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Jérusalem - 30 janvier 2007
Par Paul Findley
A Jérusalem Est, les autorités israéliennes sont en train de mettre à exécution un processus qui peut être exactement qualifié de nettoyage ethnique. Il est clairement mené pour déraciner les Palestiniens du quartier historiquement appelé Jérusalem Est arabe et le transformer en une partie intégrale, permanente de la capitale de l'Etat juif.
Le processus scandaleux est reconnu et déploré par les principales agences d'information en Grande-Bretagne et ailleurs, et même par quelques journaux en Israël, mais, comme on s'en doute, il est ignoré aux Etats-Unis.
Et pire, c'est Washington qui fournit le soutien financier, politique et militaire sans lequel le nettoyage ne pourrait pas progresser.
B'Tselem, organisme privé israélien pour les droits de l'homme, l'appelle "une politique de déportation tranquille".
Dans son rapport, sous-titré "Abrogation de résidence des Palestiniens de Jérusalem Est", le groupe note que peut-être des milliers de personnes ont été obligées de partir et avertit que le pire est à venir.
La pression n'est pas nouvelle ; cela fait des années qu'elle a commencé, d'abord sous le gouvernement du Parti Travailliste, intensifiée par le Likud lorsque Menachem Begin est devenu Premier Ministre, et durcie récemment par deux mesures importantes, l'une par le gouvernement d'Yitzhak Rabin et Shimon Peres, du Parti Travailliste, l'autre par leur successeur du Likud, le Premier Ministre Binyamin Netanyahu.
La première étape a été un processus d'usure lent, peu visible, au cours duquel les colonies juives qui encerclent maintenant Jérusalem Est ont été construites. La suivante fut le resserrement du nœud coulant autour des Palestiniens avec deux mesures : le contrôle de l'entrée dans la ville et la restriction des permis de construire.
Depuis des années, Israël interdit aux Palestiniens de réhabiliter les vieilles maisons ou d'en construire de nouvelles. Un petit nombre de permis de construire – environ 150 par an – sont partagés entre les 150.000 palestiniens qui, jusqu'à récemment, constituaient la majorité de la population.
Plus de 20.000 familles sont pratiquement sans domicile. En même temps, les Palestiniens qui quittent Jérusalem Est pour quelque raison que ce soit peuvent s'attendre à être harcelés s'ils tentent de revenir. Certains d'entre eux, même ceux qui ont vécu à Jérusalem toute leur vie, sont interdits d'entrée. Ceux qui sont partis pour des vacances ne peuvent plus revenir. Des familles sont divisées, certains membres peuvent rester à Jérusalem Est mais pas les autres.
Les colons juifs de Jérusalem Est sont exemptés de taxes municipales pendant 5 ans et ensuite bénéficie d'un taux réduit. A cause de ce privilège, les Palestiniens vivant à Jérusalem Est paient des taxes cinq fois plus élevées que beaucoup de colons.
Ces tenailles démographiques augmentent la colère, le désespoir et la violence – ou, comme la caractérisent toujours les dirigeants israéliens – le "terrorisme". Le vrai terrorisme est infligé aux Palestiniens qui vivent sous la crainte constante des bulldozers qui rasent leurs maisons sans rien qui ressemble de près ou de loin à une procédure juste, l'éviction sous le prétexte que les réparations de la maison ont été effectuées sans les bonnes autorisations, ou la confiscation pour construire une route ou autres motifs d'intérêt public.
Et la dernière forme de terrorisme est l'annulation des cartes d'identité palestinienne. Avant qu'il quitte le poste de Premier Ministre, Shimon Peres avait commencé à utiliser les cartes d'identité – ou leur défaut – comme principal instrument de déportation hors de Jérusalem Est.
Sous Netanyahu, l'instrument est devenu coupant comme un rasoir. Il menace maintenant de séparer la population palestinienne restante de leur patrie.
Le Ministre de l'Intérieur israélien dit que toutes les cartes d'identité doivent être renouvelées en août prochain, une date-limite qui permettra aux fonctionnaires les possibilités illimitées de refuser le renouvellement et de forcer les Palestiniens, avec un court préavis, de déménager ailleurs en Cisjordanie .
Patrick Cookburn, du journal londonien respecté The Independant, écrit :
"En deux mois, dans un mouvement qui aura plus d'effet sur le sort de Jérusalem que la construction de la colonie juive de Jabal Abu Ghneim, Israël va entreprendre l'examen méticuleux du droit de chaque habitant palestinien à rester dans la ville. Ceux qui n'auront pas obtenu la carte d'identité jérusalémite convoitée auront 15 jours pour partir."
The Independant relate des expériences sinistres qui risquent de se reproduire par milliers dans les prochaines semaines.
Par exemple :
Olga Matri Hana Yoaqim, 63 ans, qui a sept enfants, est née à Bethlehem mais vit à Jérusalem avec son mari depuis 1952.
"En septembre 1995, je suis allée au Bureau du Ministère de l'Intérieur à Jérusalem Est pour remplacer ma carte d'identité", dit-elle.
L'employé a coupé sa carte et lui a demandé de revenir dans deux semaines. Lorsque elle est revenue, l'employé lui a dit : "Nous n'avons pas de carte d'identité. Partez en Cisjordanie ." Son mari est revenu vingt fois au Ministère, mais a été refoulé. Madame Yoaqim dit : "Je souffre de diabète et de problèmes rénaux. Lorsque je vais à la clinique ou à l'hôpital, ils me demandent ma carte d'identité. Parce que je n'en ai pas, je ne peux pas avoir de traitement."
Même les Palestiniens qui ont quitté la Vieille Ville pour les banlieues voisines ont de gros problèmes. B'Tselem rapporte : "Il y a 18 mois, le Ministre de l'lntérieur a commencé à annuler le statut résidentiel de personnes qui avaient déménagé en dehors des limites municipales de Jérusalem."
Les problèmes de résidence des Palestiniens ont commencé en juin 1967, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle de Jérusalem Est. Plus de 50.000 Palestiniens ont perdu leurs droits de résidence permanente parce qu'ils n'étaient pas chez eux en juin 67, pour quelque raison que ce soit, ou parce qu'ils avaient bougé, même temporairement, vers un autre endroit.
Les droits de résidence des jeunes sont souvent bloqués lorsqu'ils veulent rentrer après avoir suivi des études à l'étranger.
Seuls les Palestiniens qui peuvent prouver que eux ou leurs parents résident à Jérusalem Est depuis 1967 peuvent se déplacer librement pour entrer ou sortir de la cité, et maintenant, même ce droit est menacé.
Les Palestiniens ne peuvent entrer à Jérusalem Est que s'ils reçoivent des autorités israéliennes un permis spécial. Cette réglementation restreint sévèrement la pratique religieuse, et empêche la plupart des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza de visiter les Lieux Saints à Jérusalem.
C'est une inversion cynique des garanties proclamées depuis longtemps par Israël que chacun pourrait accéder librement aux lieux religieux de Jérusalem.
Un avocat de Droits civil, Eliahu Abrams, le dit carrément : "C'est une vraie crise des droits de l'homme. Israël se débarrasse de force des Palestiniens, non pas en les tirant par les cheveux, mais par une déportation sophistiquée, tranquille, lente."
Il dit que "l'essence de cette nouvelle politique est d'obliger tous les Palestiniens qui ne produiront pas la preuve qu'ils ont toujours vécu à Jérusalem à partir."
Selon The Independant, les fonctionnaires israéliens réclament pas moins de 12 documents différents avant qu'un Palestinien puisse avoir une nouvelle carte d'identité.
Source : IMEMC
Traduction : MR pour ISM
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