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Gaza - 27 mai 2007
Par Mohamed Shibab
Interview de J.M. Munoz, à Jabalia, pour El Pais
Il y a vingt ans, le pharmacien Mohamed Shihad faisait partie du noyau des fondateurs du Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas). A 50 ans, il est député depuis que son parti a été victorieux lors des élections de janvier 2006. Chez lui, dans le camp de Jabalia, il commente la violence qui plonge Gaza dans la mort.
Convaincu que la lutte de résistance du Hamas contre Israël durera plusieurs décennies, la priorité, assure-t-il, n'est pas de soutenir le gouvernement d'unité nationale. Amateur de comparaisons, le dirigeant islamiste affirme que les dirigeants du Fatah qui dirigent les organes de sécurité loyaux au président "sont un cancer. C'est le moment d'appliquer le bistouri."
Question : Pourquoi n'y a-t-il pas d'accord ferme avec le Fatah ?
Mohamed Shihad : Notre problème n'est pas avec le Fatah, mais avec certains courants de ce parti. Les collaborateurs avec Israël ne font que ce qu'ils veulent et personne n'est capable de les contrôler. Ils ne mettent pas en avant les intérêts du peuple palestinien parce que ce sont les intérêts de leurs patrons israéliens et états-uniens qu'ils cherchent à satisfaire. Un nouveau plan de sécurité a été mis en œuvre il y a dix jours, et la violence est repartie. Ce qui se passe ici est rien moins qu'un coup d'Etat orchestré par les Etats-Unis.
Q : Le président Mahmud Abbas ne contrôle-t-il pas le Fatah ?
Mohamed Shihad : Il n'est nulle part. Il ne dirige pas, mais il veut que son parti en finisse avec le Hamas. Ils n'y arriveront pas. Nous avons conclu des accords avec Abbas, mais d'autres dirigeants suivent des programmes différents. Ces groupes sont un cancer qui achèvera aussi le Fatah.
Il s'agit de Mohamed Dahlan, conseiller à la sécurité nationale, Rashid Abu Shabak, chef de la sécurité préventive et ses supporters, qui ont formé les escadrons de la mort. Abbas ne voulait pas nommer Dahlan, mais les Etats-Unis et Israël l'y ont forcé.
Q : Le gouvernement d'unité ne résoud pas les problèmes de la vie quotidienne. Ses jours sont-ils comptés ?
Mohamed Shihad : Pour l'heure, le plus important est d'extirper cette tumeur, parce que ces gens sont ceux qui ont détruit le gouvernement précédent, qui sont en train de détruire l'actuel, et qui détruiront le prochain. Je me fiche du gouvernement d'unité.
Nous devons nous servir du bistouri parce que le Fatah ne peut pas le faire, ni beaucoup de ses dirigeants qui s'opposent ouvertement à Dahlan. Tout le monde sait que si les gens propres du Fatah arrivent au pouvoir, les collaborateurs finiront en prison, ou morts.
Q : Combien de temps va durer la violence entre les deux partis ?
Mohamed Shihad : On a donné à Dahlan deux mois pour attaquer le Hamas et essayer de nous détruire. Mais il va finir comme Antoine Lahad, le chef de l'armée du sud Liban (alliée à Israël), qui a été abandonné par les Chrétiens. S'il survit. Notre religion dit que celui qui tue doit mourir.
Q : Quelle sera la réaction israélienne ?
Mohamed Shihad : Des attaques aériennes. Ils savent que s'ils vont au-delà, ils n'obtiendront rien. Seuls resteront à découvert les collaborateurs qui aident Israël.
Q : Hosni Mubarak a affirmé mercredi que l'Egypte prétendait virer le Hamas du Gouvernement. Etes-vous seuls ?
Mohamed Shihad : Ses représentants à Gaza ont démenti de telles déclarations, mais peu importe. Sur le terrain, on constate qu'elles sont certaines. Pendant que la police égyptienne maltraite les dirigeants du Hamas à la frontière de Rafah, ils laissent passer les membres de la Garde présidentielle pour qu'ils luttent contre nous. Cela ne nous intéresse pas, de nous battre avec les pays voisins.
Q : Beaucoup de gens pensent que la situation économique catastrophique et également la mauvaise gouvernance vont affecter le Hamas.
Mohamed Shihad : Les gens savent faire la distinction. Actuellement, ils se sentent bien plus menacés par le manque de sécurité que par la situation économique. Et ils savent aussi que le Hamas n'est pas responsable de l'insécurité. L'économie était déjà détruite lorsque nous sommes arrivés au pouvoir.
Source : El Pais
Traduction : de l'espagnol : MR pour ISM
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