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ISM France - Archives 2001-2021

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France -

L’Occident impérialiste et le projet sioniste

Par

> youssef.girard@gmail.com

« Qui quêtera la puissance par l’injustice et l’erreur, Allah lui donnera en héritage l’ignominie, en toute équité et justice ». L’Imam Ali
En marge du mouvement de solidarité avec la Palestine, un discours sur les origines des soutiens occidentaux à l’Entité sioniste se développe. Celui-ci voudrait que les nations occidentales en général, et la France en particulier, fassent cause commune avec l’Entité sioniste en raison de leur soumission totale à des « groupes d’intérêts » minoritaires qui contrôleraient ces nations grâce à leur main mise sur les médias, le champ politique ou le monde des affaires.

Ainsi, les peuples occidentaux seraient avant tout victimes de ces « groupes » qui contrôleraient leurs pays. Ce discours vise essentiellement à dédouaner l’Occident impérialiste, et singulièrement la France, de sa politique de soutien total à l’Entité sioniste en niant, ou en passant sous silence, les intérêts objectifs qu’a l’Occident à supporter l’Entité.

Pour avoir une juste compréhension des contradictions à l’œuvre au Machrek, nous devons répudier ces discours visant à masquer les faits objectifs. L’Occident impérialiste soutient l’Entité sioniste avant tout parce que celle-ci défend ses intérêts et parce que l’Entité est une partie intégrante de l’Occident.

Le fondateur du Front Populaire de Libération de la Palestine [FPLP], Georges Habache, expliquait : « Une analyse de la situation qui considérerait les USA comme uniquement prisonniers des groupes de pression sionistes serait fausse, superficielle et dangereuse. Elle reviendrait, en effet, à blanchir l'impérialisme mondial, à ignorer son rôle et ses intérêts réels dans la région. Séparer la lutte contre Israël et le sionisme de la lutte anti-impérialiste serait tombé dans une erreur fatale » [1].

Si chercher à laver l’impérialisme occidental, et singulièrement français, de ses crimes est un enjeu capital pour les « patriotes » français et autres défenseurs de l’impérialisme gaulois, cela n’a strictement aucun intérêt pour nous.
Pourquoi défendrions-nous ce groupe de nations qui durant cinq siècles ont asservi l’ensemble de la planète ?

A quel titre nous ferions-nous les avocats d’un Occident qui a exterminé les Amérindiens, réduit en esclavage des millions d’Africains et asservi les peuples des Trois continents ?
Pour quel motif devrions-nous disculper une civilisation ayant imposé son hégémonie en créant le système capitaliste dont la naissance fut, selon les mots de Marx, « célébrée par une sorte de massacre des innocents » des Trois continents ?
Au nom de quoi devrions-nous-nous transformer en protecteur idéologique défendant l’honneur de la France ?

Contre ceux qui veulent disculper l’impérialisme occidental de ses responsabilités, Gamal Abdel-Nasser affirmait qu’« Israël n’est que le dernier-né de l’impérialisme » [2]. De même, Georges Habache rappelait : «N'oublions pas, en effet, que si Israël a pu s'imposer en Palestine et continue d'exister, de s'étendre, c'est aux conditions objectives et aux possibilités pratiques qui lui ont été fournies par l'impérialisme mondial qu'il le doit» [3].

A la fin du XIXème siècle, alors que les sionistes commençaient à mettre en œuvre leur projet de colonisation de la Palestine, l’idée d’une immigration juive massive fut très favorablement accueillie en Grande-Bretagne. Nourrie par la lecture de la Bible, les élites politiques de la première puissance mondiale de l’époque estimaient que l’accomplissement des prophéties ne pourrait se réaliser qu’après le retour des Juifs sur la terre de Palestine et leur conversion au christianisme. Ainsi, des responsables britanniques qui y voyaient aussi un moyen d’étendre l’influence de leur pays, préconisèrent la colonisation massive de la Palestine.

Durant la guerre de 1914-1918, alors que l’Empire Ottoman se battait au côté de l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France mirent en place les derniers plans d’achèvement de l’« homme malade de l’Europe ». Dans ce cadre, le 2 février 1917, le gouvernement britannique s’engagea à favoriser la création d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine.

Le 14 février 1918, le gouvernement français adressa une lettre officielle à Nahum Sokolow, cadre du mouvement sioniste, dans laquelle il affirmait que «l’entente est complète entre les gouvernements français et britanniques en ce qui concerne la question d’un établissement juif en Palestine» [4].
Après le démantèlement de l’Empire Ottoman et l’imposition des mandats français sur le Syrie et le Liban et britanniques sur l’Irak, la Jordanie et la Palestine, les puissances impérialistes victorieuses purent mettre en place leur projet colonial de création d’un « foyer national » juif en Palestine.

Dès octobre 1920, les autorités britanniques favorisèrent la création d’un conseil national chargé de la gestion interne de la communauté juive de Palestine. En 1929, l’Agence juive qui était chargée d’organiser le développement de la colonisation sioniste, fut créée. Dans le même temps, les organisations sionistes cherchaient à accaparer le maximum de propriétés agricoles arabes.

En Allemagne, les nazis, voulant vider le pays de sa population israélite, favorisèrent l’émigration juive en direction de la Palestine en accord avec l’Organisation sioniste qui était la seule institution juive à être autorisée sur le territoire germanique [5]. Ainsi, à la faveur du mandat britannique la population juive en Palestine passa d’environ 83 000 individus en 1922 à 528 000 en 1944.


Après la guerre de 1939-1945, alors que les pays du Machrek sous mandats français et britanniques recouvraient leur indépendance, les deux nouvelles puissances occidentales hégémoniques, les Etats-Unis et l’URSS, s’affirmèrent favorable au « partage » de la Palestine qui marquait une étape majeure dans la réalisation du projet de colonisation sioniste.

Le plan de partage fut finalement voté le 29 novembre 1947 sans que le peuple palestinien ne soit concerté. En plein déclanchement de la guerre froide, les impérialistes occidentaux surent s'entendre pour dépouiller le peuple palestinien et imposer leur hégémonie sur les peuples arabes et musulmans.


Après la création de l’Entité sioniste, la France s’appliqua à soutenir activement le nouvel Etat qui avait pour ennemi commun les mouvements nationalistes arabes luttant pour la libération de leurs pays. De la lutte contre la révolution algérienne à la fourniture de l’arme nucléaire en passant par l’attaque de l’Egypte nassérienne en 1956, la France était alors le premier soutien de l’Entité sioniste.

Puissance impérialiste déclinante souhaitant préserver son influence dans le monde arabe, la France s’allia avec l’Entité sioniste afin de préserver ses intérêts. A ce moment là, les Etats-Unis ne jouaient pas un rôle majeur de soutien à l’Entité usurpatrice.

Il fallut attendre l’arrivée au pouvoir de John Fitzgerald Kennedy pour que les Etats-Unis prennent unilatéralement parti pour l’Entité sioniste à qui ils distribuèrent argent et armes afin de lui confier la défense de leurs intérêts dans la région. En mai 1964, Lyndon Johnson reçu le président du Conseil de l’Etat sioniste et affirma que les Etats-Unis défendrait l’Entité. Cela marquait la volonté des Etats-Unis de combattre tous les mouvements de libération arabe, et en premier lieu l’Egypte de Gamal Abdel-Nasser, afin de préserver sa main mise sur le pétrole arabo-musulman.

Les mouvements de libération arabes socialisants qui voulaient nationaliser les matières premières et développer des programmes sociaux, menaçaient directement les intérêts étatsuniens au Machrek et dans l’ensemble du monde arabo-musulman. De fait, l’Entité sioniste devenait un allier majeur pour que Washington préserve ses intérêts dans la région.


Expliquant cette alliance entre l’impérialisme occidental et le sionisme, Georges Habache affirmait : « Ainsi, apparaît-il que les liens qui unissent les USA, comme base de l'impérialisme mondial, avec Israël, reposent — fondamentalement — sur une conjonction : celle de l'intérêt qu'ont les deux parties à s’opposer au mouvement de libération nationale palestinien et arabe.

Les sionistes veulent non seulement subsister sous leur forme agressive actuelle, mais encore, satisfaire le reste de leurs appétits expansionnistes. Les impérialistes aident Israël par tous les moyens possibles ; ce dernier, en contrepartie, s'emploie à frapper le mouvement de libération palestinien et arabe qui menace les intérêts impérialistes et israéliens dans la région
» [6].

C’est dans le cadre de la défense des intérêts impérialistes français, et non parce que la France serait dominée par des « groupes de pression » et autres « lobbys », que la politique pro-sioniste de Nicolas Sarkozy doit être comprise. L'adoption par les ministres des Affaires Etrangères de l'Union Européenne le 9 décembre dernier, sous pression de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner, d'un texte permettant de «rehausser» les relations entre Israël et l'UE, montre la collusion entre les impérialistes français et le régime sioniste.

Cette alliance repose sur le fait que les impérialistes français et l’Entité sioniste ont les mêmes intérêts à préserver l’hégémonie occidentale au Machrek.


Si les impérialistes français peuvent avoir des intérêts divergents de ceux des Etats-Unis, dans une logique d’opposition inter-impérialiste, il n’en demeure pas moins qu’ils sont un facteur d’oppression et d’exploitation des peuples arabes et musulmans. Fraction agissante de l'impérialisme occidental, la France est une nation impérialiste dont les intérêts vont à l’encontre de la libération des peuples des Trois continents, et donc de l’émancipation du genre humain.

Pour préserver les intérêts occidentaux, les peuples arabes et musulmans doivent être maintenus sous le joug de l’Occident afin que leurs serviles dirigeants vendent leurs matières premières à vil prix et ouvrent leurs frontières aux produits des nations hégémoniques.

Tout mouvement de résistance de ces peuples est donc une menace directe pour les intérêts occidentaux. Au même titre que tous les mouvements remettant en cause l’hégémonie occidentale, ils doivent donc être sévèrement réprimés comme l’exposait clairement Thomas Friedman, l’un des théoriciens du capitalisme étatsuniens : «la main invisible du marché ne fonctionne pas sans le poing invisible représenté par le Pentagones et l’armée américaine. Mc Donald prospère encore plus, avec Mc Donnel Douglas, l’inventeur du F15» [7]. Au Machrek, l’Entité sioniste est une part active de ce «poing » que le capitalisme occidental utilise pour faire fonctionner sa « main invisible du marché» et c’est pour cela qu’elle est soutenue dans sa politique coloniale.

A l'heure actuelle, les impérialistes et les sionistes paraissent encore puissants, mais en réalité, ils ne le sont pas car les peuples s’organisent de plus en plus pour mener la résistance. La résistance héroïque du peuple palestinien de Gaza durant la dernière attaque sioniste en a été une preuve étincelante.

La politique de colonisation, l’exploitation, les guerres sont autant de cordes de potence que l'impérialisme occidental et le sionisme se passent au cou car les peuples arabes et musulmans refusent de plus en plus activement la domination des Etats-Unis, de l’Entité, de la Grande-Bretagne, de la France ou de toute autre nation impérialiste.

Youssef Girard.


Notes de lecture :
[1] Habache Georges, « Les ennemis de la révolution », 1969.
[2] Abdel-Nasser Gamal, Philosophie de la révolution, 1953, cité in. Balta Paul, Rulleau Claudine, La vision nassérienne, Paris, Ed. Sindbad, 1982, page 195.
[3] Habache Georges, « Les ennemis de la révolution », art. cit.
[4] Cloarec Vincent et Laurens Henry, Le Moyen-Orient au XXème siècle, Paris, Ed. Armand Colin, 2002, page 40.
[5] Ibid., page 68.
[6] Habache Georges, « Les ennemis de la révolution », art. cit.

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