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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Pourquoi Bush choisira la guerre contre l'Iran

Par

Ray Close était un analyste de la CIA au Département Moyen-Orient. Il peut être joint à l'adresse suivante : close@counterpunch.org

Comme beaucoup de gens, j'ai beaucoup de mal à croire que le Président Bush pourrait réellement faire quelque chose d'aussi fou que de s'engager dans une attaque militaire contre l'Iran, et que même s'il le voulait, le Congrès, le Pentagone, et le public américain n'encourageraient jamais une telle action. Mais je me souviens qu'au printemps 2002 en écrivant une note de "Chers amis" comme celle-ci, je prédisais que les intentions apparentes de l'administration Bush d'envahir l'Irak s'avéreraient certainement n'être rien d'autre que du bluff, et je soutenais cette affirmation en énumérant toutes les raisons pour lesquelles agir ainsi mènerait au désastre.

Plusieurs de mes amis m'ont dit alors que je passais à côté du fait que le changement de régime allait CERTAINEMENT se produire, et que j'en exagérais les conséquences.

Le problème est qu'aujourd'hui les risques d'une attaque contre l'Iran semblent bien plus affreuses ---- mais ? (Comme George Will le disait dimanche dernier à George Stephanopoulos – "Quand est-ce la dernière fois que ce président s'est inquiété d'obtenir avant d'agir l'approbation du Congrès ou du public ? »)

Cela me rend nerveux quand mon président croit vraiment qu'il effectue la volonté de Dieu.


Donc, c'est pourquoi je crois, à contre-cœur, aujourd'hui que Bush lancera en effet une attaque contre l'Iran avant l'expiration de son mandat :

1. Comme prévu, l'Iran a offert d'entrer en négociations, mais a rejeté la condition préalable d'interrompre l'enrichissement en uranium.
L'Iran continuera indéfiniment dans l'espoir que les États-Unis ne puissent pas réunir un concensus politique et économique international pour nuire à l'Iran de façon critique dans un avenir proche.
En attendant, l'Iran reste totalement et sincèrement convaincu (avec d'amples justifications) que les États-Unis se sont engagés dans le renversement du régime de Téhéran au niveau tactique, et dans une guerre plus large contre l'Islam au niveau stratégique.

A tort ou à raison, les responsables iraniens interprètent la collaboration Israélo-Etasunienne au Liban comme une dernière preuve de leurs soupçons.

Rien n'ébranlera cette conviction. Nous pouvons être fâchés et souffler, mais la réalité est que nous ne réussirons pas à persuader ou à intimider le gouvernement iranien pour l'obliger à faire ce que nous voulons qu'il fasse.

C'est le coeur du problème à Washington : aucun des principaux décideurs --- Bush, Cheney, Rumsfeld ou Rice --- (même Rice !) --- comprend et accepte cette simple réalité, et donc tous les espoirs et les calculs qui entrent dans l'élaboration de la politique américaine sont basés sur des principes erronés.



2. Les États-Unis n'obtiendront pas du Conseil de Sécurité des Nations Unies l'établissement (et donc l'imposition) d'un régime de sanctions que Washington envisage assez dures --- en dépit de l'inquiétude unanime des autres puissances, y compris la Chine et la Russie, que l'Iran nucléaire serait indésirable.

L'administration Bush fulminera au sujet de la faiblesse de la résolution et de la fausse amitié de ses "alliés", mais cela exacerbera seulement les divisions et exposera encore plus l'affaiblessement de la direction politique et morale américaine et la détérioration de sa crédibilité internationale.

L'Iran observera ce feuilleton à l'eau de rose, en souriant comme le chat de Cheshire.


3. Les sanctions qui seront ensuite appliquées n'auront aucune chance de persuader l'Iran d'abandonner ses ambitions nucléaires ; le fait le plus certain est que l'Iran continuera son programme de développement sans aucun ralentissement jusqu'à ce qu'il ait dépassé la "ligne rouge" américano-israélienne qui est de posséder la matière première nécessaire à produire une bombe nucléaire à chaque fois qu'il choisira de le faire.
(Comme nous le savons, la possession d'une bombe opérationnelle peut demander une décennie ou plus à l'avenir, mais "la ligne rouge" qui est d'obtenir la technologie, l'équipement et les matériels nécessaires pourrait être traversée BIEN plus tôt que cela --- et presque certainement avant le départ du bureau de Bush en janvier 2009.)



4. Donc c'est le calcul que fait Bush:

a. Il a promis qu'il ne partira pas du bureau sans s'assurer d'abord que l'Iran ne puisse pas devenir une puissance nucléaire. Il a probablement fait aux responsables israéliens une promesse semblable --- en privé et peut-être explicitement.

Cela signifie qu'il s'est réellement engagé à attaquer l'Iran militairement avant janvier 2009 si tous les utres moyens pour réaliser cet objectif avaient échoué --- ce qui est le cas.

Il croit profondément que l'Iran constitue une menace existentielle à notre allié Israël et une menace extrêmement dangereuse aussi pour les Américains.

Bush croit également que l'Iran est déterminé à saboter les espoirs américains d'établir un "nouveau Moyen-Orient" ---- par un soutien secret aux éléments terroristes anti-Américains tels que le Hizballah et le Hamas --- soutenus par le pouvoir supplémentaire implicite par son éventuelle possession d'armes nucléaires.

Etant donné l'attachement énorme de Bush "à gagner la guerre globale contre le terrorisme", la neutralisation de l'Iran est devenue une condition sine qua non, semblable sinon plus importante dans sa liste de priorités que la "victoire" en Irak : une autre impossibilité qu'il est obstinément peu disposé à reconnaître, même en privé --- encore moins à reconnaitre en public.


b. Bush a l'intention actuellement (avec peu de foi ou de sincérité) d'épuiser toutes les opportunités pour atteindre ses objectifs par des moyens diplomatiques ou par des sanctions économiques.

S'ils échouent, il essayera d'atteindre ses objectifs par l'intimidation --- en levant la menace d'une attaque militaire. Ceci stimulera seulement plus de soutien interne au régime Iranien et plus d'opposition internationale à la politique américaine, en particulier dans le Monde Musulman.

Sans aucun doute, d'ailleurs, un danger d'escalade d'une confrontation militaire américano-Iranienne intensifiera considérablement l'opposition interne et régionale aux objectifs des Etats-Unis en Irak. (Note : Un illogisme mystérieux persiste sur ce point dans l'esprit de Bush.)


c. Le meilleur espoir d'éviter une guerre avec l'Iran (dont les conséquences catastrophiques sont trop nombreuses et étendues pour les cataloguer) sera une opposition à l'idée des militaires américains et des politiciens américains des deux partis qui ont une estimation de l'état d'affaiblissement des Forces de la Défense américaine.

On m'a dit, d'une part, que Bush avait été persuadé par certains conseillers militaires que STRATCOM (le Commandement Stratégique aérien) avait un plan réalisable pour qu'une attaque globale soit lancée presque simultanément contre 1500 cibles en Iran ce qui empêchera réellement toute représaille iranienne, et qui évitera le besoin d'une importante opération terrestre ou d'une occupation après le conflit.

(La logique de cette stratégie repose apparemment sur l'espoir que la destruction du potentiel nucléaire et des possibilités militaires conventionnelles de l'Iran dans un déploiement spectaculaire saisissant et effrayant déclenchera une révolte interne contre le gouvernement actuel, avec des éléments modérés pro-occidentaux prêts à prendre le pouvoir au nom de la liberté et de la démocratie. Cela doit être une autre fantaisie rêvée dans les esprits tordus de gens comme Michael Ledeen et d'autres illusionistes néocons.)



5. Je crois que l'Iran voudrait beaucoup être accepté en tant que membre respecté de la communauté des Etats modernes prospères et influents.

Et l'Iran qui était en effet un membre digne de confiance de cette communauté serait un énorme avantage pour l'Amérique et le monde.

Cela devrait être l'objectif de la politique américaine, donc --- en adaptant et par la suite en modifiant les aspirations nationales légitimes d'un Iran intéressé et pragmatique --- et non par le lancement d'une guerre préventive potentiellement catastrophique contre une nation Musulmane potentiellement puissante et influente de 70 millions d'habitants.

Amadouer l'Iran en lui donnant un chemin menant vers l'obtention réussie de la respectabilité et de l'acceptation internationales est la "carotte" la plus importante que nous devrions offrir à la direction iranienne aujourd'hui.

Cependant, la valeur potentielle de cette incitation positive a été complètement gaspillée par l'hostilité et la belligérence injustifiées du langage "diplomatique" américain --- en commençant par "l'Axe du Mal" jusqu'à l'offre la plus récente des ultimatums évidemment inacceptables.

Cela a considérablement diminué notre propre pouvoir de négociation pour arriver à un accord raisonnable avec l'Iran, un travail infiniment plus difficile de cette façon.



6. Néanmoins, par ordre d'importance, l'attrait de la perspective de l'Iran à avancer vers l'acceptation et la respectabilité internationales désirées est complètement éclipsé par deux autres facteurs dominants actuellement :
la nécessité de renforcer et de préserver la fierté nationale de l'Iran (récemment revalorisée par le succès apparent de son représentant au Liban, le Hizballah),
et sa conviction que les Etats-Unis sont un ennemi implacable auquel on doit résister à tout prix.



7. En ajoutant tous ces facteurs, il me semble clair que Bush a tracé le chemin suivant pour la politique américaine, auquel je ne vois aucun moyen d'échapper.

a. Des efforts permanents et futiles pour obtenir une capitulation iranienne par des sanctions économique faibles et inefficaces, et par l'accompagnement d'invectives et d'arrogance contreproductives ;

b. Rapidement suivis d'une période de menaces d'escalade rapide d'action militaire, pendant laquelle l'opposition internationale et domestique à la politique américaine augmentera considérablement, rendant les choix de Bush de plus en plus douloureux et difficiles en tous points

c. Un jugement de Bush que les risques et les coûts immédiats d'une action militaire préventive contre l'Iran sont, en fin de compte, moins formidables que les risques et les coûts de tolérer la possession de l'arme nucléaire par l'Iran --- et l'humiliation personnelle et nationale qui résulterait de l'acceptation passive de ces résultats

d. Peu de temps avant la fin de son mandat, une massive attaque militaire aérienne contre un grand nombre de cibles soigneusement choisies en Iran, en partenariat avec Israël, et contre le conseil de plusieurs de ses conseillers --- justifiée par la conviction que l'Iran nucléaire constituerait une menace intolérable à la sécurité nationale américaine, confiant dans sa foi que Dieu est d'accord avec lui sur ce point, et certain que l'histoire reconnaitra par la suite et appréciera correctement sa conduite courageuse et visionnaire.


A lire, le rapport de suivi de Institut for Research : Middle Eastern Policy :
Rupture nette ou sale guerre ? Directive de la politique étrangère d'Israël pour les Etats-Unis



Source : http://www.counterpunch.org/

Traduction : MG pour ISM

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