Palestine - 19 juin 2013

Le Hamas et la fin d’un mythe

Par Al Manar

Avec Irib et AlQuds al-Arabi.

Le quotidien panarabe AlQuds al-Arabi s’est penché mardi sur le récent appel du Hamas au Hezbollah de retirer ses résistants de la Syrie. Cet appel marque la fin d'une alliance fructueuse qui a longtemps inquiété l'axe américano-israélien. Selon le journal, "le mouvement de la résistance palestinienne se trouve ces temps-ci dans une véritable impasse (la guerre en Syrie), qui le met face à de très difficiles choix." Et ces choix pourront s'avérer de véritables pièges au regard de l'étau israélien qui se resserre autour de Gaza et de la crise financière qui s'élargit de jour en jour.

Ismail Hanieyh accueille le Cheikh Al Qaradawi à Gaza le 8 mai 2013
Il n'y a pas si longtemps, la résistance palestinienne jouissait du soutien du camp anti-israélien dans la région, et bénéficiait de l'appui militaire, politique et financière des composantes de l'axe de la résistance ; mais depuis que la guerre contre la Syrie a commencé, les dirigeants du Hamas ont été amenés à faire un choix : rester aux côtés d'Assad ou bien quitter le camp anti-américain et s'engager dans la vaste tranchée qui est celle des pro-américains et battre les tambours de la guerre anti Assad. 

Le chef du bureau politique du Hamas, Mechaal a choisi la seconde option et s'est engagé sous la bannière des Frères musulmans et des salafistes extrémistes présidé par Youssef Al Qaradawi.

En effet, les dirigeants du Hamas se sont trompés dans leurs prévisions : ils croyaient que le régime Assad allait être renversé au bout de quelques semaines ou quelques mois et que la Syrie se transformerait en une seconde Libye, Tunisie ou Egypte.

Eh bien non, le régime syrien continue à résister à la grande surprise des Etats-Unis et de leurs alliés arabes.

Que le Hamas se soit détourné de la Syrie pour tomber dans les bras de l'Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie, cela ne pouvait que l'éloigner de l'axe syro-iranien, et par conséquent du soutien financier et militaire fourni par cet axe au Hamas.

Les relations du Hamas avec son allié stratégique au Liban, à savoir le Hezbollah, se sont mises aussi à se détériorer.

La victoire de l'armée syrienne à Qousseir a poussé la résistance palestinienne à sortir de son silence et à mettre un terme à cet état de pseudo neutralité où il se trouvait face à la Syrie.

Le lundi 17 juin, l'un des dirigeants du mouvement s'en est pris violemment sur sa page facebook au Hezbollah et a exigé le retrait de la résistance libanaise de la Syrie.

D’aucuns ont vu dans cet appel précipité l'expression de l'inquiétude du Hamas de voir la polarisation sunnite chiite s'accentuer dans la foulée de la présence du Hezbollah en Syrie. Mais qui croit à cette blague ?

Quand le régime Assad a abrité le Hamas sur son sol, il n'a pas pensé au fait que le mouvement est en général un mouvement sunnite par excellence. Idem pour l'Iran et pour le Hezbollah qui dans leur alliance n'ont jamais attaché la moindre importance à ce que le Hamas ne soit pas chiite !

En effet l'appel hostile du Hamas est en lien avec le contexte qui s'est soudain détérioré ces derniers jours, avec un Morsi réclamant la rupture de ses relations avec le Hamas, et un Qaradawi en pleine conférence au Caire fulminant contre le Hezbollah et l'Iran !

Il est évident désormais que le Hamas a fait le choix de rompre définitivement avec l'axe de la résistance et à se placer dans le camp que les Américains appellent "modéré" !

La question est dès lors la suivant : pour quel objectif ? La résistance islamique de la Palestine est né dans le sillage d'un idéal, celui de libérer la Palestine et de restituer les droits de son peuple... Le camp dit "modéré" aidera-t-il le Hamas à réaliser cet objectif ?!

Source : Al Manar