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ISM France - Archives 2001-2021

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Liban -

Nous acceptons les résultats des élections

Par

Discours du lundi 7 juin 2009, sur Al-Manar TV. Article écrit et traduit par Ghada Houbballah.

Au cours de sa premère allocution télevisée, après la fin de l'échéance électorale, le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a tenu à saluer le peuple libanais pour avoir "prouvé au monde qu'il était digne de confiance, voire capable de mener des élections législatives démocratiques". Félicitant également les partis et forces qui ont remporté le scrutin, il leur a signalé avoir désormais “à leur charge des responsabilités énormes concernant le pays et le peuple libanais”.

Nous acceptons les résultats des élections

Après avoir rendu hommage aux différents organismes de l’Etat, civil, sécuritaire et militaire, pour le bon déroulement de cette échéance, Sayed Nasrallah a assuré respecter les résultats des urnes qui ont consacré la victoire des forces du 14 mars, évoquant toutefois les irrégularités qui l’ont entaché, notamment “l’exacerbation des sensibilités confessionnelles, l’argent politique, en plus des mensonges et des fausses accusations qui n’ont pour but que de faire peur aux gens et d’influer sur le choix politique”.

Selon Sayed Nasrallah, le bon déroulement de ce scrutin a fait écrouler deux mensonges : celui que l’opposition allait saborder le processus électoral avant ou durant son déroulement, voire même après, si les résultats ne lui conviennent pas. Le second étant qu’il n’est pas possible de réaliser une échéance électorale en présence de l’armement de la résistance : ”Les élections se sont bien déroulées malgré la présence d’un arsenal sans précédent depuis 1982,” a-t-il signalé, précisant que la fonction de cet armement est de défendre le pays, et non pas d’influer sur les échéances politiques.

Après avoir tenu à signaler qu’il y avait une différence entre une majorité parlementaire et une majorité populaire, Sayed Nasrallah a félicité tous les dirigeants de l’opposition “qui ont fait face, comme l’a bien dit le général Michel Aoun, à une véritable guerre mondiale,” a-t-il jugé, faisant allusion aux ingérences et aux mises en garde américaines, européennes et de certains pays arabes durant la campagne électorale.

Estimant que le fait d’être dans l’opposition ne la ménage pas de ses responsabilités nationales, le chef de la résistance libanaise s’est dit attaché au projet réformateur élaboré par l’opposition, refusant toutefois de se prononcer sur les démarches politiques à suivre concernant l’élection du prochain chef du parlement, et la formation du prochain cabinet ministériel, et ce pour attendre les positions que la majorité va adopter sur ces questions.

Concernant la question de l’armement, Sayed Nasrallah a estimé que la participation électorale massive du public de la résistance et du Hezbollah dans les régions se trouvant sous la menace israélienne montre la popularité de cet armement et sa légitimité : "il ne devrait donc pas être placé dans le cadre de l’inquiétude et des tiraillements politiques,” a-t-il conclu.

S’adressant au peuple libanais, Sayed Nasrallah a lancé un appel en faveur d’une république fondée sur la sincérité loin des mensonges et des manipulations pour sortir le pays des crises qui l’ont traversé, durant les quatre dernières années. "Il s’agit de savoir si la majorité a tiré les leçons de ces années-là," a-t-il déclaré.

Voici les idées principales de son discours :

"Premièrement, je m’adresse au peuple libanais toutes confessions confondues et je le félicite pour avoir réalisé cet exploit, celui de la tenue des élections législatives ; cela reflète une grande responsabilité de la part du peuple libanais, c’est une question importante qu’il faut respecter glorifier, renforcer à l’avenir.

Deuxièmement, je remercie toutes les institutions étatiques, les ministères, les forces de sécurité et l’armée libanaise pour avoir garanti la sécurité et la paix durant ces élections et aussi d’avoir permis au peuple libanais de voter, c’était un défi que de réussir de telles élections en un seul jour.

Troisièmement, je félicite toutes les parties concernées par ces élections, de l’opposition ou de la partie adverse, elles doivent être conscientes de leur responsabilité.

Quatrièmement, nous acceptons le résultats de ces élections, malgré les irrégularités qui peuvent être enregistrées, malgré l’argent qui a été déversé, la terreur et la pression qui ont été exercées sur certains électeurs, malgré les ingérences étrangères flagrantes ou cachées, malgré les campagnes de diffamation, et indépendamment de notre propre évaluation sur ces élections, et que nous ne développerons pas maintenant, nous acceptons la victoire de la partie adversaire, sachant que l’opposition a malgré tout, préservé sa position.

Cela dit, je souhaite parler de deux points en particulier, il s’agit de deux mensonges, qui se sont écroulés.

Le premier mensonge concerne un discours politique qui accusait l’opposition de vouloir empêcher ces élections. Selon ce discours, l’opposition comptait déstabiliser la situation sécuritaire au Liban si elle constatait durant les élections qu’elle avait perdu ou encore qu’elle refuserait les résultats de ces élections. Or, aujourd’hui, nous sommes lundi et nous nous comportons avec ces résultats, normalement, il n’ya pas eu de problèmes de sécurité ou quoique ce soit de ce genre.

Le deuxième mensonge qui s’est effondré : pendant des mois, ils ont prétendu qu'il était impossible d’organiser des élections en présence des armes du Hezbollah, sous prétexte que c’était intimidant pour les électeurs.

Or, non seulement ces élections ont eu lieu alors que le Hezbollah détient ces armes, mais, mieux encore, il détient tout un arsenal militaire sans précédent depuis 1982, sans compter que ces élections étaient l’une des plus importantes.

Ces armes n’ont pas pour mission d’imposer une équation politique, leur seule mission est la résistance contre l’ennemi sioniste.

Les Libanais ont démontré leur capacité à maintenir la sécurité et la paix civile alors que la concurrence électorale était très sévère, sans compromettre la sécurité et la stabilité.

Ensemble, nous avons un objectif national et honorable, celui de travailler en faveur de notre projet des réformes à tous les niveaux ; il s’agit d’une quête au service de la réforme et non pas pour la conquête du pouvoir, et nous avons multiplié tous les efforts pour obtenir la majorité légale, nous avons dû affronter une guerre universelle, une expression que j’emprunte au général Aoun.

Nous ne pouvons pas réaliser ce projet en tant que majorité au sein du parlement mais cela ne nous dispensent pas de le réaliser en tant qu’opposition parlementaire au sein du gouvernement, ou en-dehors du gouvernement, cette option reste ouverte à toutes les spéculations.

Nous restons engagés envers ce projet de réformes pour lequel vous nous avez élus ; il faut savoir que ces élections en dépit de leur importance restent une étape, l'opposition doit procéder à une consultation car d’autres échéances nous attendent, comme la nomination du président du parlement ou la formation du prochain gouvernement.

Passons du général au particulier, là je m’adresse au public du Hezbollah.

J’aimerai parler de la classification qu’on a adoptée dans les circonscriptions, il y a des circonscriptions où la compétition électorale n'existe pas, mais qui sont en ligne de mire, comme le Liban-Sud et Baalbeck-Harmel, et nous avons invité les gens à se rendre aux urnes massivement pour exprimer leur choix, leurs convictions, et nous avons vu combien le taux de participation était élevé alors qu’il n’ y avait pas de concurrence, voire ce taux a dépassé le taux de participation dans des circonscriptions où la concurrence électorale était élevée, et ce n'est pas surprenant car le peuple exprime ses convictions.

Ce peuple a adressé un message clair au monde, c’est que son choix est la résistance, et ce choix est l’expression de la volonté de ces personnes et de leurs options. Le deuxième point, c'est que la résistance ne peut être réduite à une simple question d’armes, c’est une question à discuter sur la table du dialogue, il n'y a aucune raison d'inquiétude car la question de la résistance est une question populaire, on ne peut rien faire contre la résistance populaire, nous en avons parler avant les élections.

Nous sommes d'accord qu'il ya des défis importants auxquels nous sommes confrontés à de multiples niveaux, et je pense que nous devons être convaincus que nous pouvons sauver le pays, résoudre ses problèmes, préserver sa souveraineté et son indépendance, mais pour cela tout le peuple doit coopérer.

Certes, cela dépend de la capacité de toutes les forces politiques qui se sont avérées jouir d’une large popularité, et même celles qui n'ont pas réussies, mais cela est principalement liée à la nouvelle majorité parlementaire : quelles sont ses priorités ? Quel est son projet ? Au niveau social ? Au niveau politique ? Au niveau économique ? Comment se comportera-t-elle avec les questions d’intérêt public ? Saura-t-elle profiter des expériences passées ?

La nouvelle majorité se réserve le droit de décider comment elle doit faire face à l'étape suivante, et l'opposition, qui a maintenu sa position et dont le rôle lui induit de ne pas abandonner le terrain, mais c’est à la majorité de s’exprimer avec transparence sur son projet ; car nous sommes un pays de transparence et d'honnêteté.

Je vous invite à être franc avec le peuple libanais, construisons notre pays sur la base de l'honnêteté, de la transparence et de la clarté, nous sommes devant une nouvelle situation, nous allons tirer profit des lacunes du passé et développer notre présence.

Ce qui reste intact, c’est notre responsabilité envers tous ceux qui ont versé du sang pour défendre le pays et le libérer, afin de maintenir ce pays et le faire avancer
."


Source : Al Manar

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