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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

L'héritage de Sharon en action

Par

> reinhart@post.tau.ac.il

Conférence de Biella en Italie sur "LA DIMENSION DU MONDE PARTAGÉ - QUEL FUTUR POUR PALESTINE/ISRAEL ?" mai 2006.

A présent, le monde occidental semble toujours sous le charme de la légende d'Ariel Sharon, qui, ainsi va l'histoire, a apporté un changement colossal dans la politique israélienne : de l'expansion et de l'occupation à la modération et aux concessions, une vision encore à mettre en application par son successeur, Ehud Olmert.
Comment Sharon, l'homme politique israélien le plus brutal, cynique, raciste et manipulateur qu'Israel n'ait jamais eu, a pû terminer sa carrière politique en héros de paix légendaire ?

Depuis l'évacuation des colonies de la Bande de Gaza, le discours occidental dominant a été qu'Israël a fait sa part du chemin vers une fin de l'occupation et qu'il a montré son empressement à prendre d'autres mesures, et que maintenant c'est au tour des Palestiniens de prouver qu'ils peuvent vivre en paix avec leur voisin plein de bonnes intentions.

Comment Sharon, l'homme politique israélien le plus brutal, cynique, raciste et manipulateur qu'Israël n'ait jamais eu, a pû terminer sa carrière politique en héros de paix légendaire ?

La réponse est, je crois, que Sharon n'a pas changé. Plutôt, le mythe établi autour de lui reflète l'omnipotence actuelle du système de propagande, qui, pour paraphraser une notion de Chomsky, a atteint la perfection dans la fabrication de la connaissance.

La magie qui a transformé Sharon aux yeux du monde a été l'évacuation des colonies de Gaza. Je reviendrai sur ce point et j'affirme que même cela, Sharon ne l'a pas fait de son plein gré, mais en raison de la pression sans précédent que les Etats-Unis lui ont imposée.

De toute façon, Sharon avait indiqué très clairement dès le début que l'évacuation des colonies ne signifiait pas laisser Gaza libre.

Le plan de désengagement, publié dans les journaux israéliens le 16 avril 2004, spécifiait à l'avance que "Israël supervisera et gardera l'enveloppe externe sur la terre, maintiendra le contrôle exclusif de l'espace aérien de Gaza, et continuera à mener des actions militaires dans les eaux territoriales de la bande de Gaza." [1].


Regardons brièvement ce qu'a fait Sharon.

Pendant ses quatre années au gouvernement, Sharon a tenu à distance toute chance de négociations avec les Palestiniens :

• En 2003 - période de la Feuille de Route - les Palestiniens ont accepté le plan et ont déclaré un cessez-le-feu, mais tandis que le monde occidental célébrait la nouvelle ère de paix, l'armée israélienne, sous Sharon, a intensifié sa politique d'assassinats, maintenu le harcèlement quotidien des Palestiniens Occupés, et a ensuite déclaré une guerre totale contre le Hamas, en tuant ses principaux responsables militaires et politiques.

• Ensuite, alors que le monde occidental retenait encore son souffle, en attendant pendant un an et demi le désengagement prévu de Gaza, Sharon a fait tout son possible pour faire échouer le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a été élu en janvier 2005.
Sharon a déclaré qu'Abbas n'était pas un partenaire approprié (parce qu'il ne combattait pas le terrorisme) et a refusé toutes ses offres de nouvelles négociations.


La réalité quotidienne des Palestiniens dans les territoires occupés n'a jamais été aussi sinistre que sous Sharon.

En Cisjordanie , Sharon a lancé un projet massif de nettoyage ethnique dans les secteurs limitrophes à Israël.

Son projet de mur vole la terre les villages palestiniens dans ces secteurs, emprisonne des villes entières, et laisse leurs habitants sans aucun moyen de subsistance.

Si le projet se poursuit, un grande partie des 400.000 Palestiniens affectés devront partir à la recherche d'emploi dans les périphéries des villes du centre de la Cisjordanie , comme cela se produit déjà dans la ville de Qalqilia au nord de la Cisjordanie .

Les colonies israéliennes de la Bande de Gaza ont été évacuées mais Gaza reste une grande prison, complètement coupée du monde extérieur, proche de la famine et terrorisée par l'armée israélienne depuis la terre, la mer et le ciel.

La question qui préoccupait les élites politiques et militaires israéliennes depuis la saisie des territoires palestiniens en 1967 était : Comment conserver le plus de terre possible avec un minimum de Palestiniens.
Le plan Allon du Parti Travailliste, qui a été réalisé à Oslo, était de garder environ 40% de la Cisjordanie , mais de donner une autonomie aux Palestiniens sur les 60% restants.

Cependant, Barak et Sharon ont détruit les Accords d'Oslo. Le modèle qu'Israël a développé sous Sharon est un système complexe de prisons.

Les Palestiniens sont poussés dans des enclaves fermées et bouclées, totalement contrôlées de l'extérieur par l'armée israélienne, qui pénètre dans les enclaves à volonté.

D'après ce que je sais, cet emprisonnement de l'ensemble d'une population est un modèle d'occupation sans précédent et il est exécuté avec une vitesse et une efficacité effrayantes.

En même temps, ce que Sharon a porté à la perfection, c'est la fabrication de la conscience, prouvant que la guerre peut toujours être vendue comme une poursuite inlassable de la paix.

Il a montré qu'Israël pouvait emprisonner les Palestiniens, les bombarder depuis le ciel, voler leur terre en Cisjordanie , bloquer toute chance de paix, et être toujours considéré par le monde occidental comme était la partie pacifique dans le conflit Israélo-Palestinien.

Sharon s'est maintenant retiré de la vie politique, mais cela n'engendre aucun changement. L'héritage de Sharon est bien vivant. Il a été préparé pendant plus d'une décennie dans l'armée israélienne, qui est, en effet, le facteur dominant dans la politique israélienne.

L'armée est le facteur politique le plus stable et le plus dangereux en Israël. Comme le déclarait déjà en 2001 un analyste israélien : "Au cours des six dernières années, depuis octobre 1995, il y a eu cinq Premiers Ministres et six Ministres de la Défense, mais seulement deux Chefs d'Etat-Major." [2]

L'armée israélienne et le système politique israéliens ont toujours été étroitement liés, avec des généraux allant directement de l'armée au gouvernement, mais le statut politique de l'armée s'est encore plus renforcé sous Sharon. Il est souvent évident que les véritables décisions sont prises par les militaires et non par les politiques.

Les hauts responsables militaires donnent des instructions à la presse (ils prennent au moins la moitié de l'espace des informations dans les médias israéliens), et briefent et façonnent les opinions des diplomates étrangers ; ils vont à l'étranger dans des missions diplomatiques, esquissent des projets politiques pour le gouvernement, et expriment leurs opinions politiques à n'importe quelle occasion.

Contrairement à la stabilité des militaires, le système politique israélien est dans un processus progressif de désintégration.

Dans un rapport de la Banque Mondiale d'avril 2005, Israël s'avère être l'un des Etats les plus corrompus et le moins efficace dans le monde occidental, en seconde place derrière l'Italie au niveau de la corruption du gouvernement, et en dernière place pour la stabilité politique. [3]

Sharon était personnellement associé, ainsi que ses fils, à de graves accusations de corruption qui ne sont jamais arrivées jusqu’à un tribunal.

Le nouveau parti que Sharon a créé, Kadima, qui dirige désormais le gouvernement, est un conglomérat hiérarchique d’individus sans institutions de parti ou branches locales.

Ses règles de fonctionnement, publiées le 22 novembre 2005 permettent à son chef de contourner tout processus démocratique normal et de nommer la liste des candidats du parti au parlement sans vote ou approbation d'un organisme du parti. [4]


Le parti Travailliste n'a pas pu offrir d'alternative.
Au cours des deux dernières élections israéliennes, les Travaillistes ont élus des candidats pacifistes pour le poste de Premier Ministre : Amram Mitzna en 2003 et Amir Peretz en 2006.

Tous les deux ont été accueillis au début avec énormement d'enthousiasme, mais ils ont été immédiatement réduits au silence par leurs partis et leurs conseillers de campagne et une auto-censure, en voulant se situer "au centre de la carte politique".

Bientôt, leur programme ne se distinguait plus de celui de Sharon. Peretz a même déclaré que sur les sujets "des Affaires Etrangères et de la sécurité" qu'il ferait exactement comme Sharon, ou plus tard Olmert, et il ne différait d'eux que sur les questions sociales.

Ainsi, ces candidats ont contribué à convaincre les électeurs israéliens que la voie de Sharon était la bonne.
Ces dernières années, il n'y a jamais eu d'opposition de Gauche substantielle au gouvernement de Sharon et des généraux, puisqu'après les élections, les Travaillistes ont toujours rejoint le gouvernement, fournissant l'image pacifique à exhiber au monde dont les généraux avaient besoin.

Avec l'effondrement du système politique, l'armée reste l'institution qui façonne et exécute la politique d'Israël, et comme cela est déjà devenu évident en quelques mois depuis que Sharon a quitté le bureau, l'armée est déterminée à accomplir son héritage, avec le successeur de Sharon, Ehud Olmert.

Pour cela, il est essentiel que, quoi que fasse Israël, cela doit être présenté comme des concessions douloureuses. En ce moment, nous sommes à l'aube d'un nouveau "plan de paix" lancé par Olmert.

Olmert a peut-être inventé le nom de ce plan, mais les droits d'auteur appartiennent à Sharon.

Le 2 janvier 2006, peu avant le départ de Sharon du bureau, le quotidien israélien Ma’ariv a révélé le plan qu'il avait l'intention de présenter pour la Cisjordanie .

Le plan repose sur la reconnaissance potentielle des Etats-Unis que la Feuille de Route a été interrompue - et qu'en fait, elle n'a jamais "démarré", étant donné que (selon la position officielle d'Israël), il n'y a jamais eu de véritable partenaire palestinien pour la paix. Cela l'était bien avant que les élections palestiniennes portent au pouvoir le Hamas, mais du point de vue d'Israël, aucun responsable palestinien n'a été un partenaire approprié.

Sharon arguait que l'Autorité Palestinienne sous Abbas ne respectait pas ses obligations de combattre le réseau de terroristes. En l'absence d'un partenaire approprié, Israël devrait fixer unilatéralement ses frontières : c'est à dire, décider lui-même combien de terre palestinienne il devait prendre et se désengager du reste.

Selon ce plan, des négociations avec les États-Unis devraient mener "à un accord signé avec Washington qui déterminera la frontière orientale définitive d'Israël."
L'accord Américano-Israélien inclura "l'achèvement rapide de la barrière (Mur)… qui deviendrait une véritable barrière de frontière." [5]

La veille des élections israéliennes, Olmert a publiquement dévoilé le plan, qui est devenu plus tard le plan officiel du nouveau gouvernement israélien, sous le titre de consolidation ou convergence. Il a souligné que la nouvelle frontière d'Israël correspondrait au tracé du Mur, qui serait achevé avant que commence le désengagement. [6]

Pour faire fructifier le plan, le Mur devrait être déplacé vers l'Est de son tracé actuel, et Olmert a été explicite dans la description de sa localisation définitive. Il veut s'assurer que "Israël conserve (les colonies) d'Ariel, Ma'aleh Adumim, l'enveloppe de Jérusalem et Gush Etzion" tout en établissant un contrôle israélien sur la Vallée du Jourdain. [7]

Un regard sur la carte révèle que, selon ce plan, les secteurs annexés unilatéralement par Israël représentent environ 40% de la Cisjordanie .

Olmert croit que les circonstances sont actuellement favorables pour imposer cette "solution" aux Palestiniens, parce que suite à la victoire du Hamas aux élections palestiniennes, le monde devrait réaliser plus nettement qu'il n'y a pas de partenaire palestinien pour des négociations de paix.

Il a déclaré : "Actuellement, il y a une "fenêtre d'opportunité" pour conclure un accord international sur la détermination des frontières, avec l'arrivée du Hamas au pouvoir et… un soutien suite au retrait de Gaza." [8]

Au niveau de la déclaration, le plan inclut l'évacuation potentielle des colonies situées à l'Est de la nouvelle frontière. Cependant, à la différence du plan de désengagement de Gaza, aucun calendrier n'a été prévu pour cette évacuation et aucune liste des colonies à évacuer n'a été publiée.

De toute façon, même si on nous présentait un scénario d'évacuation, le plan est de garder les enclaves palestiniennes de Cisjordanie sous total contrôle israélien, comme à Gaza.

Olmert a été explicite sur le sujet dans l'annonce publique de son plan. Les arrangements après le désengagement "fourniront aux forces de Défense israéliennes une liberté d'action en Cisjordanie , semblables à la situation du post-désengagement dans la Bande de Gaza. " [9]

Le plan d'Olmert, alors, est de transformer l'héritage de Sharon en réalité : annexer à Israël 40% de la Cisjordanie et appliquer le modèle de prison de Gaza aux enclaves palestiniennes restantes. Mais Olmert est le nouvel homme de paix d'Israël.

C'est une période difficile, puisque l'héritage de Sharon semble gagner, sans aucune barrière du droit international ou de la justice en travers de sa route de destruction.

Il y a moins de deux ans, le 9 juillet 2004, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a publié sa décision sur les "Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé".

La cour a trouvé que le tracé actuel du Mur était une grave violation du droit international. Les premières réactions en Israël furent de l'inquiétude.

Mi août 2004, le Procureur General Menachem Mazuz a présenté au gouvernement un rapport déclarant : "Il est difficile d'exagérer les ramifications négatives que la décision de la Cour Internationale aura sur Israël dans divers domaines, même sur des questions qui vont au delà de la Barrière de Séparation. La décision crée pour Israël une réalité politique au niveau international qui pourrait être utilisée pour lever des actions contre Israël dans les forums internationaux, à tel point qu'elle pourrait avoir comme conséquence des sanctions." [10]


Israël s'est empressé de clarifier que le mur est une barrière de sécurité provisoire, qui ne déterminerait, en aucune façon, des faits sur le terrain. Mais dans l'atmosphère politique actuelle, Israël annonce son intention de faire de ce Mur sa frontière, et aucun gouvernement européen ne ne bronche.

Il y a un an, le monde occidental célébrait l'aube de la démocratie au Moyen-Orient. Après le départ d'Arafat, les Palestiniens s'engageaient dans une véritable campagne électorale.

Le Hamas déclarait son intention de participer aux élections, et d'abandonner la lutte armée pour travailler dans l'arène politique. On aurait pû penser que cela serait vu comme un développement encourageant et positif après des années de carnage.

En effet, les États-Unis ont insisté pour que l'élection ait lieu, en dépit des objections d'Israël. Mais hélas, les Palestiniens ont élu le mauvais parti. Il a donc semblé naturel au monde occidental que les Palestiniens soient punis collectivement pour leur mauvaise compréhension de la démocratie.

Les États-Unis imposent, et l'Europe accepte que l'ensemble de l'aide aux Palestiniens soit coupée, les laissant au bord de la famine, avec l'écroulement de l'infrastructure restante et du système de santé.

Néanmoins, les dernières années ne furent pas seulement que des années de victoire pour l'expansion israélienne. Dans la perspective à long terme de maintenir l'occupation d'Israël sur la Cisjordanie , l'évacuation des colonies de Gaza était une défaite.

Une opinion prédominante dans les cercles critiques est que Sharon a décidé d'évacuer les colonies de Gaza parce que leur maintien était trop coûteux, et il a décidé de concentrer ses efforts sur son principal objectif qui est de garder la Cisjordanie et d'agrandir ses colonies. Mais, en fait, il n'y a aucune véritable preuve pour cette opinion.

Naturellement, l'occupation de Gaza a toujours été coûteuse, et même du point de vue des expansionnistes israéliens les plus engagés, Israël n'a pas besoin de ce bout de terre, une des terres les plus massivement peuplées au monde, et manquant de ressources naturelles.

Le problème est qu'on ne peut pas laisser Gaza libre, si on veut garder la Cisjordanie . Un tiers des Palestiniens occupés vivent dans la Bande de Gaza. Si on leur donnait la liberté, ils deviendraient le centre de la lutte palestinienne pour la libération, avec un libre accès au monde Occidental et Arabe.

Pour contrôler la Cisjordanie , Israël doit se concentrer sur Gaza. Et une fois qu'il est clair que Gaza doit être occupé et contrôlé, le modèle précédent de l'occupation était le choix optimal.

La Bande était contrôlée de l'intérieur par l'armée, et les colonies fournissaient un système de soutien à l'armée et la justification morale au travail brutal des soldats de l'occupation. Leur présence devient une mission de protection de la patrie.
Le contrôle de l'extérieur peut être moins onéreux, mais à la longue, il n'a aucune garantie de succès.

En outre, depuis les années Oslo, les colonies ont été perçues localement et internationalement comme un problème tragique qui, en dépit des bonnes intentions d'Israël pour mettre fin à l'occupation, ne peut pas être résolu. Ce mythe pratique a été brisé avec l'évacuation des colonies de Gaza, qui a montré à quel point il était facile d'évacuer des colonies et à quel point le soutien dans la société israélienne était grand.

Bien que je ne puisse pas entrer dans les détails ici, je soutiens dans L'Héritage de Sharon, [11] que Sharon n'a pas évacué les colonies de Gaza de son plein gré mais qu'il a été forcé à le faire.

Sharon a mitonné son plan de désengagement comme moyen de gagner du temps, à l'apogée de la pression internationale qui a suivi le sabotage de la Feuille de Route par Israël et de sa construction du Mur en Cisjordanie . Depuis lors et jusqu'à la fin, il a recherché des façons d'échapper discrètement à cet engagement, comme il l'avait fait avec tous ses engagements auparavant. Mais cette fois, il a été forcé par l'Administration Bush de l'exécuter vraiment.

Bien qu'elle ait été totalement cachée, la pression a été très importante, y compris avec des sanctions militaires. Le prétexte officiel pour les sanctions était la vente des armes à la Chine par Israël, mais lors de précédentes occasions, la crise était terminée dès qu'Israël acceptait d'annuler la transaction. Cette fois-ci, les sanctions furent sans précédent et ont duré jusqu'à la signature de l'accord sur les passages en novembre 2005.

L'histoire de l'évacuation de Gaza prouve que la pression internationale peut forcer Israël à faire des concessions.

J'y argumente ( dans l'Héritage de Sharon) que la raison pour laquelle les États-Unis ont exercé une pression sur Israël, pour la première fois dans l'histoire récente, c'est parce qu'à ce moment-là, alors que les États-Unis s'embourbaient en Irak, il était impossible d'ignorer le large mécontentement mondial de la politique israélienne et du soutien inébranlable des Etats-Unis. (Par exemple, dans un sondage européen, la majorité voyait Israël comme le pays le plus menaçant pour la paix dans le monde. [12]) Les Etats-Unis ont dû céder à l'opinion publique.

Du point de vue des États-Unis, son but d'apaiser la pression internationale avait été atteint avec l'évacuation des colonies de Gaza. Les responsables occidentaux et les médias étaient euphoriques au sujet des nouveaux développements au Moyen-Orient.

Tant que le calme international est maintenu, la souffrance des Palestiniens ne joue aucun rôle dans les calculs des États-Unis.

L'administration Américaine a expliqué "à ses amis en Europe et dans le monde Arabe qu'Israël a effectué sa partie du processus, et maintenant il est temps de laisser Israël et d'attendre des Palestiniens qu'ils fassent leur part." [13]

Néanmoins, le fait que la pression exercée sur Israël, même pendant une courte période, montre également les limites du pouvoir et de la propagande.
En dépit du succès apparent des Lobbies pro-israéliens à réduire au silence toute critique de la politique israélienne dans le discours politique occidental, la lutte palestinienne pour la justice a pénétré la conscience globale.

Ceci commence par les Palestiniens, qui ont résisté à des années d'oppression brutale par leur résistance, leur organisation et leur résistance quotidiennes, sont parvenus à maintenir en vie la cause palestinienne, chose que n'ont pas réussi à faire toutes les nations opprimées.

Cela continue avec les mouvements de solidarité internationale qui envoient leurs gens dans les territoires occupés et restent en veille chez eux, avec des professeurs qui signent des pétitions de boycott, se soumettant au harcèlement quotidien, quelques journalistes courageux qui insistent pour découvrir la vérité contre la pression constante des médias et des lobbies pro-Israéliens.

Souvent cette lutte semble futile, mais elle a toujours pénétré la conscience globale. C'est cette conscience collective qui a ensuite forcé les États-Unis à faire pression sur Israël pour l'amener à faire certaines concessions, quoique limitées.

La cause palestinienne peut être réduite au silence pendant un moment, comme cela se produit maintenant, mais elle refera surface.




NOTES :

1 - Section III, Security reality after the evacuation, clause 1. Le plan publié est disponible à :
http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=416024&contrassID=1&subContrassID=1&sbSubContrassID=0&listSrc=Y

2 - Amir Oren, Ha’aretz, 19 Octobre 2001.

3 - Ora Coren, Israël ranks among most corrupt in West, Ha’aretz, 8 Avril 2005.

4 - Gil Hoffman, 'National Responsibility' name of PM's new party, Jerusalem Post, 23 Novembre 2005.

5 - Amnon Dankner et Ben Kaspit, The road blast Sharon’s new initiative, Ma’ariv, 2 janvier 2006 (Hebreu; www.nrg.co.il/online/1/ART1/027/938.html).

6 - Aluf Benn et Yossi Verter, “Olmert to Offer Settlers: Expand blocs, cut outposts,” Ha’aretz, 3 Mars 2006...

7 - Olmert déclare : “Je crois que dans quatre ans, Israël sera désengagé de la grande majorité de la population palestinienne, dans de nouvelles frontières, avec le tracé de la barrière - qui jusqu'ici a été une barrière de sécurité – sera ajusté sur la nouvelle ligne des frontières permanentes.”
[7] Ibid.

8 - Ibid.

9 - Ibid.

10 - Yuval Yoaz, Hague fence ruling may lead to sanctions, Ha'aretz, 19 Août 2004.

11 - L’Héritage de Sharon, Détruire La Palestine, Suite, La Fabrique, Paris, Avril 2006.

12 - Thomas Fuller, Herald Tribune, 31 Octobre 2003.

13 - Aluf Benn, “Leaving Gaza - The Day After,” Ha’aretz, 12 Septembre 2005.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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