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USA - 18 août 2004
Par Wayne Madsen
Wayne Madsen est l’auteur de l’ouvrage (à paraître) : Jaded Tasks : Big Oil, Black Ops, and Brass Plates. [Missions blasées : Gros pétrole, Editos biaisés et Plaques de cuivre (allusion aux cabinets d’avocats prestigieux, ayant « pignon sur rue », ndt)]. Il a travaillé à l’Agence de Sécurité Nationale sous l’administration Reagan. Il est natif de l’Etat du New Jersey.
Et c’est reparti ! Une nouvelle bombe politique frappe le peuple américain ; encore une fois, il y a une forte présomption de lien avec le labyrinthe souterrain des activités d’espionnage d’Israël. La déclaration faite le 12 août par le gouverneur démocrate du New Jersey, Jim McGreevey, annonçant qu’il démissionnait ne représente sans doute que la partie émergée de l’iceberg d’une énième tentative israélienne (à très haut niveau) de s’immiscer dans les secteurs les plus sensibles de la sécurité nationale américaine et de notre vie politique
Et c’est reparti ! Une nouvelle bombe politique frappe le peuple américain ; encore une fois, il y a une forte présomption de lien avec le labyrinthe souterrain des activités d’espionnage d’Israël.
La déclaration faite le 12 août par le gouverneur démocrate du New Jersey, Jim McGreevey, annonçant qu’il démissionnait en raison de son engagement dans une relation homosexuelle avec un citoyen israélien ne représente sans doute que la partie émergée de l’iceberg d’une énième tentative israélienne (à très haut niveau) de s’immiscer dans les secteurs les plus sensibles de la sécurité nationale américaine et de notre vie politique.
Cette annonce surprise est par ailleurs utilisée par certaines officines médiatiques néoconservatrices pour tenter de discréditer le parti démocrate et d’absoudre Israël de toute implication dans le scandale politique qui vient d’éclater dans le New Jersey.
Les liens entre le gouvernement (entièrement infiltré par la mafia russe) du Premier ministre israélien Ariel Sharon et d’ex-agents du renseignement israéliens et est-européens parmi les plus interlopes sont bien connus - tous les responsables des services judiciaires nationaux (américains, ndt) le disent ouvertement.
Mais ce qui n’est pas encore tout à fait établi, c’est le fait qu’un certain nombre d’agents israéliens non encartés sont encore actifs aux Etats-Unis, et que ces agents n’ont pas particulièrement à cœur les intérêts nationaux américains.
L’on sait que les malfrats israélo-russes et leurs alliés au sein du gouvernement Sharon ont adopté l’un des trucs d’espionnage les plus efficaces, et largement employés par l’ancien KGB et la Stasi est-allemande, à savoir : le recours à des prostitué(e)s ou à des « petits oiseaux des îles » afin de se « rapprocher » intimement des hauts responsables politiques occidentaux. C’est ce qu’on appela, à la grande époque, le « sexpionnage ».
Dans le cas d’Israël, pays qui a accueilli un certain nombre d’ex-agents du renseignement de l’ancien bloc de l’Est durant la guerre froide, et après, cela s’est manifesté par le recours à des prostitué(e)s, tant mâles que femelles. […] Jim McGreevey était une étoile montante dans le camp démocrate. Déjà maire de Woodbridge, une banlieue de New York, il avait décidé de postuler pour une responsabilité au niveau de son Etat. C’est au même moment qu’il apparut sur les écrans radars des services israéliens de renseignement.
En 2000, tandis qu’il lorgnait sur l’assemblée de l’Etat du New Jersey, Monsieur le Maire se joignit à une nombreuse délégation de ses partisans juifs du New Jersey qui effectua une sorte de « pèlerinage géant » en Israël, où il rencontra Golan Cipel, lequel passait pour un responsable de l’information et une sorte de guide touristique du maire de Rishon Le-Zion, une ville de la banlieue de Tel Aviv, qui fut aussi la première colonie sioniste en Palestine.
Toutefois, ce Cipel avait été précédemment attaché de presse au consulat général d’Israël à New York. En 1999, Cipel, qui se présente aujourd’hui comme un modeste employé du gouvernement israélien, à contrat déterminé, à New York, et comme « poète », a prononcé une conférence, au nom du gouvernement israélien, au siège du Centre Simon Wiesenthal, sur la Madison Avenue, sur des sujets très pointus, dont les implications du décès (récent, à l’époque) du roi Hussein de Jordanie, les élections israéliennes à venir et le processus de paix engagé avec l’Autorité palestinienne. Cipel est, par ailleurs, un ancien officier de la marine israélienne, qu’il a quittée avec le grade de lieutenant.
Que quelqu’un comme lui soit passé, de la situation enviable et influente de chargé de missions diplomatiques israéliennes à l’étranger parmi les plus importantes, au job de simple guide touristique à Jérusalem, voilà qui semble, vu superficiellement, extraordinaire.
Mais, dans le monde du renseignement et de l’espionnage, ce sont les nécessités politiques qui dictent ce genre de tournant en épingle à cheveux dans les carrières, et non pas le choix personnel. L’homosexualité, avouée de tout temps par McGreevey, faisait aussi de lui une cible potentielle pour une tentative de séduction à la James Bond, et Cipel, en sa qualité de diplômé (en 1998) du New York Institute of Technology et de chargé de relations avec la presse du consulat d’Israël à New York était très au courant du terrain politique et social du nord Jersey. De plus, il était très introduit dans les milieux républicains de droite.
En 1995, Cipel et le futur reporter au Washington Times Joshua Mitnick, publièrent une lettre d’information de l’ambassade israélienne intitulée « Israël Line » (le Washington Times, journal que possède le Révérend Sun Myung Moon, est l’organe – déficitaire – de l’opinion néoconservatrice).
McGreevey étant rentré de son périple en Israël, et donc revenu dans le New Jersey, Cipel se rendit lui aussi à Iselin, dans ce même Etat, où il fut recruté par un promoteur immobilier milliardaire de Florham Park et collecteur de fonds pour le parti Démocrate, Charles Kushner. Celui-ci avait donné environ 250 000 dollars pour la campagne électorale de McGreevey en vue de l’obtention du poste de gouverneur de l’Etat du New Jersey. Kushner recommanda Cipel, pour un visa lui autorisant de travailler temporairement.
Nommé gouverneur, McGreevey nomma Kushner au bureau des autorités portuaires de New York et du New Jersey, c’est-à-dire chez les véritables propriétaires du World Trade Center.
Kushner a été mis en examen au niveau fédéral, récemment, pour corruption impliquant une escroquerie sur des ventes de terres et pour financement illicite de campagnes électorales. Immédiatement après que McGreevey eut annoncé sa candidature au poste de gouverneur, Cipel devint l’un de ses conseillers électoraux.
Durant l’année 2001, dans le cadre de ses activités d’agent de liaison de McGreevey avec le monde juif, Cipel se vit attribuer un nouveau visa de travail temporaire sur recommandation du Comité démocrate de l’Etat du New Jersey. Une fois McGreevey élu, Cipel fut nommé directeur de la sécurité intérieure de l’Etat du New Jersey, un job à 110 000 dollars l’an.
Le New Jersey se porta garant de Cipel pour un énième permis temporaire de travail, quatre mois seulement après qu’un certain nombres d’Israéliens aient été raflés et arrêtés par la police du New Jersey et les agents fédéraux pour avoir photographié et fêté bruyamment l’écroulement des Tours Jumelles [Twin Towers] du World Trade Center, un certain 11 septembre 2001. [Tiens, cette date me rappelle quelque chose, mais quoi, déjà ? ndt].
Cipel, qui n’avait aucun état de service vérifiable en matière de sécurité, fut recruté par l’administration McGreevey, qui fit valoir on ne sait trop quelle expérience en matière de sécurité de l’impétrant, en raison de ses services dans l’armée israélienne. Un expert militaire israélien a déclaré au New Jersey Courier News (un journal de Bridgewater), que les états de service militaires de Cipel relevaient « tout au plus de la routine du bidasse moyen ».
De plus, Kathryn Flicker, adjointe au procureur général du New Jersey, a été nommée par McGreevey à la tête du service de contre-terrorisme, mais seulement après que Cipel eut été nommé, bizarrement, en qualité de responsable parallèle du contre-terrorisme.
Après que des députés, tant républicains que démocrates, du New Jersey aient dénoncé l’absence de compétences de Cipel et que le gouvernement fédéral eut refusé de lui accorder un sauf conduit sécuritaire parce qu’il n’était pas citoyen américain, l’Israélien a abandonné sa prébende de tsar de la sécurité de l’Etat et il a repris son job antérieur de conseiller ès affaires juives et de conseiller spécial auprès de McGreevey, pour le même salaire annuel (soit 110 000 dollars).
De manière inexplicable, Cipel conserva un effectif de trois assistants pour un emploi ne comportant aucune responsabilité réelle. […] Cipel ne tarda pas à démissionner du gouvernement de l’Etat du New Jersey, et pris un poste au Groupe MWW, une entreprise de relations publiques proche de McGreevey, en qualité de responsable de sa section israélienne, basée à New York.
Après un mois passé chez MWW, Cipel quitta cette entreprise pour rejoindre un groupe de lobbying de Trenton, State Street Partners. Après quelques mois, Cipel retourna travailler pour Kushner. Après la mise en examen fédérale de Kushner, des rumeurs autour des accointances de McGreevey avec le businessman véreux commencèrent à circuler dans la capitale d’Etat.
Après que le scandale McGreevey eut éclaté, le quotidien néoconservateur World Net Daily fit allusion à Cipel, dans un reportage publié le 13 août, en le présentant banalement comme « originaire du Moyen-Orient », sans aucunement faire référence à sa nationalité israélienne.
Yael Kohen, dans le quotidien néoconservateur New York Sun, se contenta pour sa part de qualifier Cipel de « poète israélien ».
Un éditorial, le même jour (13 août), toujours dans le Sun, fustigeant McGreevey, ne mentionnait pas une seule fois que Cipel est israélien. […]
Les néoconservateurs ont sans doute leurs bonnes raisons de vouloir mettre sous le boisseau les origines israéliennes de Cipel – McGreevey est peut-être bien tombé, effectivement, dans un piège visant à ruiner sa carrière politique et à influencer les élections présidentielles américaines à venir.
Lorsque des Etats étrangers sont pris sur le fait de tenter de s’immiscer dans la politique américaine, la tendance quasi unanime du peuple américain consiste à avoir une réaction de rejet pour ce genre d’immixtion. Qu’il suffise de se souvenir des cris et protestations suscités par des contributions financières alléguées de la Chine à des hommes politiques tant démocrates que républicains, sous l’administration Clinton…
Très tôt, dans la campagne électorale, le New Jersey fut considéré par Bush comme un Etat décisif. C’est au moment où John Kerry acquérait une avance à deux chiffres sur Bush dans l’Etat Jardin, que les rumeurs autour de McGreevey et de Kushner furent lancées.
Aujourd’hui, le Gouverneur annonçant sa démission en raison d’un scandale homosexuel, on est amené à soupçonner instinctivement que le chargé en chef des sales tours de Bush, Karl Rove, est dans le coup. Rove est irrésistiblement par ce genres d’affaires sordides, comme une mouche est attirée par un tas de fumier de cheval.
Les Républicains du New Jersey ne sont pas contents, parce que McGreevey ne quittera ses fonctions qu’après le 15 novembre, ce qui signifie qu’une élection spéciale pour la désignation du nouveau gouverneur du New Jersey n’aura pas lieu le 2 novembre, en même temps que les élections présidentielles.
Cela aurait sans doute été une tactique « rovienne » de faire des préférences sexuelles de McGreevey un sujet de campagne afin d’obtenir des votes républicains, lors du Grand Scrutin, dans une sorte de pari consistant à augmenter le nombre de votants fondamentalistes de droite pour Bush, et de draguer les voix des démocrates conservateurs anti-homosexuels de l’Etat, tout en espérant obtenir qu’un Républicain s’installe dans le fauteuil du gouverneur, à Trenton.
A peine McGreevey avait-il annoncé sa démission que les invités de droite, dans les talk-shows télévisés, exigeaient son départ immédiat afin de permettre à l’ancien maire républicain de Jersey City, Brent Schundler, de se porter candidat au poste de gouverneur, dès le 2 novembre. McGreevey avait aisément battu Schundler, en 2001, avec une avance de 15 % des voix. Schundler avait déjà rempli tous les formulaires afin de succéder à Schundler, en 2005.
La situation, au New Jersey, évoque celle de la Californie, où Gray Davis a remporté sa réélection avec une avance de 6 % des voix sur le républicain conservateur Bill Simon, en 2002, pour finir par se voir battu au cours d’une élection intermédiaire moins d’un an après, par l’acteur et culturiste républicain Arnold Schwarzenegger. Les Républicains semblent ne pas être satisfait du processus électoral normal, qu’ils semblent s’acharner à contourner par tous les moyens imaginables.
Si McGreevey mérite d’être condamné pour avoir permis que sa relation avec un étranger homosexuel ait une influence sur ses décisions et offusque son jugement sur des questions importantes ayant trait à la sécurité de l’Etat du New Jersey en des temps lourds de menaces terroristes croissantes, on doit aussi lui savoir gré de ne pas succomber aux pressions qu’exercent sur lui les Républicains afin qu’il démissionne immédiatement, ce qui aurait pour effet de permettre à la machine à coups tordus de Karl Rove d’utiliser ce qui représente pour la famille McGreevey une authentique tragédie pour faire en sorte que les voix décisives du New Jersey soient inscrites dans l’autre colonne que celle où elles devraient atterrir logiquement en novembre prochain.
Source : www.counterpunch.org/madsen08142004.html
Traduction : Marcel Charbonnier
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18 août 2004