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USA -

Le lobby et le bulldozer : Mearsheimer, Walt et Corrie

Par

Publié d'abord sur Commondreams. Dernier livre de Norman Solomon : "War Made Easy : How Presidents and Pundits Keep Spinning Us to Death" ("La guerre facilitée : comment les présidents et les beaux-parleurs continuent à nous entraîner vers la mort"). Pour plus d’information : www.WarMadeEasy.com)

Des semaines après qu’un magazine britannique ait publié un long article intitulé : "Le lobby israélien", écrit par deux professeurs américains (1) (2) (3), l’outrage continue de gronder dans les principaux média U.S.
L’éditorial du Los Angeles Times, rédigé par le Conseiller aux Affaires Etrangères Max Boot a donné le ton général. Il a condamné l’étude faite par les professeurs John Mearsheimer et Stephen Walt, dont des extraits ont été publiés la semaine dernière dans la London Review of Books.

Max Boot a déclaré que c’était un rapport "bidon". Et il a fortement suggéré que les deux professeurs – Mearsheimer, de l’Université de Chicago, et Walt, d’Harvard – étaient antisémites.

Nombre de ceux qui ont participé à l’attaque dans les médias ont fait plus que "suggérer".

Le 3 avril, par exemple, le jour même où le Philadelpha Inquirer publiait l’article de Boot à partir du Los Angeles Times, un éditorial similaire apparaissait dans le Boston Herald sous le titre : "Paranoïa antisémite à Harvard".

Et ainsi va la chambre d’écho médiatique. Lorsqu’un professeur de l’Université John Hopkins "chargea" sur la page éditoriale du Washington Post la semaine dernière, le titre était émoussé : "Oui, il est antisémite". L’article qualifiait platement l’essai Mearsheimer-Walt de : "travail académique dément" - et "antisémite".

Mais il n’y a rien d’antisémite dans ce rapport.

Certaines des analyses de Mearsheimer et Walt sont discutables. Plusieurs facteurs essentiels influent sur la politique moyen-orientale d’Oncle Sam, en plus des pressions pro-israéliennes. Mais personne ne peut nier que le Comité des Affaires Publiques Américano-Israéliennes (AIPAC – American Israël Public Affairs Committee) est l’un des plus puissants groupes de lobby pro-israélien à Washington, où les politiciens savent qu’ils critiquent Israël à leurs risques et périls politiques.

De plus, l’essai Mearsheimer-Walt fait le point de manière très solide sur les aspects destructifs du soutien US au gouvernement israélien. Leurs assertions méritent d’être prises sérieusement en considération.

Depuis les dernières décades, le traitement par Israël du peuple palestinien est une somme de violation des droits de l’homme méthodique et ignoble. Pourtant toute critique de cette politique (même par un juif américain comme moi) se voit immanquablement qualifiée de bigoterie anti-juive.

La réaction des médias US à l’essai écrit par les professeurs Mearsheimer et Walt nous fournit une preuve de plus qu’ils ont parfaitement raison lorsqu’ils affirment : "Quiconque critique les actions d’Israël ou démontre que les groupes pro-israéliens ont une influence prépondérante sur la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient – une influence revendiquée par l’AIPAC – a de fortes chances d’être traité d’anti-sémite. Evidemment, quiconque déclare qu’il y a un Lobby pro-israélien court le risque d’être accusé d’anti-sémitisme même si les médias israéliens font référence au "Lobby juif" américain. En d’autres termes, le Lobby se vante d’abord de son influence puis attaque quiconque y fait référence. C’est une tactique très efficace car personne ne veut être accusé d’antisémitisme."


Il est triste de constater que peu de médias aux Etats-Unis osent se confronter à cette "tactique très efficace". Elle doit pourtant être défiée.

Comme l’écrivait le Financial Times de Londres en éditorial le 1er avril : "Le chantage – la crainte que toute critique de la politique israélienne et de son soutien par les Etats-Unis conduira à une accusation d’antisémitisme – dissuade puissamment d’écrire des analyses différentes. Il réduit également au silence le débat politique sur les campus universitaires américains, et c’est en partie le résultat de campagnes ciblées contre les dissidents."

L’éditorial du Financial Times note : "Le réflexe qui d’habitude fait prendre automatiquement la défense du débat ouvert et de la libre investigation se bloque – du moins parmi l’élite politique américaine – dès qu’il est question d’Israël, et en particulier du rôle du lobby pro-israélien dans la détermination de la politique étrangère des Etats-Unis."

La politique du gouvernement US envers Israël devrait être jugée sur ses mérites. Et c’est un des nombreux points argumentés par Mearsheimer and Walt dans leur essai décrié : "Un débat ouvert révèlerait les limites stratégiques et morales du soutien unilatéral U.S. et pourrait pousser les U.S. à adopter une position plus cohérente avec ses propres intérêts nationaux, avec les intérêts des autres Etats de la région, et également avec les intérêts à long terme d’Israël."

Mais sans débat ouvert, il n’y aura aucun changement significatif dans ces politiques. Cette inertie – qui fige le sang du corps politique en restreignant le flot d’informations et d’idées – est une antithèse au discours démocratique que nous méritons.

Peu d’universitaires américains ont osé s’exposer à des risques professionnels comme l’ont fait John Mearsheimer et Stephen Walt en publiant leur rapport provocateur. Et peu de militants américains ont osé s’exposer aux risques qu’a pris Rachel Corrie en s'interposant entre une maison palestinienne et un bulldozer Caterpillar à Gaza il y a trois ans.

Le bulldozer, conduit par un soldat de l’armée israélienne qui avait l’ordre de démolir la maison, a roulé sur Corrie, âgée de 23 ans. Son choix de la non-violence lui a coûté la vie. Mais elle a rarement été félicitée dans les articles des mêmes médias américains qui avaient encensé l’image de cet homme seul et désarmé, en face d’un tank chinois, au moment du massacre de la Place Tienanmen.


En contraste frappant avec les tueurs équipés de haute technologie qui composent l’appareil militaire israélien et ceux équipés de basse technologie qui s’engagent dans des attaques-suicides, Rachel Corrie a mis ses actes en accord avec sa foi en l’action non-violente plutôt que le carnage.

Elle est l’exemple du meilleur de l’esprit humain en action ; elle a été tuée par un bulldozer de marque américain au service d’un gouvernement soutenu par les U.S.


Comme l’ont dit ses parents, Cindy et Craig Corrie, dans son discours d’anniversaire quelques semaines après sa mort : "Rachel voulait attirer l’attention sur la situation du peuple palestinien dans les Territoires Occupés, peuple qui lui semblait complètement invisible aux yeux de la plupart des Américains ."

Aux Etats-Unis, le siège des médias par le lobby pro-israélien vise à les maintenir à peine visibles.


NOTES :

(1) Le Lobby Israélien - partie 1 par John Mearsheimer et Stephen Walt


(2) Le Lobby Israélien - partie 2 par John Mearsheimer et Stephen Walt

(3) Pas de réponse du Lobby pro-Israélien suite à l'attaque des universitaires par Ori Nir

Source : http://www.palsolidarity.org

Traduction : MR pour ISM

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