéliennes.
Pendant la lutte contre l'Apartheid en Afrique du Sud, les Africains du Sud non-Blancs avaient accepté le fait qu'ils seraient eux-mêmes boycottés en tant qu'élément des sanctions internationales appliquées contre leur pays. Ils avaient compris que ce serait le prix à payer pour mettre fin au racisme, à la discrimination et l'oppression en Afrique du Sud.
L'administration du Festival du Film de Haïfa est efficacement parvenue à mettre fin au boycott de son festival en créant une section spéciale pour le cinéma palestinien.
En choisissant des films et des réalisateurs palestiniens, toute action possible par des artistes internationaux pour boycotter le festival ou d'autres événements a été découragée avec succès.
Récemment, un grand nombre d'organisations de la société civile palestinienne, des syndicats, et des fédérations ont publié un appel au Boycott, au Désinvestissement et aux sanctions.
Les artistes et les réalisateurs palestiniens sont invités à rejoindre cet appel et à participer à une campagne dont le but, entre autres, est de mettre fin à l'oppression et au racisme.
1 http://www.sundayfilm.net/News.htm
2 - Omar Barghouti, 'The morality of a cultural boycott of Israël'
3 - Sobhi al-Zobaidi, 'The importance of documentary cinema from within Palestine'
Source : www.thisweekinpalestine.com/
Traduction : MG pour ISM
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