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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les démolitions israéliennes détruisent un patrimoine culturel ancien

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La destruction de l’architecture équivaut à détruire l’identité.
A Falloujah, en Irak, et dans les villes palestiniennes de Naplouse et d’Hébron, des mosquées et des maisons historiques sont soit en cours de destruction soit presque totalement détruites.
Et avec ces destructions culturelles – le travail de réduire à des gravats, l’héritage d’un peuple d’une nation – les chances de paix s’en trouvent détruites.

Les démolitions israéliennes détruisent un patrimoine culturel ancien

Hamman d'Hébron qui a survécu, pour l'instant, aux démolitions.

A Beyrouth aujourd’hui, une mosquée va être construite.
Financée par la Fondation Hariri de l’ancien premier ministre Rafik Hariri, ce temple Sunnite important domine la Place Historique des Martyrs de la capitale libanaise.


A Falloujah, en Irak, et dans les villes palestiniennes de Naplouse et d’Hébron, des mosquées et des maisons historiques sont soit en cours de destruction soit presque totalement détruites.
Et avec ces destructions culturelles – le travail de réduire à des gravats, l’héritage d’un peuple d’une nation – les chances de paix s’en trouvent détruites.

Pour quelle raison ? Le patrimoine culturel et une composante vitale de l’identité des communautés, des groupes et des individus, et de la cohésion sociale ; c’est particulièrement vrai dans le monde arabe où tant de religions et de groupes ethniques se croisent et communiquent.

La destruction, intentionnelle ou autre, d’un tel patrimoine – que ce soit celle des bâtiments, des monuments, des maisons ou des ateliers – a sans aucun doute des conséquences néfastes pour la paix.



Peut-être qu’en Palestine, la situation est pire.

Un rapport publié en août par le conseil International des Monuments et des Sites, en Palestine, (ICOMOS) a établi que les bulldozers israéliens ont rasé des maisons de plus de 300 ans datant de l’ère Mamelouk dans la vieille ville d’Hébron pour faire place à la construction d’une route, à l’usage de la seule minorité juive des colons, route qui traverse la ville.

Et cela, malgré presque deux ans de reports juridiques et malgré la décision de justice ordonnant de diminuer le nombre de bâtiments historiques promis à la destruction. Cinq autres maisons de l’ère Mamelouk ont aussi été endommagées.


Les zones concernées se trouvent entre la colonie de Kiryat Arba où vivent 6000 israéliens, à la périphérie d’Hébron, et la mosquée d’Ibrahimi.

Selon l’ICOMOS, de nombreuses familles ont quitté la région depuis 1990 à cause du harcèlement des colons et des forces militaires, mais trente familles vivent encore sur Al-Haram Street.

Le premier ministre israélien Ariel Sharon a d’abord proposé en 1996 qu’un couloir de 1000 logements pour colons soit construit dans la zone historique arabe pour faire communiquer la tentaculaire Kyriat ARba avec les micro colonies de colons militants en plein milieu d’Hébron.


Le rapport de l’ICOMOS poursuit en disant qu’à la suite d’une attaque militaire dans la région contre douze soldats israéliens en novembre 2002, Sharon a dit aux commandants de l’armée qu’Israël "prendrait avantage de l’occasion" pour "diminuer le nombre de Palestiniens vivant parmi les colons".

Une bande de colonie de 6 à 12 mètres de large, et de 730 mètres de long, fortifiée par un mur de béton de 2 mètres de haut, a été envisagée par Israël à l’époque, pour la « sécurité ». 61 parcelles de terre appartenant à des familles et 22 maisons – 3 de l’ère Mamelouk, 13 de l’ère Ottomane, 4 de l’ère mandataire et 2 maisons modernes ont été dévolues à la démolition, mais en raison de la nature de la construction de la Vieille Ville, les dommages collatéraux prévisibles mettent en danger 150 demeures historiques.


Le Comité de Réhabilitation d’Hébron (HRC) qui met en place un programme de restauration pour la Vieille Ville déjà primé au niveau international, a saisi la Haute Cour Israélienne pour arrêter l’ordre, avec le soutien des habitants et des Palestiniens, d’experts internationaux et israéliens, dont BIMKOM, une organisation non gouvernementale israélienne pour le droit au logement, qui a comparé l’importance architecturale de la Vieille Ville à celle d’Acre, site classé au patrimoine mondial.

La raison essentielle pour laquelle seulement 3 bâtiments du XVIIIè siècle ont été détruits tient aux arguments du HRC en faveur de la valeur historique et de civilisation de la Vieille Ville : "Ces bâtiments historiques dans la quartier de Jaber et son allée contiguë avec sa voûte croisée … font partie du tissu architectural de la Vieille ville et sont une partie essentielle des environs historiques de la mosquée Hibrahim".

Le rapport indique encore que les habitants d’Hébron redoutent d’autres destructions dans le futur.



Il n’y a pas qu’à Hébron que l’anéantissement des constructions historiques a eu lieu délibérément et l’histoire physique du peuple palestinien est lentement éliminée, la plupart du temps sous le prétexte israélien si spécieux de la « sécurité ».


En avril 2002, la Vieille Ville de Naplouse, au moment du soulèvement palestinien, a vu disparaître nombre de ses plus vieux bâtiments, essentiels pour délimiter le cœur historique de la ville – dont une bonne partie de la Mosquée Al-Khadra – détruits sous les bombardements aériens israéliens, et au sol par les bulldozers de l’armée.


Un Rapport de l’ICOMOS Heritage sur les Risques publié en 2003 décrit comment les dommages physiques infligés à la Vieille Ville de Naplouse ont détruit le tissu économique de ce qui était la ville la plus vivante de Cisjordanie , et décrit aussi les conséquences humaines résultant de l’effacement total du patrimoine culturel.

Avant le 3 avril, la Vieille Ville était, économiquement, la plus riche de toutes les villes de Palestine, et l‘une des plus belles. Le tissu urbain très dense se composait d’une rue principale de commerçants et de six quartiers résidentiels formés de maisons avec jardins en grappes et d’allées sinueuses comme l’exige le modèle traditionnel, des habitations attenantes et des marchés aux larges voûtes.


Les monuments englobent :
• neuf mosquées historiques (Quatre ayant été construites sur des églises byzantines et cinq datant des origines de la période islamique),
• un mausolée Ayyubid,
• une église du 17è siècle
mais la plupart des bâtiments sont d’architecture datant de l’ère ottomane comme deux « khans » (souks) importants, 10 bains turcs, 30 fabriques de savon à l’olive, 2 850 maisons historiques et d’exceptionnels palais familiaux, 18 monuments islamiques et 17 "sabeel" ou fontaines.

Des ruines romaines à l’air libre se trouvent à l’extérieur de la Vieille Ville, et quelques monuments de l’intérieur de la Vieille Ville sont de l’ère byzantine et de la période des Croisades selon le Palestinian Riwaq Database, le Centre pour la Préservation de l’Architecture.
Un aqueduc romain court sous la ville, dont une partie a récemment été sauvegardée par la municipalité et ouverte aux visiteurs.

L’économie de la ville s’est construite à partir de l’artisanat traditionnel et de la petite production de bonbons arabes, de savon à base d’olives, de pierre et de bois à tailler, de tuiles colorées à la main et d’écharpes traditionnelles, qui étaient principalement installés au centre de la Vieille Ville.

LA Vieille ville était un exemple d’authenticité historique, avec son économie durable et son habitat stable, et sa cité moderne parfaitement intégrée.

En avril 2002, une ordonnance de l’armée et ses bulldozers de l’armée ont causé les pires dégâts au cours d’une incursion israélienne qui a duré dix-huit jours.

Les bulldozers ont servi à raser les étroites ruelles de la Vieille Ville pour élargir les rues et faciliter les mouvement des tanks, dans le processus de destructions des façades, des murs, et des résidences historiques.

Les soldats israéliens ont aussi utilisé des explosifs pour percer des trous dans les murs et les portes et créer des passages intérieurs à travers des bâtiments historiques reliés entre eux, pour faciliter l’envahissement de la terre, indique le rapport de l’ICOMOS.



La mosquée Al-Khadra, la plus vieille de Naplouse, a été presque totalement détruite.

C’était une mosquée qui avait été convertie en église par les Croisés, en 1187. La mosquée desservait les communautés résidentielles des quartiers d’Yasmeeni et Oaryoun de la Vieille Ville.
Son architecture était celle d’un minaret Mamelouk, une forme simple mais riche, avec des pierres taillées, et des portes en bois sculptées à la main. Le minaret carré construit par les Mamelouks était construit près du bâtiment originel , l’un des deux seuls minarets monumentaux existant en Palestine

La plus grande partie de la mosquée, y compris la salle principale de prière, a été détruite par les chars et les bulldozers israéliens, y compris sa façade principale, et ses murs épais de deux mètres. Tout cela a provoqué un effondrement partiel du toit sur l’aile ouest, affectant la stabilité du bâtiment et menaçant les constructions résidentielles voisines.




La fabrique de savon d’Al-Kannan, une zone de construction ottomane, a été totalement détruite.

Située près de l’entrée principale ouest de la Vieille Cité, le site comprenait deux fabriques de savon d’olive (Al-Kannan et Al-Nabulsi) et des maisons appartenant à huit familles.

La fabrique Kannan a été frappée par les bombes « propres » d’un hélicoptère et entièrement incendiée.

Les fabriques détruites étaient deux des trente fameuses (fabriques) du XVIIIè siècle de la ville. La destruction a touché 3500 mètres carrés de la zone construite dans les bâtiments voisins et affecte la stabilité structurelle des blocs d’habitation autour du site.



Il y a un poème fameux de Lord Byron "Le Siège de Corinthe" qui pleure la guerre "capable de réduire nos temples les plus grands et les plus sacrés en simples morceaux de pierre".

En Palestine et en Irak, les temples tombent et avec eux sont balayés les patrimoines culturels et l’Histoire des peuples.
Murs et colonisations, attaques suicides et armée israélienne, tout barre la route à l’établissement d’un état palestinien :

mais est-ce que la paix aura jamais une chance, quand les monuments historiques sont détruits sans arrière-pensée ou plutôt, si, avec des arrières-pensées ?


Participez à notre Campagne contre les destructions des Monuments historiques en Palestine


Sur le même sujet, nous vous conseillons aussi de lire l'article d'Ahmad Sub Laban : "Détruire l'Histoire"

Source : Daily Star - Liban

Traduction : CS pour ISM-France

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