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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les enfants jouent avec la mort et la dépossession

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Les enfants palestiniens continuent d'être victimes d'une violence disproportionnée et aveugle de la part de l'occupation israélienne et des combats inter-palestiniens dans les territoires palestiniens occupés

Les enfants jouent avec la mort et la dépossession


Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) s'est dit préoccupé dans son rapport d'août par la protection insuffisante offerte aux enfants palestiniens.

« Dans l'un des plus graves incidents de juillet, un garçon palestinien de dix ans, Ahmad Husam Yousef Mosa, a été visé à la tête par un tir à balles réelles et tué par la police des frontières israélienne à la suite d'une manifestation anti-barrière dans le village de Nil'in dans le centre de la Cisjordanie », dit le rapport.

Le jour suivant, Yousef Ahmad A'mira, 15 ans, a été déclaré en état de mort cérébrale après avoir été blessé à la tête à bout portant par plusieurs balles acier caoutchouc, là aussi par la police paramilitaire israélienne des frontières.

« 44 autres enfants ont été blessés ce mois-ci, tous en Cisjordanie sauf un. Deux enfants ont été tués et sept blessés dans les combats inter-palestiniens dans la Bande de Gaza en juillet.

« Tous ces incidents portent le nombre d'enfants morts à 95 palestiniens et 4 israéliens, tandis que le nombre d'enfants blessés a atteint le nombre de 386 pour les palestiniens et 8 pour les israéliens depuis le début de l'année », ajoute le rapport.

IPS a parlé à Muhammad Ayman, 18 ans, du village cisjordanien d'Al-Mazra'a Al-Qiliya près de Ramallah qui a vu son ami intime Muhammad Shreitih saigner à mort après avoir été atteint à la tête par le tir d'un colon israélien pendant une manifestation pour protester contre les offensives sanglantes à Gaza il y a plusieurs mois.

«Je lutte pour dormir la nuit mais je continue à avoir des cauchemars, et à me réveiller couvert de sueur après avoir vu le visage de Muhammad dans une mare de sang» dit Ayman.

Ayman et plusieurs de ses amis ont essuyé les tirs d'un colon israélien de la colonie adjacente de Telmond, mais seulement Shreitih a été touché.

«Le colon a commencé à nous tirer dessus avant même que nous ayons atteint la colonie. Il est sorti du bus et est venu sur nous et à tiré à 50 mètres» a dit Ayman.

Les adolescents ont tenté d'évacuer leur ami sérieusement blessé à l'hôpital mais il était mort à l'arrivée. L'enquête de la police israélienne qui a suivi a déclaré que le colon avait tiré « en self-défense ».

Marwan Diab, un psychologue du Programme pour la santé de la communauté de Gaza (GCHP) qui conseille les enfants traumatisés dit que l'impact psychologique de la violence endémique sur les futurs leaders et adultes palestiniens est lugubre.

«Une génération d'enfants palestiniens est confrontée au danger d'être atteints de troubles psychologiques irréparables à moins d'une intervention psychologique suffisante et urgente et d'une amélioration des conditions politiques, sociales et économiques dans la Bande de Gaza», a-t-il dit à IPS.

Patricia McPhilllips, représentante spéciale de l'UNICEF dans les territoires palestiniens occupés, partage les conclusions de Diab.

«Nous sommes extrêmement inquiets au sujet des enfants», a-t-elle dit à IPS. «Pour la seule année passée, 37.500 enfants palestiniens dans les territoires occupés ont participé à nos sessions de soutien psychologique de groupe, 1.200 en individuel, et plus de 18.000 d'adultes ont participé à des sessions sur le métier de parents. Nous avons aussi visité 800 familles dans les maisons et les hôpitaux à la suite d'épisodes aigus /i>».

Diab et McPhillips ont tous deux rapporté une réponse positive à leur intervention, mais disent que les résultats à long terme doivent encore être évalués.

Au-delà du nombre élevé de morts et de blessés, les enfants palestiniens luttent aussi pour mener une vie normale malgré la discrimination, la pauvreté et le manque d'aménagements récréatifs et éducationnels, et un horizon politique dépourvu d'espoir pour leur existence précaire.

John Ging, directeur de L'UNRWA à Gaza a dit à IPS que 50 à 60% des enfants de Gaza ont raté leurs examens de maths, tandis que 40% ont raté leurs examens d'arabe au début de l'année.

«La fréquentation scolaire a été sérieusement perturbée à cause des combats inter-factions, des raids militaires israéliens répétés, et d'une pauvreté sans précédent qui fait que les enfants vont à l'école affamés et incapables de se concentrer », a dit Ging.

L'UNRWA fournit une instruction scolaire gratuite pour les enfants palestiniens réfugiés du grade 1 au 9, et offre une éducation secondaire limitée. Mais même ces écoles sont obligées de travailler en deux équipes pour surmonter le manque de places.

Selon l'UNICEF, 70% des enfants de Gaza sont des réfugiés (588.000 pour 840.000 enfants).

Haifa Fahmi El-Agha, le directeur général du ministère de l'Education de l'Autorité Nationale Palestinienne (ANP) dans la Bande de Gaza, a dit à IPS que le niveau des écoles dirigées par l'ANP à Gaza est délibérément rabaissé pour faire face aux classes surchargées, aux écoles trop peu nombreuses et aux budgets scolaires limités.

Dès la naissance, les enfants palestiniens sont désavantagés, avec de nombreux nourrissons mourant de malformation congénitale, d'un petit poids de naissance, d'une naissance prématurée et d'infection respiratoire aiguë dans les camps, dit l'UNRWA.

Cela est aggravé par des taux élevés de malnutrition, de privation économique et de chômage, exacerbés par le blocus israélien de Gaza.

Les enfants palestiniens sont aussi régulièrement mis en prison par les israéliens et sont mis dans les bâtiments avec des adultes criminels. Ils ne reçoivent pratiquement aucun des droits accordés aux mineurs israéliens en prison.

Selon un rapport réalisé il y a plusieurs mois par l'OCHA, l'armée israélienne a arrêté environ 700 enfants palestiniens en 2007, 30 d'entre eux ont été mis en détention administrative sans procès.

«Le nombre des enfants arrêtés en 2007 porte le nombre total d'enfants palestiniens arrêtés par Israël depuis le début de la seconde intifada en septembre 2000 à approximativement 5.900 », a dit l'OCHA.

Le rapport décrit aussi les abus physiques et les traitements humiliants pendant l'arrestation, et les abus physiques et psychologiques pendant les interrogatoires, après que beaucoup d'enfants soient arrêtés aux checkpoints, dans les rues, ou à la maison au milieu de la nuit à la suite de raids des militaires israéliens.

L'association pour les droits de l'Homme B'Tsélem dit que certains enfants palestiniens sont mis à l'isolement « sous clef » - une cellule noire d'un mètre et demi sur un mètre et demi.

D'autres sont confinés dans les «toilettes», une cellule étroite où on peut se tenir debout mais ni s'asseoir ni bouger. La «tombe» -une sorte de boîte fermée par une porte sur le toit et mesurant approximativement un mètre sur 60 centimètres avec une profondeur d'environ 80 centimètres, est une autre favorite utilisée par l'agence de l'intelligence domestique, le Shin Bet.

Beaucoup d'enfants sont mis en prison pour des délits politiques tels que le jet de pierres. Selon la Défense internationale des Enfants (DCI) chapitre Palestine, les sanctions pénales encourues par les enfants palestiniens sont en général très dures.

Jeter des pierres peut valoir 10-20 ans, endommager un équipement des forces de défense israéliennes (IDF) (d'occupation, ndt) coûte la sentence maximum d'emprisonnement à vie à la discrétion du tribunal, et faire du mal, insulter ou menacer les IDF (IOF) fait encourir une sentence de 10 ans, cinq ans de moins que la moyenne d'une sentence pour meurtre en Israël, dit DCI.

Le seul rayon de lumière à l'horizon est l'espoir d'un règlement politique, sans lequel les conditions dans les territoires palestiniens ne seront pas adoucies.

«Il n'y a pas de doute que la condition des enfants palestiniens est inextricablement liée à la politique, et ma raison pour un optimisme prudent est la résilience étonnante dont j'ai été témoin parmi ces gosses, malgré les difficultés extraordinaires auxquelles ils font face » a dit Diab.

Source : IPS

Traduction : MM pour ISM

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