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Jérusalem - 20 janvier 2006
Par Manar Jibrin
Selon le site internet du quotidien israélien Haaretz, une entreprise de construction israélienne attire des dizaines de riches Israéliens-Américains à acheter des appartements à Nof Zion, un avant-poste de colonie israélienne illégale situé au sud-est de Jérusalem-Est.
L'avant-poste est construit sur les terres du quartier palestinien de Jabal Al Mukabber.
Des centaines de milliers de dollars ont déjà été versés par les acheteurs pour ce projet dont la première tranche sera achevée en octobre 2007.
Le projet comprend 400 appartements spacieux situés en face de la Vieille Ville ainsi qu'un hêtel 5 étoiles, un centre commercial, un club de loisirs et des synagogues et d'autres équipements.
Le tout afin répondre aux besoins d’une communauté juive orthodoxe moderne et cosmopolite vivant en ’circuit fermé’.
La colonie devrait être une "communauté avec des grilles fermées" comprenant 395 appartements de luxe avec sa propre synagogue, club de loisirs, et d'autres agréments adaptés aux besoins d'une communauté juive orthodoxe cosmopolite et moderne.
Ignorant le fait que ces appartements sont construits sur des terrains privés palestiniens, dont les propriétaires ont saisi la Cour Suprême Israélienne dans un ultime effort pour stopper ce projet et ses conséquences politiques, les entrepreneurs israéliens ont réussi à convaincre ces riches acheteurs d'avoir un pied à terre et d'acheter des appartements avec une vue panoramique sur la cité disputée de Jérusalem, en particulier sur le secteur de la mosquée Al Aqsa.
L'avant-poste israélien illégal de Nof Zion, dont la construction a déjà commencé, est situé sur une colline, dont deux de ses versants longent le quartier palestinien de Jabal Al Mukkaber.
Le principal objectif de ce projet est d'augmenter la présence des colonies israéliennes à l'intérieur de Jérusalem.
Yehuda Levi, directeur général et l’un des propriétaires de Digital Investments and Holdings LTD, l'entreprise qui commercialise les apppartements de Nof Zion, déclare que ni les acheteurs, ni les promoteurs ne sont motivés politiquement :
"Ce sont des gens qui veulent un beau logement moderne et spacieux avec une vue incroyable sur la Vieille Ville et sur le désert de Judée. Ils sont déjà venus avant, ils ont vu ce qu’ils achetaient, le la politique n'a rien à voir avec ça."
Haaretz indique que le projet, autrefois connu sous le nom de Nof Zahav, est situé juste devant la Promenade Goldman, dans un secteur que l'avocat Daniel Seidemann de Jérusalem, qui est membre de l'ONG israélienne Ir Amim, décrit comme "le Bas Jabal Mukabber".
Il dit que les habitants de Jabal Al Mukabber, situé dans les limites municipales de Jérusalem, ne sont pas "des Arabes Israéliens" puisqu'ils ne possèdent pas de cartes d'identité de Jérusalem, et n'ont pas la citoyenneté israélienne, et en tant que tels, ils voteront pour les élections de l'Autorité Palestinienne la semaine prochaine.
Mohammad Gbara, un avocat représentant les habitants de Jabal Al Mukkaber, dit que les acquéreurs étrangers ne réalisent pas que leur appartement de rêve sera situé "au cœur" d’une ville Arabe.
"Nof Zion est décrit comme un jardin d’Eden, ou une seconde Rehavia, mais ce qui n'est pas dit dans la publicité, c'est qu'elle fait partie de Jerusalem-Est" remarque Gbara.
De sources israéliennes prétendent que pour l'instant un tiers des 91 appartements de la première tranche a été vendu à des juifs étrangers, à des prix allant de 350 000 à 560 000 dollars.
"Presque tous nos acheteurs connaissent le secteur." insiste Levi. "Les gens n’achètent pas des appartements sur internet".
Mais certains agents immobiliers prétendent que les acheteurs étrangers ne sont pas vraiment conscients de la politique dans cette ville divisée, et en conséquence, ils investissent dans un projet qu'ils ne comprennent pas vraiment.
"Les Américains qui achètent (à Nof Zion) ne comprennent pas où ils mettent leur argent et ils sont trompés intentionnellement à 100%."
C'est un projet qui profite de la mode américaine de faire de l'argent en achetant des appartements en Israël." Déclare Levi.
"Les acheteurs de Nof Zion sont des investisseurs qui ne comprennent pas les enjeux politiques de leur investissement. Ils arrivent, ils voient les vues fabuleuses, on leur dit que les Arabes sont contents, et donc ils achètent. Pour eux, ce n'est pas un engagement politique, c’est la même chose qu'acheter à Talbieh mais en moins cher. Le problème est que le projet est présenté comme un projet ordinaire."
Le projet de Nof Zion doit s'étendre sur 115 dunums que la municipalité de Jérusalem a exproprié Ã plusieurs Palestiniens de Jabbal Mukkabber.
"Personne n'est content du projet", déclare Hasan Zehayka, qui possède une épicerie près de Nof Zion : "Ils disent que nous aurons de meilleurs équipements tels que l’eau et les canalisations mais je doute que quoi que ce soit changera. S'il y a une amélioration, ce sera seulement pour les Juifs."
Plus loin, en bas de la route, Mahmoud Bedat est d'accord : "C’est comme mettre un village Arabe en plein milieu de Rishon Letzion." Bedat, un habitant de Jabal Al Mukkaber depuis des années indique : "Ils disent que nous aurons des routes meilleures mais qui a besoin de routes si nos enfants n’ont plus d'endroit où vivre ?"
Des projets tels que Nof Zion font partie du boom immobilier à Jérusalem, alimenté par des Israéliens de l’étranger désirant investir dans l’économie israélienne tout en y gagnant une maison pour les vacances.
Les prix ont augmenté dans certains cas de 40% dans des zones centrales comme Talbieh, Rehavia, Qatamon, la German Colony et Baqa, forçant de nombreux Israéliens à quitter la ville et à chercher des logements plus accessibles.
A Talbieh, par exemple, les appartements sont vendus environ 10 000 dollars le mètre carré. contre 3000 environ à Nof Zion.
Les prix à Nof Zion représentent le tiers, soit environ 3.000 dollars le mètre carré.
Pendant ce temps, on dit aux investisseurs étrangers que les Israéliens achèteront les étages inférieurs à des prix plus bas, laissant la vue stupéfiante sur la Vieille Ville des étages supérieurs à la clientèle américaine du projet.
"Nous essayons d’avoir un équilibre avec la moitié pour les Israéliens et la moitié pour les étrangers.", déclare Simkowitz, l'agent immobilier anglo-saxon. "Il est important pour nous que Nof Zion ne devienne pas une ville fantême."
A lire également :
• "Jabel Mukhaber : Une nouvelle colonie met la pression sur les Palestiniens de Jérusalem" par Jon Elmer
• Voir la carte des colonies dans et autour de Jérusalem (ARIJ)
• Nos autres articles sur la colonisation de Jérusalem
Source : IMEMC
Traduction : MG pour ISM
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