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Palestine - 26 janvier 2014
Par Issam Adwan
L'auteur est un ancien ministre aux Affaires des Réfugiés palestiniens. L'article en anglais est la traduction de la version en arabe publiée sur le journal Felesteen le 21 janvier 2014.
Le Secrétaire d'Etat états-unien envisage d'ignorer le droit au retour des réfugiés palestiniens et de les réinstaller en Jordanie, dans les pays du Golfe, en Australie et au Canada. John Kerry sait que les propositions avancées par le passé par les parties arabes, internationales et palestiniennes avaient un objectif similaire, et qu'elles n'ont pas abouti. Il faut croire que les conditions actuelles sont manifestement plus propices à la liquidation de la cause palestinienne, en particulier au droit au retour.
Le dénominateur commun entre le projet de Kerry et les propositions antérieures, c'est qu'ils ne prennent pas en compte les réfugiés eux-mêmes. Aujourd'hui, ces derniers vivent dans des conditions extrêmement difficiles et des crises sont créées partout où ils vivent de manière à les fourvoyer et à les pousser à accepter n'importe quelle solution, aussi désastreuse soit-elle. Ces projets sont-ils en train de réussir ?
L'existence de l'Etat d'Israël dans la région est le problème du Moyen-Orient. Il fut établi sur la terre et les ruines du peuple palestinien, dont une majorité est devenue réfugiée dans son propre pays et dans les Etats arabes voisins. Les réfugiés se sont obstinés à revendiquer leur droit légitime au retour et dans de nombreuses reprises, ils ont pris les armes pour recouvrer leurs droits, libérer leur terre et rentrer chez eux ; le slogan "la libération est le chemin du retour" est apparu. Les réfugiés ont refusé de nombreuses propositions de réinstallation, en particulier le plan de déplacer les réfugiés de la Bande de Gaza vers le nord-ouest du Sinaï, proposé en 1953. Ce projet, qui impliquait l'Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés (UNRWA) et le gouvernement égyptien, a été refusé par les réfugiés. En tant que tel, ce problème particulier du Moyen-Orient ne sera pas résolu tant que la Palestine ne sera pas libérée et que les réfugiés ne seront pas rentrés dans leur patrie.
La communauté mondiale et le droit international ont entériné le droit des réfugiés à revenir sur leur terre, un engagement qui a renforcé la détermination et la conviction des réfugiés qu'ils pouvait y parvenir. Les pays de la région qui ont accueilli et hébergé les réfugiés ont soutenu les résolutions de l'ONU affirmant le droit au retour et ont confirmé leur engagement envers elles. En outre, ils ont soutenu les réfugiés dans leurs efforts pour parvenir à ce droit, même par la lutte armée à partir de la fin des années 60 et jusqu'au début des années 80, lorsqu'ils croyaient que le départ de l'OLP du Liban en 1982 ouvrirait en quelque sorte la porte à la résolution de la question. Le Sommet de Fès (1) a eu lieu la même année [9 septembre 1982, ndt] et le projet a été développé dans la soi-disant Initiative arabe (2) lors de réunions à Beyrouth en 2002 et 2007. Ces plans ont coïncidé avec des projets menés par les Palestiniens, tels les Accords d'Oslo, l'accord Beilin-Abu Mazen en 1995 et l'Initiative de Genève en 2003, qui est la source du plan de Kerry.
Aucun de ceux qui ont proposé de liquider le droit au retour ne semble s'être demandé pourquoi aucun des projets de règlement ou de telles tentatives précédentes n'ont réussi au cours des 65 années passées. Ils devraient.
Tout d'abord, la présence physique continue de réfugiés à l'intérieur de la Palestine et dans ses environs maintient vivante la mémoire collective ; les générations passées et présentes restent résolues à obtenir leur droit au retour. Aucun dirigeant arabe ou palestinien n'a ouvertement exprimé son mépris vis-à-vis des millions de réfugiés dispersés dans le monde.
Les réfugiés ont rejeté tous les projets antérieurs de réinstallation et ils sont prêts, capables et déterminés à faire de même pour tous les nouveaux plans qui leur claquent la porte du retour à la figure. Ils ne permettront pas que leurs droits légitimes soient sapés et détruits.
Après la capitulation de l'OLP et son acceptation de ces projets de liquidation, de nouvelles factions sont apparues dans la communauté palestinienne qui ont revitalisé le renforcement des principes nationaux et promu la résistance armée. Les pays d'accueil craignent que les réfugiés ne s'arment si leurs droits sont bafoués, en particulier le droit au retour.
Israël, avec le reste du monde, se rend compte que pour que les plans proposés réussissent, il faut que les réfugiés les acceptent, parce que personne n'a le droit de les dépouiller de leurs droits ; ce sont des droits individuels et non collectifs, et aucune négociation légale ne peut décider de les liquider. L'accord des réfugiés est donc nécessaire si Israël doit jamais être réellement sûr et stable.
Avec plus de huit millions de réfugiés palestiniens dans le monde, qui oserait les dessaisir de leurs droits ? Leur sort déterminera l'avenir du Moyen-Orient.
(1) http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/fes82-fr
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_de_paix_arabe
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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Issam Adwan