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France - 31 janvier 2013
Par Ibrahim al-Amin
Ibrahim al-Amin est éditeur en chef du quotidien libanais al-Akhbar
Le gouvernement français a décidé de se soumettre au diktat américain et israélien et de prolonger la détention de Georges Ibrahim Abdallah. Ni l’État, ni le gouvernement français n’ont la moindre conscience qu’ils commettent une injustice terrible. Ils n’ont tout simplement pas réalisé que l’on puisse leur faire payer le prix de leur crime vieux de 28 ans contre Abdallah. Les Français viennent aujourd’hui d’imposer des conditions supplémentaires à la libération de Georges, en plus de simplement vouloir gagner du temps. Ils souhaitaient le faire secrètement, de sorte que leur sale besogne ne se puisse se voir au grand jour.
Ils ont fini par comprendre que maintenir Georges en otage est plus coûteux que de le libérer... (Photo : Alia Haju)
Ils veulent que le discours de bienvenue à l’occasion de son retour au Liban soit fait la nuit, à un moment qu’ils auront choisi et sans l'annoncer. Ils veulent que Georges célèbre l’évènement seul avec sa famille, de sorte que sa victoire sur ses geôliers terroristes passe inaperçue. Ils veulent même que le pauvre État libanais garantisse que la libération d’Abdallah aura lieu conformément à leurs souhaits.
Plus que cela, les Français demandent que toutes les manifestations de solidarité prennent fin, comme le sit-in à l’ambassade française à Beyrouth.
Ils veulent que les Libanais leur soient reconnaissants d’avoir décidé de libérer Georges. Ils veulent que sa famille écrive des lettres de gratitude aux autorités françaises pour avoir libéré leur fils. Ils veulent que nous leur ressemblions, que nous admettions être nous aussi des terroristes, sans morale ou sens de l’humanité.
Ils ont fini par comprendre que maintenir Georges en otage est plus coûteux que de le libérer, car tôt ou tard ils seront tenus de payer le prix de leur crime. Ils comprennent aussi que persister dans leur enlèvement de Georges ouvrira sur eux les portes de l’enfer, comme cela leur est arrivé auparavant dans tous les lieux qu’ils ont colonisé.
Les avertissements de leurs sources de renseignement au Liban et dans la région, sur les dangers de garder Georges en prison, se multiplient de jour en jour. La menace ne vient pas seulement d’un petit groupe d’hommes en colère, ou une famille lésée.
Une de ces sources a récemment dit à qui voulait l’entendre à Paris, qu’il existait une génération de jeunes gens - certains ayant même vécu et étudié en France - suffisamment en colère pour commettre des actes qui causeraient de graves problèmes au gouvernement tant à l’intérieur qu’à l’étranger. Mais nous devons poser quelques questions à notre propre gouvernement.
Il est vrai que Rafik Hariri - que ce soit au sein du gouvernement ou à l’extérieur - n’a jamais soulevé la question avec son grand copain, l’ancien président Jacques Chirac. Il est vrai aussi que d’autres présidents et premiers ministres libanais ont aussi omis de soulever la question de l’emprisonnement de Georges, non par crainte des Français, mais de Georges lui-même, qu’ils considéraient comme un terroriste digne d’une cruelle punition.
Mais pour être juste, le Premier ministre Najib Mikati et son gouvernement ont abordé la question de façon concrète, ce qui a obligé Paris à prendre connaissance que de hauts responsables libanais posaient des questions sur leur concitoyen kidnappé.
Malgré cela, il y a ceux au niveau officiel qui « comprennent » les demandes du gouvernement français, lequel veut que la libération de Georges s’apparente au retour d’un criminel recherché par la justice libanaise.
D’autres dans les couloirs du pouvoir pensent que nous devons sérieusement prendre en compte les préoccupations françaises et américaines concernant cette libération, tandis qu'ils essaient de trouver un accord dans les coulisses qui imposerait une limite à des célébrations publiques, ou au moins y interdirait la participation de n’importe quel représentant du gouvernement.
Il y a aussi ceux qui appellent à une dose de réalisme dans le traitement de cette affaire. Il peut même y avoir des membres de la famille de Georges ou certains de ses amis proches et sympathisants, qui estiment qu’il ne faut pas organiser les choses en dehors de toute proportion.
Certains d’entre eux ne pensent pas qu’il soit nécessaire, par exemple, que des officiels libanais participent à une cérémonie de bienvenue. Mais le comportement criminel de l’État français exige précisément le contraire.
La liberté de Georges devrait être célébrée à la fois par les citoyens et par l’État - la manière dont il sera reçu au Liban est désormais aussi importante que sa mise en liberté. Le symbolisme de cet accueil a une raison simple : faire en sorte que sa liberté contamine ceux qui ici, ont baissé les bras.
Article original en anglais, sur Al-Akhbar le 28 janvier 2013.
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib
Source : Info-Palestine
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