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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Les Etats-Unis et Israël discuteraient des moyens de virer le Hamas

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Les Etats-Unis et Israël sont en train de se concerter afin d’étudier les moyens de déstabiliser le gouvernement palestinien afin que les responsables Hamas récemment élus échouent et que des élections soient à nouveau programmées, laissent entendre certains responsables israéliens et diplomates occidentaux.

L’intention, c’est de priver l’Autorité palestinienne d’argent et de relations internationales jusqu’au point où, d’ici quelques mois, son président, Mahmoud Abbas, ne puisse faire autre chose qu’organiser de nouvelles élections, l’espoir étant que les Palestiniens soient tellement mécontents de la vie sous un gouvernement Hamas qu’ils remettraient au pouvoir un mouvement Fatah revu et corrigé.


Les responsables officiels font également valoir l’argument qu’un examen approfondi des résultats des élections montre que le Hamas a remporté une majorité moindre que celle initialement évoquée.

Ces responsables et ces diplomates, qui ont indiqué que cette approche était examinée aux plus hauts niveaux du Département d’Etat et du gouvernement israélien, se sont exprimés sous couvert d’anonymat, car ils ne sont pas habilités à évoquer publiquement cette question.

Ils disent que le Hamas sera placé devant le choix suivant : soit reconnaître le droit à l’existence d’Israël, s’engager à renoncer à la violence et accepter les accords palestino-israéliens signés jusqu’ici – comme l’y exhortent les Etats-Unis et l’Occident en général – soit devoir faire face à l’isolement et à l’effondrement.

Des sondages d’opinion montrent que la promesse faite par le Hamas, d’améliorer la vie quotidienne des Palestiniens, a été la principale raison de son succès.

Mais les Etats-Unis et Israël indiquent que l’existence des Palestiniens ne fera qu’empirer si le Hamas n’obtempère pas à ces trois exigences. Ils disent que le Hamas envisage de renforcer ses milices et qu’il convient donc de le chasser du pouvoir par les sanctions et la faim.


Les responsables qui mettent actuellement le plan au point savent que les dirigeants du Hamas ont déjà repoussé à plusieurs reprises des exigences de changement, et ils ne s’attendent pas à ce que le Hamas obtempère.
"La question, c’est de mettre ce choix sur les épaules du Hamas", a déclaré un diplomate occidental de haut rang. "S’ils font le mauvais choix, toutes les options conduisent dans une mauvaise direction."

La stratégie envisagée ne manque pas d’être risquée, en particulier parce que le Hamas va s’efforcer de s’assurer du soutien dont il a besoin auprès du monde musulman au sens le plus large, en y incluant ses alliés comme la Syrie et l’Iran,, ainsi que de riches donateurs privés.

Il accusera Israël et les Etats-Unis des problèmes qu’il rencontrera, il exhortera le monde entier à ne pas punir le peuple palestinien en raison de son libre choix démocratique, il fera valoir que les très réelles difficultés que provoqueraient un manque d’argent risquent fort d’aboutir à une confrontation armée avec Israël ; ça serait en quelque sorte le début d’une troisième Intifada.

Les responsables qui se sont exprimés ont indiqué que le plan de déstabilisation israélo-américain est fondé en grande partie sur l’argent.

L’Autorité palestinienne a un déficit mensuel en cash variant entre 60 et 70 millions de dollars, même après réception des 50 à 55 millions de dollars qu’elle perçoit d’Israël, en règlement du montant des taxes intérieures et à l’importation que les responsables israéliens perçoivent aux frontières, mais qui sont dues aux Palestiniens.

Israël a annoncé son intention de ne plus verser ces sommes une fois le Hamas au pouvoir, et de placer cet argent sous séquestre. De plus, une partie de l’aide que les Palestiniens reçoivent actuellement sera stoppée ou réduite par les gouvernements des Etats-Unis et de l’Union européenne, qui seront politiquement empêchés de financer une autorité gérée par le Hamas, par leur législation propre, mais aussi par des considérations politiques.

En effet, le Hamas est considéré tant par Washington que par l’Union européenne comme une organisation terroriste.

Israël détient d’autres leviers lui permettant de faire pression sur l’Autorité palestinienne : le contrôle des entrées et des sorties de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, tant en ce qui concerne les personnes que les marchandises.

Cela concernerait les ouvriers palestiniens qui sont autorisés à entrer en Israël quotidiennement, voire même les devises utilisées dans les territoires palestiniens, à savoir : le shekel israélien.

Des responsables israéliens ont envisagé de couper totalement la bande de Gaza de la Cisjordanie et de faire de la frontière entre Israël et la bande de Gaza une frontière internationale. Ils disent aussi qu’ils n’autoriseront pas les députés Hamas au parlement palestinien à voyager librement entre Gaza et la Cisjordanie , certains d’entre eux étant recherchés par les services de sécurité israéliens.

Dimanche dernier, le Premier ministre par intérim Ehud Olmert a annoncé, à la suite d’une réunion du gouvernement, qu’Israël considérera le Hamas au pouvoir à partir du jour où le nouveau Parlement prêtera serment, c’est-à-dire : samedi prochain.

Ainsi, à partir du mois de mars, l’Autorité palestinienne sera confrontée à un déficit budgétaire d’au moins 110 millions de dollars mensuellement, soit plus d’un milliard de dollars pour l’année, somme dont elle a besoin pour payer ses 140 000 employés, qui permettent à un tiers de la population palestinienne de vivre.

Si un gouvernement Hamas s’avère incapable de payer ses employés, d’importer des biens, de transférer de l’argent, et de recevoir un montant important d’aides extérieures, M. Abbas, le président, aurait l’autorité nécessaire pour dissoudre le parlement et convoquer de nouvelles élections, disent les responsables, même si ce pouvoir n’est pas explicitement énoncé dans la loi fondamentale palestinienne.

La possibilité d’une crise économique est réelle. La bourse palestinienne a d’ores et déjà chuté de 20 %, depuis l’élection du 25 janvier dernier, et l’Autorité palestinienne a épuisé sa capacité d’emprunt auprès des banques locales.

Le Hamas perçoit jusqu’à 100 000 dollars d’aide mensuelle, en provenance d’Israël, disent les responsables israéliens et occidentaux. "Mais il est bien difficile de transporter des millions de dollars dans des valises", précise un responsable occidental.

Les Etats-Unis et l’Union européenne, en particulier, veulent que tout échec du Hamas au gouvernement soit imputé à l’échec propre du Hamas, et non aux manœuvres d’Israël et de l’Occident.

Les responsables disent que beaucoup de choses dépendent de M. Abbas, le président Fatah de l’Autorité palestinienne, qui a provoqué les élections du mois de janvier dernier, dispose de quatre années supplémentaires de mandat et insiste sur le fait que le Hamas a le droit démocratique d’exercer le pouvoir.

Mais M. Abbas a aussi menacé de démissionner s’il ne dispose pas d’un gouvernement qui soit à même de mener à bien ses politiques fondamentales – qui incluent, comme il l’a rappelé, des négociations avec Israël en vue d’un traité de paix final, basé sur une solution permanente à deux Etats.

Les Etats-Unis et l’Union européenne l’ont fortement exhorté à rester à son poste et à assumer ses responsabilités, ont indiqué des responsables.

Des diplomates occidentaux ont dit s’attendre à ce que M. Abbas réitère ces positions au cours de son discours de samedi prochain, lors de la cérémonie d’intronisation du nouveau parlement, ce qui aura pour effet de fournir le canevas d’une future confrontation avec le Hamas.

En préparation à un gouvernement sous conduite du Hamas, M. Abbas devrait insister sur le renforcement de sa position en tant que commandant en chef des forces palestiniennes, même si le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont eux aussi un contrôle sur elles, via un conseil sécuritaire présidé par le Premier ministre.

Lundi dernier, le parlement sortant a pris des mesures visant à renforcer les prérogatives de M. Abbas en adoptant une loi qui lui confère le pouvoir de nommer une nouvelle cour constitutionnelle, qui peut opposer son veto à tout projet de loi violant la loi fondamentale palestinienne.

M. Abbas nommerait les neuf juges de la nouvelle cour suprême sans avoir besoin de l’approbation du parlement. Le Hamas a immédiatement protesté : "Le parlement n’a ni mandat, ni l’autorité requise, pour adopter une quelconque nouvelle législation", a déclaré un porte-parole du Hamas, Said Siyam, qui a ajouté que le Hamas s’efforcerait de faire casser ces décisions après la réunion de la nouvelle législature, samedi prochain.

Le Hamas contrôlera au minimum 74 sièges des 132 sièges du parlement, et il bénéficiera vraisemblablement du soutien de six autres députés pour les votes fondamentaux. Mais plus de 10 % des nouveaux législateurs sont d’ores et déjà dans des prisons israéliennes : 10 du Hamas, 3 du Fatah et un du Front Populaire de Libération de la Palestine.

Les Etats-Unis et le Fatah pensent que la victoire du Hamas a été moins éclatante que le total des sièges remportés ne le laisse entendre, a indiqué Khalil Shikaki, spécialiste des sondages et directeur du Centre Palestinien de recherches politiques et sociétales.

Dans une interview réalisée à Ramallah, M. Shikaki a indiqué que si le Fatah avait forcé certains de ses membres à retirer leur candidature indépendante dans les circonscriptions où ils auraient dû se partager les voix avec des candidats officiels du Fatah, celui-ci aurait pu remporter les élections.

La moitié des 132 sièges ont été attribués à la suite d’un vote pour une liste de parti, et l’autre moitié par un vote séparé, destiné à élire un candidat local.

Le Hamas a remporté 44 % des voix, mais 56 % des sièges ; alors que le Fatah a remporté 42 % des suffrages, mais seulement 34 % des sièges. L’explication ? "Le Fatah a mené une campagne déplorable", dit M. Shikaki, et M. Abbas "n’a pas obligé suffisamment de candidats indépendants Fatah à se retirer."

Si 76 candidats Fatah "indépendants" ne s’étaient pas maintenus, dit M. Shikaki, le Fatah aurait remporté 33 sièges et le Hamas en aurait remporté 33. Dans les districts, le Hamas a remporté une moyenne de 39 % des voix, seulement, tout en remportant 68 % des sièges, a-t-il indiqué.

"Aujourd’hui, le Fatah est obsédé par l’idée de casser ces élections, le plus tôt possible", a-t-il dit. "Israël et Washington veulent aussi les faire oublier. L’Autorité palestinienne pourrait s’écrouler avant six mois."

Les nouveaux législateurs du Hamas ne sont nullement impressionnés. Farhat Assad, un porte-parole du mouvement, et Nasser Abdaljawad, qui a remporté un siège à Salfit, où deux candidats Fatah se disputaient les voix, a donné aux Etats-Unis "un an, ou deux" pour se faire à l’idée de traiter ouvertement avec le Hamas.

M. Asaad, un ancien prisonnier, a dit : "Nous espérons qu’il ne s’agit pas là de la politique des Etats-Unis. Parce que ce sont ceux qui essaient de isoler, qui se retrouveront isolés, dans l’ensemble de la région…"

Le Hamas va agir sur deux front parallèles, a-t-il indiqué : le premier front, c’est la réforme de la vie politique palestinienne ; quant au second, c’est "casser l’isolement de notre gouvernement".

Si le Hamas réussit, sur les deux fronts, a-t-il dit, "nous réaliserons une grande chose pour notre peuple : une vie normale, dans la sécurité, et un Etat de droit, où personne ne pourra abuser du pouvoir."

Le Hamas trouvera l’argent dont il a besoin dans le monde musulman, a dit M. Abdaljawad, qui a passé douze années en prison, où il a poursuivi ses études, couronnées par un doctorat. Le Hamas épargnera aussi de l’argent en mettant un terme à la corruption et en apportant l’efficacité. Le Hamas cassera la dépendance palestinienne vis-à-vis d’Israël, a-t-il affirmé.

M. Asaad a ri, puis il a ajouté : "Tout d’abord, je remercie les Etats-Unis, pour nous avoir donné cette arme : la démocratie. Mais il n’y a aucune possibilité de reculer, désormais. Les Etats-Unis et le monde ne peuvent tourner le dos à une démocratie élue…"

Source : The New York Times

Traduction : Marcel Charbonnier

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