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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les femmes enceintes palestiniennes et les checkpoints israéliens : une rencontre mortelle

Par

Plusieurs agences des Nations Unies travaillant dans les Territoires Occupés Palestiniens ont récemment soumis un rapport à l'Assemblée générale des Nations Unies, lors de la convocation de son sommet annuel à New York.
Le rapport a fait l'objet d'une enquête et a été rédigé par l'UNFPA, l'UNRWA et WHO en collaboration avec le Ministère de la Santé Palestinien (MOH) et a été présenté au Haut Commissaire pour les Droits de l'Homme des Nations Unies.

Le rapport souligne le refus des droits de l'homme fondamentaux et les soins obstétriques à 61 femmes palestiniennes qui ont été obligées, contre leur gré, de donner naissance sur de nombreux checkpoints illégaux qu'Israël a disséminé au hasard dans toute la Cisjordanie et à Gaza.

Encore plus effrayant et inhumain, le rapport relève que 36 enfants en bas âge sont morts en tant qu'effet direct de l'obstruction israélienne aux checkpoints.

Indépendamment du fait que ces actions constituent la politique officielle israélienne envers les Palestiniens occupés, elles représentent une violation grave aux Droits de l'Homme et une infraction aux lois obligatoires en temps de guerre et internationalement admises.

L'argument d'Israël pour la construction de plus de 600 checkpoints militaires dans toute la Cisjordanie et à Gaza et pour la construction du mur d'Apartheid et d'Annexion est de combattre ce qu'ils appellent les "terroristes palestiniens," en tant que mesure de sécurité préventive pour protéger ses citoyens.

Pourtant, la réalité de l'occupation israélienne est bien différente.

Comme l'atteste un rapport récent des Nations Unies, l'occupation israélienne est dirigée vers toutes les tranches de la société palestinienne : jeunes, vieux, pauvres, riches, hommes, femmes, professeurs, étudiants, médecins et avocats, indépendamment de leurs activités.

Le rapport qui a été soumis au Sécrétaire Général des Nations-Unies par John Dugard, le rapporteur spécial des Nations Unies à la Commission des droits de l'homme, a souligné les effets néfastes des checkpoints israéliens et du Mur sur la santé des femmes palestiniennes.

Il a également noté que "les Palestiniennes sont habituellement harcelées, intimidées et maltraitées par les soldats israéliens aux checkpoints et aux portes …
La santé des femmes en souffre en raison de leur incapacité à atteindre les centres de soins. Les femmes enceintes sont exposées à de longues attentes aux checkpoints.
Un certain nombre d'accouchements dangereux lors desquels des mères et des enfants en bas âge sont morts ont eu lieu aux checkpoints.
Entre le début du deuxième Intifada et mars 2004, 55 palestiniennes ont accouché aux checkpoints et 33 nouveaux-nés sont décédés aux checkpoints en raison des retards ou de refus d'autorisation d'atteindre des établissements médicaux."


On pourrait commencer par tenter de justifier les actions de résistance palestiniennes (auxquelles Israël se réfère en tant que terrorisme palestinien, peu importe la nature de l'opération réelle), au cours de ce dernier soulèvement, dont beaucoup sont considérées comme légales par les Conventions de Genève conformément aux articles concernant les droits et les devoirs d'une population occupée.

Cependant, les Conventions de Genève déclarent explicitement et implicitement que ces actions de résistance, qu'elles soient violentes ou non-violentes, doivent se limiter aux combattants et non à la population civile.

La condition préalable ou pré-requise pour l'occupant et l'occupé est d'éviter de viser leurs populations civiles respectives.

Il convient de noter que le poids le plus lourd de la responsabilité repose sur les épaules du premier, à savoir l'occupant, pour le simple fait que toutes les formes de domination coloniale et étrangère sont catégoriquement illégales.

Cependant, ce n'est pas la chose que souhaite aborder cet article.

Ce qui est en jeu, c'est la quête d'humanité et de principes moraux de base en période de conflit armé.


Selon les Conventions de Genève et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, auxquelles Israël est signataire et par conséquent est légalement obligé de respecter, les femmes enceintes palestiniennes doivent être considérées comme civiles non-combattantes et rien d'autre.

Si l'occupation israélienne de la terre et des Palestiniens est menée sous le prétexte d'une "guerre contre le terrorisme", elle devrait alors être logiquement sujette aux lois de la guerre.

Dans un article récent écrit par Willian G. O'Neil, intitulé "Guerre contre le Terrorisme" sujette au Droit International, l'auteur dit : "Si la guerre contre le terrorisme est vraiment "une guerre", alors les lois de conflit armé s'appliquent aux états combattant le terrorisme et aux terroristes eux-mêmes.

Ces lois sont généralement connues comme Convention et Protocoles de Genève et ne peuvent jamais être suspendues; elles sont conçues avec précision pour s'appliquer dans les situations de grand danger et de violence.
D'un autre cêté, certaines parties du droit international sur les Droits de l'Homme peuvent être suspendues en période d'urgence publique.

Les libertés de parole, d'association et de rassemblement par exemple peuvent être restreintes dans des conditions soigneusement définies.

D'autres droits, comme le droit à la vie et à la prohibition de la torture, ne peuvent jamais être suspendus même dans une guerre globale."

Ainsi, l'obstruction de force des femmes enceintes palestiniennes aux checkpoints qui a entrainé la mort, un traumatisme psychologique et des complications de santé à long terme, représente une infraction au plus fondamental des droits de l'Homme : le droit à la vie, qui ne peut pas être dérogé, même dans un moment de tension intense entre l'armée israélienne et les combattants palestiniens de la résistance.

L'un de ces cas a été documenté dans l'article : "Aux checkpoints, des bébés naissent, ou meurent" par Laila Baker.
En 2002, une Palestinienne appelée Houria Miri a été empêchée pendant plusieurs heures d'accéder à une ambulance par des soldats israéliens sans aucune raison apparente.
La femme s'est ensuite effondrée atteinte d'une grave hémorragie et après une césarienne d'urgence dans un hêpital voisin, son bébé est décédé et elle est restée dans un état critique pendant des jours.
Les cicatrices psychologiques de cette expérience persistent dans ses souvenirs encore aujourd'hui.

Le phénomène des femmes palestiniennes donnant naissance aux checkpoints illustre le niveau auquel le conflit Palestino-Israélien a divergé (1) depuis les jours "une fois le processus de paix;" (2) tous critères éthiques ou morale universelle; et (3) l'adhésion au droit international des droits de l'homme et en particulier aux lois de la guerre.

En outre, sur de nombreux points, cette politique incarne la guerre implacable et globale faite par Israël, à laquelle tous les Palestiniens sans exception sont sujets.

Découvrir que le conflit Palestino-Israélien est devenu pour l'instant hors de contrêle, pose seulement le problème d'un accord de paix juste et global basé sur le droit international et la légitimité, et en particulier sur les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies 194, 242, 338, 1397 et la résolution 181 de l'Assemblée Générale lesquelles représentent la colonne vertébrale ou les accessoires posés par la communauté internationale pour reconnaitre Israël en tant qu'Etat indépendant et souverain.



Que devrait-il être fait?

Politiquement, la mesure la plus immédiate qui devrait être prise par la communauté internationale, c'est de forcer Israël, par l'utilisation sans précédent d'un article 7 d'une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies, à se conformer à toutes les précédentes résolutions contraignantes du Conseil de Sécurité des Nations Unies ou il devra affronter la menace de sanctions internationales.

Deuxièmement, beaucoup d'argent et un certain nombre de prêts souples ont été promis par la communauté internationale pour l'aide et le développement des Territoires Palestiniens, en particulier la promesse du G8 au dernier sommet de Glenn Eagles de donner à l'Autorité Nationale Palestinienne 3 milliards de dollars en aide directe.

Bien qu'une partie de cet argent sera utilisée pour créer des nouveaux établissements de santé et développer ceux existants, c'est malheureusement loin d'être suffisant. L'aide économique dans ce cas-ci seulement combattra et empêchera certains des symptêmes de l'occupation israélienne illégale.


Pour finir, les activistes des Droits de l'Homme palestiniens, israéliens et internationaux devraient attirer l'attention du monde sur les grandes questions au sujet de la santé des femmes palestiniennes, et en particulier, sur les soins pré et post-natals.

Afin de mettre un terme complet à de telles pratiques inhumaines, Laila Baker conclut son rapport en constatant de façon légitime : "Devrions-nous permettre que des femmes ou des bébés meurent aux checkpoints simplement parce qu'une solution globale au conflit est nécessaire?
Peut-être, comme dans beaucoup de problèmes humanitaires, les activistes et les professionnels doivent remettre en cause le besoin d'équilibre entre l'idéal et la réalité.
En outre, travailler vers une solution globale et satisfaire les besoins immédiats ne devraient pas être vus comme mutuellement exclusifs. Les deux devraient aller plutêt de concert
."


Source : www.imemc.org/

Traduction : MG pour ISM

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