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Gaza - 14 juillet 2006
Par Tanya Reinhart
Une version plus courte de cet article devait paraître le jeudi 13 juillet dans le Yediot Aharonot, mais cela a été reporté à la semaine prochaine en raison des développements au Sud Liban. (*)
Quelque soit le destin du soldat captif Gilad Shalit, la guerre de l'armée israélienne à Gaza ne le concerne pas.
Comme l'a indiqué l'analyste sur la sécurité, Alex Fishman, l'armée se préparait depuis des mois et insistait constamment sur une attaque, avec pour objectif, la destruction de l'infrastructure du Hamas et de son gouvernement.
Depuis le 8 juin, l'armée est à l'origine de l'escalade quand elle a assassiné Abu Samhadana, un élu du gouvernement du Hamas, et a intensifié ses bombardements contre des civils dans la bande de Gaza.
L'autorisation gouvernementale pour agir à une plus grande échelle avait déjà été donnée pour le 12 juin, mais elle a été remise à plus tard à la suite des répercussions mondiales provoquées par le massacre de civils dans le bombardement de l'Armée de l'Air le lendemain.
L'enlèvement du soldat a donné un feu vert, et l'opération a commencé le 28 juin par la destruction de l'infrastructure à Gaza et la détention massive des dirigeants du Hamas en Cisjordanie , qui était également prévue depuis des semaines. (1)
Dans le discours israélien, Israël a mis fin à l'occupation de Gaza quand il a évacué ses colons de la Bande, et le comportement des Palestiniens est donc de l'ingratitude. Mais rien n'est plus loin de la réalité que cette description.
En fait, comme cela a été déjà stipulé dans le Plan de Désengagement, Gaza est resté sous total contrôle militaire israélien, surveillé de l'extérieur. Israël a empêché toute possibilité d'indépendance économique pour la Bande et dès le début, Israël n'a pas mis en application une seule des clauses de l'accord sur les passages des frontières de novembre 2005.
Israël a simplement substitué l'occupation onéreuse de Gaza par une occupation à bas prix, une occupation qui, selon Israël, l'exempte de la responsabilité de l'occupant à s'occuper de la Bande, et à s'inquiéter du bien-être et de la vie de son million et demi d'habitants, comme cela est déterminé dans la Quatrième Convention de Genève.
Israël n'a pas besoin de ce bout de terre, l'une des plus massivement peuplées au monde, et n'yant aucune ressource naturelle.
Le problème est qu'on ne peut pas laisser Gaza libre si on veut garder la Cisjordanie . Un tiers des Palestiniens occupés vivent dans la Bande de Gaza.
S'ils on leur donne la liberté, ils deviendraient le centre de la lutte palestinienne pour la libération, avec un libre accès au monde occidental et Arabe.
Pour contrôler la Cisjordanie , Israël a besoin d'un contrôle total sur Gaza. La nouvelle forme de contrôle qu'Israël a développé transforme l'ensemble de la Bande en camp de prison complètement verrouillé du reste du monde.
La population occupée et assiégée sans rien à espérer, et sans aucun moyen alternatif de lutte politique, cherchera toujours des moyens pour combattre son oppresseur.
Les Palestiniens emprisonnés de Gaza ont trouvé un moyen de troubler la vie des Israéliens vivant à proximité de la Bande, en lançant des roquettes artisanales Qassam de l'autre côté du mur de Gaza sur les villes israéliennes entourant la Bande.
Ces roquettes primitives manquent de précision pour se concentrer sur une cible, et ont rarement causé de victimes israéliennes ; cependant, elles causent des dommages physiques et psychologiques et perturbent sérieusement la vie dans les secteurs israéliens visés.
Aux yeux de nombreux Palestiniens, les Qassams sont une réponse à la guerre qu'Israël leur a déclaré.
Comme l'a dit un étudiant de Gaza au New York Times : "Pourquoi devrions-nous être les seuls à vivre dans la peur ? Avec ces roquettes, les Israéliens ressentent aussi la peur. Nous devrons vivre dans la paix ensemble, ou vivre dans la peur ensemble." (2)
L'armée la plus puissante au Moyen-Orient n'a aucune réponse militaire à ces roquettes artisanales. Une réponse qui se présente est ce que le Hamas a toujours proposé , et ce qu'Haniyeh a répété cette semaine : un cessez-le-feu complet.
Le Hamas a déjà prouvé qu'il pouvait respecter sa parole. Au cours des 17 mois depuis qu'il a annoncé sa décision d'abandonner la lutte armée en faveur de la lutte politique, et qu'il a déclaré un cessez-le-feu unilatéral ("tahdiya" - calme), il n'a participé à aucun lancement de Qassams, sauf lors d'une grave provocation israélienne, comme cela s'est produit lors de l'escalade de juin.
Cependant, le Hamas reste engagé dans la lutte politique contre l'occupation de Gaza et de la Cisjordanie .
Selon Israël, les résultats des élections palestiniennes sont un désastre, parce que pour la première fois, ils ont un gouvernement qui insiste pour représenter les intérêts des Palestiniens au lieu de seulement collaborer avec les demandes d`Israël.
Depuis, mettre fin à l'occupation est la seule chose qu'Israël ne veut pas envisager, et l'option favorisée par l'armée est de briser les Palestiniens par une force brutale dévastatrice.
Ils doivent être affamés, bombardés, terrorisés avec des bangs supersoniques pendant des mois, jusqu'à ce qu'ils comprennent que la rebellion est futile, et qu'accepter la vie en prison est leur seul espoir de rester en vie.
Leur système politique élu, leurs institutions et leur police doivent être détruits.
Selon Israël, Gaza devrait être gouverné par des gangs qui collaborent avec les gardiens de la prison.
L'armée israélienne a faim de guerre. En aucun cas, elle ne s'inquiète des soldats captifs.
Depuis 2002, l'armée a soutenu qu'une "opération" du genre "Bouclier Défensif" à Jénine était également nécessaire à Gaza. Il y a exactement un an, le 15 juillet (avant le Désengagement), l'armée a concentré ses forces sur la frontière de la Bande pour une offensive de cette ampleur contre Gaza.
Mais alors, les Etats-Unis ont imposé un véto. Rice est arrivée pour une visite d'urgence qui a été décrite comme âpre et orageuse, et l'armée a été forcée de reculer (3).
Maintenant, le temps est finalement venu. Avec la forte Islamophobie de l'Administration Américaine, il s'avère que les Etats-Unis sont prêts à autoriser une telle opération, à condition que cela ne provoque pas un tollé mondial avec de nombreux rapports d'attaques contre des civils.(4)
Comme le feu vert pour une offensive a été donné, le seul souci de l'armée est l'image dans l'opinion publique.
Fishman a indiqué ce mardi ce qu'était l'inquiétude de l'armée : "Ce qui menace d'enterrer cet énorme effort militaire et diplomatique, ce sont les rapports sur la crise humanitaire à Gaza. Par conséquent, l'armée fera attention à laisser entrer de la nourriture dans Gaza. (5) De cette perspective, il est nécessaire d'alimenter les Palestiniens de Gaza de sorte qu'il soit possible de continuer à les tuer sans être dérangés."
NOTES
* Des parties de cet article ont été traduites de l'Hébreu par Mark Marshall.
(1) Alex Fishman, Qui est pour l'élimination du Hamas, Yediot Aharonot, Supplément du samedi, 30 juin 2006. Voir également : Alex Fishman, The safety-catch released, Yediot Aharonot, 21 juin 2006 (Hébreu), Aluf Benn, Une opération avec deux objectifs, Ha`aretz, 29 juin 2006.
(2) Greg Myre, Les roquettes créent un "équilibre de la peur" avec Israël, dissent les habitants de Gaza. New York Times, 9 juillet 2006.
(3) Steven Erlanger, “U.S. Presses Israël to Smooth the Path to a Palestinian Gaza”, New York Times, 7 août 2005
(4) Pour une etude détaillée de la position actuelle de l'Administration Américaine, voir Ori Nir, U.S. Seen Backing Israëli Moves To Topple Hamas, The Forward, 7 Juillet 2006.
(5) Alex Fishman, "Leur nourriture est terminée", Yediot Aharonot, 11 Juillet 2006.
Source : http://www.palsolidarity.org/
Traduction : MG pour ISM
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