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Nation arabe - 20 avril 2015
Par Joseph Massad
C’est devenu un lieu commun que de présenter les islamistes arabes de tous bords (libéraux, conservateurs, radicaux, néolibéraux, modérés, extrémistes, non-violents, violents, etc.) comme une des plus – si ce n’est la plus – dangereuses des menaces au sein des forces politiques présentes dans le monde arabe depuis la guerre de 1967.
En réalité, comme on va le voir, c’est une nouvelle sorte de libéraux arabes – laïques et islamistes (même si les premiers ont été de loin les plus dangereux – qui ont constitué et qui continuent à constituer la force politique la plus destructrice dans le monde arabe d’après la guerre de 1967.
(Ahmed Asad / APA images)
Pour faire la guerre occidentalo-israélo-saoudienne contre le président Nasser et le nationalisme arabe anti-impérialiste, il fallait mettre au monde une nouvelle intelligentsia libérale. Son émergence, à la fin des années 1950 et durant les années 1960, avant la guerre [de 1967], faisait partie de la « guerre froide culturelle » sponsorisée par les USA qui, partout dans le monde, finançaient des intellectuels pour la croisade impériale anticommuniste et antisocialiste qui visait également les nationalismes anti-impérialistes du tiers-monde.
Cette guerre s’inscrivait pleinement dans la doctrine Eisenhower, imaginée par les Américains en 1957 pour intervenir au Moyen-Orient, de façon militaire ou non, afin de contrer l’influence soviétique. C’est dans ce contexte que les USA sont intervenus au Liban en 1958 contre le nationalisme arabe, sous les applaudissements, dans la presse, des libéraux libanais financés par les Saoudiens et les États-Unis.
Nombre de ces intellectuels arabes libéraux étaient au service des services secrets des USA ; eux-mêmes et leurs journaux étaient financés par les USA et les régimes du Golfe, en particulier par les Saoudiens. Ils chantaient les vertus de l’Occident libéral face aux formes soviétiques ou non soviétiques de communisme ou de socialisme, tout en s’en prenant au nationalisme arabe nassérien.
Certains avanceront que les libéraux arabes ne s’inscrivent pas réellement dans la tradition libérale. Mais ce qui m’importe ici, c’est moins de savoir s’ils sont plus ou moins fidèles à un libéralisme occidental imaginaire, s’ils sont ou non de « vrais » ou de « faux » libéraux, que de constater qu’ils présentent eux-mêmes et qu’on les présente comme adhérant aux principes « libéraux ». À savoir, des élections parlementaires et présidentielles (executive) libres, la liberté de la presse et l’opinion, la liberté d’association, le contrôle civil du gouvernement et de l’armée, une économie capitaliste et, d’une manière ou d’une autre, une certaine séparation entre l’exécutif et les autorités religieuses.
La sortie d’Égypte
Durant la période qui a suivi la guerre de 1967, l’émergence de ce nouveau type de libéraux arabes a été perçue comme limitée à l’intelligentsia égyptienne pro-Sadate. Elle avait pour principal objectif de combattre le nassérisme, dans ses aspects à la fois socialistes et nationalistes, et de promouvoir les idées pro-américaines. Mais vers la fin du XXe siècle, l’exemple égyptien avait gagné l’ensemble du monde arabe.
Les libéraux égyptiens des années 1970 chantaient les louanges du pouvoir américain. Ils appelaient à l’entrée du capitaliste impérialiste dans leur pays, tout en militant pour une capitulation totale devant les colons juifs israéliens, sous l’étendard d’une « paix » négociée par celui qui avait succédé à Nasser, le président Anouar el-Sadate.
Ils affirmaient qu’il fallait pardonner à l’Etat israélien tous ses péchés. Et que faire de l’Égypte son valet, en même temps que celui des États-Unis, apporterait aux Égyptiens de nombreux bénéfices économiques et politiques. Les Frères musulmans, qui, à la faveur de leur transformation libérale dans les années 1970, avaient gagné le droit de s’asseoir à la table de Sadate, allaient rejoindre les libéraux dans le champ politique, contre l’héritage nassérien.
À côté des intellectuels fonctionnaires d’État, des écrivains et des artistes de premier plan participèrent à cette campagne : des romanciers comme Youssef al-Sibaï ou Naguib Mafouz, des figures moins en vue comme le dramaturge Ali Salem, pour ne rien dire du célèbre compositeur et interprète Mohammed Abdelwahab ou d’intellectuels et d’universitaires tels qu’Anis Mansour et Saad Eddine Ibrahim parmi bien d’autres. Alors que Mafouz et Abdelwahab appartenaient à une génération plus ancienne de libéraux égyptiens qui n’avait pas grand-chose à voir avec celle apparue après les années 1960, avec ses médiocres fonctionnaires d’État du type Anis Mansour, alors rédacteur en chef d’October, une revue publiée par le secteur public, tous, d’une manière ou d’une autre, se joignirent au projet idéologique d’Anouar el-Sadate.
Au passage, il convient de mentionner que si la génération plus ancienne de libéraux arabes apparue au début du XXe siècle, qui s’était développée durant les années 1920 et 1930, était largement pro-européenne dans ses options « civilisationnelles », elle n’était pas systématiquement pro-coloniale, même si beaucoup de libéraux l’étaient. En fait, certains d’entre eux à l’image de Lutfi Essayed, le « père du libéralisme égyptien » et du nationalisme égyptien anti-arabe, était même assez amical avec le sionisme. Au point, d’assister d’ailleurs aux festivités qui marquèrent l’ouverture d’une université hébraïque à Jérusalem en 1925.
Alors que les libéraux pro-Sadate étaient condamnés et bannis partout dans le monde arabe (Sibaï, qui avait été ministre de la Culture de Sadate, fut même assassiné par le groupe Abou Nidal en représailles à sa visite en Israël et à son soutien à la capitulation de Sadate), l’alliance qu’ils avaient conclue avec les USA et Israël ainsi que leur battage en faveur du bradage de l’Égypte à une nouvelle classe d’affaires ne devaient guère amener de prospérité. Au contraire, on assista à un appauvrissement extrême de la plupart des Égyptiens, ainsi qu’à la destruction de tout ce qu’avait réalisé le régime nassérien prélibéral dans les domaines de l’éducation et de la santé.
La seule chose qui avait augmentée ou qui s’était développée dans cette Égypte soutenue par les libéraux, c’était le niveau de répression politique et économique, et pour de nombreuses décennies, ainsi que l’aliénation de millions d’Égyptiens qui allaient perdre toute possibilité d’un avenir économique, sauf pour les centaines de milliers d’entre eux (par la suite jusqu’à 4 millions) qui allaient trouver des contrats de travail dans les pays environnants : Libye, Jordanie, Irak et les Etats du Golfe. Dans le même temps, des dizaines de millions d’Égyptiens végétaient dans une terrible pauvreté.
Le libéralisme gagne la Palestine
Vers la fin des années 1980, la ligne politique et économique mise en avant par les libéraux égyptiens, ainsi que les alliances internationales qu’ils favorisaient, allait être adoptée en vrac par une nouvelle classe d’intellectuels palestiniens, irakiens, et aussi algériens dans une moindre mesure, intellectuels qui avaient été jusqu’alors résolument de gauche, anti-impérialistes et socialistes.
Dans cette perspective, des intellectuels palestiniens en Cisjordanie et à Gaza militèrent pour une solution à deux Etats qui ferait de ces territoires (Gaza et la Cisjordanie ) un État indépendant, aux dépens de la diaspora palestinienne et des citoyens palestiniens d’Israël.
C’étaient les droits de ces deux derniers groupes que lesdits intellectuels, sous l’égide de l’OLP, cherchaient à troquer contre un Etat indépendant accordé exclusivement à un tiers du peuple palestinien, celui qui vivait en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Beaucoup se mirent ainsi à prédire que le « processus de paix » soutenu par les USA allait faire de la Cisjordanie et de Gaza un nouveau Singapour, un miracle économique qui transformerait la vie des Palestiniens qui s’y trouvaient, aux dépens de tous les autres.
Lorsque l’OLP adopta pleinement cette ligne de conduite, des intellectuels palestiniens libéraux devinrent conseillers, consultants, négociateurs ou encore ministres de l’Autorité palestinienne, accroissant encore l’énorme pauvreté qui régnait en Cisjordanie et à Gaza, érodant le soutien international au droit des Palestiniens et multipliant les forces de répression par l’ajout de services de sécurité palestiniens en plus de ceux de l’armée d’occupation israélienne. Tout cela aboutit au gaspillage de ce qui avait été accompli sur le plan économique et politique durant la première intifada.
Invasions impériales
Parallèlement à la montée de cette classe intellectuelle libérale en Palestine, l’invasion de l’Irak en 1990 laissa le champ libre à une nouvelle classe de libéraux irakiens, alliés aux intérêts géostratégiques de l’Empire américain, et qui appelèrent immédiatement, au nom de la démocratie et de la fin d’une dictature, à l’invasion de leur pays.
L’invasion américaine de 1991 expulsa les forces irakiennes du Koweït mais laissa le gouvernement de Sadam Hussein en place, tout en soumettant le pays à des sanctions qui firent des centaines de milliers de victimes – un prix que la secrétaire d’État Madeleine Albright jugea publiquement « valable » au regard des objectifs américains.
L’invasion de 2003, sous commandement américain et sous prétexte de localiser les « armes de destruction massive », permit aux libéraux d’obtenir ce qu’ils attendaient. Elle fit des millions de victimes, dont on n’a pas parlé, et détruisit le pays tout entier, pendant qu’une classe d’intellectuels compradors s’enrichissait, ainsi que les milieux des affaires, anciens et nouveaux, qui s’étaient mis au service des envahisseurs.
Nombre d’entre eux collaborèrent lors de l’occupation du pays par les USA et avec le régime qu’ils mirent en place. Cependant, s’il est vrai que les libéraux irakiens furent les premiers à appeler ouvertement à une invasion de leur pays par l’Empire, on ne doit pas oublier le précédent de Gibran Khalil Gibran et de quelques autres expatriés libanais, libéraux et pro-français. Installés à New York, ils appelèrent en 1918 à une invasion ou « protection » par les Français de la Syrie pour la libérer les Turcs.
Dans le même temps, il y eut le coup d’État militaire en Algérie contre les islamistes élus au début de l’année 1992. Il déclencha une longue guerre civile et une violence militaire qui firent près de 200.000 victimes. Certains de ces libéraux laïques extrémistes, ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie par exemple, se montrèrent en faveur de « l’éradication » par l’armée des islamistes.
Incitations sectaires
Tout cela ne manque pas d’ironie. Terrifiés par la joie mauvaise (schadenfreude) que révélaient les manifestations massives partout dans le monde arabe en solidarité avec l’Irak – manifestations qui ne montraient pas la moindre trace de sympathie pour le Koweït et les autres puissances pétrolières du Golfe –, les rien de moins que libéraux Saoudiens, (illiberal Saudis), lancèrent des quotidiens transnationaux et des chaînes de télévision satellitaires pour bombarder le monde arabe de leur propagande libérale pro-saoudienne et pro-USA, afin de contrer cette marée arabe nationaliste et anti-impérialiste hostile aux régimes arabes alliés aux USA.
Partout dans le monde arabe, des intellectuels se joignirent à cet effort, abandonnant leurs anciennes positions de gauche – communistes, nassériennes et islamistes. Il leur était beaucoup plus profitable d’adopter une ligne politique libérale pro-américaine et pro-israélienne, ainsi que la doctrine économique néolibérale passée à l’ère de la globalisation. À l’aube du nouveau millénaire, les Saoudiens et les Américains lancèrent de nouveaux ordres à leurs médias pour qu’ils mettent en œuvre une campagne sectaire sans précédent contre les chiites, à l’intérieur et à l’extérieur du monde arabe.
Le premier à donner forme à cette campagne fut Abdallah, nouveau roi de Jordanie et prétendu nouveau libéral au pouvoir absolu. Le roi fit part de la peur que lui et d’autres éprouvaient face à l’essor d’un « croissant chiite » dans la région.
C’est dans ce contexte régional que les libéraux syriens prirent le train en marche. À la mort, longtemps attendue, du président Hafez al-Assad en 2000, ils lancèrent ce qu’ils appelèrent le « Printemps de Damas » dans des salons intellectuels et depuis le perron de l’ambassade américaine dans la capitale syrienne, ambassade dont l’attaché culturel était un des principaux sponsors de leur « printemps ».
Rapidement anéantis par le pouvoir autoritaire de Bachar al-Assad, les libéraux syriens allaient réapparaître en 2011, en affirmant parler pour des forces « révolutionnaires » qui, conjointement à la répression du régime de Bachar al-Assad, ont provoqué la mort de centaines de milliers de personnes ainsi que la destruction du pays.
L’ambassadeur des USA allait soutenir leurs efforts en organisant des rendez-vous et en répartissant les rôles au sein de l’opposition syrienne en exil. À l’image de leurs homologue irakiens, les libéraux syriens – laïques aussi bien qu’islamistes – appelèrent à une intervention de l’Empire pour mettre fin à la dictature au nom de la démocratie. Leurs vœux ont été exaucés avec l’établissement du très radical (draconian) État islamique en Irak et au Levant (EIIL ou encore seulement « État islamique »).
Pour ne pas être en reste, les libéraux libanais et autres anciens gauchistes, communistes et nationalistes arabes devaient également avoir leur propre « printemps », suite à l’assassinat du millionnaire néolibéral – corrompu et corrupteur – Rafik Hariri, en 2005. Ils allaient participer au lancement d’une campagne sectaire locale contre les chiites du pays, et appelleraient à davantage d’intervention de l’Empire pour les sauver de la puissante Syrie (mais pas de leurs voisins israéliens, pourtant bien plus dangereux). Ils relanceraient également les anciennes campagnes contre les Palestiniens, applaudissant à la destruction par l’armée libanaise du camp de Nahr el-Bared en 2007. Alors que leur pays était sous les bombardements israéliens en 2006, nombre de ces libéraux faisaient l’éloge, en privé et en public, des Israéliens, priant pour que la destruction des combattants du Hezbollah permette de restaurer un ordre « libéral » qu’ils attendaient depuis bien longtemps.
Extrémisme libéral
Grâce aux bons offices de leurs protecteurs aux USA et en Arabie saoudite, la prolifération des libéraux arabes allait permettre encore plus d’extrémisme libéral. La presse financée par l’Arabie saoudite (presse traditionnelle et électronique, du type Al-Sharq al-Awsat ou Elaph) a commencé à épouser ouvertement et sans la moindre pudeur les thèses sionistes et pro-israéliennes. En 2007, les libéraux arabes allaient également encourager le coup d’Etat antidémocratique de l’Autorité palestinienne contre le Hamas, démocratiquement élu, un coup réussi en Cisjordanie mais qui a échoué à Gaza. Cette classe intellectuelle palestinienne compradore et libérale a tenté également de se soumettre totalement aux diktats politiques, militaires et économiques d’Israël et des USA (le Premier ministre néolibéral de l’époque, Salam Fayyad, est le meilleur exemple de cette soumission). Elle a également espéré que les invasion israélienne de Gaza en 2008-2009, en 2012 et en 2014, liquideraient le Hamas, un espoir qu’a toutefois anéanti la détermination du Hamas et des autres groupes engagés dans la résistance militaire.
C’est sur cet arrière-plan que les libéraux arabes – laïques et islamistes confondus – allaient faire leur apparition durant ce qu’il est convenu d’appeler le « Printemps arabe » de 2011, en tant que leaders des révoltes en Égypte et en Tunisie (ainsi qu’en Syrie, en Libye, au Bahreïn et au Yémen). Dans le cas très révélateur de la Tunisie, les luttes intestines entre libéraux laïques et islamistes (principalement ceux du parti Ennahdha) ont débouché sur un modus operandi qui a conduit à la restauration partielle de l’ancien régime.
En Égypte, les libéraux laïques sont devenus, du jour au lendemain, de purs fascistes et ils ont soutenu ouvertement les forces pro-Moubarak au gouvernement, dans l’armée et dans le secteur des affaires, contre les Frères musulmans libéraux et néolibéraux qui furent seulement capables, durant leur bref passage au pouvoir, de s’allier avec l’armée de Moubarak, laquelle finit par faire tomber leur gouvernement.
Les communistes et les nassériens ont rejoint les rangs libéraux ; comme les libéraux, ils sont devenus des fascistes qui déguisent toutefois leur fascisme en une sorte de « libéralisme ». Ils ont prétendu et continuent de prétendre, inlassablement, que soutenir un coup d’Etat militaire contre les Frères musulmans, libéraux et élus, ainsi que les massacres de masse qui ont suivi le coup d’Etat commis par les autorités, constitue le stade suprême du libéralisme et de la restauration d’un ordre libéral.
Les libéraux arabes sont allés jusqu’à déclencher une guerre contre les musulmans et les Arabes en Europe, affirmant qu’ils devaient s’assimiler au sein des sociétés chrétiennes et laïques qui les « accueillent ». Le très libéral cheikh d’Al-Azhar, à la tête de cette institution musulmane de premier rang, a demandé aux musulmanes françaises de se conformer aux lois de la France et de ne pas porter le hijab. Pourtant, ce sont les mêmes libéraux arabes et musulmans qui réclament que les chrétiens arabes ne soient pas soumis aux règles de la culture musulmane majoritaire dans les sociétés où ils vivent, et que les musulmans et État musulman respectent la particularité de leur tradition religieuse.
On reste stupéfait par ce que peuvent faire en si peu de temps l’argent et le pouvoir politique de l’Arabie Saoudite et des USA (sans oublier le rôle crucial joué par Israël). Depuis le début des années 1990, la prolifération dans le monde arabe d’ONG américaines ou européennes a réussi (comme ailleurs) à enrôler de véritables armées d’intellectuels et de techniciens arabes au service du libéralisme des USA, d’Israël et de l’Arabie saoudite (à sa manière).
Ce sont les libéraux arabes – en particulier et surtout les laïques – qui ont rendu possible et justifié un tel niveau de destructions partout dans le monde arabe. De leur côté, les islamistes libéraux ont réclamé et applaudi à l’intervention de l’OTAN, directement en Libye et via la distribution à grande échelle d’argent et d’armes en Syrie. De telles destructions sont sans précédent, même à l’époque coloniale.
Si l’on doit faire le bilan des libéraux arabes, on ne peut que constater l’énormité des horreurs qu’ils ont commises ou contribué à rendre possibles dans le monde arabe. Des millions de morts et de blessés en Irak, en Syrie, en Algérie, en Palestine, au Liban, en Égypte, au Yémen, et en Libye ; la destruction complète de l’Irak, de la Syrie, de Gaza, de la Libye et maintenant du Yémen ; la pauvreté généralisée en Égypte, en Palestine, en Irak et en Syrie, pour ne rien dire du Liban, de la Jordanie, du Maroc, de la Tunisie, du Yémen, du Soudan, entre autres pays : tout cela a été commis avec la bénédiction d’une majorité de libéraux arabes.
En fait, nombre de ces événements sont le résultat direct de politiques voulues par des libéraux, au pouvoir ou dans l’opposition, ou encore par des intellectuels libéraux. Ces libéraux continuent à travailler sans relâche pour justifier cette destruction et faire porter la responsabilité de ces crimes sur d’autres, tout en justifiant les crimes commis par leur patron.
Ni un groupe extrémiste et radical comme l’Etat islamique en Irak et au Levant, ni son précurseur Al Qaïda ne peuvent se targuer d’un chiffre aussi astronomique de destructions, d’une telle misère ! Les destructions commises avec le soutien des libéraux sont telles que même les horreurs dues au parti Baath, dans ses versions irakienne et syrienne, que ce soit dans ces deux pays ou chez leurs voisins, paraissent moins importantes en comparaison. Malgré cela, ce sont ces mêmes libéraux qui continuent à parler de liberté, de paix, de prospérité, alors qu’ils apportent toujours plus de répression, de guerres et de pauvreté.
Les libéraux arabes, le libéralisme arabe ont été un des principaux ennemis de la justice sociale, politique et économique dans le monde arabe durant les cinquante dernières années. Prétendre le contraire, ce serait ignorer la liste de tous leurs crimes et oublier l’horrible réalité qu’ils ont contribué à engendrer.
Original en anglais "The destructive legacy of Arab liberals" sur The Electronic Intifada le 30 mars 2015.
Traduit par Yves Gonzalez-Quijano, animateur du site Culture et Politique arabes.
Une version en arabe est en ligne sur Al-Akhbar.
Source : Culture et politique arabes
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Joseph Massad
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