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Moyen Orient - 4 mai 2010
Par Badia Benjelloun
Les affaires de corruption (1) devenues co-substantielles de cette démocratie réservée aux Juifs si bien normée à l’occidentale sont devenues le bruit de fond si trivial en Israël que nul n’y prête plus attention. Netanyahu, suivie de sa troisième épouse et conseillère en matière de sécurité elle-même mise en accusation pour mauvais traitements (2), vient en Égypte discuter d’une nouvelle reprise des négociations en vue de la pax hebraïca. La Ligue Arabe, créée en 1948 justement à l’occasion de la dépossession des Palestiniens de leur terre et de la disparition de la Palestine donc aussi sénescente que ce que les occupants se sont convenus d’appeler l’État hébreu, obtempère comme usuellement au programme des pourparlers fortement suggéré par Washington. La Ligue moins le Liban, la Syrie, le Soudan et la Libye, ce qui laisse un nombre plus qu’important de représentants de commerce pour les sionistes.
L’organisation des Frères Musulmans (20% des sièges au Parlement égyptien) et la coalition Kifaya, de même que nombre de personnalités politiques sans étiquette, ont formulé une requête près du Procureur général Abdel Meguid Mahmoud demandant l’arrestation immédiate de Netanyahu dès son arrivée sur le sol national pour crimes de guerre. Ils se sont fondés sur des rapports internationaux qui décrivent les violations du droit international qui régit les territoires occupés et sur le rapport Goldstone.
Malgré la signature du traité de paix de Camp David par Sadate en 1979, le peuple égyptien répugne à une normalisation avec l’entité colonialiste et le fait savoir à toute occasion. Le peuple, c’est-à-dire les 75% qui sont les oubliés du régime, les omis économiques et politiques, et pas l’infime minorité transnationale qui détient le pouvoir par la grâce du protecteur étasunien.
Hosni Moubarak le premier risque, malgré ses ambitions dynastiques, de ne pas passer son sceptre à son rejeton car il semble bien que le Département d’État ait choisi l’option El Baradei pour rompre cette ambiance trop ouvertement autocratique et faire pièce à la montée de la Turquie comme interlocuteur des directions des rares pays arabes résistants.
La semaine passée, lors de son passage à la prestigieuse école de relations internationales et de diplomatie Tufts University’s Fletcher School, il a pu déclarer que les sanctions prévues contre l’Iran échoueront. Le blocus de l’Irak décidé par Bush père et Bill Clinton a bien tué 500.000 enfants irakiens mais renforcé le régime de Saddam Hussein. Il a explicité à cette occasion l’hypothèse la plus vraisemblable concernant le statut de l’uranium iranien. L’Iran prend le chemin de devenir une puissance nucléaire virtuelle comme le Japon. Téhéran aura la possibilité de composer une bombe car il a acquis le savoir-faire et tout le matériel mais ne l’assemblera pas.
Le monde vivra avec cette possibilité qui rééquilibre le jeu trop inégal dans cette partie de l’Asie où seule l’entité sioniste est vraiment hors-la-loi.
Certes, elle n’a pas signé le Traité de Non Prolifération, mais les déclarations étasuniennes récentes lors de la réunion des 189 pays signataires du TNP devant l’ONU montrent sans ambiguïté la position des US(a) qui invite les réfractaires à le faire.
Outre le canal El Baradei, les US(a) ont fait savoir qu’ils engagent des pourparlers avec l’Égypte pour un « Moyen-Orient » exempt d’armement nucléaire.
C’est bien la première fois qu’Israël se trouve en position de devoir peut-être répondre officiellement de ses deux cents têtes nucléaires.
Les tensions entre Washington et Tel Aviv, officiellement mises au jour depuis l’accrochage avec Joe Biden à propos du non respect du gel des colonies à Al Quds, risquent de ne pas appartenir au passé comme le prétendait un peu trop vite hier Lihudi Barak.
L’Hillarante Clinton, qui a pris la parole à l’ONU juste après Ahmadinejad, a réaffirmé cette position de principe, l’objectif c’est ‘pas d’armes nucléaires au Moyen-Orient’. Qu’elle égratigne par routine l’Iran si monstrueux de vouloir en acquérir ne change rien à l’évolution étasunienne qui se distancie nettement de son allié protégé israélien. La doctrine sécuritaire d’Israël impliquait qu’il devait rester le seul détenteur d’armes de destruction massive dans la région, et toute ‘la communauté internationale’ obtempérait.
Or toute cette politique de surarmement ne vaut que parce qu’elle doit être dissuasive, d’autant plus dissuasive qu’elle est maintenue non secrète car connue de tous mais tabou.
Si était retiré à l’entité coloniale le droit de continuer à menacer sourdement et efficacement par son arsenal nucléaire, sa raison d’être lui manquerait et toute la construction de cet artefact s’effondrerait.
Badia Benjelloun
3 mai 2010
(1) "Second Olmert aide held in new corruption case", Ha'aretz du 4 mai 2010.
(2) "Netanyahu's wife accused of bullying staff", The Independant du 27 janvier 2010.
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Badia Benjelloun
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