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France - 27 mars 2009
Par Gilbert Achcar, Tareq Arar, Julien Salingue
* Gilbert Achcar est professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l’Université de Londres; Tareq Arar est doctorant à l’Institut français de Géopolitique (IFG-Université Paris VIII) et président de l’Union générale des étudiants palestiniens (GUPS) en France; Julien Salingue est doctorant et enseignant en Science Politique à l'Université Paris VIII.
En tant que participants au colloque «Israël-Palestine : Etat des lieux», organisé les 6 et 7 avril prochains au CNAM, à Paris, sous la direction d’Esther Benbassa, nous avons été interpellés et le sommes constamment par des personnes s’étonnant de notre participation.
Nous avons donc jugé nécessaire de faire connaître notre position.
Nous participerons au colloque parce que nous estimons qu’une telle rencontre présente un intérêt majeur quant à l’actualisation des travaux de recherche universitaire traitant de la situation au Proche-Orient, et nous sommes reconnaissants à Esther Benbassa de l’avoir organisé. Nous avons cependant été surpris comme tout le monde, en prenant connaissance du programme définitif du colloque, d’apprendre qu’il sera clôturé par une table ronde – tenue dans un lieu différent : un amphithéâtre à la Sorbonne – à laquelle est convié Sammy Ravel, ministre plénipotentiaire auprès de l’Ambassade d’Israël à Paris.
Cette invitation pose à nos yeux un problème majeur : inviter un représentant officiel de l’Etat d’Israël dans un colloque universitaire nous semble aujourd’hui tout à fait inacceptable. Depuis plusieurs années, une campagne initiée par l’ensemble de la société civile palestinienne et soutenue par nombre de pacifistes israéliens demande aux Etats et aux populations du monde entier de rompre tout lien avec les institutions de l’Etat d’Israël, tant que celui-ci continuera de bafouer le droit international.
Cette campagne, dite «BDS» (pour Boycott-Désinvestissement-Sanctions), s’inspirant du précédent sud-africain, c’est-à-dire de la campagne internationale de boycott et de sanctions contre le régime de l’apartheid, a pour objectif d’exercer une pression internationale sur l’Etat d’Israël afin qu’il respecte les droits du peuple palestinien.
Il ne s’agit évidemment pas de rompre tout lien avec les Israéliens en tant qu’individus, mais seulement avec les institutions israéliennes qui participent à la perpétuation de l’injustice subie par le peuple palestinien.
La campagne BDS connaît une actualité toute particulière depuis la récente offensive israélienne criminelle contre la Bande de Gaza. Elle a rencontré depuis lors un écho très élargi. L’Assemblée des mouvements sociaux, réunie lors du Forum social mondial de janvier 2009 à Belém, Brésil, a appelé à «impulser» la campagne BDS et, dans une pétition récente, un grand nombre d’universitaires et de chercheurs en France même se sont engagés «à cesser toute collaboration avec les institutions israéliennes participant à l’occupation», tout en se déclarant «solidaires de ceux qui en Israël luttent courageusement pour les droits humains, sociaux et politiques des Palestiniens».
Il nous semble donc particulièrement malvenu aujourd’hui de convier à un colloque universitaire un diplomate israélien. Il ne s’agit bien sûr pas de refuser le débat contradictoire : nous sommes tout à fait disposés à discuter avec des chercheurs israéliens qui soutiennent la politique de leur gouvernement.
Il s’agit uniquement de refuser la présence d’un représentant officiel de l’Etat d’Israël dans une Université, a fortiori au moment où se met en place en Israël un gouvernement d’extrême droite avec pour chef de la diplomatie un raciste notoire.
C’est pourquoi, bien que participant au colloque au CNAM, nous déplorons fortement l’invitation d’un ambassadeur d’Israël à la soirée de clôture à la Sorbonne et déclarons que nous n’y assisterons pas.
Source : http://juliensalingue.over-blog.com/
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