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Mali -

Non, ce n’est pas la France qui fait la guerre au Mali

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C’est l’armée française présente en Afrique de l’Ouest depuis les indépendances formelles dans cette région de l’Afrique qui intervient pour le compte des intérêts de transnationales d’origine française qui ne paient aucun impôt au Trésor français. Jusqu’à il y a peu, la vassalité ou l’appartenance se définissait par le paiement d’un tribut. Quand par exemple Total Elf Fina utilise les structures de la nation française, armée y compris, sans rien reverser de ses immenses bénéfices, cette entité perd ipso facto sa nationalité.

Non, ce n’est pas la France qui fait la guerre au Mali

Le Mali est un pays clé pour les ressources minières exploitées par des firmes transnationales dans son sous-sol propre (or en particulier) ou à partir de pays voisins. Areva se trouve menacée dans son exploitation de l’uranium au Niger grâce auquel elle contamine de grands territoires devenus inhabitables pour des centaines de milliers de Nigériens si des firmes brésiliennes ou chinoises prenaient pied plus avantageusement au Mali.


Non, l’armée française, qui a des bases au Tchad, en Somalie, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, au Togo et en République Centrafricaine, n’intervient pas au Mali de façon impromptue.

Elle s’y prépare depuis de nombreux mois, assistée par des drones de surveillance américains.
Elle y a envoyé depuis septembre 2012 une centaine d’officiers ‘formateurs’ pour entraîner une armée malienne quasi-inexistante.
Le Sahel et les pays riverains sont le nouveau lieu de rivalité entre puissances émergentes et les vieilles puissances impériales qui prétendent ne pas se laisser disputer leurs zones d’influence. La destitution de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et son remplacement par un agent du FMI au terme d’une guerre qui n’a rien eu de civile puisque ayant eu lieu entre une armée légitime et des groupes armés par la France en est une illustration. Certes, les grandes compagnies pétrolières françaises et étasuniennes n’ont plus l’assise financière pour exploiter en off shore les gisements découverts au large de la Côte d’Ivoire. La réserve attendra des jours meilleurs et les règles de l’OMC et du libre-échange sont court-circuitées grâce aux guerres commises par l’OTAN.

Les groupes, chargés des armes prises dans des arsenaux libyens, descendus depuis la destruction de la Libye et l’assassinat de Mouammar Gadhafi sont observés dans des sites du Texas et de la France et le moindre de leurs mouvements analysé quand il n’est pas encouragé en sous-main. Les chefs d’Ansar Eddine sont d’anciens diplomates maliens en Arabie aux mains des Séoud.
Le parti pris d’une occupation militaire du Mali est arrêté au moins depuis la décision de l’ancienne métropole de faire bloquer dans les ports de Conakry et de Dakar des blindés et de petits avions de reconnaissance achetés par l’ancien président Amadou Toumani Traoré, maintenant en fuite et muré dans un silence honteux au Sénégal, pour équiper une armée nationale dont les soldats ne disposent même pas de tenue vestimentaire adéquate.
Les discussions autour d’une solution politique négociée entreprises avec l’Algérie en particulier n’ont jamais été engagées pour aboutir.


Non, la France ne se bat pas contre le terrorisme dit islamiste.

Elle entretient les meilleurs rapports avec les États qui le financent, le Qatar encore plus que l’Arabie des Séoud. Le premier a une puissance de frappe financière grâce à ses fonds souverains dont ne disposent pas les Séoud, préoccupés qu’ils sont à endetter leur pays pour acheter du matériel militaire à des firmes étasuniennes dans les conseils d’administration desquelles ils siègent pour en être des détenteurs d’actions non négligeables.
La France a soutenu cette mouvance lors de la destruction de la Libye sous le règne de Sarkozy - BH Lévy - Juppé.
Elle soutient encore diplomatiquement et logistiquement la même nébuleuse en Syrie dans une même entreprise de destruction des infrastructures et des liens sociaux jusqu’à extinction de l’entité politique nationale et sa réduction à une poussière de micro-États. C’est le sens du mouvement amorcé en Irak.

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Non, le gouvernement français actuel ne fait montre d’aucun changement par rapport aux précédents.

En politique intérieure, l’austérité qui consiste à faire régresser les droits sociaux au profit du capital débridé est poursuivie et aggravée.
En politique étrangère, le maintien de la France dans l’OTAN est son mode de participation dans le conflit avec le BRICS qui entend s’organiser politiquement et bientôt militairement comme contrepoids aux menées impériales dans l’Orient arabe, l’Extrême-Orient et l’Afrique.


Non de cet engagement, le peuple de France ne retire ni sécurité ni prospérité.

Le ridicule plan Vigie Pirate ne le protégera pas d’éventuelles rétorsions sur le territoire de la France dans ses rues, métros et magasins de groupes déterminés qui risquent de répondre par l’arme du pauvre, les attentats aveugles.
Les bénéfices des multinationales dites françaises, pour lesquelles un déploiement si coûteux pour le budget de l’État est réalisé, sont en toute légalité exportés dans des paradis fiscaux. Ils ne génèrent aucun emploi, aucune contribution fiscale. Ils augmentent la masse monétaire qui alimente la spirale spéculative qui est en train de détruire l’humanité.


Non, le gouvernement français actuel n’a pas de réelle vision stratégique.

La France endettée et en récession n’a plus les moyens d’une politique impériale. Il n’est pas suffisant d’étiqueter 'd’islamistes' des bandits de grand chemin coupeurs de route pour justifier cette occupation militaire qui vient gêner certes les ambitions étasuniennes sur le continent africain. Le Mali n’a pas, comme la Libye de Gadhafi, des milliards de dollars dans les banques occidentales perdus à jamais dans leurs bilans négatifs pour les peuples spoliés, mais des étendues de terre cultivable convoitées par les pétromonarchies désertiques et les transnationales de l’agro-alimentaire.

Servir Boloré, donner un exercice qui ne se limite plus au virtuel aux troupes françaises en Afrique, divertir d’une diversion ratée le mariage pour tous en instruisant un nouvel épisode islamophobe, gagner une victoire facile en se projetant dans une colonie sans armée alors que la diplomatie belliciste en Syrie est confrontée à une nation qui peut se défendre, l’agression française au Mali se résume à presque cela. Il ne faut pas omettre le projet de diviser l’Afrique en deux selon la coulée du Sahel pour intégrer sa partie Nord à l’OTAN.
Faire la guerre sans objectif, c’est se vouer à la perdre.

Badia Benjelloun
Pour Convergence des Causes
Le dimanche 13 janvier 2013

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