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Tunisie - 19 décembre 2011
Par Gilles Devers
Ancien prisonnier politique, ancien opposant tunisien méprisé en France, Moncef Marzouki est désormais président de la République de Tunisie. Alors, il faut remettre les compteurs à zéro… Juste élu président de la République, l’ami Moncef s’est exprimé dans les médias (JDD, France 24), et ça fait du bien là où ça fait mal.
« Je ne suis pas comme Ben Ali, je suis un président légitime, je tire ma force du peuple. Je n’ai pas besoin d’aller chercher ma légitimité à l’étranger Je suis désormais le président indépendant d'un pays indépendant. L'esprit colonial, c'est terminé. »
L’ancien gouvernement ?
« Une bande de malfrats gouvernait la Tunisie. Imaginez des mafieux de la Côte d’Azur ou Mesrine à l’Élysée : c’était ça, la Tunisie de Ben Ali, que les grandes puissances présentaient comme le sauveur de la démocratie. »
Chirac se demandait de quoi se plaignaient les Tunisiens alors qu’ils avaient à manger, et que son second mentor expliquait, l’air savant, que c’était Ben Ali ou les Talibans.
L’alliance avec Ennahda ?
« Notre société recèle une partie conservatrice et une autre moderne. L'expression politique du conservatisme, c'est l'islamisme. Vous avez des partis démocrates-chrétiens en Europe, nous avons un parti démocrate islamiste. Prétendre que nous avons vendu notre âme au diable en nous alliant aux islamistes relève du fantasme. J'ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l'homme; eux m'ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l'histoire. »
« La Tunisie ne peut être politiquement conduite que par les modérés, quelques soient leurs croyances idéologiques, pour faire face aux problèmes socio-économiques. Nous travaillons avec les islamistes modérés avec un contrat très net et très clair, à savoir qu’on ne touche ni aux droits de l’Homme ni aux droits de la femme. C’est à partir du moment où ils ont accepté cela que nous avons accepté de travailler avec eux. »
Exact, tout simple, et basta. Sous Ben Ali, l’UMP-PS n’a jamais rien eu à redire au 98% de Ben Ali. Là, le peuple vote, et le lendemain les mêmes crétins lui disent qu’il n’a pas voté comme il fallait !
Les Français englués dans leur miasme
« J’ai très peu apprécié des considérations culturalistes, pour ne pas dire racistes, formulées à Paris par certains. Comme si la démocratie était propre aux pays occidentaux. »
Dis mon Juppé, pourquoi tu tousses… Juppé qui avait sorti sa ligne rouge après les élections tunisiennes. Et l’âne Védrine se demandant si la démocratie pouvait être exportée chez les Arabes…
Moncef Marzouki souligne que les petits Français vont devoir faire des efforts : « Je constate que les Français sont souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe, alors que ce devrait être l’inverse. »
La police en Tunisie ?
« La police a probablement été la première victime de la dictature. Ben Ali s’est servi de la police non pas pour protéger le peuple mais pour se protéger lui-même. Elle est devenue littéralement l’ennemi du peuple. C’est dommage, car 99 % des gens [qui la composent] sont des citoyens tunisiens qui souffrent d’être mal vus, mal jugés. Ils disent qu’ils sont en train de payer pour la petite minorité de criminels [faisant partie de la police] qui ont torturé et volé. Je fais la distinction entre le corps essentiel de la police, qu’il faut revaloriser, à qui il faut redonner sa dignité, et la petite minorité de criminels qui doit passer devant les tribunaux. »
La classe.
Source : Les Actualités du Droit
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