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Gaza - 21 mai 2007
Par Scott Wilson
Washington Post, Service Affaires Etrangères, 18 mai 2007
Cette semaine, Israël a autorisé le parti palestinien Fatah à faire entrer dans la Bande de Gaza près de 500 hommes de troupes, fraîchement entraînés sous coordination US, pour contrer le Hamas, le mouvement radical islamiste qui a gagné les élections palestiniennes parlementaires l'an dernier.
Les affrontements entre le Hamas et le Fatah ont fait près de 45 morts depuis dimanche.
Les forces appartiennent aux unités loyales au président élu de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, dirigeant modéré du Fatah que l'Administration Bush et Israël cherchent à renforcer, militairement et politiquement.
Un porte-parole de la Mission d'Assistance à la Frontière de l'Union Européenne à Rafah, où les troupes ont traversé venant de l'Egypte, ont dit que leur entrée, mardi, avait été autorisée par Israël.
Ce déploiement de troupes illustre le rôle de plus en plus partisan que jouent Israël et l'administration Bush dans la situation politique palestinienne explosive.
L'effort de renforcement de l'opposition armée au Hamas, que les Etats-Unis et Israël ont rangé dans la catégorie des organisations terroristes, suit les tentatives d'isoler le mouvement islamique radical sur la scène internationale et de couper ses sources d'aides financières.
Jeudi, Israël a également entrepris une série d'attaques aériennes contre des cibles du Hamas à travers Gaza, tuant au moins six combattants.
Le Fatah, mouvement que dirigeait Yasser Arafat, a reconnu Israël, au contraire du Hamas dont la charte appelle à la création d'un futur Etat islamique sur le territoire qui inclut actuellement l'Etat juif.
Les deux partis – l'un laïc, l'autre islamique – s'affrontent pour le contrôle des différents services de sécurité et, par extension, pour le pouvoir politique, depuis que le Hamas a gagné démocratiquement les élections en janvier 2006.
L'image du Hamas de militant de l'Islam lui a donné une place politique dominante dans la Bande de Gaza appauvrie, où beaucoup de ses dirigeants sont nés ou sont arrivés comme réfugiés, alors que le Fatah reste fort en Cisjordanie , moins pauvre et plus laïque.
L'administration Bush a récemment approuvé un programme de 40 millions de dollars pour l'entraînement de la Garde palestinienne présidentielle, une force d'environ 4.000 hommes sous contrôle direct d'Abbas, mais Israël et les Etats-Unis, chacun profondément impopulaire parmi les Arabes de la région, ont essayé d'éviter de donner l'impression qu'ils prenaient parti dans un conflit qui, cette semaine à Gaza, ressemble à un début de guerre civile.
Beaucoup au sein du Fatah sont des opposants déclarés à Israël, et toute alliance avec l'Etat juif contre le mouvement militant pourrait nuire à l'image du Fatah parmi les Palestiniens.
"Ce n'est pas nous qui donnons les ordres d'opérations à ces troupes. C'est Abbas", dit Ephraim Sneh, vice-ministre de la défense d'Israël, qui affirme que la contrebande d'armes pour le Hamas en provenance du Sinaï, et l'entraînement militaire en Iran ont donné au mouvement un avantage sur le terrain.
"Nous voulons renverser la tendance, qui a été favorable au Hamas et défavorable au Fatah. Avec ces troupes bien entraînées, l'équilibre sera modifié dans le bon sens".
Alors que les tirs de roquettes palestiniennes sur Israël ont continué jeudi, la flotte aérienne israélienne a mené une série d'attaques à travers Gaza, dont Israël s'était retiré en 2005 après presque quarante ans de présence.
Les attaques aériennes ont tué au moins six combattants du Hamas dont les officiels israéliens disent qu'ils étaient impliquées dans des attaques à la roquette sur des villes israéliennes près de Gaza.
Parmi les tués, il y a Imad Shabanah, chef militaire du Hamas, qui a pris part, selon les officiels du Hamas, à la fabrication des roquettes. Sa voiture a été touchée alors qu'il traversait Gaza ville.
"Toutes les options pour une réponse sont ouvertes", dit Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas à Gaza. Certains dirigeants militaires du Hamas ont dit clairement que des "opérations martyr" ou des suicides à la bombe pourraient avoir lieu, en représailles aux attaques aériennes israéliennes.
Les officiels militaires israéliens ont dit que les combattants palestiniens ont tiré au moins 17 roquettes, jeudi, depuis Gaza, portant le montant total sur les trois jours à 80.
Au moins sept d'entre elles sont tombées jeudi sur la ville frontière de Sdérot, blessant plusieurs Israéliens et faisant des dégâts à une synagogue, une école et un bâtiment situé à l'intérieur d'un parc industriel.
Une Israélienne a été gravement blessée par une roquette au début de la semaine, et des douzaines d'autres souffrent de blessures légères ou d'état de choc.
Un petit nombre de chars israéliens est entré au nord de Gaza, premier terrain d'opération là cette année, et une batterie d'artillerie a été positionnée sur la frontière. Les militaires israéliens ont qualifié ces deux déploiements de "mesures défensives".
Par le passé, Israël a utilisé des bombardements et des opérations au sol pour arrêter les tirs des roquettes palestiniennes. Mais les résultats n'ont jamais été décisifs contre une arme bon marché, très mobile et difficile à détecter avant qu'elle ne soit tirée. Les tactiques israéliennes ont provoqué la mort de nombreux civils palestiniens.
"Le Hamas est redevenu ce que nous avons toujours su qu'il était – une organisation terroriste qui agit en tant que gouvernement", dit Miri Eisin, porte-parole du Premier Ministre israélien Ehud Olmert. "Ils essaient de nous faire revenir à Gaza, après que nous ayons quitté le moindre pouce de terrain. Nous ne voulons pas gouverner Gaza."
Les affrontements inter-factions sont retombés jeudi, à l'ombre des opérations militaires mises sur pied par Israël. Mais les tireurs du Fatah ont tendu une embuscade au Hamas lors d'une procession de funérailles, tuant deux hommes dans la foule.
Les officiels israéliens, parlant sous condition d'anonymat parce qu'ils ne sont pas autorisés à discuter du sujet, ont dit que la décision de laisser entrer les troupes du Fatah à Gaza cette semaine était fondée par la tentative d'aider Abbas à prendre le contrôle du nord de Gaza.
Cette zone est le premier terrain de lancement des roquettes erratiques, plutôt que mortelles, appelées Qassam.
"Si vous cherchez un scénario de sortie pour ce qui se passe là-bas actuellement, vous pouvez avoir une force loyale à Abbas au nord de Gaza qui pourrait être très utile à Israël", déclare un officiel israélien. "Mais dans la crise plus large, nous devons faire attention. Nous ne voulons pas faire partie du conflit, alors c'est une question d'équilibre."
Les troupes ont été entraînées par les autorités égyptiennes selon un programme coordonné par le Lieutenant Général Keith W. Dayton, envoyé spécial des Etats-Unis dans la région, qui a travaillé à l'amélioration de la sécurité à Gaza et en Cisjordanie , de manière à favoriser des alliances économiques israélo-palestiniennes à court terme, et des perspectives de paix à plus long terme.
Un responsable du Département d'Etat, parlant sous condition d'anonymat, a dit que la phase d'entraînement des forces du Fatah par Dayton n'avait pas encore commencé parce que les fonds n'avaient été approuvés que récemment. Il a dit qu'aucun des hommes de troupe qui sont arrivés à Gaza cette semaine n'avaient été entraînés grâce à des fonds des Etats-Unis.
Bien qu'elle soit placée sous l'autorité d'Abbas, la Garde présidentielle est commandée par Mohammed Dahlan, un député du Fatah qui a travaillé de façon très proche avec plusieurs administrations US. Abbas l'a nommé Conseiller à la sécurité nationale après que le Hamas et le Fatah se soient mis d'accord en février dernier sur un gouvernement de partage du pouvoir.
La désignation de Dahlan a rendu furieux les dirigeants du Hamas, qui méprisent Dahlan pour les mesures énergiques qu'il a prises contre eux lorsqu'il était chef de la Sécurité préventive, après les Accords d'Oslo de 1993.
Le Hamas s'était opposé aux accords qui avaient créé l'Autorité Palestinienne.
"C'est une situation complexe, et nous avons clairement entendu Abbas dire qu'il voulait en finir avec le terrorisme", déclare un deuxième officiel israélien. "Mais il n'est pas capable d'étendre son autorité à la totalité de Gaza".
Les officiels israéliens ont dit que les troupes, qu'un fonctionnaire du Ministère israélien de la défense appelle "les gars de Dayton", ont été entraînées en Egypte, et sont constituées de 400 à 500 hommes.
Bien qu'Israël ait rendu le contrôle du passage de Rafah aux palestiniens et aux égyptiens après l'évacuation de Gaza, il maintient sa capacité de refus d'entrée à toute personne qu'il ne veut pas voir passer par le terminal.
Il utilise souvent cette prérogative pour empêcher des membres connus de groupes palestiniens armés d'entrer dans la Bande.
Maria Telleria, porte-parole de la Mission d'Assistance à la Frontière de l'Union Européenne à Rafah comme partie de l'accord de roulement, a dit que les hommes sont arrivés dans plusieurs autobus. "On nous avait informés de leur arrivée", dit Telleria. "Mais la coordination s'est faite entre Israël et le gouvernement palestinien. Tout ce que nous avons fait, c'est de contrôler le passage".
Source : Washington Post
Traduction : MR pour ISM
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