Palestine - 21 octobre 2012

Le Hamas délibère sur sa nouvelle équipe dirigeante

Par Ahmad al-Dabba

17.10.2012 - Le Premier ministre à Gaza Ismail Haniyeh semble se préparer à succéder à Khaled Meshaal au poste de président du bureau politique du Hamas, comme l'ont indiqué de récents développements sur la scène politique palestinienne. Hier, il a confirmé sa décision de déléguer toutes ses fonctions à son adjoint et ancien ministre de l'Economie Ziad al-Zaza afin de se concentrer sur les questions liées au Hamas et aux tâches d'organisation à l'intérieur de Gaza.

Le Premier ministre Ismail Haniyeh (à g.) et le chef du bureau politique, Khaled Meshaal
Haniyeh vise peut-être la présidence du bureau politique, mais plusieurs obstacles se dressent sur son chemin, au premier rang desquels le fait qu'il ne peut pas diriger le gouvernement et le Hamas en même temps.

Haniyeh et d'autres dirigeants n'ont pas nié que le Premier ministre ambitionnait la tête du bureau politique.

Le principal rival d'Haniyeh semble être le vice-président du bureau politique Moussa Abu Marzouk, qui jouit d'un large soutien dans et à l'extérieur de Gaza.

Selon des sources bien informées au sein du gouvernement Haniyeh, Zaza a commencé à prendre en charge les fonctions d'Haniyeh et c'est lui qui conduit actuellement toutes les affaires officielles du gouvernement, y compris la direction du conseil des ministres hebdomadaire.

Ceci permettra à Haniyeh de passer à une autre phase, encouragé par sa victoire écrasante aux dernières élections du Hamas à Gaza, où il a obtenu 85 pour cent des votes.

Meshaal a déjà annoncé qu'il ne se maintiendra pas au poste de président du bureau politique, et son favori, Saleh al-Arouri, membre du bureau politique en Cisjordanie , a également refusé de participer à la course.

Après Meshaal, Haniyeh semble maintenant être la personnalité Hamas la plus forte et la plus populaire, tant à Gaza qu'en Cisjordanie .

Des observateurs à Gaza disent cependant que la victoire de Haniyeh est loin d'être garantie.

Mostafa Ibrahim, journaliste et analyste politique de la Bande de Gaza, a dit à Al-Akhbar que les intentions d'Haniyeh étaient claires, mais que plusieurs facteurs jouaient en sa défaveur. Selon lui, le Hamas préfère que le président de son bureau politique soit en dehors de Palestine, pour qu'Israël ait davantage de difficultés à lui interdire de voyager ou à l'assassiner. Les fonctions de président sont principalement diplomatiques. Elles requièrent une liberté de circulation d'un pays à un autre sans entrave. En tant que résidant de Gaza, Haniyeh ne jouit pas de cette liberté.

Ibrahim a également indiqué que le conseil général de la Shura [l'autorité suprême du Hamas dans la bande de Gaza, ndt] ne peut pas élire Haniyeh s'il ne démissionne pas de son poste de Premier ministre. Ceci constituera un dilemme politique et constitutionnel pour le Hamas, qui maintient qu'Haniyeh est le Premier ministre légitime nommé par le Président palestinien Mahmoud Abbas.

La démission d'Haniyeh serait le coup de grâce à la légitimité du Hamas à Gaza. Toute nouvelle désignation d'un Premier ministre devra être approuvée par Abbas à Ramallah.

Le système électoral à l'intérieur du Hamas diffère de celui des autres partis palestiniens. Sa direction est choisie dans le plus grand secret par le conseil général de la Shura, dont les membres sont inconnus, sauf qu'ils sont choisis à parts égales à Gaza, en Cisjordanie , dans les prisons de l'occupation et dans la diaspora.

Mostafa al-Sawwaf, journaliste et analyste politique proche du Hamas, n'est pas d'accord avec Ibrahim. Il dit que la démission d'Haniyeh est inutile puisque les leaders du Hamas sont choisis par le conseil sans faire acte de candidature.

Sawwaf, qui est également directeur général au ministère de l'Information du Hamas, ajoute qu'il n'y a pas de compétition ou de candidature dans les élections Hamas. Le conseil de la Shura choisit ceux qu'ils jugent les plus aptes en fonction des postes.

Sawwaf réfute également que le fait qu'Haniyeh ait désigné un adjoint pour prendre en charge beaucoup de ses fonctions signifie qu'il ait l'intention de prendre la direction du Hamas.

Néanmoins, Sawwaf n'a pas exclu la possibilité qu'Haniyeh soit nommé à la présidence du bureau politique. Il n'a pas non plus exclu une autre nomination.

Il a dit que la question était entouré de secret, et que le conseil de la Shura pourrait même ne pas annoncer le nom du nouveau président pour des raisons sécuritaires et stratégiques, bien que la façon dont le nouveau président pourrait mener à bien ses missions diplomatiques dans le secret demeure obscure.

Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM