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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Les documents d'Al-Jazeera : et après ?

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Selon les documents dévoilés à Al-Jazeera, les responsables de l'Autorité palestinienne ont accepté de priver la grande majorité des réfugiés de leur droit au retour chez eux, dans ce qui est maintenant Israël. Des responsables qui ont fustigé le réseau panarabe Al-Jazeera pour avoir divulgué des documents secrets montrant que les négociateurs de l'AP ont accepté de faire des compromis sur certaines des questions cardinales du conflit arabo-israélien, entre autre le statut de Jérusalem et le droit au retour pour les millions de réfugiés déracinés de chez eux quand et depuis qu'Israël a été créé en 1948.

Les documents d'Al-Jazeera : et après ?


Ahmed Qorei, négociateur palestinien, ici avec Tzipi Livni, criminelle de guerre sioniste, à qui il aurait dit lors d'une réunion de juin 2008 : "J'aurais voté pour vous" !

Dans une conférence de presse impromptue tenue à Ramallah le 24 janvier, Yasser Abed Rabbo, secrétaire-général de l'OLP, a accusé le réseau basé au Qatar de mener une guerre implacable contre l'AP et de porter atteinte à l'image de sa direction au profit d'Israël et des ennemis de la lutte palestinienne. Il a dit qu'Al-Jazeera fabriquait des preuves pour discréditer le président de l'AP Mahmoud Abbas et ses collaborateurs, ajoutant que cette campagne n'aurait pu être lancée sans l'approbation personnelle de l'Emir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al-Thani.

Toutefois, un examen attentif et objectif des documents montre qu'Al-Jazeera n'a pas outrepassé ses limites et qu'indépendamment de la façon dont le réseau s'est procuré les documents objets de fuites, il n'y a pas eu de manœuvres de confection, fabrication et tripatouillage dans le processus.

Malheureusement, les responsables et négociateurs de l'AP, y compris le négociateur en chef Saeb Erekat, ne s'en tiennent pas à la réalité lorsqu'ils tentent de défendre le comportement des négociateurs. Ils ont au contraire recours aux insultes, aux abus de langage, aux accusations sans fondement et aux mensonges effrontés. Il n'est pas rare que les partisans et les porte-paroles de l'AP recourent à des tactiques de diversion et des faux-fuyants, et même des plaisanteries inutiles, pour se soustraire aux problèmes difficiles qui se présentent. Dans le cas présent, l'examen montre clairement que l'AP était prête à abandonner et à trahir les droits palestiniens inaliénables.

La question de Jérusalem se distingue des autres sur lesquelles l'AP était manifestement disposée à faire des compromis. Les documents montrent qu'elle était prête à céder à Israël presque toutes les colonies illégales que l'Etat sioniste a construites à l'Est de la ligne d'armistice de 1967 et autour de Jérusalem Est occupée.

Il est vrai que ces colonies ne sont pas situées à l'intérieur des limites du secteur traditionnel de al-Qud al-Sharif (la Noble Jérusalem) qu'Israël a occupé en 1967. Néanmoins, elles demeurent, d'un point de vue administratif et territorial, partie intégrante de la métropole de Jérusalem Est.

De plus, il est clair comme de l'eau de roche que les négociateurs de l'AP ont gobé le concept israélien trompeur d'un "quartier juif" dans la Vieille Ville de Jérusalem, alors même que pratiquement toute la Palestine occupée était un quartier arabe. Moins de 20% des maisons du soit-disant "quartier juif" étaient occupées par des Juifs en 1968. On est poussé à demander pourquoi les négociateurs de l'AP ont si lamentablement échoué à exiger la récupération des villages de Jérusalem tels que Lifta, Ayn Karem, Bayt Mahsir, Bayt umm al Mays, Dir Aban, Dayr Rafat, Deir Yasin et Al-Malha, pour ne citer qu'eux. En effet, pourquoi les Israéliens auraient-ils le droit d'exiger de '"récupérer" les propriétés juives dans le quartier arménien et le quartier de Sheikh Jarrah, alors que les Palestiniens qui ont toujours les clefs de leurs anciennes demeures n'ont pas le droit de réclamer leurs maisons et leurs biens ? Les Palestiniens sont-ils les fils d'un Dieu inférieur ? Ce n'est pas seulement arbitrairement injuste et inéquitable, mais aussi stupide, surtout de la part de négociateurs palestiniens.

Je sais que la position de négociateur pour les Palestiniens est peu enviable, pour dire le moins, étant donné les dures réalités de l'équilibre des forces sur le terrain. Cependant, l'AP ne doit pas se contenter de céder sur les droits historiques qu'elle ne peut obtenir par la négociation.

Il en va de même pour le droit au retour des millions de réfugiés palestiniens. Le droit au retour, ou rapatriement, ainsi que le droit à indemnisation, a été clairement énoncé dans la résolution 194 des Nations Unies. Selon les documents divulgués par Al-Jazeera, les responsables de l'AP ont accepté de priver la grande majorité des réfugiés de ce droit au retour chez eux, dans ce qui est aujourd'hui Israël. Ils ont accepté le principe du rapatriement de 100.000 réfugiés sur 10 ans, et pas plus. Ainsi donc, que va-t-il arriver à ce droit historique et légal pour ceux qui languissent dans un exil misérable depuis plus de soixante ans ? Doivent-ils simplement lui dire au revoir ?

En outre, il est peut-être plus pertinent de demander à Ahmed Qurei, Saeb Erekat et Mahmoud Abbas qui exactement les a autorisés à faire de tels compromis. Le droit au retour est le cœur et l'âme de la question palestinienne. C'est aussi un droit individuel que personne, si ce n'est les intéressés eux-mêmes, n'a le droit d'abandonner. C'est pourquoi tout accord par les responsables de l'AP de céder ce droit sacré au retour est nul et non avenu selon toutes les lois internationales et morales, qu'elles émanent des hommes ou qu'elles soient d'inspiration divine.

Certains apologistes de l'AP ont cherché à justifier leur manière de négocier fautive, qui revient en quelque sorte à une activité criminelle, en suggérant que certaines des prises de position palestiniennes dans les négociations furent coordonnées avec "des dirigeants arabes frères". Ceci défie la raison : depuis quand a-t-on confié à ces despotes la défense des Musulmans et les intérêts nationaux de la Palestine ? Si ces dictateurs étaient capables de faire quoi que ce soit de bon, ils commenceraient par en faire bénéficier leur propre peuple. Les événements en cours en Tunisie sont un exemple de ce que je veux dire. En étant d'accord, même de façon tacite ou implicite, pour accepter la liquidation de facto du droit au retour, l'AP abandonne une constante nationale palestinienne garantie par la résolution 194 des Nations Unies, qui stipule tant le rapatriement que l'indemnisation.

Nous n'attendons certainement pas des responsables et des négociateurs de l'Autorité palestinienne qu'ils imitent le grand Salahuddin al-Ayyoubi en récupérant Jérusalem. Ils sont trop corrompus et trop anti-islamiques pour mériter un tel honneur. Toutefois, nous attendons d'eux qu'ils tiennent les promesses faites maintes fois au peuple palestinien, dont le rejet des colonies juives illégales établies en Cisjordanie depuis 1967. Ces colonies sont un viol de la terre de Palestine qui ne devra jamais être légitimé.

Le scandale provoqué par les révélations d'Al-Jazeera montre combien il est problématique de confier l'ensemble de la question palestinienne, avec toutes ses dimensions islamiques et historiques, à des négociateurs palestiniens médiocres qui sont laissés seuls à la merci de l'arrogance d'Israël, la puissance occupante.

Ce scandale devrait nous servir à tous de sonnette d'alarme, même s'il est tard, pour faire en sorte que ces négociateurs, et bien sûr le régime entier de l'AP, ne soient pas laissés seuls pour traiter en notre nom collectif. La Palestine et Jérusalem sont des questions islamiques. Omar ibn Al-Khattab et Salahuddin Al-Ayyoubi n'ont jamais pensé en termes de nationalisme arabe, ni même palestinien, lorsqu'ils ont libéré la Ville Sainte. Le Saint Coran nous rappelle que nous pouvons ne pas apprécier des choses qui pourtant nous sont bénéfiques. Il faut que les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans mettent fin aux récriminations mutuelles et s'assurent que l'Autorité Palestinienne ne soit plus jamais mise dans une position où elle pourrait répéter ces erreurs potentiellement fatales.


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