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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Placer les armes d'Israël au dessus de la loi

Par

L'écrivain est l'ancien ambassadeur et le représentant permanent de la Jordanie auprès de l'ONU.

A chaque fois que ses WMD sont pointées du doigt, la défense habituelle d'Israël est de dire qu'il est un pays minuscule entouré d'ennemis vicieux voulant le détruire. Par conséquent, sa possession d'armes nucléaires et autres devrait être tolérée jusqu'à la résolution du conflit entre Arabes et Israéliens.
En d'autres termes, Israël doit être traité comme le seul Etat exempt de toutes les lois et normes existantes à cause d'une panoplie de faits totalement erronés.

Parler d'éradiquer les " armes de destruction massive " (WMD) du Moyen Orient est un discours que l'on entend depuis des années mais aucun effort n'a été fait dans ce sens. Toutes les fois que les pays arabes ont soulevé la question, par exemple à l'ONU, instantanément, le doute était jeté sur leur motivation et leurs efforts perçus comme une tentative masquée de pointer du doigt Israël, connu pour posséder un arsenal énorme d'armes nucléaires, chimiques et biologiques.

A chaque fois que l'ONU a discuté du problème, il a manqué de crédibilité du fait de sa frilosité de mentionner Israël de manière sérieuse. En 1991, la Résolution 687 du Conseil de Sécurité qui scella la première guerre du Golfe, appelait clairement tous les pays à travailler à l'éradication des WMD de la région, l'Irak n'étant pas la seule concernée. Pourtant, toute l'attention fut braquée sur ce pays, alors qu'il était clair que dès 1994 et malgré la propagande affirmant le contraire, le pays avait déjà effectivement été désarmé.

L'imprudence de l'Irak a fourni un alibi commode à l'ONU et à ses puissants Etat pour masquer leur timidité lorsque il s'agit d'affronter Israël et son parrain américain. Mais cette absence de volonté s'est traduite aussi dans son embarras à viser les WMD d'autres pays sur des critères purement subjectifs et sélectifs. D'où l'impasse.

Désormais, à la suite de l'occupation US en Irak, nous voyons apparaître une nouvelle forme d'effort vers "un désarmement".
Celui ci implique, principalement les USA ainsi que son subalterne anglais, qui poussent à un désarmement unilatéral des adversaires d'Israël, non pas pour rendre la région plus sûre mais simplement pour assurer la continuité de l'hégémonie militaire israélienne.

Pour sûr, l'obsession américaine à l'encontre de l'Irak fut en grande partie dictée par un agenda israélien, bien représenté à l'intérieur des décideurs de la politique US. Actuellement, avec un Irak totalement désarmé et occupé, l'attention s'est vite focalisée sur d'autres, notamment l'Iran, la Libye et la Syrie.

L'intérêt élevé que l'administration Bush porte à ces pays contraste avec son attitude relâchée et insouciante envers la Corée du Nord, qui, si elle ne possède pas déjà des bombes, a certainement un programme nucléaire bien plus avancé que n'importe lequel des pays cités.

Bien sûr, ce n'est pas un hasard, l'Iran, la Libye et la Syrie sont des ennemis d'Israël. Il ne se passe pas un jour sans qu'un officiel israélien déclare que l'Iran est la plus grande menace d'Israël.

L'Iran a sagement réagi à cette pression croissante, en coopérant pleinement avec l'ONU et son Agence pour l 'Energie Atomique Internationale ( IAEI ).Cette approche exclut toute prétexte pour une agression. Cependant, en dépit de cela, le degré d'hostilité existant à Washington et Tel Aviv à l'encontre de l'Iran signifie qu'on ne peut pas être sûr que les efforts déployés par ce pays, soient suffisants pour s'épargner leur courroux.

Pour autant que la Libye soit concernée, ce qui semble s'être produit est un marché de dupes entre le Colonel Muammar Qadhafi, le Président George Bush et le Premier Ministre Britannique Tony Blair. Comme le magazine satirique " Private Eye " l'a brillamment rapporté, Qadhafi a promis de renoncer à " ses armes de non existence ", ce qui veut dire qu'il s'est engagé à "se débarrasser de toutes les armes qu'il ne possède pas et à cesser la fabrication en plus des armes du type qu'il n'avait pas produit". ( 9 janvier 2004)

L'annonce surprise de la Libye a donné une victoire propagandiste à Bush et Blair, ce qui leur permet de proclamer que la guerre menée contre l'Irak était justifiée et que leur démonstration de force a convaincu d'autres "Etats voyous" de devenir propres.
La Libye a des raisons personnelles de participer à cette mascarade, principalement pour se débarrasser de son statut d'Etat paria qu'il traîne depuis les années 80.
Mais cette reddition inconditionnelle a donné une crédibilité injuste à la méthode US d'exercer des pressions sélectives et unilatérales sur des pays ciblés mettant hors circuit les institutions internationales de contrôle des armes.

Face aux Etats Unis agissant seuls, les pays accusés n'ont que d'autre choix de se soumettre. Leurs dénégations sont tout simplement ignorées. Etre accusé par les USA de posséder des WMD revient effectivement à la même chose que d'en avoir réellement.

Avec la Libye sous sa coupe, les USA augmente la pression sur la Syrie dont le cas est fondamentalement différent. La Syrie est en conflit direct avec Israël et ce qui fait que la seule comparaison légitime est Israël, non pas la Libye, l'Iran ou la Corée du Nord.

A chaque fois que ses WMD sont pointées du doigt, la défense habituelle d'Israël est de dire qu'il est un pays minuscule entouré d'ennemis vicieux voulant le détruire. Par conséquent, sa possession d'armes nucléaires et autres devrait être tolérée jusqu'à la résolution du conflit entre Arabes et Israéliens. En d'autres termes, Israël doit être traité comme le seul Etat exempt de toutes les lois et normes existantes à cause d'une panoplie de faits totalement erronés.

C'est faux parce qu'en dépit de l'histoire officielle répétée aux USA, Israël a été l'agresseur dans chaque et chacune des guerres avec ses voisins. Israël débuta sa guerre pour un territoire arabe en 1947, longtemps avant qu'un simple soldat syrien ait avancé en direction de la frontière jouxtant la Palestine en mai 1948.

En 1956, Israël , en conspiration avec la France et la Grande Bretagne , lança une invasion non provoquée en Egypte. En 1967, Israël lança une attaque surprise contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie et s'empara de Jérusalem Est, la Cisjordanie , Gaza, le Golan et la Sinaï. Comme Baruch Kimmerling l'a écrit dans son dernier livre, 'Politicide', pas moins de trois premiers ministres ont admis qu'Israël savait qu'il ne risquait rien des état arabes en 1967 mais a choisi ce moment pour conquérir des territoires qu'il avait toujours convoité.

Seule la guerre de 1973 fut entreprise par les pays arabes. Dans ce cas, l'Egypte et la Syrie n'attaquèrent pas Israël mais leur propre terre occupée, dans une tentative entièrement légitime de les libérer.

En 1982, Israël lança une invasion au Liban, tuant plus de 20000 civils libanais et palestiniens, non pas pour se protéger contre le "terrorisme", comme il le prétend encore, mais dans le but politique explicite de liquider la nation palestinienne et transformer le Liban en un état client pro-israélien. Actuellement, Israël continue d'occuper les terres de millions de personnes et lance en toute liberté des attaques contre ses voisins. En 1997, il a même essayé d'assassiner un de ses opposants, le chef du Hamas, Khaled Mishaal - en utilisant une arme chimique - sur le sol de Jordanie, pays avec lequel il a signé un traité de paix.

Quelles que soient les revendications d'Israël au sujet du passé, désormais il ne peut prétendre être "encerclé" d'ennemis. Il a des traités de paix complets avec l'Egypte et la Jordanie. Malgré le rejet israélien, le Liban et la Syrie offrent constamment des négociations de paix en retour de leurs terres occupées, conformément au processus de Madrid . L'Irak n'est plus un état indépendant et tous les pays arabes du Golfe réunis n'ont pas la capacité, ni l'intention de causer du tort à Israël.

Le conflit essentiel d'Israël est avec les Palestiniens à qui il a usurpé les terres où il s'est établi. Aussi sanglant qu'est ce conflit, les Palestiniens ne possèdent pas d'armes de destruction massive, pas plus que les deux antagonistes ne pourraient utiliser de telles armes l'un contre l'autre parce qu'une telle stratégie équivaudrait d'abord et surtout à un suicide.

L'apartheid sud africain, auquel Israël ressemble de plus en plus aux yeux du monde, nous enseigna une autre leçon : Les armes nucléaires dont le régime sud africain s'était doté avec l'assistance israélienne n'ont servi à rien contre une majorité de gens luttant pour leur liberté.

Par principe, ces armes ne devraient pas être tolérées car elles sont illégales et immorales. Si des efforts sérieux sont pris pour les éradiquer de la région, ils devraient commencer par le seul pays qui en détient réellement , le pays qui menace et occupe actuellement ses voisins.

Source : The Electronic Intifada

Traduction : Eric Colonna

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