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Tulkarem -

Les Palestiniens de Tulkarem résistent à l'occupation israélienne

Par

Tulkarem. La ville résiste, coincée entre le mur d'apartheid qui étrangle le marché du travail et onze usines chimiques israéliennes qui contaminent les terres et les poumons. Tulkarem, une ville palestinienne, au nord-ouest de la Cisjordanie, avec 60.000 habitants, deux camps de réfugiés et 58 villages sur son district.
La ville était riche : dans le passé, elle était une référence économique et commercial car une étape sur les routes commerciales entre la Syrie et l'Egypte, grâce à la ligne ferroviaire turque qui traverse la ville. Aujourd'hui, Tulkarem est en train de mourir. En 1984, les autorités israéliennes ont donné à un ancien militaire l'autorisation de construire dans la ville une usine chimique pour le recyclage du plastique. L'usine Gishuri, auparavant située dans la ville israélienne de Netanya (à 12km de Tulkarem), a été déplacée à Tulkarem car les habitants de Netanya avaient porté plainte contre l'usine pour pollution. Pour installer Gishuri à Tulkarem, l'armée israélienne a "confisqué" 2,2 ha de terre appartenant à la famille palestinienne Abu Sham'a.

Les Palestiniens de Tulkarem résistent à l'occupation israélienne

(photo Nasouh Nazzal/Gulf News)
"L'occupation israélienne a créé à Tulkarem une colonie économique et industrielle," dit Sharif Shahroroi, chef de la Société des Comités de Travail Social, au Centre Alternatif d'Information (AIC). "Après Gishuri, dix autres usines chimiques ont été installées, en particulier après l'Accord d'Oslo. La dernière a été inaugurée en 2007. Et si la ville est située en Zone A, la zone industrielle se trouve dans la "zone de séparation", (seam zone) la bande de terre entre le mur et la Ligne verte, sous contrôle israélien. Ils ont créé une colonie industrielle et ils l'ont annexée à Israël grâce au mur."

Tulkarem est proche de la Ligne verte et du marché du travail israélien. Cette proximité n'est pas anodine. Pour les entreprises israéliennes, les coûts de la main-d’œuvre à Tulkarem sont sensiblement plus bas et le droit du travail israélien n'est pas appliqué aux travailleurs palestiniens (qui tombent sous le droit jordanien de 1964). Peu de droits, moins de protection. Et finalement, d'énormes exonérations des taxes dues aux autorités israéliennes.

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"Aujourd'hui, environ 500 personnes travaillent dans les usines," explique Shahroroi, "tant Israéliens que Palestiniens qui viennent de Tulkarem, Naplouse et Jenin. Les effets de la production des usines sont visibles sur la santé de la population et sur la terre. Les terres proches des installations ont été "confisquées" illégalement et un très grand nombre de résidents ont décidé de quitter ces zones à cause des émanations de la zone industrielle."

Selon plusieurs recherches conduites par l'Université Birzeit et le ministère palestinien de la Santé, les gaz sortant des usines chimiques israéliennes à Tulkarem ont des niveaux élevés de monoxyde de carbone et des substances toxiques qui provoquent des cancers et des maladies respiratoires. Une étude de l'université An-Najah (Naplouse) a trouvé que des cancers et autres maladies directement liées à la pollution chimique touchent 77% des Palestiniens habitant dans le secteur.

En outre, plus de 30 ha de terre agricole sont contaminés par les émissions des usines, tandis que l'analyse de l'eau souterraine locale montre un taux élevé de sel. "La pollution est trop élevée. Et ils le savent : observez comment fonctionnent les usines. Si le vent souffle d'ouest en est, vers la Cisjordanie , les usines marchent. Si le vent souffle dans l'autre direction, vers Israël, les machines sont arrêtées."

Mohannath est propriétaire d'une station-service de l'autre côté de la route, en face du mur de séparation et à quelques mètres de la zone industrielle. "Gishuri a commencé, au début, avec le recyclage du plastique," raconte-t-il à AIC, "et maintenant l'usine produit des peintures et des pesticides. Une autre usine fabrique des citernes souterraines pour l'essence et elle fait souvent des tests pour vérifier si des gaz toxiques s'en échappent."

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(Photo Emma Mancini/AIC)


"Ma station-service a été détruite par l'armée israélienne pendant la Deuxième Intifada. Je l'ai reconstruite, et j'ai ajouté un café. Comme ça, ils comprendront que nous continuons de résister : vous détruisez ma station-service ? Je la reconstruis et j'ajoute un café."

La famille Adib Ras vit à seulement quelques mètres du mur d'apartheid. D'autres familles ont décidé de quitter les lieux à cause de la pollution. "La situation est intolérable," dit Adib Ras à AIC. "Mon fils souffre constamment d'infections oculaires, ma mère est morte il y a trois mois d'un cancer du foie. Beaucoup de personnes sont touchées : le système respiratoire, la gorge, les poumons sont les organes les plus sensibles. Vous savez ? Si vous laissez des vêtements sécher dehors, vous les retrouvez sales. L'eau est souvent noire et les bruits et les lumières venant des industries n'arrêtent jamais. Nuit et jour, jour et nuit. Certains Palestiniens qui travaillent dans les usines disent qu'ils travaillent aussi de nuit parce qu'ils peuvent utiliser des produits illégaux, sans craindre une visite des inspecteurs du gouvernement, qui ne font leurs inspections que pendant la journée."

Il n'y a pas que la santé de la population de Tulkarem qui soit affectée. La terre aussi est en danger, à cause des confiscations et des contaminations. Ainsi, un des secteurs agricoles les plus riches de toute la Cisjordanie voit maintenant sa production décliner.

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(Photo Emma Mancini/AIC)


"L'agriculture est en crise, ici, les fruits et les légumes sont souvent contaminés par l'eau et le sol pollué," dit Fayez Taneeb, agriculteur et coordinateur du Comité de la Résistance populaire à Tulkarem. "J'ai décidé de me lancer dans l'agriculture biologique, mes serres sont fermées. Mais mes produits (fraises, poivrons verts, haricots, concombres, tomates) peuvent de toute façon être contaminés par des substances polluées transportées par le sol."

Sa terre est à côté du mur d'apartheid et de l'usine Gishuri. "Je me souviens qu'en août 2009, nous avons découvert nos cultures entièrement recouvertes d'une poudre blanche. Apparemment, c'était un accident dans l'usine. De toute façon, quelques jours plus tard, les fruits et les légumes ont pourri."

"Pourquoi je continue à travailler ? Pour ma femme. Ce n'est que pour elle que je continue à lutter. J'ai été arrêté plusieurs fois, et chaque fois, elle s'est occupée de notre terre. C'est une femme forte, plus forte que moi."

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Photo POICA

Source : Alternative Information Center

Traduction : MR pour ISM

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